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Marc Copland et Riccardo del Fra en première mondiale à Paris

Publié le par Guillaume Lagrée

Paris. Le Sunside. Lundi 25 janvier 2010. 21h

 


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Marc Copland : piano

Riccardo del Fra : contrebasse

 

  La photographie de Marc Copland est l'oeuvre de Juan Carlos HERNANDEZ.

 

 

 

Marc commence. Le rêve éveillé aussi. « All of You » un standard. Riccardo Del Fra joue précis, avec des petites notes sèches puis il s’arrondit. Pour l’instant, ce sont deux discours parallèles. Ca commence à se mêler lorsque Marc reprend la main. Marc Copland chantonne, fait ruisseler le piano. Il est dans son monde. Del Fra l’observe, l’écoute, l’accompagne. Il fluidifie son jeu pour entrer dans celui du pianiste.

 

Intro de Copland qui pose un rythme grave, lourd même, de la main gauche alors que la main droite est inquiétante dans le medium. Del Fra pose la base et Copland s’envole au dessus. Toujours cette ambiance lourde de la main gauche alors que la main droite mène une course folle. Ca sonne comme l’hallali du cerf. Del Fra a trouvé Copland. Leurs âmes se rejoignent dans la musique. Del Fra fait vibrer ses cordes au fond du ventre alors que Copland poursuit sa gigue inquiétante. C’est une musique qui nous emmène loin, dévalant les montagnes, courant les plaines. Dans une vision plus sombre, cette musique sonne comme l’homme qui voit la lumière au bout du tunnel sans pouvoir s’en approcher.

 

Intro au piano. Esprit de  Claude Debussy, es tu là ? Del Fra s’est mis dans le courant et il nage dans les mêmes eaux que Copland. Le piano ralentit le temps comme des montres molles de Dali. Il y a un standard caché derrière cette musique. Une ballade. Du Monk ? Et toujours ces trilles de piano qui embellissent le thème, le parent d’azur et d’or. La contrebasse fait une grosse voix de grand père bougon et taquin. Peu de gens applaudissent les solos. Le public reste attentif, concentré.

 

Le piano fait l’intro puis Del Fra ajoute une pulsation souple, subtilement funky.  Ils se regardent. La discussion est belle, riche, douce et vive à la fois. La pression monte imperceptiblement. L’esprit de la danse nous rend visite. Cela devient une sorte de valse à la Bill Evans. Il y a des accélérations, des descentes harmoniques, des tours et détours. Un parfum frais et léger flotte dans l’air. C’est le printemps par la magie de la musique.  Le piano creuse sa vague, emportant tout sur son passage. La contrebasse vogue en équilibre dessus. Marc Copland est inspiré. Riccardo del Fra le stimule. Tout batteur serait superflu ce soir. Marc Copland vient de sortir un album en duo avec un autre Maestro de la contrebasse, M. Gary Peacock. Je n’ai pas encore écouté cet album mais je me demande déjà s’il est à la hauteur de ce concert. Copland ralentit l’air pour le final tout en gardant la tension. Comme nous, Del Fra écoute et déguste en silence.

 

« Round about Midnight ». L’air est reconnaissable dès les premières notes. Ensuite Copland le masque subtilement. Cette musique est propice à la rêverie. Del Fra prend la main pour un solo profond qui vous remue le cœur et le ventre. Puis Copland remonte, rejoint Del Fra, reprend légèrement la main. Un petit pont final nous permet de franchir le ruisseau du désir.

 

Un morceau de Jazz funky. Art Blakey, je pense. Del Fra joue subtilement funky. Copland est toujours impressionniste, par dessus la contrebasse. Ca tourne mais pas en rond.

 

PAUSE

 

Marc et Riccardo discutent sur scène avant de reprendre. Tout sourire. L’entente cordiale est évidente. Marc reprend par une ballade. Riccardo entre dedans avec grâce. Il prend de plus en plus sa place. Maintenant c’est lui qui mène et Marc qui accompagne. La contrebasse de Riccardo est grande, large, de couleur sombre, parfaitement adaptée à cette musique, même visuellement. Ca sent la terre mouillée après la pluie, un parfum chaud et lourd de vie.

 

« Softly as in a morning sunrise ». Le soleil se lève en pleine nuit. Ils jouent joyeusement mais toujours avec cette pointe de mélancolie propre à Marc Copland. Del Fra s’anime, se met à chantonner à son tour. Marc a pris la main chantonnant, virevoltant. Del Fra est bien présent, juste derrière. Fausses fins qui sont autant de détours pour nous amener voir des paysages inconnus des guides.

 

Un standard dont le titre me revient. « Fall » (Wayne Shorter). Une idée de la chute qui n’est pas celle de la Bible , avilissante et définitive. Il s’agit ici de glisser pour mieux remonter, de s’abandonner pour dominer son sujet. Je me surprends à  chantonner l’air mystérieux et envoûtant de Wayne Shorter. Wayne Shorter qui sera d’ailleurs le sujet de la prochaine leçon de Jazz d’Antoine Hervé. La tension monte, la musique devient plus dense avant de s’estomper dans l’instant suivant.

 

Première introduction à la contrebasse du concert. C’est dire si Riccardo del Fra a pris sa place. C’est véloce. La musique court sous les doigts de Riccardo.  Marc entre en jouant « I remember You ». Une autre preuve que Riccardo a pris toute sa place, c’est qu’il ne regarde plus Marc Copland. Il joue, regard tourné vers le haut. Chacun est dans son monde et ces deux mondes n’en font qu’un. Fusion dans la tension vers le final.

 

Une dernière ballade « My foolish heart ». Bill Evans et Stan Getz la jouaient si bien…Le cœur fou se met à nu. Del Fra plane avec profondeur et légèreté, alliance rare. Le temps suspend son vol pour la coda.

 

Fin du concert. Riccardo et Marc se serrent la main avant de quitter la scène. C’était le premier concert de ce duo. Plaise aux Dieux qu’il y en ait d’autres !

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Giovanni Falzone e Bruno Angelini in concerto nella Casa della Radio

Publié le par Guillaume Lagrée

Paris. Maison de la Radio.  Studio Charles Trénet. Samedi 23 janvier 2010. 17h30

 

 

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Giovanni Falzone : trompette

Bruno Angelini : piano

 

 

La photographie de Giovanni Falzone et Bruno Angelini est l'oeuvre du Signore Juan Carlos HERNANDEZ.

 

 

La trompette vibre et vrille. Bruno caresse les cordes de son piano. Giovanni Falzone est un musicien expressionniste alors que Bruno Angelini est impressionniste. Le contraste entre les deux fait la richesse des couleurs de ce duo. Ca sent le souffle du vent dans le cyprès, le parfum d’une terre natale, si loin, si proche. Le son de la trompette nous perce droit au cœur. Bruno ajoute du liant à cette inquiétude. Giovanni nous fait même la sirène du port de Gênes. Après un solo de Bruno entre angoisse distillée et douceur installée, Giovanni fait siffler son instrument d’une manière qui n’est pas prévue dans le manuel du petit trompettiste. Normal, c’est un grand trompettiste, un créateur qui brise les codes. Jusqu’à un souffle final, le public retient son souffle puis applaudit.

