L'art de la chanson selon Guy Béart (1930-2015)
Lectrices chanteuses, lecteurs français, voici que le quatrième Grand B de la chanson française nous a quitté le 16 septembre 2015.
Après Jacques Brel, Georges Brassens et Barbara, Guy Béart.
Des experts en chanson française vous raconteront longuement sa carrière, vous feront remarquer qu'il était ingénieur diplômé des Ponts et Chaussées alors que Boris Vian et Antoine ont fait Centrale.
Des complotistes feront remarquer qu'il était né Guy Béhar Hassan au Caire.
Des politiques vont le récupérer, plutôt à droite, puisqu'il n'était pas encarté à gauche.
Il peut aussi servir à gauche puisqu'il était un exemple d'intégration républicaine par l'étude et le travail.
La presse people rappellera que sa fille Emmanuelle était devenue plus célèbre que lui et que Serge Gainsbourg l'avait engueulé en direct à la télévision mais qu'il ne s'était pas laissé faire.
Guy Béart estimait que la chanson devait respecter quatre grandes règles:
- avoir une vraie mélodie,
- enchanter les enfants,
- séduire les femmes,
- faire passer aux hommes un message de contrebande.
Je ne saurais mieux dire.
Après une rupture amoureuse où j'étais malade comme un chien d'avoir été abandonné, je découvris une merveilleuse chanson de Guy Béart, " Les grands principes " (1965) qui correspondait tellement à cette femme que je dédramatisai aussitôt la situation.
Paroles et musique de Guy Béart, à chanter joyeusement, évidemment:
Aujourd'hui les filles s'émancipent
Et vous parlent de leurs grands principes
Puis elles font comme leur maman
En vertu des grands sentiments
Elle aussi avait ses phrases types
Et me parlait de ses grands principes
Puis n'agissait n'importe comment
En vertu des grands sentiments
Elle aimait aussi vivre en équipe
Toujours en vertu des grands principes
Mais me surveillait jalousement
En vertu des grands sentiments
Elle allait au Louvre avec Philippe
Toujours en vertu des grands principes
Mais faisait la foire avec Armand
En vertu des grands sentiments
Elle me soigna pendant ma grippe
Toujours en vertu des grands principes
Puis elle me quitta bien portant
En vertu des grands sentiments
Elle épousa vite un autre type
Toujours en vertu des grands principes
Mais elle prit un nouvel amant
En vertu des grands sentiments
Il faudra qu'un beau jour je l'étripe
Toujours en vertu des grands principes
Mais que je le fasse élégamment
En vertu des grands sentiments
Je lui porterai quelques tulipes
Toujours en vertu des grands principes
Mais je pleurerai abondamment
En vertu des grands sentiments
Mais je pleurerai abondamment, maman
En vertu des grands sentiments
Guy Béart était aussi un Maître dans l'art de la chanson érotique qui dit tout sans rien dévoiler, comme avec " Chandernagor ".
Enfin, il aimait le Jazz comme le prouve cette émission en direct à la télévision française le 8 juillet 1973 où il souhaitait la Bienvenue à Duke Ellington (1899-1974) comme le Duke l'aimait, avec des bons musiciens (Michel Gaudry à la contrebasse, Daniel Humair à la batterie, Bill Coleman à la trompette, Guy Laffitte au sax ténor, Mickey Baker à la guitare, Aaron Bridgers au piano) et des jolies femmes.
RIP Guy Béart. Vos chansons vous survivront.