Julien Lourau & Electric Biddle triturent le Triton

Publié le par Guillaume Lagrée

Julien Lourau

& Electric Biddle

Le Triton ,

Les Lilas, Seine-Saint-Denis, Ile de France, France

Vendredi 18 septembre 2015, 21h.

Julien Lourau : saxophones ténor, soprano, alto ; FX

Hannes Riepler : guitare électrique

Dave Maric : piano, claviers

Jim Hart : batterie

J’ai découvert Electric Biddle à Paris, au Sunset, en janvier 2014. Je le retrouve mûri aux Lilas, au Triton, en septembre 2015.

Pas de basse. Le batteur bâtit le groove tout seul. Quelques notes de piano. Bruitages de la guitare et du sax ténor. Ils font durer les préliminaires pour rendre le jeu plus excitant. Finalement, Julien Lourau passe à l’alto et la musique se lance. Une sorte de fantasmagorie marine (logique pour un groupe franco britannique) avec la guitare qui nous fait des bruits de vagues et de mouettes. Batteur aux balais. Montée en puissance de la musique comme une lame de fond qui surgit. Lourau trafique le son de l’alto pour le faire coller au plus près de la guitare. Ca y est, ils commencent à m’emmener en voyage dans leur sous-marin, pas jaune.

Roulements de tambour pour enchaîner sur un autre morceau. Pas de temps mort, pas d’applaudissement. La musique suit son cours. A nous de partir avec elle ou de rester à quai. C’est le clavier qui reproduit un son de basse alors que la guitare joue très Jazz en fait. Le batteur malaxe ses tambours. Le sax s’est tu puis revient avec un son déformé par l’électronique. Lourau bidouille de l’électro en boucle. Douces notes du piano et tapotis de la main droite du guitariste sur sa caisse. Le batteur se glisse aux balais dans la musique. Joli contraste entre dur et doux. Julien Lourau s’éclipse de la scène pour revenir au soprano. Piano, guitare, batterie, sax soprano. Mais c’est du Jazz, sapristi ! Ils ne sont pas Bretons mais ils déménagent. Le batteur martèle ses tambours. Sa religion lui interdit l’usage des cymbales pour l’instant. Ca repart sur de l’électro déjantée. Ce qui n’empêche pas la musique de rouler d’ailleurs. Première pause au bout de 30mn pour que nous puissions nous remettre de nos émotions et applaudir.

A un morceau sans titre, succède un morceau sans titre. Julien Lourau annonce aux spectateurs du concert qu’ils peuvent laisser leur adresse électronique pour recevoir l’album d’Electric Biddle en format digital. Voici une récompense matérielle du militantisme comme disent les sociologues.

Ca commence comme une ballade langoureuse entre guitare électrique et saxophone ténor. Julien Lourau commence à mordre le bec du sax, à attaquer. Le batteur a changé de religion. Il ne travaille que les cymbales désormais. Il y a aussi une sirène d’alarme. Le piano vient s’ajouter. Ca pulse, nom de Zeus ! C’est devenu franchement rock entre la guitare, la batterie martelée et les claviers. Le sax ténor devient électronique. Un tel trafic de sons, est-ce bien légal ?

Il appert que le premier morceau s’appelle « Bar Cycle », logique pour un groupe né dans un pub londonien, le « Biddle Bros » d’où son nom Electric Biddle.

Après une pause, Dave Maric lance différents bruitages avec son « Dave-o-tron ». Expérience de musique concrète avec instruments. Chacun triture dans son coin mais ça s’harmonise tout de même. Retour au sax alto. La musique s’organise, sort lentement du chaos. Elle est sculptée en direct. Ca devient une sorte de Blues déjanté. Lourau revient au soprano ponctuer d’un chant d’oiseau. Tout à coup, ça plane pour nous. Qu’on est bien (Guy Béart). Le groupe décolle et moi avec. Pas de basse pour nous ancrer. Lévitons donc ! Le sax s’est tu. Clavier, batterie, guitare, malaxent les sons. La, c’est terrien mais ça bouge, saperlipopette ! Retour de l’alto dans le groupe. Ils nous envoient claque sur claque. Même pas mal. C’est tellurique. C’est même funky, morbleu !

Une petite dernière pour la route, avant la projection du documentaire sur le groupe. Piano, batterie, guitare, sax ténor pour un Funk sombre. C’est plus calme. Ca tourne bien. Le clavier vient ajouter des sons distordus. Ca dépote pour l’envoi final. Ca se termine groupé en decrescendo.

Vortex, c’est le nom d’un groupe de jazz rock français des années 70 animé par les frères Jacques et Jean-Pierre Vivante, aujourd’hui propriétaires du Triton. Vortex, c’est aussi le nom d’un club de Jazz londonien où la musique d’Electric Biddle s’est créée. C’est donc en toute logique que ce groupe cosmopolite (un Français, un Autrichien, un Australien et un Anglais), né à Londres, se développe des deux côtés de la Manche, au Vortex et au Triton puisque c’est au Triton que l’album d’Electric Biddle a été enregistré. Le résultat est digne d’un Crunch (le match de rugby, pas le chocolat). Vive l’Entente cordiale ! Rule Electric Biddle !

Le groupe Electric Biddle crée grâce à l'aide de Jazz Shuttle qui finance des groupes franco britanniques de musique neuve et improvisée.

Le concert fut suivi de la projection d'un documentaire de 12mn sur le projet Electric Biddle, sa naissance (à Londres, Julien Lourau, né en 1970, est revenu vers 2010 pour se frotter à la nouvelle génération de musiciens), son développement, sachant que son apogée reste à venir. Je n'ai pas trouvé ce film sur la Toile. Désolé pour vous, honorables lectrices, respectables lecteurs.

En compensation, voici un extrait filmé de la séance de travail au Triton au printemps 2014 qui a abouti à l'album d'Electric Biddle.

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