 

Bruno part à l’attaque. Giovanni déploie son talent sur l’instrument. Vagues bondissantes du piano. Giovanni fait couiner sa trompette par un wah wah très personnel avec la sourdine Harmon. C’est heurté, brusque, presque brutal. La bataille des Horaces contre les Coriaces. Giovanni repart, sans sourdine, dans une sorte de folle sarabande, un héritage modernisé des fanfares d’Italie du Sud.

 

C’était « Marie » puis « Saut dans le vide ». Ce sont des morceaux du premier album, écrits par Giovanni Falzone. Le second album sera écrit par Bruno Angelini.

 

« Maschere » (Masques), morceau inspiré du théâtre. Des masques de la commedia dell’arte, je suppose. C’est une ballade. Le piano installe une ambiance mystérieuse, à suspense qui fait le grand écart entre grave et aigu. De la trompette sort un son voilé, parfois grognon, mais le plus souvent rêveur. Les masques de la commedia dell’arte dansent dans l’air. Dansent-ils seuls ou portés par leurs maîtres, les acteurs ? A nous de le ressentir. Giovanni s’amuse à produire des sons qui n’appartiennent qu’à lui, des sons qui ont un sens, pas pour faire œuvre de démonstration. Pendant ce temps, Bruno construit le temps, embellit le silence. Cette musique nécessite et impose l’attention à l’auditeur. C’est une musique de fond, pas de bruit de fond.

 

Bruno repart à l’attaque entre medium et grave. Giovanni sonne la charge. Ils nous emportent, nous élèvent, nous dérangent, nous stimulent. C’est une nuit d’orage dans les collines toscanes. Un monde ultra civilisé vacille. Giovanni aime revisiter le growl ellingtonien des années 1920 mais à la sauce méditerranéenne contemporaine. Ce son lui appartient. Tiens, on dirait un canard moqueur maintenant. D’ailleurs, Bruno fait dandiner le piano comme un canard. La basse cour est en marche. Le jars jase jazz ! Giovanni enlève sa sourdine Harmon pour un solo entre notes attaquées, étirées, staccato et glissando. Une dernière attaque conjointe pour conclure ce morceau.

 

Giovanni nous parle en français avec un délicieux accent italien et Bruno corrige ses italianismes. Le 23 janvier 1910 à Liberchies, Belgique, naissait Django Reinhardt. Pour le centenaire de cette naissance, Bruno et Giovanni nous jouent « Django » que John Lewis, le pianiste du Modern Jazz Quartet, composa en 1953 après la mort de Django, justement. « Django » est une très belle ballade, peu jouée de nos jours, même par les Jazzmen français, alors qu’elle est un hommage au plus grand d’entre eux. Bruno et Giovanni la jouent très bien. Bruno joue économe, comme le faisait John Lewis. Giovanni ajoute tout son lyrisme italien à ce thème. Bellissimo ! C’est joué comme il le faut, émouvant mais sans pathos, un chant d’hommage où la beauté vainc la mort. Giovanni se laisse parfois emporter par son tempérament fougueux mais il sait revenir au calme sous la conduite légère du piano de Bruno. Il finit par un chant d’oiseau à la trompette. Du grand art.

 

« Jean Cocteau », hommage de Giovanni Falzone à l’homme de théâtre et de Jazz. Jean Cocteau fut, en effet, le premier président de l’Académie du Jazz jusqu’à sa mort en 1963. « Le batteur est un barman de sons », « La plupart des saxophonistes bavardent. Sidney Bechet, lui, vous parle », deux de mes formules favorites de cet Académicien si peu académique. Belle introduction de Bruno qui lance la machine. C’est un thème varié, grave. Giovanni bat la mesure de la main droite sur sa cuisse. Le morceau est chaud, passionné comme le tempérament de Jean Cocteau. Le dialogue est riche, mouvementé.

 

Bruno entame une ballade rêveuse, descendant du style de Keith Jarrett mais sans les maniérismes. Giovanni a mis la sourdine Harmon mais ne sonne pas tout à fait comme Miles Davis. Ca change des imitateurs habituels. Bruno distille le temps entre grave et aigu. Cette musique est propice aux effusions sentimentales sans sentimentalisme. Du concentré d’émotion.

 

Pour ceux qui n’auraient pas eu la chance d’assister en direct à ce concert, il sera diffusé sur France Musique le samedi 27 février 2010 à 23h dans l’émission « Le Bleu sur la nuit ». Il sera ensuite audible gratuitement sur Internent pendant quatre semaines.

 

Puisque je ne me renie point, je conseille à mes fidèles lecteurs  une précédente chronique de ce duo en concert , à Paris, au Sunside, le mercredi 4 juin 2008.

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Olivier Calmel ou l'art de se faire un prénom

Publié le par Guillaume Lagrée

 

 

 

 

Interview d’Olivier Calmel, compositeur et pianiste.
Paris le mercredi 6 janvier 2010.
Question :
Obélix est tombé dans la marmite de potion magique étant petit. Toi tu baignes dans la musique depuis ta conception (père compositeur, mère organiste). Pas trop lourd le poids de l’hérédité ?
Réponse :
Souvent je me demande ce que mon père aurait pensé de ce que je fais. C’est une récompense d’arriver à imaginer qu’il aurait peut être trouvé des éléments intéressants dans ma démarche et mon travail. J’ai eu des signes prometteurs avant sa disparition, mais c’était à la fois quelqu’un de très chaleureux, très direct, et très réservé aussi. Etre né dans une famille de musiciens n’est évidemment pas une règle pour devenir musicien professionnel. Tout au plus c’est une aide, une petite facilité de début. Ca aide à former l’oreille et à acquérir des techniques plus tôt, plus jeune. Mes parents m’ont donné toutes les clés dont j’avais besoin pour me construire, et ces clés continuent bien sur de me guider, mais ils ne m’ont jamais poussé à faire de la musique.
Q :
Es tu un musicien ou un compositeur ? De Jazz ou de musique contemporaine ?
R :
Je ne suis pas un compositeur de musique contemporaine au sens où on l’entend habituellement. Mais je suis un contemporain par définition. Ma démarche s’oriente vers le développement d’un langage à la fois accessible, dynamique, contrasté, et résolument contemporain ; c’est à dire véritablement d’aujourd’hui, avec ce que cela comporte de passerelles et de clins d’oeil. Je suis plus compositeur que pianiste même j’ai de nombreux engagements en tant que pianiste.
Cette semaine j’enregistre un album comme sideman. La semaine d’après je joue un répertoire de musique de film au Petit Journal Montparnasse avec 18 musiciens. D’ailleurs, dans la musique de film, tout est écrit et cela peut être compliqué à jouer contrairement aux idées reçues. Par exemple, la partie de piano dans la musique d’ET (Williams) est d’une grande difficulté (déplacements improbables notamment) ! Au final, je me sens certainement plus valorisé comme compositeur, mais j’aime également la scène, l’interaction avec le public et les autres musiciens, la dynamique de l’improvisation.
Q :
Outre ton père, Roger Calmel, quelles sont tes influences musicales ?
R :
Je suis surtout influencé par les compositeurs français du début du XX° siècle : Saint-Saens, Debussy, Ravel, Dukas, le Groupe des Six. Et puis Stravinsky, Bartok. Je suis un fan de Bartok ! J’ai tous ses albums, je vais à tous ses concerts !!
Je n’oublie pas Bach, Messiaen, Penderecki, Reich, Adams, Herrmann, Williams, dans un désordre absolu ..
Pour faire la fusion entre culture Jazz et culture classique, l’approche est nécessairement rythmique, verticale et donc contrapuntique. C’est plus naturel que l’approche harmonique pour réaliser des approches stylistiques éloignées. Des successions d’accords donnent un contexte, un cadre très précis, parfois même très rigide. Le contrepoint donne des cadres moins fermés. C’est une approche mélodique et rythmique qui permet plus facilement de passer d’un univers à un autre.
Dans le Jazz, mon influence majeure c’est Wayne Shorter, compositeur et interprète qu’on voit encore grandir aujourd’hui. Et évidemment Duke Ellington. « Wayne Shorter est le plus grand compositeur de Jazz depuis la mort de Duke Ellington » (Stan Getz).
Dans les pianistes, Keith Jarrett, Bill Evans, Wynton Kelly, Kenny Kirkland, Herbie Hancock, Chick Corea, Bud Powell. Et chez les Français actuels, Stéphane Oliva, Bojan Z. Chez les compositeurs, Henri Texier est un mélodiste génial, dont la musique est apparemment simple et d’une grande puissance émotionnelle. Et Julien Lourau : je trouve une évidence, une force dans sa musique. J’écoute aussi beaucoup Médéric Collignon qui est un vrai monstre, un grand musicien !
Q :
Pour un musicien comme toi qui a un vrai bagage savant en musique, quelle est la part entre la composition et l’improvisation dans ton jeu ?
R :
Tout dépend du contexte. Plus on est nombreux sur scène, plus il faut organiser, plus c’est écrit. Dans un solo de piano, il y a beaucoup d’improvisation. Dans un passage tutti où la thématique est plus importante, c’est beaucoup plus écrit. Le travail de la forme est important pour éviter le sempiternel thème/solo/thème. C’est donc plus écrit car les structures sont complexes, alambiquées, à tiroirs, à options…. Il y a donc entre 40% et 80% d’improvisation dans mon jeu selon le contexte, si les chiffres sont vraiment indispensables...

