Les Caratini's Folies au Théâtre du Châtelet à Paris

Publié le par Guillaume Lagrée

Carte blanche à Patrice Caratini

Théâtre du Châtelet

Paris, Ile de France, France.

Lundi 21 mars 2016. 20h.

Le Caratini Jazz ensemble et ses invités, par ordre d’entrée en scène :

Roger Raspail, Thierry Caens, Maryll Abbas, Leonardo Sanchez, Gustavo Beytelmann, Inor Sotolongo, Abraham Mansfaroll, Javier Campos Martinez, Martial Solal, l’orchestre régional de Normandie, Hildegarde Wanzlawe, Lina Bossatti, Marcel Azzola, Sara Lazarus et Maxime Le Forestier.

Au programme, figuraient les morceaux suivants .

Première partie :

Saint Louis Blues WC Handy

Chofé biguine la Al Lirvat

Bleue comme une orange Patrice Caratini

Hongroise Patrice Caratini

Improvisation Gustavo Beytelmann

Zamba Horacio Salgan

La barge rousse Patrice Caratini

Malambo Horacio Salgan

Cacocalypso Marc Fosset

Sosiego Patrice Caratini

Texte et prétexte Martial Solal

Dry bones in the valley Patrice Caratini

Deuxième partie:

Edith Patrice Caratini

A l’enseigne de la fille sans cœur. Jean Villard.

A case of You Joni Mitchell

Les loups sont entrés dans Paris Albert Vidalie/Louis Bessières

A trois temps Patrice Caratini

Get out of town Cole Porter

Too darn hot Cole Porter

Just one of those things. Cole Porter

Le fantôme de Pierrot Maxime Le Forestier/Patrice Caratini.

Orchestrations : Patrice Caratini

Excepté Texte et prétexte, œuvre de Martial Solal.

Le Caratini Jazz Ensemble est composé de :

Patrice Caratini : contrebasse et direction

André Villéger : saxophones et clarinette

Matthieu Donarier : saxophones et clarinettes

Rémi Sciuto : saxophone alto et flûte

Clément Caratini : clarinettes

Claude Egea : trompette

Pierre Drevet : trompette

Denis Leloup : trombone

Baptiste Germser : cor

François Thuillier : tuba

David Chevallier : guitare électrique

Alain Jean-Marie : piano

Manuel Rocheman : piano

Thomas Grimmonprez : batterie

Sebastian Quezada : percussions

Lectrices flamboyantes, lecteurs resplendissants, voici une soirée à votre démesure. En effet, qui, en France, à part Patrice Caratini, peut jouer une telle variété de musiques avec tant d’invités différents sans jamais se perdre ni se renier ? Puisque nous étions au Théâtre du Châtelet, le programme était conçu comme celui d’un récital de musique classique, avec une première partie consacrée à la musique instrumentale, une seconde à la chanson, chère à Claude Nougaro.

Si je vous ai détaillé le programme si précisément, c’est que mes notes prises durant le concert et dans l’obscurité de la salle (j’étais très bien placé, devant et au milieu) sont illisibles. Cette chronique sera donc fondée sur ce programme et mes souvenirs.

Pour le tour de chauffe, un classique du Jazz, « Saint Louis Blues » de William Christopher Handy à qui Jelly Roll Morton contestait le titre de père du Jazz.

Pour chauffer vraiment, rien de tel qu’une biguine. Avec Alain Jean-Marie au piano, Roger Raspail au Gwo Ka et le Caratini Jazz Ensemble sur un classique d’Al Lirvat « Chofé biguine la », forcément, la température monte de plusieurs degrés dès le deuxième morceau du concert. L’effet n’a pas manqué.

Patrice Caratini nous lit un poème haïtien. Je n’ai compris ni le nom du poète ni le texte du poème. Ces mystères sont impénétrables à mon esprit de simple mortel. Il l’a bien lu par ailleurs.

La température redescend avec deux morceaux plus calmes, composés par Patrice Caratini « Bleue comme une orange » (hommage à Paul Eluard) et « Hongroise » (hommage à Franz Liszt ?)

Ensuite, constitution d’une petite formation avec guitare, clarinette, trombone et accordéon pour le tango de Gustavo Beytelmann (piano). Cette « Improvisation » est tout de même très écrite. Ca emballe sec. Normal pour un tango. Cette ambiance nostalgique et sensuelle se poursuit avec les trois morceaux suivants : « Zamba » et « Malamba » d’Horacio Salgan entourant « La barge rousse » de Patrice Caratini.

De l’Argentine, nous revenons aux Caraïbes et au Caratini Jazz Ensemble mais cette fois de la biguine, nous passons à la calypso avec la « Cacocalypso » de Marc Fosset, vieux complice de Patrice Caratini. Guitariste avec qui il forma un duo puis un trio avec Stéphane Grapelli qui s’y connaissait un petit peu en guitaristes tout de même. C’est ondulant, chatoyant à souhait. Cette ambiance tropicale se poursuit avec « Sosiego » de Patrice Caratini, plus latin et sombre.

