Benjamin Moussay & Alain Jean-Marie croisent leurs pianos au Triton
Le Triton, Les Lilas (93)
Jeudi 2 mars 2017, 20h
Benjamin Moussay : piano
Alain Jean-Marie : piano
2 pianos ½ queue accoudés sur la scène. Les pianistes se font face. Vus du public, Alain Jean-Marie est à gauche et, par déduction logique, Benjamin Moussay à droite. Ils s’assoient, se regardent et jouent. Tempo medium. Ca ressemble à un standard. Alain Jean-Marie est plongé dans son clavier alors que Benjamin Moussay le regarde de temps en temps. La gestuelle est différente aussi. Chez Alain Jean-Marie, seules les mains bougent et elles ne s’en privent pas. Benjamin Moussay manifeste de tout son être sa joie de jouer. Ils finissent dans l’aigu tous les deux. Ca scintille comme du cristal. C’était « April » de Lee Konitz (variation sur « I remember april » ou " April in Paris " je suppose) puis « Lennie’s pennies » de Lennie Tristano (variation sur « Pennies from heaven »).
« Fleur bleue » (Benjamin Moussay). Une ballade sentimentale mais pas fleur bleue. Un vrai dialogue démocratique entre deux âges et deux cultures.
Un morceau de Thelonious Sphere Monk, sautillant et décalé à souhait.
Une ballade bleue et sentimentale. Benjamin joue sur le clavier et dans les cordes en même temps. C’est « Fleurette africaine » tiré de l’album « Money Jungle » du triumvirat Duke Ellington, Charles Mingus et Max Roach. Pour jouer ce morceau, il faut s’imaginer marcher dans une forêt africaine dense et, dans une clairière, trouver une fleur unique, la regarder, la humer et surtout ne pas la cueillir. Telles furent les consignes données par le Duke à ses partenaires lors de l’enregistrement. Le duo le joue dans cet esprit.
« Hallucinations » hommage de Benjamin Moussay au pianiste Bud Powell devenu fou après s’être fait fracasser le crâne par des policiers blancs américains. « Le be bop c’est le rythme de la matraque du flic blanc sur la tête de l’homme noir : bop, bop, rebop, bebop, bop » (Kenny Clarke). Alain Jean-Marie quitte la scène pour laisser Benjamin jouer.
Mes notes devenant illisibles, car tels sont les risques du direct, lectrices exigeantes, lecteurs sélectifs, je vous résume la suite.
Alain Jean-Marie nous annonce un voyage à Cuba et le duo enchaîne trois morceaux cubains où le Caribéen Alain Jean-Marie mène la danse.
C’est seul qu’Alain Jean-Marie joua une biguine dont il a le secret, Benjamin restant sur scène pour écouter et profiter.
Il y eut deux rappels, en duo.
Monsieur R et Madame S venus sur ma recommandation à leur premier concert de Jazz n’ont pas regretté leur voyage. Pour que la flamme du Jazz ne s’éteigne pas, il faut la transmettre à la génération suivante.
Le festival Pianos croisés se poursuit tout le mois de mars 2017 au Triton.
Assez bavardé. Faites vous votre propre idée de cette musique, lectrices exigeantes, lecteurs sélectifs en regardant et écoutant le concert décrit ci-dessus, ci-dessous.