Q :
Comment te situes tu sur la scène musicale française ?
R :
Je suis proche de tous les projets de moyenne taille où la part d’écriture est plus importante. Il y en a de plus en plus. Il y a une prise de conscience chez les jeunes leaders qu’il faut remettre en cause la part entre l’improvisation et la composition. Dans les grands noms j’ai par exemple beaucoup apprécié le projet « Third String »  d’Emmanuel Bex avec Johan Renard au violon et Jean Philippe Feiss au violoncelle. C’est juste magnifique, essentiel. Pour que le Jazz dure, il faut qu’il devienne une musique écrite ne cesse de répéter Martial Solal depuis sa « Sonate n°1 en ré bémol pour quintette de Jazz » (1959). C’est vrai et cela se vérifie par la pratique. Le Jazz peut parfois ennuyer le public parce qu’ils n’ont pas envie de voir un type se b… pendant une demi heure sur un solo.
Le Jazz, musique de mutation par essence, ne cesse d’évoluer. Je crois qu’il y a aussi une volonté de redonner à ces musiques sa valeur dansante, revenir à des choses simples et essentielles, faire évoluer la forme. Aujourd’hui, il y a une volonté de faire évoluer la forme, d’oser sur les nomenclatures, d’intéresser le public, de s’adresser à lui. La musique est et restera un langage, celui du coeur. On écrit la musique que personne ne joue. Les standards d’aujourd’hui c’est la Pop.
Q :
Après le violon alto, le violoncelle, à quand le violon dans ton groupe ?
R :
Bientôt, si Dieu veut .. après Xavier Phillips, je ne désespère pas d’arriver à faire venir son frère, Jean-Marc, grand soliste, à un de mes concerts .
Q :
Quelle part entre l’électrique et l’acoustique dans ton jeu ?
R :
Les sons électro dans mon dernier album « Electro Couac » c’est un clin d’œil. Ce n’est pas de l’électro Jazz. Je joue acoustique pour l’essentiel. Dans le groupe « Why Cie » je joue du Fender. Mais c’est de l’électrique, pas de l’électro....
Q :
Quels sont tes projets pour 2010 entre le travail de compositeur et celui d’interprète ?
R :
En 2010, je dois d’abord finir de composer un quatuor de clarinettes pour les Anches Hantées dans le cadre d’un projet 'Bande Dessinée' basé sur l'univers de Philippe Gelück et de son oeuvre du « Chat ».
Je dois également accompagner les orchestres qui vont jouer la pièce Eau vive, créée en 2009, en hommage à l’ONG éponyme. Cette œuvre sera rejouée plusieurs fois cette année dans le cadre des concours CMF (Confédération Musicale de France) car elle fait partie des oeuvres imposées pour les Orchestres d'Harmonie aux concours nationaux  2010 en  division Honneur.
Efévrier 2010 aura lieu la création de « Caravan Gazelle » par le quintette à vent Arte Combo  , un magnifique conte musical sur un texte de Florence Prieur.
Un autre conte musical « Zéphir » écrit par Olivier Cohen et interprété par Le duo Links ( piano et percussion) sera également créé dans l’année.
J’ai également une commande pour Brass band, (nomenclature de cuivres et de percussions), et une autre pour orchestre symphonique pour la rentrée de septembre.
Enfin je compose actuellement plusieurs musiques de films: un moyen métrage, un documentaire et deux courts métrages. J’ai des demandes pour des publicités.
J’enregistrerai la semaine prochaine à Paris comme sideman au piano. Je donnerai un concert de musique de film à Paris, au Petit Journal Montparnasse, le mercredi 27 janvier 2010.
Je travaille dans le projet du flûtiste et chanteur Yann Cléry, la « Why Cie », projet avec lequel nous sommes en promotion du premier album.
Bien évidemment j’ai  des projets avec mon quintette de jazz, formation avec laquelle je viens de sortir mon nouveau disque « ElectroCouac », et avec Xavier Philips. Pour finir, je monte une nouvelle formation de jazz avec guitare, percussions, violoncelle, claviers. Tous sont compositeurs. Le projet est basé sur un scénario, écrit par un auteur très talentueux, et sur des travaux liés à la musique de film, joués par des instrumentistes polyvalents et improvisateurs.
Q :
Qu’écoutes tu actuellement ?
R :
J’écoute Krisztof Penderecki, Bela Bartok, Edgar Varese, Charlie Haden, Jacques Higelin, Arthur H, Brigitte Fontaine .. et tant d’autres.
Nous ne sommes pas assez conscients de nos ressources, de nos réserves intellectuelles inépuisables, de notre capacité à créer, imaginer.
Parfois j’ai l’impression d’être au bout du rouleau et pourtant j’arrive au bout de mes projets en temps et en heure.
C’est un peu ça, le bonheur, non ?


Une version plus élégante de cette entrevue est disponible, avec photographie d'Olivier Calmel, dans la rubrique Jazz Club de l'édition de janvier 2010 du magazine Best Seller Consulting News, page 76 et suivantes.

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Escreet me laisse sceptique

Publié le par Guillaume Lagrée

 

 

Paris. Le Duc des Lombards. Samedi 16 janvier 2010. 22h

 

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David Binney : saxophone alto

Ambrose Akinmusire : trompette

John Escreet : piano

Nat Brewer : contrebasse

Nasheet Waits: batterie

 

 

 

 

 

La photographie de Nasheet Waits est l'oeuvre du Superbe Juan Carlos HERNANDEZ.