Changement de décor. Des techniciens du spectacle mettent le piano au centre de la scène. Comme nous l’explique Patrice Caratini, parfois, les pianos rencontrent des êtres d’exception. Voici un être d’exception. Puisqu’il ne l’a pas présenté nommément, je précise qu’il s’agit de Martial Solal. Aux mélomanes avertis, je conseille l’album d’Eric Le Lann « Piaf Trénet », des chansons françaises arrangées par Martial Solal et jouées par le Caratini Jazz Ensemble avec pour soliste, Eric Le Lann à la trompette. Une perle rare à ne pas jeter aux pourceaux.

En l’occurrence, Martial Solal prend la main et cela s’entend tout de suite. L’orchestre sonne avec une précision et une tension jamais atteintes jusque là et qui ne se retrouvera pas dans la suite du concert. Martial Solal a composé et arrangé ce morceau. Il le joue et le dirige. Cela s’entend. Arabesques, virages foudroyants, accords de graves qui vous plaquent au sol, grâce pure de trilles légères dans l’aigu, tout est à l’unisson.

Pour finir cette première partie, un extrait de la bande son du film muet et noir « Body and soul » dont je vous ai déjà parlé en album et sur scène, lectrices flamboyantes, lecteurs resplendissants. « Dry bones in the valley » , la scène du prêche du pasteur manipulateur qui s’encourage au whisky. Magistral Paul Robeson dans le rôle principal. Musique puissante et prenante. Alain Jean-Marie au piano.

PAUSE

L’orchestre régional de Normandie s’installe pour jouer une composition de Patrice Caratini en hommage à Edith Piaf, symbole de la chanson française, " Edith ", tout simplement.

Hildegarde Vanzlawe et Rémi Sciuto viennent s’ajouter pour chanter trois chansons du programme « Short songs " de Patrice Caratini dont j’ai déjà parlé sur ce blog, en studio et en concert. Avec un orchestre à cordes derrière, la muique prend une autre ampleur pour « A l’enseigne de la fille sans cœur » que chantait Edith Piaf, « A case of You « de Joni Mitchell et « Les loups sont entrés dans Paris » qui reste attachée à la voix de Serge Reggiani. Le trio Patrice Caratini, Rémi Sciuto, Hildegarde Vanzlawe est toujours au sommet.

S’est ajouté Marcel Azzola et son accordéon celui à qui Jacques Brel disait « Chauffe, Marcel, chauffe " dans « Vesoul ». Marcel est le doyen de la soirée avec Martial Solal. Tous deux sont nés en 1927. Comme lui, il est toujours le Maître de son instrument.

Il y eut ensuite un invité surprise, un Français, chanteur, qui interprète en français sur des paroles loufoques des standards du Jazz. Il s'agit de Marc Fosset qui ne peut plus jouer de guitare mais ses échanges avec Patrice Caratini et Marcel Azzola furent superbes.

« A trois temps » de Patrice Caratini, hommage au rythme de la valse et du Jazz alors que le Rock’n roll comme la musique militaire et l’informatique est binaire.

Du Jazz vocal classique et moderne à la fois avec Sara Lazarus et le Caratini Jazz Ensemble pour 3 standards de Cole Porter : « Get out of town », « Too darn hot » et « Just one of those things ». Comme La Chabraque de Guy Béart, elle a de la défense et de l’attaque. Avec l’orceshtre derrière, ça assure.

Final en apothéose avec un vieux complice des années 1970, Maxime Le Forestier pour « Le fantôme de Pierrot », chanson de l’an 1976. La version studio originale dure plus de 11mn pour cette variation subtile sur le thème du Pierrot lunaire (« Au clair de la lune, mon ami Pierrot »). L’orchestre classique s’ajoute à l’orchestre de Jazz, Patrice Caratini dirige les deux ensemble au service de la poésie, de la voix et de la chaleur de Maxime Le Forestier. Splendide. Le genre de chanson française que vous n’entendrez jamais à la radio et à la télévision. Trop long, trop beau, trop étrange. J’avoue que je ne connaissais pas cette chanson avant ce concert. J’avais tort. Rien que pour elle, j’ai bien fait de venir.

RAPPEL

Un duo contrebasse/batterie aux balais si je me souviens bien.

Face à l’insistance du public, Patrice Caratini est revenu jouer et chanter seul, pendant quelques secondes, une chanson sur une mouche amnésique .

Le public insiste encore. Patrice Caratini revient nous expliquer qu’il ne peut assurer à lui seul toute la saison au Châtelet et que les techniciens du spectacle ont droit de se reposer après tout le travail effectué. Sur ces paroles démocratiques et sociales, le public a cédé et s’en est allé, ravi, au lit.

La photographie de Martial Solal est l'oeuvre du Somptueux Juan Carlos HERNANDEZ. Toute utilisation de cette oeuvre sans l'autorisation de son auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales.

Martial Solal par Juan Carlos HERNANDEZ

Martial Solal par Juan Carlos HERNANDEZ

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