Julia Perminova & Mark Priore. 2 trios con piano au Baiser Salé
Festival Jazz sur Seine
Soirée SHOW CASE
Mercredi 16 octobre 2024. 20h.
Paris, Ile de France, France
Le Baiser Salé
Soirée showcase du festival Jazz sur Seine le mercredi 16 octobre 2024 à partir de 20h, rue des Lombards, 75001 Paris, France. 4 concerts de Jazz à entrée libre dans chacun des 4 clubs de Jazz de la rue des Lombards : Sunset, Sunside, Baiser Salé,Duc des Lombards. Plus 2 concerts de Jazz à entrée libre au Temple Rock Tavern, lui aussi rue des Lombards, 75001 Paris, France.
Cela fait donc 18 concerts de Jazz à entrée libre le même soir dans la même rue de Paris. N’étant pas doté du don d’ubiquité, j’ai assisté à deux concerts de pianistes au Baiser Salé. 2 concerts sur 18 soit 11,11% de l’offre totale de Jazz de la soirée mais 50% des 4 concerts que je pouvais suivre in concreto. Cela suffit à mon bonheur.
20h, trio de Julia Perminova
Julia Perminova : piano, clavier électrique, compositions
Joseph Zeimetz : contrebasse
Ariel Tessier : batterie
Démarrage groupé. Contrebasse à l’archet. Batteur aux maillets. La pianiste est russe. Le toucher classique s’entend. Musique aquatique qui coule comme un torrent de montagne. Main gauche sur le piano, main droite sur le clavier. Retour au piano. Bassiste à mains nues. Batteur aux baguettes. Romantisme échevelé. D’après Franz (Ferenc en hongrois) Liszt, « Waterfalls ». J’avais bien deviné une musique aquatique puisqu’il s’agit de chutes d’eaux. Logiquement, ce morceau doit dériver des " Jeux d'eau de la villa d'Este ", élégie au piano de Franz Liszt.
« Revival » (titre album). Batteur aux balais. Une ballade de résurrection comme une aurore calme après une nuit agitée, un malade qui se relève guéri. Ca balance souplement. J’espère que Julia Perminova jouera avec Olga Amelchenko, saperlipopette ! La rythmique tourne tranquille puis s’envole sous les doigts de Julia Perminova. Elle ajoute des effets spatiaux avec le clavier électrique, superfétatoires à mon goût. Elle a cependant le bon goût de savoir jusqu’où elle peut aller trop loin.
« Simple truth » tiré de son dernier album « Freedom ». Batteur aux baguettes. Une mélodie qui pulse tranquille. Julia Perminova a un swing très personnel signe d’une personnalité forte. Bon signe. Premier solo de contrebasse finement ponctué par le piano et la batterie. Breaks du batteur aux baguettes. Bonne vague puissante.
« Siberian Blues ». Comme Olga Amelchenko, Julia Perminova est une Russe de Sibérie. Il faut vraiment que je les écoute jouer ensemble. Elle nous explique qu’elle voulait écrire quelque chose de joli, de romantique mais que la Sibérie le lui a interdit. Cela sonne puissant et passionné ce qui correspond à la Sibérie décrite par les prisonniers (Fiodor Dostoïevski « Souvenirs de la maison des morts », Eddie Rosner « Le jazzman du Goulag ») et par les voyageurs (Sylvain Tesson " Dans les forêts de Sibérie "). Effectivement, cela devient un Blues lent. Solo de contrebasse. Batteur aux balais. Pianiste qui ponctue doucement. Ca marche.
« Freedom » (titre album). Introduction du batteur qui tapote à mains nues ses tambours. La contrebasse s’ajoute doucement. Solo de piano aérien à souhait. Le trio démarre. Batteur aux baguettes. Ca envoie. Cf extrait audio au dessus de cet article.
Julia Perminova est une excellente pianiste, en train de créer son univers. Elle doit encore apprendre à élaguer, alléger son jeu et laisser respirer sa musique, donner plus de place à ses partenaires. Je n’étais pas le seul de cet avis parmi les spectateurs.
PAUSE
21h, trio de Mark Priore
Mark Priore : piano, compositions
Juan Villaroel : contrebasse
Elie Martin Charrière: batterie
Démarrage par une ballade. Quasiment une marche funèbre. Le batteur vient ajouter de la vie avec ses roulements de baguettes. Le trio monte en puissance. C’est passionnel, fusionnel. Bonne musique de film pour scène de grand amour.
Introduction chantante de la contrebasse. La batterie ajoute du rythme. Ca pulse. Le piano entre dans la danse. Beau triangle équilatéral. Ca danse, sapristi ! Le pianiste joue juste les notes. Point trop. Ca sonne comme du Jazz. Batteur aux balais. Ca marche. Les gens dansent sur leurs bancs. Au Baiser Salé, il n’y a vraiment pas de place pour se lever et danser. Le batteur est reparti aux baguettes. En impulsion ! Les 3 musiciens se regardent et s’écoutent sans cesse. C’était un hommage àAhmad Jamal comme cela s’entendait dans le jeu du trio. Ahmad Jamal a refusé de jouer dans le groupe de Miles Davis alors que Miles avait la même démarche. « Pourquoi jouer beaucoup de notes alors qu’il suffit de jouer les plus belles ? ». « Ce qui compte en musique, ce ne sont pas les notes. Ce sont les silences entre les notes » (Miles Davis).
Un morceau inspiré par un mythe grec antique qui inspira de nombreux compositeurs classiques (Monteverdi, Gluck, Berlioz, Offenbach…). La sortie des Enfers d’Orphée et Eurydice. Dans cette version, Eurydice a une chance de sortir vivante des Enfers. Dans le mythe antique, c’est mort. La main droite de Mark Priore tient les cordes du piano puis installe un ostinato sur le clavier pendant que contrebasse et batterie roulent. Le piano reste fixe pendant que contrebasse et batterie tournent. Puis il se lâche. C’est passionné et amoureux à souhait. Contrebasse à l’archet. Ca sent le final mystérieux avec les cymbales scintillantes sous les baguettes du batteur. Cf vidéo sous cet article.
Intro en piano solo. Une ballade. Le trio démarre tranquille. Batteur aux mailloches. De nouveau, peu de notes au piano. Il sait laisser la place au silence.
Le batteur repart sec aux baguettes. Il mitraille. Un ruisseau coule du piano en réponse. La contrebasse vient ajouter du liant. Dialogue contrebasse & batteur aux baguettes. Le pianiste s’efface puis revient doucement par petites touches. Envoi final en trio à fond la caisse.
« Hymne for Marcel » morceau composé il y a 2 semaines pour un garçon qui a ému Mark Priore. Intro en piano solo. Une élégie. Batteur aux balais. Frottements entre contrebasse et batterie. Je pense que ce morceau est écrit pour un petit garçon malade. L’espoir demeure.
PAUSE
La soirée se poursuit avec deux autres concerts au Baiser Salé et dans chacun des 3 autres clubs de Jazz de la rue des Lombards à Paris en France. Pour ma part, avec ces deux trios, le deuxième plus achevé que le premier, les deux m’ayant mu et ému, j’ai ma dose de beauté pour la soirée. Mon agréable voisine de gauche, la Citoyenne N, est restée pour le 3e concert au Baiser Salé, celui de Monsieur Mala. J’espère qu’elle voudra bien vous livrer ses impressions de la soirée, lectrices vénérées, lecteurs vénérables. Elle possède les coordonnées de ce blog. A elle de jouer si tel est son bon plaisir.