 

 

 

 

En attendant le concert, Ray Charles période Atlantic en fond sonore. C’est toujours bon. C’est la première fois que je vois un musicien draguer une spectatrice avant un concert. Ca a l’air de marcher. C’est une façon comme une autre de s’échauffer. Les musiciens montent sur scène et ils attendent avant de commencer le concert. Le trompettiste peut-être ? Ca part avec la rythmique. Un air lent, décomposé comme une montre de Dali. Nasheet Waits est tout de suite éblouissant. Le trompettiste est arrivé. Ils jouent une sorte de plainte étrange. Ces petits gars ont beaucoup écouté Wayne Shorter manifestement. Démarrage à 22h35 d’un concert annoncé pour 22h. Ca raccourcit forcément notre plaisir puisque le samedi soir, à minuit, au Duc des Lombards, c’est le bœuf. Le trompettiste se prend pour Freddie Hubbard, virtuose mais peu émouvant. Nasheet Waits installe un groove implacable avec le contrebassiste. Le sax alto tournoie au dessus. Ca pulse bien en trio sans piano avec l’alto. C’est viril, musclé mais Pierrick Pédron n’a rien à craindre de ce virtuose. Même pour un quintette acoustique, il y a un ordinateur portable Pomme sur la scène. Nous vivons une époque formidable. Le progrès fait rage. Le saxophoniste pousse l’alto dans ses retranchements dès le premier morceau mais c’est démonstratif. Retour au calme avec une trompette méditative alors que la rythmique ronronne souplement. Je crois que je ne dirai jamais assez de bien de Nasheet Waits. S’il pouvait jouer avec Martial Solal, Enrico Pieranunzi, Tigran Hamasyan, mon bonheur n’en serait que plus grand. La trompette monte en puissance, pince, gémit, gronde. Freddie Hubbard s’est réincarné. Ca pète mais lui aussi a tendance à trop démontrer. Cette jeune garde new yorkaise sonne vraiment beaucoup comme Wayne Shorter et Freddie Hubbard il y a 45 ans… Le pianiste aime l’abstraction, les ambiances sonores., la liquidité, la vivacité. Le jeu très vif des mains sur le piano rappelle le classique. L’ordinateur, mis en route par David Binney, sert à ajouter des nappes sonores genre film d’horreur de série B. C’est l’attaque des Martiens maintenant. Seul le contrebassiste résiste encore et toujours à l’envahisseur. Ca se termine par un joli pas de deux rêveur entre la trompette et la contrebasse.

 

Démarrage en solo du pianiste qui, décidément, aime distiller le temps. La demoiselle que draguait le musicien se descend une bouteille de vin rouge à elle seule. A la fin de la bouteille, il  a sa chance. La rythmique redémarre en souplesse. La subtilité et la variété du jeu de Nasheet Waits me laissent pantois. C’est un batteur coloriste, mélodiste. Il ne frappe pas, il ponctue. Le quintet revient à un son plus classique, Blue Note des 60’s, enfin canal Shorter :Hubbard. Le trompettiste sait respirer, développer, déployer son thème mais il n’a pas l’intensité émotionnelle d’un Booker Little. Solo de trompette poussé au Q par la contrebasse et la batterie. Retour du quintette et du thème. Le pianiste aime décaler les sons. La main gauche entêtante dans le grave alors que la main droite se promène sur le clavier. Soutien toujours aussi fin et puissant du contrebassiste et du batteur. C’étaient deux compositions du pianiste, sans titre pour l’instant.

 

« Charlie and the Parker » (Muhal Richard Abrams). Ce serait un homage à Charlie Parker que cela ne m’étonnerait pas. Démarrage des cuivres dans le même souffle. La demoiselle qui se faisait draguer répond au téléphone pendant le concert ! Petites accélération du sax alto typiques du son parkérien. Par instants seulement. La musique tient en l’air par la grâce des deux souffleurs. Ils sont dans le même souffle et introduisent de subtiles variations. Le groupe entre après ces 5mn d’apesanteur. Personne n’applaudit. Le public retient son souffle. Solo de sax alto souple, soufflé, chuinté avec un gros son. Très belle maîtrise technique et pourtant, comme disait la reine Victoria, « I am not amused ». C’est travaillé, ambitieux mais ennuyeux. Le pianiste est un fanatique des ambiances fantomatiques. Duo trompette/batterie. Le batteur est riche, foisonnant, inquiétant. Le trompettiste est virtuose et ennuyeux. Le solo de contrebasse est agréable mais anecdotique à côté d’un solo d’Henry Grimes ou de William Parker sans parler d’Henri Texier. Dans son solo, le pianiste est passé du fantomatique au rêveur. Le trompettiste arrive à imiter le meuglement de la vache. Très fort ! Ce groupe swingue froidement. Tel est le paradoxe vivant de ces jeunes musiciens. Beau démarrage du saxophone alto avec le groupe qui suit derrière. Le pianiste John Escreet joue dodécacophonique. Pourquoi s’énerve t-il ainsi ? Oh, l’horrible nappe gluante sortie de l’ordinateur. C’est froid et collant à la fois. Beurk ! Beau final swinguant, carré avec le sax alto qui tourne autour de la mélodie. Là, ça ressemble à quelque chose. Et Nasheet Waits, somptueux comme toujours. Malheureusement, David Binney nous remet une couche de froid gluant pour le final. Est-ce bien nécessaire ?

 

Après le concert, j’ai discuté avec le pianiste Pierre de Bethmann qui, lui, a beaucoup aimé. De gustibus et de coloribus non disputandum.

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Leçon de Jazz d'Antoine Hervé: Antonio Carlos Jobim et la Bossa Nova

Publié le par Guillaume Lagrée

 

Leçon de Jazz d’Antoine Hervé.

Antonio Carlos Jobim (1927-1994) et la Bossa Nova
Mercredi 13 janvier 2010. 19h30. Auditorium Saint Germain des Prés. Paris.

Antoine Hervé



La photographie d'Antoine Hervé est l'oeuvre du Méticuleux Juan Carlos HERNANDEZ. Toute utilisation de cette oeuvre sans l'autorisation de son auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales.


Antoine Hervé : piano, docteur en bossa nova
Rolando Faria : chant, docteur en bossa nova





Je tiens à prévenir mes sympathiques lecteurs et mes aimables lectrices que, n’étant pas lusophone, ma transcription des titres de chansons  a été corrigée par Antoine Hervé. Merci Antoine. Les erreurs qui restent après correction sont miennes.

En fond sonore, Seu Jorge, excellent chanteur, compositeur, musicien brésilien, grand mixeur musical capable de consacrer tout un album à David Bowie en portugais entre autres prodiges.

Jobim est né en 1927 à Rio de Janeiro. Il a pris des cours de piano à partir de 1941 avec un Allemand, compositeur ayant fui le nazisme. Il a fait des études d’architecture, discipline qu’il jugeait proche de la musique. 1er enregistrement à 36 ans. Il fuyait la scène. Plus de 50 albums et plus d’une centaine de chansons entre 36 et 67 ans.

« Desafinado » (Désaccordé). La quinte bémol, symbole du bebop, est censée être la note désaccordée dans le thème. Si vous ne connaissez pas cette chanson, cela fait plus de 45 ans que vous n'écoutez pas la radio ! Stan Getz en donna une version instrumentale sublime au saxophone ténor. Joli petit scat final du chanteur. Dommage que Nelson Veras n’ait pu venir ce soir avec sa guitare.

