Helveticus trio recomposé au Sunset
Helveticus
Paris
Le Sunset
Festival Jazz sur Seine
Samedi 12 octobre 2024, 20h30
Concert de sortie de l’album « Our Way »
Samuel Blaser : trombone à coulisse
Heiri Känzig : contrebasse
Ramon Lopez : batterie
Daniel Humair est le Père fondateur du trio Helveticus. Il a joué superbement au Sunset jeudi 10 octobre au sein du trio de Jérome Sabbagh. Aujourd’hui, il est cloué au lit par la fièvre. En 40 ans de concerts au Sunset, c’est la première fois que Daniel Humair ne peut jouer. Pour un homme né en 1938, c’est tout à fait excusable. Ramon Lopez, Espagnol d’Alicante, est venu aujourd’hui de la Normandie à Paris pour le remplacer au pied levé dans un trio helvétique. Magie du Jazz et de l’amitié.
Le trio attaque direct. Trombone wah wah. Vibration de la contrebasse. Le batteur est là. Il possède la puissance, la précision, la diversité requises pour cette musique. Bonne pulsation de la contrebasse. Du fond de la salle, je la sens des oreilles au ventre. Le batteur est Vulcain dans sa forge comme le fait si bien Daniel Humair. Premier solo de contrebasse finement soutenu par le batteur et ponctué par les wah wah du trombone avec la sourdine. Il y a 100 ans, les trombonistes le faisaient avec leurs chapeaux. Samuel Blaser ne le fait pas avec sa casquette. Silence recueilli avant d’applaudir. « Jim Dine » composition de Daniel Humair en hommage à son collègue peintre américain, Jim Dine, justement. Ingres jouait du violon pour se reposer de la peinture. Daniel Humair peint pour se reposer de la batterie avec des gestes et des outils proches.
« Original Dixieland one step ». Retour aux sources du Jazz. Le Dixieland de 1917. Dialogue batterie et trombone. Ca vibre. La contrebasse vient ajouter sa vibration. Le trombone évoque la locomotive à vapeur. Logique vu l’époque de création du morceau. Jeu tout à fait actuel. C’est du jazz, musique libre. Ils interprètent et ne copient pas. Premier solo de batterie. Travail ferme sur les tambours. Les cymbales vibrent aussi. Ca roule. Le trio sonne étrangement funky. Au final. Cf vidéo sous cet article.
Stephan Eicher a aussi chanté cette chanson folklorique suisse. " Traume der Liebe ". Cf extrait audio au dessus de cet article. Dialogue entre les deux Suisses, ponctué par le batteur Espagnol aux balais. Ramon reprend aux baguettes pour finir. Ils ne jouent pas le Ranz des vaches, cet air de montée aux alpages qu’il était interdit de jouer sur les champs de bataille du XVIe au XVIIIe siècle car, en l’écoutant, les mercenaires suisses prenaient un si vif mal du pays qu’ils quittaient aussitôt le combat pour rentrer chez eux.
Je reconnais un titre de l’album « Our way ». Joué groupé. Ca s’organise avec la contrebasse qui impulse. Le batteur soutient fermement et finement aux baguettes. Bonne vibration. Solo grognant à souhait du trombone. Solo de contrebasse. Les mains montent et descendent en souplesse.
Enchaînement sur un autre morceau de l’album « Our way ». Album sélectionné pour les Grammy Awards. Respect. Ca accélère groupé. Trombone wah wah. Ramon Lopez est parfaitement dans le coup. Impressionnant. A-t-il même eu le temps de répéter ? « Genevamalgame » (Daniel Humair).
Marche à pas lents. Batteur aux balais. Une ballade. Je ne connais pas cet air mais c’est charmant. La tension monte doucement. Le train est lancé. La vapeur crache. La cloche sonne. Ca se calme. Ralentissement avant l’entrée en gare.
« Ory’s Creole Trombone » (Kid Ory). Un classique du Jazz New Orleans. Je reconnais l’attaque du morceau mais sacrément triturée. Arrêt net. Silence. Ca repart du batteur aux baguettes. Nouveaux compliments à l’Espagnol Ramon Lopez pour cette intégration si rapide à ce trio 100% Suisse. Solo de batterie avec un balai et un maillet. A l’oreille car je ne vois pas le batteur de ma place. Subtil, puissant, riche en épices sonores, Ramon Lopez est digne de remplacer au pied levé Daniel Humair. « Le batteur est un barman de sons » (Jean Cocteau). Solo de contrebasse bien vibrant avec ponctuation du batteur qui relance aux baguettes. Le trombone créole revient. Ca sent plus la fondue suisse que le gumbo créole. 3 fromages dans la fondue de Suisse. Un autre genre de trio.
Enchaînement direct sur un air de TS Monk. Batteur aux balais. Très jazz. Court et impeccable.
PAUSE
Musique impeccable d’autant plus avec le remplacement au pied levé de Daniel Humair par Ramon Lopez. La salle s’est remplie. Je me régale mais je suis fatigué par ma séance de sport du samedi après-midi. Pour moi le concert finit ici.
La photographie de Samuel Blaser est l'oeuvre du Suisse Juan Carlos HERNANDEZ. Toute utilisation de cette oeuvre sans autorisation de son auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales.