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Gloire à la Victorieuse Elise Caron!

Publié le par Guillaume Lagrée


 

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La photographie de la Superfunkycalifragisexy Elise Caron est l'oeuvre du Passionné Juan Carlos HERNANDEZ.

 

Le Chant du Monde est heureux de vous annoncer

ÉLISE CARON
ARTISTE VOCALE DE PRODUCTION FRANÇAISE

8 èmes Victoires du Jazz 2010

 Présentées par Isabelle Giordano et Sébastien Vidal. Cérémonie enregistrée le mardi 13 juillet 10 à Antibes Juan-les-Pins.

Emission diffusée lundi 19 juillet à 22h sur France Inter et
mardi 20 juillet à 22h45 sur France 3.

 

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Dizzy on The French Riviera

Publié le par Guillaume Lagrée

 

 

Dizzy on the French Riviera.

 

Un album Philips réédité par Verve.

 

Concert enregistré au 3e festival international de Jazz d'Antibes Juan-les-Pins en juillet 1962.

 

Dizzy Gillespie: trompette, voix

Leo Wright: flûte, saxophone alto, voix

Lalo Schifrin: piano, arrangements

Chris White: contrebasse

Rudy Collins: batterie

Pepito Riestra: percussions

Elek Bacsik: guitare électrique

 

" Quand je pense par derrière moi à des journées de bonheur parfait, ce furent presque toujours des journées d'été; autant dire qu'il y avait quelque bain là dedans " (Paul Morand, Bains de mer, 1960).

 

Sur la Côte d'Azur (French Riviera disent les Anglais et les Américains), Nice fut lancée par les Anglais (une ville au bord de la Mer Méditerranée aux doux hivers et qui se nomme Nice ne pouvait que les enchanter), Antibes Juan-les-Pins beaucoup plus tard, dans les années 1920, par les Américains et notamment par Francis Scott Fitzgerald, l'auteur clef du Jazz Age. Il n'est donc pas étonnant qu'Antibes Juan-les-Pins fête cette année les 50 ans de son festival de Jazz, le plus ancien de France.Il n'existe en France métropolitaine que deux statues d'hommes noirs et il s'agit de deux Jazzmen américains. Sidney Bechet à Antibes, ville en l'honneur de laquelle il composa " Dans les rues d'Antibes " et Wynton Marsalis à Marciac. Etonnant, non?

 

En cette année 1962, les trompettistes de Jazz ne vont pas bien fort. Louis Armstrong ronronne, Booker Little et Clifford Brown sont morts, Miles Davis se cherche. Chet Baker a déjà des problèmes avec la brigade des stups. Certes Donald Byrd, Lee Morgan, Freddie Hubbard font le bonheur des fans de Blue Note. C'est bon mais pas renversant. Pendant ce temps là, Dizzy Gillespie est au sommet de son art. Après le be bop et l'afro cubain, il est passé à la Bossa Nova. Surtout, il a repéré un jeune pianiste arrangeur argentin Lalo Schifrin que Las Vegas, Hollywood, New York s'arracheront bientôt. Même si vous ne connaissez rien ni au Jazz, ni à la musique, vous connaissez au moins le générique de " Mission impossible " et la musique de la publicité des bas Dim, deux oeuvres impérissables de Lalo schifrin. Dès 1963, Lalo partira voler de ses propres ailes, très loin, très haut. Pour le remplacer, Dizzy choisira comme pianiste, Kenny Barron. Encore une bonne pioche.

 

Par ce bel été 1962, donc, Dizzy Gillespie débarque à Antibes Juan-les-Pins et se croit au Paradis. La mer, le soleil, les jolies filles en bikini, un public joyeux et nombreux, des bons musiciens à foison. En chemin, il en ajoute deux, le Cubain Pepito Riestra aux percussions qui a déjà fui le régime castriste, pas si cool qu'il le prétendait et le Gitan Elek Bacsik qui, la même année, avec Michel Gaudry à la contrebasse accompagnait à la guitare électrique Serge Gainsbourg dans son album le plus Jazz, " Confidentiel ".

