La Nouvelle Vague de Stéphane Kerecki au cinéma Balzac
Nouvelle Vague
Ciné concert
Paris. Mardi 20 mars 2018. 20h30
Stéphane Kerecki: contrebasse
Guillaume De Chassy: piano
Fabrice Moreau: batterie
Jean-Charles Richard: saxophone soprano
Bienvenue à la 40e abonnée de ce blog. Que les Dieux et les Muses la protègent!
L'album " Nouvelle Vague " de Stéphane Kerecki est sorti en 2014 et n'a pas été joué sur scène depuis 2016. Depuis 2015, John Taylor (piano) a été remplacé par Guillaume De Chassy pour cause de décès lors d'un concert de ce programme, Jean-Charles Richard (saxophone soprano) a remplacé Emile Parisien, toujours en vie, et Jeanne Added (chant), bien vivante, est absente ce soir.
Avant le concert, sur l'écran de la salle du cinéma Balzac, sont projetés les visages de Jean Seberg et Jean-Paul Belmondo avec des dialogues d'A bout de souffle dont le fameux final. " Qu'est ce qu'il a dit? Il a dit que vous êtes vraiment une dégueulasse. Qu'est ce que c'est dégueulasse? ".
" Le Mépris " (1963), film de Jean-Luc Godard avec une musique de Georges Delerue. Le seul film de Godard avec BB. A l'écran, un court extrait du film puis l'écran devient rouge. La contrebasse amène le thème. Soprano tranquille et énervant à la fois. Le soprano joue le rôle des violons.
Un air connu mais je ne sais plus de quel film. Léger, frémissant. Le batteur tricote aux baguettes. Ouï ce que j'entends, ça parle forcément d'amour. A l'écran, Brigitte Bardot, la blonde et Anna Karina, la brune, se succèdent. Puis les sœurs, Catherine Deneuve et Françoise Dorléac, " Les demoiselles de Rochefort " (1967) de Jacques Demy. C'est " La chanson de Maxence " (Michel Legrand). Juste avant, c'était " Pierrot le fou " (1965) de Jean-Luc Godard. Musique d'Antoine Duhamel.
" Ascenseur pour l'échafaud " (1957) de Louis Malle. Musique de Miles Davis jouée sans trompette ni saxophone ténor (Barney Wilen). Solo de contrebasse pour commencer. Fabrice Moreau aux baguettes très rapide et très léger, ce qui est difficile. Le thème n'est pas encore reconnaissable. Je reconnais " Florence sur les Champs Elysées " en version accélérée. Au lieu de copier, ils créent une autre beauté, ce qui est plus sage. A l'écran, Florence (Jeanne Moreau) erre sur l'avenue des Champs Elysées, à Paris, la nuit, à la recherche de Julien (Maurice Ronet). Puis Jean Seberg embrasse passionnément Jean-Paul Belmondo dans " A bout de souffle ". Des dialogues s'entrechoquent. Le piano ponctue le silence puis revient au thème. Fabrice Moreau, aux balais, malaxe en digne héritier de Kenny Clarke.
Un petit air léger que je ne connais pas. Ca balance bien. Joué sans piano. Logique car il devait s'abriter pour " Tirez sur le pianiste " (1960) de François Truffaut.
" Ta voix, tes yeux ", chanson de Paul Mizraki pour " Alphaville " (1965) de Jean-Luc Godard. Retour du pianiste pour un duo avec le contrebassiste. Une ballade. Le batteur arrive aux balais. Ca roule tranquille.
Ensuite " Lola " (1961) de Jacques Demy avec la 7e symphonie de Beethoven interprétée superbement par un quartet de Jazz puis " Roland rêve " (Michel Legrand).
" Les 400 coups " (1959) de François Truffaut. Musique de Jean Constantin. A l'écran, ce n'est pas Jean-Pierre Léaud mais Anna Karina. Volontairement, le film monté pour le concert entrechoque les sons et les images pour ne pas résumer une œuvre mais en créer une autre, au service de la musique. Le petit air en pizzicato de la contrebasse reprend celui du violon dans le film.
RAPPEL
" La chanson d'Hélène " dans " Les choses de la vie " (1970) de Claude Sautet. Ce n'est plus la Nouvelle Vague mais c'est dans la suite logique. Chanson sublime pour Romy Schneider, sublimement jouée ici.
Lectrices mélomanes, lecteurs cinéphiles, " Nouvelle Vague " de Stéphane Kerecki illustre parfaitement un propos de Jean-Luc Godard, " on peut entendre les images et voir la musique ". Si vous connaissez les films, ce quartet ravivera votre mémoire. Si vous ne les connaissez pas, il vous donnera envie de les découvrir. Dans l'un ou l'autre cas, jamais une vision ne vous sera imposée. Les musiciens proposent, les auditeurs disposent.
Notes finales pour 2018 du festival Jazz et Images à Paris, au cinéma Balzac, vendredi 6 avril à 21h avec Henri Texier sur scène et à l'écran. A ne pas manquer.
La photographie de Stéphane Kerecki est l'œuvre du Prestigieux Juan Carlos HERNANDEZ. Toute utilisation de cette œuvre sans autorisation de son auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales.