Lenny Popkin & Alain Jean-Marie trio: leçon de classiques au Sunside
Lenny Popkin &
Alain Jean-Marie Trio
Le Sunside
Paris. Samedi 12 mai 2018. 21h30
Lenny Popkin: saxophone ténor
Alain Jean-Marie: piano
Gilles Naturel: contrebasse
Philippe Soirat: batterie
Bienvenue au 41e abonné de ce blog. Que les Dieux et les Muses le protègent!
Lectrices Cool, lecteurs Jazz, je vous ai maintes fois changé les louanges de Lenny Popkin et d'Alain Jean-Marie, deux Maîtres discrets et respectés de leurs instruments respectifs, le saxophone ténor et le piano.
Pour la première fois, au monde, Alain Jean-Marie et Lenny Popkin jouent en concert ensemble ce soir. Lenny Popkin joue donc en compagnie du trio Jazz d'Alain Jean-Marie avec Gilles Naturel (contrebassiste habituel de Lenny Popkin) et Philippe Soirat. Cf vidéo sous cet article. Nous allons réviser nos classiques avec des Maîtres.
Lee Konitz, autre saxophoniste disciple de Lennie Tristano, mais à l'alto, disait que pour réussir dans ce métier, il suffisait de connaître 7 morceaux et de savoir improviser dessus. Ces 7 magnifiques seront certainement au programme ce soir.
D'ailleurs, le premier titre " All the things You are " en fait partie. C'est si fluide que Lenny Popkin semble jouer de la flûte. Derrière, la rythmique apporte un soutien idéal. Souple et ferme. Batteur aux balais. Quel subtil massage cérébral! Lenny s'efface. Alain prend la main. Philippe est passé aux baguettes. Ca roule dans une limousine avec chauffeur. Tout confort. Chacun son tour. Solo de contrebasse ponctué par le batteur aux balais Le quartet repart doucement.
Une ballade. Batteur aux balais. Bien sûr il y a des accents toniques mais Lenny Popkin ne mord pas le bec du sax ténor. Ce n'est pas son genre. Solo de piano porté par la contrebasse et la batterie aux balais. Ca stimule les neurones.
Un autre des 7 titres de Lee Konitz. Une ballade. " You don't know what love is ". Pour une fois, Lenny Popkin ne joue pas avec son épouse Carol Tristano, fille de Lennie Tristano, à la batterie. Elle lui manque. Il y a plus d'intensité dans son jeu. La rythmique est menée de mains sûres par le pianiste. Nouveau solo de contrebasse, grave, profond. Le quartet reprend son cours de fleuve paisible.
" There will never be another You ". Un autre standard. Batteur aux baguettes. Rythme plus vif mais toujours cette fluidité. Le pianiste s'efface. Lenny Popkin occupe l'espace, soutenu par la basse et la batterie. Alain Jean-Marie distille quelques notes. La rythmique prend la main. Ca swingue tranquille mais solide.
Une ballade. Batteur aux balais. Je ne reconnais l'air. Il ne doit pas faire partie des 7 magnifiques. Ca sonne toujours bien. Grave, méditatif mais en même temps léger, fluide. Le sax s'efface. Le piano conduit la rythmique. Un solo de Gilles Naturel conforté par Philippe aux balais et ponctué par Alain au piano. Retour au thème à jusqu'au final. Comme au théâtre classique, les repères sont clairs et c'est beau.
PAUSE
Pendant la pause, j'ai convaincu, avec la caissière du Sunside, un jeune couple, Antillais je pense, d'assister au concert. Ils ne connaissent pas le Jazz Cool mais ils sont curieux.
Un standard dont le titre m'échappe. Batteur aux balais. Ce son de sax ténor nous fend l'âme en douceur. Ils nous emmènent en haut vers des cieux bleus. Solo de piano, bluesy à souhait. Le jeune couple est devant moi. Le gars est captivé. Il entre visiblement dans la musique.
" Just Friends " un des 7 titres de Lee Konitz. Philippe Soirat aux baguettes. Air léger, sautillant. Toujours cette fluidité, cette légèreté du sax ténor. Retour de la rythmique. Alain Jean-Marie est dans la place. Tout baigne. Premier solo de contrebasse à l'archet. Bonne vibration. Batteur toujours aux baguettes mais mezzo voce. Premier solo de batterie du concert, aux baguettes. Ca roule tranquille. Bonnes ondes. Le citoyen devant moi vit chaque instant intensément. Sa compagne semble moins enthousiaste.
Batteur aux balais. Un air vif, léger que je ne connais pas. Batteur aux baguettes. Alain Jean-Marie tient la barre. Le navire est bien piloté. Ca swingue tout en douceur, sans rien perdre en efficacité. Dialogue contrebasse-batterie aux baguettes. Finesse et souplesse. Le pianiste place une note de ci, de là.
Une ballade. " These foolish things (remind me of You) ". Ils ont peut-être dépassé les 7 titres prescrits par Lee Konitz mais ça doit être dedans. Lenny Popkin, sans le dire, dédie ce morceau à son épouse absente. Cela ne se dit pas mais s'entend. Elle ne l'a pas quitté, rassurez vous, lectrices Cool, lecteurs Jazz, elle est juste absente ce soir. Par erreur, de la musique enregistrée est diffusée dans les haut-parleurs. Ce n'est pas encore la pause. Le quartet ne se démonte pas et reprend dès que cela s'arrête. Le saxophone étire le thème alors que le piano le décortique. Au tour de la contrebasse de travailler le thème avec les balais du batteur qui massent les tambours derrière lui. Un dernier vibrato de sax ténor qui donne un frisson dans l'échine et stop.
" What is this thing called love? ". Un autre des titres essentiels du Jazz. Batteur aux baguettes. C'est fluide, sinueux. Ca coule de source. Ils ont dû jouer ce morceau des centaines de fois dans leur vie mais c'est la première fois que ce saxophoniste le joue avec cette rythmique et ils y trouvent encore de la fraîcheur. Nouveau solo de batterie aux baguettes mais sans forcer, sans brusquer. Retour au thème pour le final.
PAUSE
Un standard dont le titre m'échappe. Tempo rapide. Batteur aux baguettes. La beauté se poursuit. Cette fois, pas de solo de contrebasse après le solo de piano. Retour au thème à 4.
Un autre standard dont le titre m'échappe. Ce soir, nous révisons nos classiques avec des Maîtres. Batteur aux balais. C'est toujours vif et fluide. Breaks de batterie aux balais. Fluide.
" My Ideal ". Une ballade. Philippe reste aux balais. Tout n'est qu'ordre et beauté, luxe, calme et volupté.
Un tempo rapide. Batteur aux baguettes. Morceau inconnu de mes services. Ca swingue tranquille.
Il est 0h30 mais le public en veut encore. D'où un rappel toujours aussi superbe et applaudi.
Le jeune couple réapparaît à la fin du concert. Il s'était rapproché de la scène pour entrer plus encore dans la musique. Cool Jazz will prevail!