Nouvo Lokans fait souffler les alizés de la Caraïbe sur Paris
Nouvo Lokans
Théâtre Claude Lévi-Strauss
Musée du Quai Branly Jacques Chirac
Paris, Ile de France, France
Dimanche 29 janvier 2023, 17h
Nouvo Lokanz est composé de
Sonny Troupé : Ka, choeur
Arnaud Dolmen : batterie, Ka, choeur
Mano Falla : guitare basse électrique, choeur
Christian Laviso: guitare électrique, choeur
Sylvain Joseph: saxophone alto, choeur
Jony Lerond : chant
Jean-Pierre Coquerel : chant
Nouvo Lokans signifie Nouveau Langage en créole de Guadeloupe, la terre d’origine du Ka ou Gwo Ka (du français Gros Quart, baril de rhum employé comme instrument de percussion). Le Gwo Ka est classé au patrimoine mondial immatériel de l’humanité par l’UNESCO.
Pour ce concert, Jony Lerond remplaçait Zagalo, malade.
Mes notes prises sur le vif pendant le concert sont à peu près illisibles même pour moi qui les ait écrites.
Voici ce que j’ai retenu de ce concert enthousiasmant mêlant le Ka à l’ancienne au Jazz caribéen actuel avec des musiciens et des chanteurs au sommet de leur art. Parmi lesquels, Arnaud Dolmen, Révélation des Victoires du Jazz édition 2022, 1er artiste des outre-mer récompensé dans ce concours. L’âme de ce groupe, c’est le percussionniste Sonny Troupé, déjà célébré sur ce blog.
¼ d’heure créole de retard pour commencer le concert mais comme il a été prolongé au-delà de l’horaire prévu (17h-18h30) nous avons été abreuvés de bons sons.
Deux regrets pour ma part :
- L’absence de femmes sur scène. Le chœur d’hommes était splendide mais cela manquait de voix de femmes à mon goût.
- L’absence du fidèle abonné yoruba M.N, avec qui j’ai visité l’exposition " FELA. Rébellion Afro Beat » tant les liens de cette musique avec l’Afrique de l’Ouest sont évidents.
Le talent de ces musiciens c’est d’être totalement Caribéens, Antillais, Créoles, sans aucun cliché, aucun « doudouisme » comme dit un ami Martiniquais. Pas de sucre, pas de rhum, pas de guimauve. Même sur les ballades. C’est sentimental, pas sentimentaliste.
Musique aux forts accents rythmiques : Sonny Troupé au tambour Ka, bien proche dans la forme de la Conga cubaine elle-même originaire du Congo, comme son nom l’indique. Arnaud Dolmen qui ouvre le concert au Ka puis passe à la batterie où il pulse toujours aussi énergiquement mais de façon plus Jazz. Mano Falla à la basse, très funky, mais pas comme les Américains. Christian Laviso à la guitare, fusionne les influences de l’Amérique, de l’Europe et de l’Afrique. Il est donc bien Caribéen.
La touche de Jazz, c’est le saxophone alto de Sylvain Joseph, digne héritier des grands saxophonistes antillais comme Robert Mavounzy & Ti Marcel-Louis Joseph (même famille?).
Quant aux chanteurs Jony Lerond & Jean-Pierre Coquerel, je ne comprends rien de ce qu’ils chantent, n’étant pas créolophone. Pour autant, ils me touchent, m’amusent, m’émeuvent, m’emportent. Il y avait assez d’Antillais dans la salle pour chanter en chœur avec eux.
Les chants utilisent un procédé habituel des musiques traditionnelles : le jeu d’appel et de réponse. Chjama è rispondi dans les chants corses. Même procédé dans le Kan ha diskan en Bretagne. Le call and answer du Gospel et du Jazz (« Watermelon man » d’Herbie Hancock, par exemple). Particulièrement efficace quand tous se regroupent en cercle pour chanter.
Assez de mots. Place à la musique. L’intégralité du concert se trouve dans la vidéo sous cet article. Merci aux artistes et aux organisateurs.