Elise Caron & Lucas Gillet « A thin sea of flesh »
Studio de l’Ermitage. Paris. Mardi 13 avril 2010. 20h30.
Elise Caron : chant
Lucas Gillet : piano, claviers, composition, arrangements
Jean Gillet : basse
Pascal Riou : batterie
Thomas Ostrowiecki : percussions
Fernando Rodriguez : guitare électrique
Invités
Phil Reptil : guitare électrique
Thomas de Pourquery : chant
La photographie d'Elise Caron est l'oeuvre du Resplendissant Juan Carlos HERNANDEZ.
Avis aux spectateurs. A L’Ermitage, l’horaire affiché, 20h30, est celui de l’ouverture des portes. Le concert est à 21h.
Elise a mis ses lunettes de grand-mère anglaise pour lire les poèmes d’un Gallois, Dylan Thomas. Ca commence par une sorte de groove hypnotique et léger avec le piano. Quand Lucas Gillet quitte le piano pour les claviers, ça sonne comme les claviers électriques chez Miles Davis à la fin des années 80. Bref, c’est bof. Elise s’envole au dessus du groove, avec les battements d’aile souples, larges et rares du goéland. Par brefs instants, cela sonne New Wave mais pas assez longtemps pour devenir ennuyeux.
Elise chante sans traduire les textes comme elle l’avait fait lors du précédent concert. Chez Dylan Thomas, pour ce que j’en ai découvert grâce à Elise, le son compte plus que le sens. Cette chanson sonne très pop anglaise, un peu trop à mon goût.
Une ballade. Dans un concert de rock, les fans seraient debout avec les briquets allumés. Ici, ils écoutent.
Joli duo batterie/percussions. Ca roule. Très belle chanson lumineuse, aérienne qui s’envole au dessus des nappes gluantes de synthétiseurs. Ca pétille entre batterie et percussions. Elise se fait liane, nuage, oiseau, lionne ou surveillante de prison. Tout cela dans une seule chanson « Foster the light »..
Elise nous fait une traduction littérale du poème. Elle est seule sur scène avec Lucas Gillet. Duo voix/claviers qui imitent le son d’un orgue d’église dans l’aigu.
Le groupe remonte sur scène pour ma chanson préférée de l’album « And death shall have no dominion ». Je la reconnais dès le solo introductif chaud et métallique des percussions. Les mains de Thomas volent comme des colibris sur les tambours. Elise s’accroupit, regarde, écoute. Elle le connaît ce solo pourtant. Le piano entre dans la danse, puis la guitare. Le balancement commence comme un voilier qui vire bord sur bord, léger, souple, rapide. Ca sent bon le sel et le soleil qui sort des nuages. Chaque note s’incruste dans les pores de ma peau. Un vieux monsieur assis devant moi, appuyé sur sa béquille, danse sur place. Et la mort n’aura pas d’empire tant qu’il y aura un homme, une femme, un enfant pour écouter cette chanson d’Elise Caron.
Nouvelle translation littérale. « Le bossu dans le parc ». Chanté en anglais, ça sonne comme une promenade dans un parc un dimanche après-midi. Tranquille et sautillant, sans batterie ni percussions pourtant.
Duo piano/voix pour commencer. Une chanson plus légère, plus sautillante encore. Son de guitare sous influence ouest africaine. Air dansant. Batterie et percussions s’en donnent à cœur joie. Et Elise ? Elle maîtrise. Solo de guitare très rock’n roll, enfin dans le genre Mike Stern. Elise s’accroupit pour écouter son groupe tourner. D’un beau solo de piano, Lucas Gillet repasse aux synthés gluants. La chanson s’est muée en ballade mais repart énergiquement au piano. Joie ! Tiens, Elise Caron fait du Grace Jones pendant quelques secondes.
Un nouveau duo piano/voix sur une ballade.
Le groupe remonte sur scène pour une chanson pêchue, qui balance. C’est fait pour danser avec un(e) partenaire de qualité. Premier scat d’Elise en fusion avec le groupe.
Introduction au piano. « The tombstone told when she died ». La barque de la voix glisse sur la cascade de notes du piano. Le groupe les rejoint dans une étrange berceuse.
Dernier morceau. Invités mystère : Phil Reptil à la guitare électrique, Thomas de Pourquery, saxophoniste et ambianceur patenté au chant. Phil Reptil tord le son de sa guitare comme un serpent d’où son nom de scène. Thomas et Elise chantent ensemble. Ils s’aiment ces deux là. Ca fait plaisir à voir et à entendre. Leurs chants montent et descendent à l’unisson. Ce n’est pas parfait techniquement comme Marvin Gaye avec Tami Terrell mais, émotionnellement, c’est juste. Le son du Reptil fend l’espace, le tord, le déforme. Un spectateur au bar en grogne de plaisir. Thomas et Elise se serrent la main, très fair play après le match.
RAPPEL
« Foster the light » morceau dansant aux percussions arabisantes. Ca balance comme un beau voilier. Ca tangue, ça roule mais ça ne donne pas mal au cœur. Devant moi, une dame bat la mesure avec un flyer sur la table.
« And death shall have no dominion ». Je n’écris plus. Je déguste. Ecoutez cette chanson, sapristi!
Ce n’est que le deuxième concert de ce groupe. Les progrès sont évidents mais ils sont encore en phase d’apprentissage de cette pop subtile, raffinée, très écrite. Encore quelques concerts et ils se lâcheront, décolleront vraiment. Que les programmateurs les programment afin que nous puissions les entendre progresser pour notre plus grand plaisir.