Fabrice di Falco Quartet haut perché au Sunside

Publié le par Guillaume Lagrée

Fabrice di Falco Quartet

Le Sunside

Paris

Mercredi 20 septembre 2017. 19h30.

Fabrice di Falco: chant et saillies

Jonathan Goyvaertz: piano

Julien Leleu: contrebasse

Aurélien Pasquet: batterie

Fabrice di Falco est un sopraniste qui ornemente son chant dans la pure tradition baroque mais accompagné d'un trio de Jazz. Né de père italien et de mère martiniquaise, la fusion des cultures est pour lui une évidence. Fabrice di Falco est métis de tout son être et de tout son art. Il explique sa démarche dans la vidéo sous cet article.

Au fur et à mesure du premier morceau, ça swingue de plus en plus. Dommage que le chanteur use d'un micro. Il est vrai que les musiciens sont amplifiés. Solo de contrebasse qui impulse un nouveau rythme. Fabrice passe dans le grave pour lancer une mélopée en fusion avec la rythmique. A l'évidence, cet homme a une voix exceptionnelle. Pour un chanteur classique, il sait se servir d'un microphone. Le trio accélère tranquillement. Ca balance plus. Un peu caribéen même. Bref, c'est du Jazz. Après un superbe passage grave, il reprend la voix de soprano et le chant classique. 

Ca repart en swing avec des vocalises et  non pas du scat. Comme dans un concert classique, les morceaux s'enchaînent sans pause ni applaudissement. Un solo de piano bluesy. Le trio colorie l'espace derrière cette voix. Solo de batterie avec les maillets sur les tambours. Le trio repart sur un tempo lento dramatico. Contrebasse et batterie ponctuent le chant qui se déploie. Même la sonnerie d'un portable ne les perturbe pas. En 2017, il existe encore des spectateurs qui oublient de rallumer leur telefonino après le concert. O tempora, o mores! 

Douce plainte du chant accompagné par le trio en ballade, contrebasse à l'archet et batteur aux balais. Le batteur a repris les baguettes et le contrebassiste les mains nues sur l'instrument. Ca swingue plus sur cet " Amen ". 

Pause pour nous expliquer les castrats et leurs talents d'amants, garantis sans enfant illégitime. Le péché sans la conception, quelles divines délices pour des épouses chrétiennes! 

Après cette variation sur le " Stabat Mater " de Vivaldi, " Facet ardeat " de Pergolèse. Fabrice Di Falco n'a pas été opéré. Les dames peuvent le vérifier après le concert les rassure t-il. Air léger, rapide, swinguant.

Retour au drame avec " La mort de Didon " dans le " Didon et Enée " de Purcell. Présentation humoristique du triste sort de Didon qui préfère se suicider plutôt que de rester seule après le départ d'Enée, cet amant infidèle. Le chant, par contre, est émouvant. Nous passons du quartet au duo " Les contres " entre une contrebasse et un contre ténor. Pianiste et batteur en profitent pour prendre leur pause syndicale au bar. Belle walking bass. Jolie improvisation vocale en restant dans le thème et l'émotion. 

" Dans les opéras, il n'y a pas d'air où les femmes trompent leurs maris " " Il y a Feydeau pour ça " lui réplique une spectatrice. " Mettez le en musique et je le chante " la défie il signore Di Falco. 

Extrait des " Indes galantes " de Rameau, " La danse des sauvages ". Il s'agit des Indes occidentales (West Indies in English) c'est-à-dire la terre natale de Fabrice di Falco. Le trio joue un petit air qui balance. Chanson d'amour un peu niaise (une Indienne épouse un Blanc par amour) auquel il ajoute de l'humour et des vocalises. 

Un air de Jean Sébastien Bach. Batteur aux balais. Un air qui swingue. Normal, c'est du Bach.

" Aria " de Bach. Une pensée pour les Antilles qui viennent de sortir des ouragans. Normal pour un Martiniquais. C'est bien le fameux Aria avec le trio qui swingue derrière. Batteur aux baguettes. Bach n'imaginait ni le piano ni la batterie. La contrebasse existait déjà de son temps mais j'avoue ignorer s'il en a fait usage. En tout cas, ça marche. 

RAPPEL

Fabrice di Falco nous invite à retrouver le trio après le concert dans un restaurant dont il nous donne le nom et l'adresse. C'est la première fois de ma vie que j'entends un artiste faire une telle proposition à son public après un concert. C'est dire si Fabrice di Falco a le contact aisé. 

Le trio repart tranquille avec le batteur aux balais. Chant en italien. Ce sont des standards que je ne connais pas, ceux du Baroque. 

Fabrice di Falco nous annonce une surprise le jeudi 7 décembre 2017. A suivre.

Un 2e concert d'un autre groupe doit commencer à 21h30. Le 2e rappel est donc possible mais bref. Bruitages de la batterie. Sons mystérieux. En anglais, dans le grave de sa tessiture. En détachant les syllabes. Il repasse dans l'aigu avec un déhanché de Baroque Star. 

Fabrice di Falco dépoussière la musique baroque tout en l'aimant sincèrement et en la connaissant profondément. Voix unique, talent scénique, chanteur et comédien, tragédien et plaisantin, cet homme a tout pour agacer les puristes. Que les dieux et les muses les protègent, lui et ses musiciens!

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article