Elis Regina, chanteuse, réalisa un album complet avec Jobim « Ellis e Tom ». « So tinha de ser com voce ". C’est une ballade qui se balance en douceur, bref une bossa nova, la nouvelle vague venue de la Baie de Rio. Le chanteur est très bien placé rythmiquement, avec une voix voilée ou claire selon les besoins. Cf vidéo sous cet article pour le duo Elis Regina & Antonio Carlos Jobim sur " Aguas de Marco " (En français, " Les eaux de mars " par Georges Moustaki). 

Joao Gilberto, guitariste et chanteur, est la voix de la Bossa Nova. Il n’a écrit que 4 chansons. C’est un interprète.

« Chega de saudade ». La saudade n’est pas triste nous explique Rolando à rebours de tout ce que j’ai lu et entendu sur le sujet. En anglais « No more Blues » (cf l'album " Dizzy Gillespie on the French Riviera " , Festival de Jazz d'Antibes Juan les Pins, 1962). La Bossa Nova ça marche toujours pour le rapprochement des couples. Je le vois dans le public. Un joli petit scat dans le final. C’est la signature de Rolando.

La Bossa Nova c’est la rencontre de cultures différentes, comme le Jazz. C’est une musique de bourgeois blancs de Rio qui ont écouté la musique des pauvres, des Noirs, la Samba. Il y a beaucoup d’influence de la musique classique aussi. Exemple avec « Insensatez » (Insensitive que Sting a chanté en anglais avec Jobim au piano). Antoine Hervé a mixé un prélude de Chopin avec Insensatez. Il commence par un prélude de Chopin, dont on fête les 200 ans de la naissance en 2010, qui ressemble en effet beaucoup à Insensatez. Rolando enchaîne et chante Insensatez. Ca sonne très romantique. Une très belle version allant du classique au Jazz.

Rolando est un excellent showman. Il nous explique que Jobim a inventé des formules poétiques en portugais. Il nous explique en portugais la licence poétique. Personne, à part les lusophones, ne comprend l’explication mais c’est très drôle.

Enfin ils nous parlent de Vinicius de Moraes (1913-1980), diplomate et poète brésilien. En 1956, il rencontre Jobim. Tous deux partagent cette conception du temps liée au plaisir. La Bossa Nova se joue, s’écoute en prenant son temps comme toutes les bonnes choses. Vite fait, mal fait dit un vieux dicton français.

« Samba de una nota so » (One Note Samba jouée par Dizzy Gillespie, Stan Getz, chantée par Ella Fitzgerald). Jobim réalise là une prouesse harmonique, trouvant des accords intéressants à partir d’une note.Au démarrage Antoine joue et scatte avec Rolando. Rolando scatte puis chante. Ca swingue plus. C’est une samba tout de même. Kubicek, le président brésilien des années 1950, un président élu, le fondateur de Brasilia, était surnommé le Président Bossa Nova. J’ai un couple à ma gauche : elle applaudit, pas lui. Pourtant il reste et il n’a pas l’air de s’ennuyer.

Vinicius de Moraes écrivit une pièce de théâtre « Orfeu de Concecao », adaptation du mythe d’Orphée au Brésil des années 1950. Le Français Marcel Camus en fit un film « Orfeu Negro » palme d’Or au festival de Cannes 1959, film dont la Bossa Nova est la BO. Jobim détestait ce film, trop cliché à son goût. Rui Castro, écrivain : « La Bossa Nova est la bande sonore du Brésil idéal ».

« Din-di » chanson composée pour Silvinha, une chanteuse qui a fait le lien entre la Samba et la Bossa Nova. Version très lente.

1964 : album « Getz and Gilberto ».C’est là que figure le Méga Tube : « The girl from Ipanema » (Garota de Ipanema) la chanson la plus diffusée au monde. C’est un album de « fond de catalogue ». Ca se vend tout le temps et ça s’entend partout même dans les sonneries de téléphones portables. Astrud Gilberto, épouse de Joao, a chanté en englais parce que Joao ne parlait pas un mot d’anglais. Joao ne voulait pas qu’elle chante. Non seulement elle a chanté pour Stan Getz mais, en plus, elle a quitté Joao pour Stan. De quoi avoir la saudade…

« So danço samba » est tiré de cet album. « So danço samba, vai,vai, vai, vai, vai ». Plusieurs fausses fins. Un régal ! Cf extrait audio au dessus de cet article. 

Sur la plage d’Ipanama, Antoine Hervé a vu des gens applaudir au spectacle d’un coucher de soleil. « Inutil Paisagem » c’est la tristesse de l’amoureux abandonné devant un beau paysage. D’après Rolando, cette tristesse ne dure que le temps d’une chanson. En tout cas, c’est très triste.

« Si une chanson ne parle pas d’amour, elle n’est pas bonne » Vinicius de Moraes.
« Agua di beber » (Eau à boire). Antoine siffle l’air en le jouant. Antoine scatte, grogne, joue alors que Rolando chantonne, scatte.

Jobim habitait à Rio au pied du Corcovado, la montagne au somment de laquelle se trouve le Christ rédempteur de Paul Landowski (père de Marcel Landowski, compositeur français). « Corcovado », belle chanson avec un beau solo de piano, rêveur et rythmé.

« Luiza » musique d’un feuilleton. Et jolie chanson.

Ils n’ont joué pour l’instant que du Jobim. Ils vont jouer du Baden Powell, guitariste dont le père était un grand admirateur du général anglais Baden Powell, fondateur du scoutisme. « Salutacao » une chanson qui figure dans « Un homme et une femme » de Claude Lelouch. C’est un petit bijou. Rolando y ajoute les paroles françaises qui figurent dans le film « Il est nègre, bien nègre dans son cœur ». Le « sa ra va » de la chanson a donné son nom à Saravah, la maison de disques de Pierre Barouh, l’homme qui fit fortune en produisant les chansons d’ " Un homme et une femme », le premier producteur de Jacques Higelin. La devise de Saravah est « Il est des années où l’on a envie de ne rien faire », ce qui ressemble à des paroles de Bossa Nova…

Rappel

La Bossa Nova que tout le monde attend depuis le début du concert, l’histoire d’une demoiselle que Jobim regardait aller de l’Ecole normale d’institutrices à la plage d’Ipanema à Rio, « Garota de Ipanema » (The Girl from Ipanema). Tout le monde chante, poussé par Antoine et Rolando. Sans connaître les paroles c’est difficile mais on chantonne l’air. Comme d’habitude, les filles chantent plus et Rolando doit pousser les garçons à chanter.

Très belle soirée ludique et légère avec un duo qui sait mêler la leçon et l'improvisation avec élégance.

Prochaine leçon de Jazz le mardi 9 février 2010 à 19h30 au même endroit avec Wayne Shorter, « le plus grand compositeur du Jazz depuis la mort de Duke Ellington " (Stan Getz). Dans le rôle de Wayne Shorter, l’excellent saxophoniste français Jean Charles Richard.

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Giovanni Falzone et Bruno Angelini en concert à Radio France le samedi 23 janvier

Publié le par Guillaume Lagrée

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Mélomanes, réjouissez vous!


Le somptueux duo Giovanni Falzone (trompette)/Bruno Angelini (piano) sera en concert à Paris, à la Maison de la Radio, le samedi 23 janvier 2010 à 17h30.


