Richard Galliano enflamme le Jazz sur le Vif
Jazz sur le Vif
Richard Galliano
Maison de la Radio. Studio 104.
Paris. Samedi 13 octobre 2018. 20h30.
Concert diffusé en différé sur France Musique
Programme concocté et présenté par Arnaud Merlin
Première partie:
Richard Galliano, récital d'accordéon
Deuxième Partie:
Richard Galliano: accordéon
Jean-Marie Ecay: guitare
Yaron Stavi: contrebasse
Jean-Christophe Galliano: batterie
Première partie: Richard Galliano solo
Richard Galliano joue sa première partie lui même. On n'est jamais si bien servi que par soi même. Il commence par nous faire le flux et le reflux de la mer. Le souffle se poursuit et il y ajoute des notes d'accordéon. La boite à magie fait son effet. Il joue yeux clos, dansant assis sur son tabouret avec son instrument. Final dans l'aigu en douceur. Maestro.
Passage au musette. Jazzifié. Il s'agit de " Rimes " composée par Aldo Romano pour Claude Nougaro.
Deux morceaux sur lesquels je n'accroche pas puis un Blues. Pas mal du tout. Je bats de nouveau la mesure du pied. C'est bon signe. Ca swingue de nouveau. Le public m'approuve, applaudissant avec plus d'enthousiasme.
Une ballade sentimentale. Au feeling balkanique. C'est plus subtil que ça. Les citations s'enchaînent sans que je les reconnaisse. Ca emballe sec en tout cas.
Retour au musette. Ca valse, pardi! Un conseil parmi tant d'autres d'Astor Piazzola, le Maestro argentino de Richard Galliano, " Richard, jouez tout ce qui vous passe par la tête ". C'est ce qu'il fait ce soir et il le fait bien.
Passage à l'harmonica pour une version sur le fil du rasoir d'un standard du Jazz " My funny Valentine ".
Retour à l'accordéon pour un hommage à Charles Aznavour qu'accompagna Richard Galliano. Une version d'anthologie de " La Mamma " avec tout le sentiment, l'émotion qu'il faut sur une musique qui ne supporte pas la froideur. L'accordéon sonne comme des grandes orgues d'église. C'est le Requiem de Richard Galliano pour Charles Aznavour.
Richard Galliano joue debout le " Libertango " d'Astor Piazzola (cf vidéo sous cet article). Morceau chanté en français par Guy Marchand sous le titre " Moi je suis tango, tango ". La musique nous emporte jusqu'à la
PAUSE
Deuxième Partie: New Jazz Musette
Le New Musette était un quartet de Richard Galliano avec Philip Catherine (guitare électrique) , Pierre Michelot (contrebasse) et Aldo Romano (batterie). 25 ans plus tard, le New Jazz Musette (cf.extrait audio sous cet article) est le nouveau quartet de Richard Galliano avec les mêmes instruments mais des musiciens différents: Jean-Marie Ecay (guitare électrique), Yaron Stavi (contrebasse) et Jean-Christophe Galliano (batterie). Je suppose qu'il existe un lien de parenté entre Richard et Jean-Christophe Galliano mais j'ignore lequel.
Le quartet commence et, tout de suite, c'est plus Jazz. Batteur aux balais. Pulsation de la contrebasse. Notes distillées par Jean-Marie Ecay. Le batteur passe aux baguettes, joue de bons breaks qui relancent sans s'imposer.
Une ballade. Le batteur passe vite des baguettes aux balais. Premier solo de contrebasse en dialogue avec l'accordéon. Le batteur tient le tempo aux balais.
" Tango pour Claude " une composition de Richard Galliano pour Claude Nougaro que celui-ci chantait sous le titre " Vie Violence ". C'est passionné comme il se doit. La guitare répond à l'accordéon. Dialogue de haut vol.
Un petit air funky. Ca revient vers le musette mais avec un rythme reggae. Richard Galliano fait face à Jean-Marie Ecay pour mieux dialoguer avec lui. Maintenant, ca ressemble du flonflon à la russe. Ca emballe sévère. C'était " Chat pitre ", composition qui devint le générique d'une émission gastronomique de Jean-Luc Petitrenaud et aujourd'hui celle d'une réclame télévisuelle pour un fromage. Conclusion du compositeur: vous savez quand une chanson va marcher mais vous ne savez pas ce qu'elle va devenir. La preuve.
" Bebe " (Hermeto Pascoal). La guitare crée une onde au dessus de celle de l'accordéon. Somptueux. Le thème du génie brésilien est joué avec la flamme indispensable.
Duo contrebasse & accordéon. Impulsion face à souffle. Batteur et guitariste se reposent et savourent comme nous. A la fin, accordéoniste et contrebassiste se serrent la main. Ils en ont bien le droit.
Duo harmonica & guitare. Tout en douceur. " Estate " la seule chanson italienne devenue un standard du Jazz. Claude Nougaro la chantait sous le titre " Un été ". Au cas où nous l'aurions oublié, Jean-Marie Ecay nous rappelle quel merveilleux guitariste il est. La technique n'a pas de sens si elle ne sert pas à transmettre des émotions, à raconter une belle histoire. A deux, ils le font. Cela est juste et bon.
Retour à l'accordéon et au quartet. Batteur aux baguettes en duo avec l'accordéoniste pour commencer. Ca percute. Le quartet démarre et ça pulse. Un nuevo tango. Solo de guitare vif, sec, porté par le souffle de l'accordéon.
Retour au musette avec le batteur aux balais.
Une ballade. Batteur aux baguettes, en finesse sur les cymbales. La mélodie devient perceptible. " La Javanaise " de Serge Gainsbourg. Les musiciens s'effacent discrètement pour laisser le public chanter. " J'avoue j'en ai bavé pas vous mon amour Avant d'avoir eu vent de vous mon amour ". Des sonorités en ave comme l'argot dit javanais sur un air de java, la Javanaise, évidemment. " Vous avez remarqué? Ce sont toujours ceux qui n'ont pas le sens du rythme qui chantent le plus fort " remarque malicieusement Richard Galliano.
RAPPEL
Le générique de la série télévisée " P.J " composé lui aussi par Richard Galliano. Une musique agitée, angoissante comme il se doit pour une série policière. Les musiciens donnent encore mais Richard Galliano est légitimement fatigué après avoir joué en première et en deuxième partie de soirée. Voilà, c'est fini.
Madame A, en vraie aficionada de Richard Galliano, a obtenu son album dédicacé du Maestro après le concert, Madame M-H, Rock and Roll fan, poursuit son apprentissage du Jazz avec délice. Quant à moi, cela faisait plus de 20 ans que je n'avais été écouter sur scène Richard Galliano. J'ai bien fait d'attendre.
Avis technique: Suite à la remarque d'un lecteur expert, il appert que j'ai confondu l'harmonica et l'accordina. Faute! A l'aveugle ou de visu, de près comme de loin, je serais bien incapable de distinguer ces deux instruments mais Richard Galliano jouant de l'accordéon et de l'accordina selon des sources sûres, je me range à cet avis d'expert.
Prochaine séance de Jazz sur le Vif au studio 104 de la Maison de la Radio, à Paris, en France, samedi 17 novembre 2018 à 20h30 avec Gaël Horellou/Ari Hoenig Quartet puis Aziza (Dave Holland, Chris Potter, Lionel Loueke, Eric Harland).
La photographie de Richard Galliano est l'œuvre de l'Indomptable Juan Carlos HERNANDEZ. Toute utilisation de cette œuvre sans l'autorisation de son auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales.