"Martial Solal . Une vie à l'improviste ". Vincent Sorel

Publié le par Guillaume Lagrée

Martial Solal par Juan Carlos HERNANDEZ

Martial Solal par Juan Carlos HERNANDEZ

" Martial Solal

Une vie à l'improviste "

Vincent Sorel

Editions du Layeur. 2024.

 

Lectrices créatrices, lecteurs improvisateurs, ce blog ne cesse de vous chanter les louanges du pianiste, compositeur et chef d'orchestre français Martial Solal (1927). S'il était Japonais, cet homme serait classé trésor national vivant par l'Empereur.

En septembre 2024, une chronique de ce blog était consacrée à l'autobiographie de Martial Solal " Mon siècle de Jazz ".

Voici désormais que Martial Solal devient un héros de bande dessinée grâce à Vincent Sorel (1985)  avec sa dernière oeuvre " Martial Solal. Une vie à l'improviste " paru en octobre 2024.

Il ne s'agit pas d'un manga racontant les aventures d'un musicien imaginaire comme le saxophoniste ténor Japonais Myamoto Dai dans Blue Giant dont ce blog vous chante les louanges depuis plusieurs années, lectrices créatrices, lecteurs auteurs.

Il ne s'agit pas non plus d'un Super Héros même si l'auteur imagine Martial Solal réussissant une carrière américaine digne de Quincy Jones ou d'Herbie Hancock.

Martial Solal n'a pas fait une carrière américaine. Il l'a refusé par amour pour son fils Eric resté à Paris avec sa mère dont il venait de divorcer. Ce qui ne l'a pas empêché de jouer avec des grands musiciens américains, y compris aux Etats Unis d'Amérique et d'être respecté d'eux. 

Ce que raconte cette BD, c'est la vie et l'oeuvre de Martial Solal ainsi que son influence sur l'auteur qui n'est pas musicien professionnel mais dessinateur et né 2 générations après. 

Vincent Sorel mêle habilement réalité et fiction, brodant et improvisant comme un Jazzman, sans jamais oublier le thème même quand il semble s'en éloigner, suivant la méthode de Martial Solal justement.

Il raconte aussi bien la biographie de Martial Solal que son émotion à le rencontrer. Le moment le plus difficile fut quand Martial Solal l'invita à jouer de son piano chez lui. Je n'ai pas eu à passer cette épreuve car je ne suis pas du tout musicien mais le pianiste, compositeur et chef d'orchestre Olivier Calmel s'en souvient bien. 

Comme fan de Martial Solal (il est le pianiste le plus présent dans ma discothèque et de loin) , je n'ai appris qu'une seule chose dans cette BD. Que Beyonce a diffusé un extrait de la musique composée par Martial Solal pour " A bout de souffle " de Jean-Luc Godard dans ces concerts. Beyonce et Martial Solal ne se sont jamais rencontrés.

Le scénario est bien ficelé, le rythme soutenu, la surprise vous guette à chaque case, lectrices créatrices, lecteurs improvisateurs. J'ai revisité avec plaisir cette version illustrée de la vie et l'oeuvre de Martial Solal avec le point de vue personnel de l'auteur qui n'est jamais envahissant.

La leçon principale qu'il en a retenu, c'est l'exigence et l'obstination.

L'exigence envers soi-même et la musique ce qui induit une exigence envers le public. Martial Solal n'a jamais créé de la musique pour les masses. Il a essayé la musique facile (easy listening in english) sous le pseudonyme de Jo Jaguar mais échoua. Martial Solal a tout de même inspiré, mais ce n'est pas mentionné dans la BD, Twist à Saint-Tropez. 

L'obstination c'est celle d'un artiste qui refusait d'écouter les autres, poursuivait son chemin quoi qu'il en coûte et a fini par obtenir ses plus grands succès publics à l'âge où d'autres prennent une retraite bien méritée. Martial Solal lui prit sa retraite lors d'un dernier concert mémorable à Paris, salle Gaveau, en janvier 2019. Je peux l'écrire. J'y étais. 

Il fait aussi parler musiciens français et américains et nous livre une discographie sélective en fin d'album. ¨Par esprit de contradiction, j'ai mis en extrait audio au dessus de cet article " Ah non! ", variation solalienne sur la méthode Hanon pour s'exercer au piano contenue dans l'album " Martial Solal Solo piano. Unreleased sessions. Los Angeles. 1966  volume 2 " chroniqué sur ce blog mais qui ne figure pas dans la discographie recommandée par Vincent Sorel. Il parle de la composition " Ah non! " comme exemple type de la méthode Solal par ailleurs.

Bref, lectrices créatrices, lecteurs improvisateurs, que vous aimiez la bande dessinée, le piano, l'orchestre, le Jazz, Martial Solal ensemble ou séparément, " Martial Solal. Une vie à l'improviste " de Vincent Sorel fera vos grandes délices.

Dans la vidéo ci-dessous, la musique d'illustration est extraite, je pense, de l'album de Martial Solal " Locomotion " (1974) en trio avec Henri Texier (basse électrique) & Bernard Lubat ( batterie). Une mine d'or pour les DJ. 

 

La photographie de Martial Solal est l'oeuvre de l'Inénarrable Juan Carlos HERNANDEZ. Toute utilisation de cette oeuvre sans autorisation de son auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales.

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