Entrée libre dans la limite des places disponibles.


La photographie du duo Giovanni Falzone/Bruno Angelini est l'oeuvre de Juan Carlos HERNANDEZ.


Pour ceux qui n'auront pas la chance de pouvoir y assister, ce concert sera diffusé sur France Musique le samedi 27 février à 23h dans l'émission Jazz sur le Vif de Xavier Prévost.


Dans l'attente de ce concert, je me permets de vous renvoyer à la lecture d'une chronique d'un précédent concert de ce duo.
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Les nuits manouches à l'Alhambra du 19 au 30 janvier

Publié le par Guillaume Lagrée

Django Reinhardt (1910-1953), le plus grand guitariste du XX° siècle, le seul apport de l'Europe au Jazz, aurait eu 100 ans en 2010.

Pour lui rendre hommage, de nombreuses festivités seront organisées tout au long de l'année.

Par un choix totalement arbitraire et personnel, je recommande les Nuits Manouches à l'Alhambra de Paris du mardi 19 au samedi 30 janvier 2010.

Je serai aux concerts de Tchavolo Schmitt, Maître de la guitare acoustique, le mardi 19, de Christian Escoudé, Maître de la guitare électrique, le mercredi 20 janvier.

Au plaisir de vous y retrouver, sympathiques lecteurs, aimables lectrices.
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Médéric Collignon met du piano dans son Jus de Bocse

Publié le par Guillaume Lagrée

 

Médéric Collignon « Jus de Bocse ».

Paris. Le Sunside.
Jeudi 7 janvier 2010. 21h.


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Médéric Collignon
: cornet de poche, voix
Mathieu Jérôme : Fender Rhodes
Frédéric Chiffoleau : contrebasse
Philippe Gleize : batterie

Invité:
Yvan Robillard : piano

La photographie de Médéric Collignon est l'oeuvre de Juan Carlos HERNANDEZ.





Médéric Collignon et son « Jus de Bocse » ont pris possession du Sunset et du Sunside du mercredi 6 au samedi 9 janvier 2010. Le « Jus de Bocse » est une réinterprétation de la musique de Miles Davis entre 1968 et 1975 (cf le livre " Electrique de Miles Davis 1968-1975 " de Laurent Cugny). Chaque soir, un invité différent. J’étais au concert du mercredi 7 janvier avec le pianiste Yvan Robillard.

Son étouffé, prolongé de la trompinette. Très davisien. Ca commence à péter, à grogner. Le groupe devient une immense caisse de résonnance. La contrebasse est électrifiée, sonne comme une basse mais c’est une contrebasse. Dans l’instrumentation, Médéric reste proche du Miles Davis de 1969 mais il n’y a personne pour jouer le rôle de Wayne Shorter au saxophone. Il n’a pas non plus recruté son Michael Henderson, bassiste que Miles prit à Stevie Wonder et conserva de 1970 à 1975. En tout cas, la musique groove comme bien peu de Français peuvent le faire. Je persiste cependant à penser que Médo devrait changer de groupe pour passer au stade supérieur de la Force, dans la quête du Saint Groove. Ca avance, ça recule, ça tourne, ça creuse. Depuis la mort de Don Cherry (1995), Médéric Collignon a repris en main le cornet de poche.

Attaque du piano. Médo siffle, gorgne, encourage. Superbe ligne de basse sur laquelle Médo fait des bruits de bouche mouillée. Tou tou, Tou tou, Tiu tou tou…Retour à la trompinette avec ce son mouillé bien particulier. Il reproduit le même genre de son avec la bouche et la trompinette. J’espère que Miles Davis s’amuse bien à écouter cela de là haut. Ca accélère et nous emmène. Alors que j’ai la sensation de ne pas entendre le piano, le voilà qui se fait entendre. Le clavier joue plus calmement alors le piano se dégage. Montée orgasmique musicale. Ca vibre dans le ventre. Ca commence à prendre. Des jolies filles dansent sur leur chaise, des hommes arborent un sourire béat de contentement.

Transition directe sur un morceau de « Bitches Brew ». Gros son de contrebasse. Médo fait vibrer, gronder, miauler sa trompinette. Il cherche sans cesse à dépasser les limites de son petit instrument. Il passe aux borborygmes bien graves, au scat, revient à la trompinette. Finalement, le point commun entre Médéric Collignon et Martial Solal, car il y en a un, c’est la volonté constante de se surpendre, de nous surprendre. La son suraigu de trompette qui vous vrille par surprise en une fraction de seconde, ça aussi ça vient de Miles. Médéric c’est une fusion de Miles Davis (pour la musique), Dizzy Gillespie (pour le côté clown génial et le scat) et Don Cherry (pour l’instrument mais sans la curiosité multiculturelle pour l’instant). Et puis, pour lier tout ce mélange, il y a Médéric Collignon lui même. Retour à cette ligne de basse sourde, entêtante dans la Danse du Pharaon (Pharaoh’s Dance) du Brouet des Putains (Bitches Brew). Philippe Gleize n’est pas Jack de Johnette et ça s’entend. Il porte bien son nom, ce garçon. Il est trop ancré dans la Terre à mon goût. Solo de Fender dans l’aigu, assez intéressant. La tension monte. Le Fender sonne bien trafiqué, saturé. Médo chante, hurle. Par instants, j’entends le piano derrière le groupe.

Les morceaux s’enchaînent, comme chez Miles il y a 40 ans. A cette époque Miles jouait avec Chick Corea (Fender Rhodes), Wayne Shorter (sax ténor, soprano), Dave Holland (contrebasse), Jack de Johnette (batterie). Médéric peut toujours essayer, il n’arrivera jamais au niveau de cette bande de génies. En tout cas, il fait revivre, rajeunir cette musique et c’est déjà bien. Pour écouter l’original, écoutez de Miles Davis « Live Evil », « Live at Fillmore », « Live at the Isle of Wight », « Live at the Cellar Door » tous enregistrés en 1970. Médéric est plus dispersé dans son jeu que Miles car c’est sa façon d’être, de vivre, de jouer. Swing ultra rapide du piano sur le groove implacable de la rthmique. Explosion finale de trompinette.

Médéric commence à taper dans les cordes du piano. Puis il joue dans le piano produisant un son de flûte à la trompinette. La contrebasse commence à poser le rythme. La batterie la rejoint. Philippe Gleize passe aux balais pour pétrir la terre. Médo est passé au bugle. Son plus grave, plus souple, lus chaud que la trompette de poche. Belle ballade chaude, virile. Enfin Fender et piano échangent, se répondent au lieu de se succéder. La contrebasse ne bouge pas de sa ligne. Le batteur malaxe doucement aux balais. Les claviers distillent les notes en perles de rosée. Médo nous fait le moine tibétain avec la voix. Puis il déploie son chant comme un aigle ses ailes. Retour des baguettes à la batterie. La musique s’énerve.

Retour au Miles des 70’s. Après une série de bêtises, Médéric et le groupe se lancent. C’est « Jack Johnson ». Médo a repris la trompinette. Steve Grossman avait 17 ans lorsqu’il participa à l’enregistrement de cet album. Il succédait à Wayne Shorter dans le groupe et il était pétrifié. Miles lui a juste dit : « Joue comme tu sais jouer » et il a joué. Médo scande le rythme par la voix, les gestes et les sifflements. Puis il repart en jouant, se balançant comme un culbuto. Gros son de la contrebasse très amplifiée. Le son vibre, gronde. Médo contre attaque. Le groupe enchaîne sur le final rapide de Jack Johnson. Ca s’énerve vraiment. Bataille entre piano et Fender. Ca pousse et la trompinette gémit, crie, vibre.

