Jérôme Sabbagh Trio nous embarque sur la péniche Anako

Publié le par Guillaume Lagrée

Jérôme Sabbagh Trio

Péniche Anako

Paris. Mercredi 9 mai 2018. 20h.

 

Jérôme Sabbagh: saxophone ténor

Ben Monder: guitare électrique

Daniel Humair: batterie

Lectrices fidèles, lecteurs constants, je vous ai chanté les louanges de l'album " I will follow You " du trio Jérôme Sabbagh, Ben Monder et Daniel Humair en 2010, deux concerts de ce même trio à Paris, au Sunset et au Sunside en 2011 (cf vidéo sous cet article) et Jérôme Sabbagh avait expliqué sa démarche créatrice dans une interview pour ce blog en 2013. La musique de ce trio a aussi été jouée avec Jozef Dumoulin (orgue Hammond) à la place de Ben Monder dans un concert à Paris, au Duc des Lombards, en 2013.

Bref, il m'a fallu 7 ans de réflexion pour entendre de nouveau ce trio en concert.

Daniel Humair teste ses cymbales aux baguettes. Une phrase du sax est reprise par la guitare. Ca monte d'un coup sans prévenir. Daniel fait monter la pression aux tambours. Vulcain chauffe sa forge, enfin Daniel Humair chauffe la batterie. Son heurté de la guitare. L'orage gronde. Le tonnerre de la batterie, les éclairs de la guitare et du saxophone. C'était une improvisation puis " Comptine " de Jérôme Sabbagh (cf vidéo sous cet article).

Une nouvelle composition du leader. Un ballade mais toujours avec l'énergie du trio. Humair et Monder distillent les notes avec le soin d'alchimistes chevronnés. Ils font monter la pression progressivement par paliers vite franchis. Le son du sax vient ajouter du liant à cette crème fouettée. 

Solo de batterie aux baguettes. Ca roule et vibre comme seul sait le faire Daniel Humair. Il hache menu le tempo que ponctue la guitare de petits glissements. La cuisine devient diabolique puis tout se calme pour un dialogue guitare sax. Puis le trio décolle, chaud et froid, agréable et dérangeant. Un peu trop fou pour un couple de spectateurs qui sort discrètement. Nouvelle montrée en flèche du trio. Orgasme sonore. D'ailleurs, après cette apogée, la tension redescend doucement. Ca remonte brusquement, à la fois brutal et calme. Puissant. Solo de guitare avec des effets d'écho et de dédoublement. L'électronique au service de la musique. Un élan et le trio repart vers le final.

Jérôme démarre seul, plus calme, avec un joli vibrato. Daniel et Ben arrivent doucement. Le tempo accélère progressivement. Le guitariste ajoute sa vibration. Humair cingle la cymbale avec la baguette dans la main droite et tapote le tambour de la main droite. Le trio va citius, altius, fortius, suivant la devise olympique. Ca swingue, saperlipopette!

PAUSE

Daniel Humair bat le rappel de la troupe. Le trio remet la pression d'emblée. Après un nouveau moment fort, tout se calme pour atterrir sur un standard du Jazz " I should care ". Une ballade jouée comme il se doit. Solo de guitare détendu avec un bel effet d'écho. Un coup de baguettes et le trio repart. Humair fait scintiller ses cymbales. Fin tout en douceur. 

Daniel Humair attaque ses tambours aux baguettes. Sévère mais juste. Le trio tourne doucement autour de la mélodie. Ca s'énerve d'un coup de folie à 3. Folie maîtrisée. Ces démons savent ce qu'ils font. La péniche Anako se met à tanguer tant ils y mettent d'énergie vitale. Tout s'arrête pour reprendre la ballade de départ. C'était une composition de Jérôme Sabbagh puis " I should care " et " More " (Jérôme Sabbagh).

Jérôme Sabbagh nous annonce qu'ils vont jouer quelque chose d'autre. Ce qui ne signifie pas qu'ils joueront  " Something else " d'Ornette Coleman. Ca vibre et plane. Duo guitare batterie qui bâtit le mur du son. C'est du solide. Pas besoin de substance illicite et nuisible pour la santé pour décoller. Ils détruisent eux mêmes le temple qu'ils ont construit. 

Solo de batterie avec chiffons et baguettes. Daniel Humair retient le temps. Solo de guitare tout en douceur. Dialogue entre la guitare aux effets maîtrisés à la perfection et les roulements de tambour. Ca gronde doucement. C'est hypnotisant. Comme nous, Jérôme Sabbagh écoute attentivement jusqu'au final.

Retour au swing avec un duo batteur, toujours aux baguettes et saxophone ténor. Un air moqueur, interrogatif, joué à 3, en bloc. C'était " Drum Music " de feu Paul Motian dont Jérôme Sabbagh eut l'honneur d'être le dernier saxophoniste. 

Un seul regret sur ce concert: que Daniel Humair n'ait pas joué aux balais. C'est bien mince par rapport à toutes les bonnes sensations, aux vrais moments de grâce que dispense ce trio rare sur scène. 

La photographie de  Ben Monder est l'œuvre de l'Indestructible Juan Carlos HERNANDEZ. Toute utilisation de cette œuvre sans l'autorisation de son auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales.

Ben Monder par Juan Carlos HERNANDEZ

Ben Monder par Juan Carlos HERNANDEZ

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