Fred Hersch de retour en concert à Paris au Bal Blomet

Publié le par Guillaume Lagrée

Fred Hersch par Juan Carlos HERNANDEZ

Fred Hersch par Juan Carlos HERNANDEZ

Fred Hersch

de retour sur scène

Bal Blomet

Paris, Ile de France, France

Vendredi 25 juin 2021, 20h

 

Concert de sortie de l'album " Songs from Home "

Fred Hersch: piano

C'est le premier concert de Fred Hersch avec du public depuis 16 mois (février 2020). " Vous devriez être gentils car je peux être hors de forme " nous annonce Fred Hersch avant de commencer à jouer.

Un morceau de Billy Strayhorn (1915-1967), icône gay du Jazz (Fred Hersch est lui aussi un pianiste et compositeur de Jazz homosexuel), écrit à l'hôpital (Fred Hersch est en trithérapie pour cause de SIDA depuis les années 1980), " UMMG " (Upper Manhattan Medical Group). Un morceau qui scintille de swing malgré le thème joué de manière sombre. Ca fait du bien de recevoir de la Beauté créée en direct, sans écran ni microphone. Fred Hersch n'est manifestement pas hors de forme pour son retour sur scène. 

C'est le 50e anniversaire de l'album " Blue " de Joni Mitchell (1943), sorti le 22 juin 1971, qui a changé la vie musicale de Fred Hersch ( 1955). Elle a aussi beaucoup influencé Prince. " All I want ", une ballade où le temps est suspendu, distillé note par note. Ca commence à balancer tranquillement et ma tête avec.

Un air un peu plus vif qui tourne. Un mélange de Folk et de Jazz qui sonne bien comme du Joni Mitchell. Cette Dame a enregistré un album en hommage à Charles Mingus  (1979) avec de grands jazzmen: Jaco Pastorius, Herbie Hancock, Wayne Shorter, Peter Erskine, Don Alias... Fred Hersch vise toujours juste. Droit au coeur. En jouant " Songs from Home ", Fred Hersch fait du Bal Blomet sa maison. Le silence du public est digne de celui de la forêt qui entoure la maison où cet album a été enregistré. C'était " You can close Your eyes " de James Taylor (1948) qui a créé avec Joni Mitchell.

Du Folk américain, Fred Hersch passe à la Bossa Nova brésilienne avec Antonio Carlos Jobim. " Portrait in Black and White " ( " Retrato em Branco e Preto "). Un standard du Jazz moderne joué par Stan Getz, Chet Baker, Martial Solal, Eric Le Lann, Alain Jean-Marie... Une ballade sous influence de Frédéric Chopin. Nostalgie, grâce et classe. Fred Hersch enchaîne sur un autre thème de Jobim " A Primeira vez ". " La première fois que je t'ai rencontré, tu alimentas l'illusion d'être heureux ". Ce n'est pas gai mais ça se joue joyeusement. Normal, c'est une Bossa Nova. Je suis transporté sur la plage à Rio de Janeiro, draguant les jolies filles (les beaux gosses pour Fred Hersch).

Pendant la pandémie de Covid, Fred Hersch jouait chaque jour en direct sur Facebook un morceau. L'album " Songs from home " a été enregistré depuis son lieu de confinement pour que les auditeurs se sentent bien. Un morceau sur un ouvrier qui répare une ligne de téléphone au milieu de nulle part. " Wichita lineman ". Cela reflète le sentiment d'isolement de Fred Hersch durant le confinement.

Il ne nous laisse pas le temps d'applaudir et rebondit sur un air plus vif, plus sautillant. Grand écart entre le très aigu main droite et le grave main gauche. 2 rythmes se répondent et l'ensemble chante.  " Get out of town ". Cf extrait audio au dessus de cet article. C'est ce que nous avons fait. Beaucoup de gens ont quitté New York et ne sont jamais revenus, explique Fred Hersch. Pareil à Paris. 

" Sarabande " (Fred Hersch). Toujours sur l'album " Songs from Home ". Ca se danse comme une sarabande d'ours. Normal pour un morceau enregistré dans la forêt de Pennsylvanie.

Fred Hersch est arrivé, par des chemins détournés, à " All of me ", standard que chantait si bien Billie Holiday. " You took the best, so why not take the rest? Hey baby, take all of me ". Les notes sonnent comme les paroles. Fred Hersch fait chanter le piano. 

Selon son usage habituel, Fred Hersch conclue son concert par une ballade puis une composition de TS Monk (1917-1982). " It's so great to play for the people " ajoute Fred Hersch.

Une ballade donc. " Moonlight in Vermont " que chantait si bien Frank Sinatra. Le public reste extrêmement attentif. Pas un bruit, pas une toux. 

Il enchaîne sur un air abrupt et sautillant. Du Monk donc. Il embraye, passe les vitesses et accélère. Ne serait-ce pas " Rhythm a Ning "? 

Au public aussi, cela fait grand bien d'entendre sur scène, en direct, sans écran ni microphone interposé, Fred Hersch jouer du piano. D'ailleurs, il en veut encore.

RAPPEL

Un hommage à Claude Carrière (1939-2021), récemment disparu, le premier journaliste de Jazz en France à s'intéresser à la musique de Fred Hersch, dans les années 1980. " I miss him so much " (Fred Hersch). " Valentine " qui n'est pas " My Funny Valentine ". Début en grattant les cordes du piano et en distillant quelques notes sur les touches. 

Le public ne veut pas partir. Fred Hersch non plus. " After You've gone ". Cf vidéo sous cet article. Mon morceau préféré de l'album " Songs from Home ". 

Pour conclure, un 3e rappel avec une ballade brève, tout en douceur, pour calmer le jeu.

Rien à ajouter. 

 

La photographie de Fred Hersch est l'oeuvre de l'Inexpugnable Juan Carlos HERNANDEZ. Toute utilisation de cette oeuvre sans l'autorisation de son auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales

 

 

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