PAUSE

Miles des 70’s. Solo de trompinette pour commencer. Certains spectateurs bavardent, d’autres leur font chut…Le groove s’installe. La rythmique ne lâche rien alors que Médo place des petites phrases sèches par dessus à la Miles. Cette fois, le piano se distingue bien de la masse sonore de la rythmique. Ca vient de l’album « Big Fun » (Miles Davis) je pense. Rupture chaotique puis ça repart. Ca frotte, c’est chaud. Rythmique très soudée, piano et trompinette volent au dessus. En gardant la même ligne de basse, le rythme accélère et le Fender commence à briller de mille feux. Le piano se met au diapason et ça monte synchrone dans une musique gorgée de désir.Le son de la trompinette reste calme au dessus du groupe en fusion.

Retour à « Bitches Brew » et à un certain calme. Quoique. Ca va moins vite mais ça reste puissant. Je sens quelque chose se préparer. Médo vocalise et scatte. Puis ça repart sur un tempo rapide par la contrebasse puis le reste du groupe. Médo vocalise, scatte alors que le groupe monte en puissance. Ca tourne à la course folle de voitures. Même le piano se fait entendre dans la masse sonore. Médo repart à la trompinette avec le groupe. Ca envoie comme une escadrille de chasseurs sur la cible.

« On va faire un Funk qui s’appelle « Billy Preston » annonce Médéric. Ce morceau de Miles Davis a été écrit en hommage à un joueur de claviers électriques Noir américain. Ca se trouve sur l’album « Get up with it ». Le batteur installe le groove aux baguettes. La contrebasse le rejoint. « We gonna make it funky right now » comme dit Maceo Parker. Les claviers entrent dans la danse. La trompinette survole cette masse sonore.Au tour du Fender de déployer ses ailes. Basse et batterie ne perdent pas le groove d’un poil. Médo prend son bugle. Il joue face à son batteur comme Miles. Là ça groove vraiment. Médo scatte. Le groupe lui obéit d’un geste. Le rythme ralentit avec le scat. Exemple du scat à la Médo: « Auscultation cardiaque ».

Petites notes répétitives des claviers. . Le batteur est aux balais. Retour à la douceur. Son avec pédale wah wah sur la trompinette. Une berceuse funky. Solo de Fender tout en douceur, légèrement planant. Le piano vient reprendre derrière, romantique à souhait. Médo chantonne. Ca plane pour nous. Philippe Gleize prouve qu’il ne sait pas seulement frapper aux balais. Il sait aussi malaxer aux balais. Médo joue de la main droite en tenant la partition de la main gauche. Curieux personnage décidément. La musique serpente, ondule, s’envole. « C’est beau, non ? » demande Médéric. Oui ça l’est. C’était « Conda » que Médéric a rebaptisé « Anaconda » dans cet arrangement.

Arrangement sur « Agharta » (concert de Miles Davis à Tokyo en février 1975) et « Turnaround »(in phase) qui lui date de 1973 (Miles Davis à l’Olympia, Paris). Contrebasse et batterie commencent à poser le rythme. Médéric souffle dans une bouteille en plastique (Les Head Hunters d’Herbie Hancock soufflaient dans des bouteilles de bière). Il reprend la trompinette pour un morceau bien funky, un morceau au groove bondissant qui s’écoute ou se danse. J’adore ce truc. Ca sonne comme des trampolineurs légers, aériens, bondissant et dansant dans l’air. Le Saint Groove est bien préservé dans les mains de ces jeunes gens. Le piano attaque. Le Fender contreattaque. Contrebasse et batterie tiennent le rythme.Le batteur, par un break, relance sur un beat plus rapide, plus nerveux. C’est le même air mais plus vif, plus tranchant. Médo vocalise, scatte comme il est le seul à savoir le faire. Il reprend la partie de trompinette en plus vif, plus fou, plus fort. Ca sent l’assaut final. Ils donnent tout. Médéric est le feu du groupe mais, derrière lui, personne ne s’en laisse compter, pas même le piano. Reprise de la trompette qui tranche dans le vif, à la Miles. Plusieurs spectateurs dodelinent du chef. C’est dansable mais il n’y a pas la place et personne n’oserait.

Je suis parti alors que le dernier morceau commençait. Il était 0h15 et j’avais école le lendemain. Ce groupe est toujours stupéfiant sur scène mais j’attends que Médéric passe à l’étape suivante et crée son propre répertoire, passant d’interprète à compositeur. Le veut-il ? Le peut-il ? Le temps nous le dira.

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Jérôme Sabbagh en trio sans piano

Publié le par Guillaume Lagrée

Paris. Le Duc des Lombards.
Mercredi 6 janvier 2010. 22h



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Jérôme Sabbagh Trio

Jérôme Sabbagh
:saxophone ténor
Yoni Zelnik : contrebasse
Karl Jannuska : batterie



La photographie de Jérôme Sabbagh est l'oeuvre de Juan Carlos HERNANDEZ.





J’arrive un peu en retard et je prends le concert en route. C’est un trio sans piano. Forcément me revient à la mémoire Sonny Rollins « Live at the Village Vanguard » (1957) avec Wilbur Ware à la contrebasse et Elvin Jones à la batterie. C’est dans cette lignée là avec un son de Blancs. Solo de contrebasse accompagné de roulements légers de baguettes sur les cymbales. C’est grave, profond, bondissant. Ca sautille souplement. Karl remet la pédale pour préparer une ponctuation du sax. Petit break de batterie sur les tambours et ça repart. C’était un standard du Be Bop, « Conception » de George Shearing.

« Fall » (Wayne Shorter). Une ballade sombre, veloutée, mystérieuse, tout à fait shorterienne de l’époque du dernier quintette acoustique de Miles Davis (Shorter/Hancock/Carter/Williams). C’est très bien joué. Mystérieux, agaçant, entêtant. Ca monte et ça tombe comme le dit le titre du morceau. Karl est aux balais, caressant tambours et cymbales alors que Yoni trace son chemin. Puis le trio progresse avec des virages, des écarts, des chemins de traverse tout à fait shorteriens. La musique se balance comme un bouleau au gré du vent. Un solo de ténor pour nous perdre encore plus sans l'assise rythmique. Le sax joue sans micro ce qui est bien agréable. La contrebasse, elle, est amplifiée. Quel contrebassiste aujourd’hui est capable de se faire entendre sans amplificateur dans un big band comme Jimmy Blanton chez Duke Ellington ou Ray Brown chez Dizzy Gillespie ?

Enchaînement direct sur « This I dig of You » (Hank Mobley). Rerour à un swing impérieux. Solo véloce de contrebasse, finement soutenu par les baguettes de Karl. Solo tranchant et précis de batterie. Avec son air d’enfant sage, Karl Jannuska assure méchamment.