 

Le résultat est au delà de nos espérances. Un antidépresseur non remboursé par la Sécurité Sociale, qui ne se périme jamais. Un bain de mer et de soleil garanti en toute saison. Juliette Gréco danse avec M. le maire d'Antibes. Gilles Perrin, 9 ans, le fils de Mimi, vocaliste des Double Six, tient les partitions pour qu'elles ne s'envolent pas. Il y a du Jazz, du Cubain, de la Bosssa Nova, du Tango, de la chaleur humaine, de la vie, de la joie, du jeu. Dizzy et Lalo emmènent le groupe à des sommets de puissance vitale.

 

Peut-être que les bruits de mer, de vent, d'enfants ont été ajoutés. Peut -être même les applaudissements l'ont-ils été. Peut-être que cet album n'a pas été enregistré en concert à Antibes-Juan-les-Pins. Certains esprits aigris et persifleurs le prétendent. Même s'ils me le prouvaient, je ne les croirai pas. Ce serait perdre la foi en la vie et en la musique.

 

Il existe une photographie de Dizzy Gillespie à Antibes Juan-les-Pins en 1962 jouant tête baissée, le pavillon de la trompette plongé dans la Mer Méditerranée. Si quelqu'un a enregistré ce concerto pour trompette marine, je suis preneur.

 

 

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Au soleil de Martial Solal

Publié le par Guillaume Lagrée

 

 

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Cet article est dédié à une belle et douce aide-soignante antillaise de la clinique Geoffroy Saint Hilaire (Paris, Ve) qui,  sur mon conseil, alla découvrir Martial Solal en concert en mai 1999 et en revint émerveillée.

 

 

La photographie de Martial Solal est l'oeuvre du Fidèle Juan Carlos HERNANDEZ. Toute utilisation de cette oeuvre sans l'autorisation de son auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales.

 

Martial Solal, pianiste, chef d’orchestre, compositeur français est né à Alger en 1927. Depuis la mort de Duke Ellington en 1974, Martial Solal est le seul Jazzman à avoir maintenu un tel degré d’excellence et d’exigence tant comme pianiste que comme chef d’orchestre. Pour sa biographie, je vous renvoie à la lecture de l’article qui lui est consacré dans «  Le dictionnaire du Jazz » ( collection Bouquins chez Robert Laffont) et à son livre d’entretiens avec le journaliste Xavier Prévost «  Martial Solal compositeur de l’instant », livre accompagné d’un DVD qui permet d’apprécier Martial expliquant son œuvre avec son piano.

 

De l’Algérie, Martial Solal a hérité le sens de la lumière, du soleil dur comme celui de l’Etranger d’Albert Camus. Du judaïsme, il a gardé un sens de l’humour manifeste dans ses titres (« Jazz frit » par exemple) et son jeu, humour proche de celui des romans d’Albert Cohen dont le héros principal se nomme « Solal » justement) et totalement repoussé le pathos, l’épanchement émotionnel de la musique sépharade qui fit le succès d’Enrico Macias dans un autre genre. Du judaïsme, il aussi gardé un goût pour l'exploration intellectuelle d'une oeuvre digne des plus fins exégètes du Talmud. Enfin, de son enfance algérienne, Martial Solal a gardé un sens impérieux du rythme, venu des tribus du Sud Algérien jouant une musique purement rythmique dans les rues d’Alger. De son éducation française, il a hérité un toucher unique par sa clarté, sa limpidité, sa précision même sur les tempos les plus rapides. Comme me l’a dit un jour Giovanni Mirabassi : « Quand je me lance au piano, parfois, je ne sais pas ce que ça va donner et je peux me planter. Martial Solal, lui, le sait toujours. » Martial Solal a aussi hérité de l’esprit français, son scepticisme, son agnosticisme . Chez lui, aucune tendance au mysticisme, à la religiosité, si fréquent chez les musiciens américains. Son jeu est un hymne à la Beauté, beauté inaccessible pour certains esprits obtus. D’où ses détracteurs qui le jugent froid, distant, cérébral, sophistiqué. Que nenni ! Martial Solal est un grand pudique qui cache ses émotions derrière sa virtuosité, un humoriste qui ne plaisante pas avec la musique, un homme simple d’abord dans la vie mais pas dans la musique.