« Three in one » (Thad Jones). Karl a repris les balais. Un jeune couple bourgeois est à ma gauche. La jeune fille est très belle (joli visage encadré par de longs cheveux blonds, longues jambes). Lui est frileux. Il garde son bonnet et son écharpe. Ils mangent, ils boivent et ils parlent. Je pense que de temps en temps ils écoutent la musique. A ma droite, une dame d’environ 50 ans se plaint d’être fliquée, d’être à Guantanamo, pas dans un concert de Jazz. J’ignore la raison de son ire. Pendant ce temps là, sur scène, le groupe tourne bien. La tradition du son Blue Note des 60’s est bien maintenue par ces jeunes gens. Le contrebassiste danse avec son instrument, se pliant et se dépliant, montant et descendant sur les genoux. Karl travaille au corps sa caisse claire avec ses balais en soutien du solo de contrebasse que souligne parfois un voile léger du ténor. Série de breaks souples de batterie entre des phases en trio. Ca punche avec élégance.

Une ballade de TS Monk « Ask me now ». La version chantée par je ne sais plus quelle chanteuse me revient en tête. Betty Carter logiquement. C’est dire si c’est bien joué émotionnellement, dans l’esprit du Jazz, le plus près possible de la voix humaine. Là on écoute, on n’applaudit pas, de peur de rompre le charme. Le contrebasssiste a repris sa danse. Il va chercher l’émotion au fond de sa contrebasse. Aux balais, Karl est félin, d’une patte de velours. Légers applaudissements pour le solo de contrebasse puis le trio repart. Fausse fin. Nous applaudissons à tort et ils repartent.

« Trip » (Jérôme Sabbagh). Morceau vif, bondissant. Ca monte et ça descend comme des montagnes russes. C’est une façon animée de voyager. La tension monte, le pouls s’accélère. Le voyage est mouvementé, surprenant, passionant. Jérôme Sabbagh est aux commandes, le moteur étant fourni par la rythmique. Le chauffeur s’arrête, le moteur ronronne doucement. Break de batterie aux baguettes énergique et sans esbroufe.

« There will never be another You », un standard chanté par Chet Baker, joué par Sonny Rollins en trio avec Henry Grimes (contrebasse) et Pete La Roca (batterie) à Stockholm en 1959 (sublime version). Ca tourne bien. Ca joue viril mais correct., bien charpenté. Une séquence qu’ils aiment jouer et qui est toujours délectable : solo de contrebasse, accompagnement léger et subtil des balais sur les tambours, ponctuations voilées, espacées du sax ténor. Karl a repris les baguettes en main pour des breaks de batterie bien épicés. Ca se termine dans un dernier souffle du saxophone ténor.

Ma voisine profite de la fin du concert pour clamer son courroux. Les lumières lui paraissent trop fortes pendant le concert. Cela perturbe la qualité de son écoute. Je ne partage pas son avis d’autant plus que cela facilité ma prise de notes et donc la qualité de mon article sympathiques lecteurs, aimables lectrices. Jouer sans piano donne moins de soutien et plus d'espace au saxophoniste. Pour tenir la route dans ces conditions il faut un moteur à toutes épreuves et un chauffeur au coup de volant sûr. Avec Jérome Sabbagh au volant, Yoni Zelnik et Karl Jannuska au moteur, la route est belle. Il suffit de monter à bord et de se laisser conduire.
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Bex/Catherine/Romano le trident du Swing

Publié le par Guillaume Lagrée

Bex/Catherine/Romano

Paris. Le Sunset. Mercredi 30 décembre 2009. 22h

Emmanuel Bex : orgue Hammond
Philip Catherine : guitare électrique
Aldo Romano : batterie

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La photographie d'Aldo Romano est l'oeuvre de Juan Carlos HERNANDEZ.






Ce groupe existe depuis 10 ans sur scène sans avoir enregistré d’album. Il faut aller les écouter pour prendre une leçon de vie, de musique et d’amitié.

Intro de Catherine tout en douceur. Les balais le rejoignent sur la batterie. L’orgue s’introduit subrepticement. « Alone together ». Morceau normal pour commencer un concert entre vieux amis comme Lee Konitz et Martial Solal par exemple. Pas de doute. Ces trois gars là sont rodés mais toujours créatifs. Philip Catherine brille de mille feux à la guitare. La batterie pousse. L’orgue fait la basse. C’est bien animé pour une ballade entre amis. Philip se rasseoit et ça ronronne chaudement. Bex creuse le tempo. Il fait monter la pression en douceur. Cela sonne carrément comme dans les albums Blue Note des années 60. C’est dire que ça chauffe et bien.

Bex commence une petite danse ondulante. Catherine utilise des effets électroniques pour faire vibrer ses notes. Le rythme s’installe, cool et chaud à la fois. C’est vraiment le trio trois en un. Chacun ajoute sa personnalité pour en créer une 4e, celle du trio. Bex en solo nous fait une sorte d’orgue de Barbarie sur les grave qu’il allège avec un petit chant sur les aigus à la fois plaintif et ludique, bref du Bex. Puis le trio repart comme un vieil homme solide. Coupure d’électricité. Aldo garde le tempo puis le groupe repart avec la fée Electricité. Le trio ronronne à ravir comme un gros chat. « Three cool cats » dit la chanson (chantée sous le titre « Nouvelle vague » par Richard Anthony).

Intro à la guitare sous effets électroniques, avec modération. Le titre de ce standard m’échappe. La salle est comble. Le patron a d’ailleurs remercié le public d’être venu si nombreux au Sunset/Sunside en 2009. Je ne suis pas nombreux mais je suis venu souvent au Sunset/Sunside en 2009.Comme quoi la musique vivante peut vivre encore. Bex a enlevé ses lunettes noires. C’est donc qu’il ne chantera pas. Par contre, il joue et ça pulse. Solo de guitare sur un tapis de velours rouge tissé par l’orgue et la batterie. Du psysché, du funk, du cool, du planant dans le même morceau. La classe, Messieurs !

Petite ballade innocente qui démarre à trois. Bex a remis ses lunettes noires. Va t-il chanter ? Ils se promènent sur un tempo dandinant. Tout à coup Bex accélère, monte à un palier sur lequel il se maintient soutenu par ses deux complices. La guitare reprend la main, cinglante et relax à la fois. Du grand Art. Et toujours ce délicieux dandinement qui invite à dodeliner du chef. D’un coup ils reviennent au tempo calme du début toujours sur le même air. Ca fusionne entre ces 3 gaillards. Ils se connaissent mais ne se répètent pas.

Un autre morceau relax qui balance doucement. Oui, c’est bon pour nous. Ca chauffe le cœur et l’âme. Puis ça s’énerve, vrombit, gronde tout en gardant le balancement de départ. La classe vous dis-je !

Bex attaque en profondeur. Romano suit aux balais. Un standard. Catherine est entré dans la danse. Dans le cadre de ce trio, Bex joue plus sagement que dans son propre groupe. Pas de chant, pas de Vocoder, pas de bruitage cosmicomique. Les poufs pour enfants du Sunset sont toujours aussi inconfortables pour des fessiers d’adultes. Quel fournisseur de matériel scolaire en difficulté financière a bien pu les brader au patron du Sunset/Sunside ? Solo de batterie. Le 1er de la soirée pour Aldo. Le matelot souque ferme. Encore un standard dont le titre m’échappe.

A la pause minuit approche. Quelle idée de commencer un concert en club en semaine à 22h30 ! Tout le monde n’est pas en vacances. Il me faut rentrer avant le 2e set à mon grand regret car la musique est superbe. Philip Catherine en est le leader mais un leader démocrate respectueux de la liberté de ses associés. A voir et écouter de nouveau.
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