 

Voici donc une sélection personnelle des œuvres d’un pianiste dont Eric Le Lann, son fidèle complice depuis 1981, m’a dit un jour : « Quand je joue avec un pianiste, je fais mon boulot. Quand je joue avec Martial Solal, je m’éclate ».

 

A tout seigneur, tout honneur. Commençons par l’album que Martial Solal lui-même reconnaît comme le plus original de sa carrière de pianiste « Sans tambour ni trompette » (1970) en trio avec Jean François Jenny Clarke et Gilbert Rovère aux contrebasses. Daniel Humair, le batteur du trio, n’était pas disponible. Martial ne voulait pas d'un autre batteur. Alors Jean François Jenny Clarke vint s'ajouter au duo Martial Solal/Gilbert Rovère; Après deux ans de concert, le concept prit forme dans cet album d'une richesse insensée en 35mn. Quatre compositions de Martial Solal, Gilbert Rovère avec ses mains nues, Jean François Jenny Clarke avec l'archet et en avant la musique. C'est un tourbillon de beauté, de virtuosité et de sensualité. D'où vient le titre de l'album? Peut-être d'une histoire de Tristan Bernard.

Un jeune écrivain lui demande: « Maître, je ne sais quel titre donner à mon premier roman. Pourriez vous m'aider? »

Tristan Bernard: « Jeune homme, y a t-il un tambour dans votre roman? »

« Non, Maître »

« Jeune homme, y a t-il une trompette dans votre roman? »

« Non, Maître »

« Et bien, appelez le donc « Sans tambour ni trompette »! »

 

Je recommande ensuite un bijou rare que j'aime à faire connaître « Zoller, Koller, Solal » (1965) soit Attila Zoller (Hongrie) à la guitare électrique, Hans Koller (Autriche) au saxophone ténor, Martial Solal (France) au piano. Pas besoin de section rythmique avec des musiciens qui ont à ce point le sens du rythme. La main gauche de Martial Solal y pourvoit. Des compositions, des standards enregistrés dans une ambiance détendue (studio situé dans la Forêt Noire en Allemagne), un producteur, ancien pianiste, maniaque du son, le grand critique allemand Joachim Ernst Berendt , un enregistrement Most Perfect Sound pour une Most Perfect Music. Ces trois là sont touchés par la Grâce.

 

Le nom même de Martial Solal rime avec solo. Ce chef d'orchestre sait faire sonner son piano comme un orchestre. Pour situer l'évolution de son style dans cet exercice si exigeant du musicien seul face à son instrument, écoutez d'abord « Martial Solal en solo » (1971) où Martial subvertit la subversion avec son « Jazz frit » et se moque gentiment de la tradition avec « Ah! Non » dérivé de la méthode Hanon d'apprentissage du piano. Ecoutez ensuite « Martial Solal. Live at The Village Vanguard. I can't give You anything but love » (2007) où il mêle standards et compositions, domptant sa virtuosité pour la mettre au service de l'émotion, du lien avec l'auditeur.

 

Une autre caractéristique de Martial Solal, c'est sa fidélité en amitié, son travail sur des décennies avec des musiciens sans jamais se répéter. Martial Solal ou l'art de la surprise. Ainsi, le trompettiste Eric Le Lann joue dans son orchestre depuis 1981. Si vous n'avez pas eu la chance d'entendre ce duo sur scène, reportez vous à « Portrait in Black and White » enregistré au Festival de Jazz de Vannes en 1999. Tant d'exigence, de remise en question permanente ne peuvent que laisser l'auditeur admiratif. Une autre rencontre riche en surprises et en émotions fut le premier concert en duo de pianos  Martial Solal/Joachim Kühn, « Duo in Paris ». La scène se passe au premier festival indépendant de Massy (Paris est plus vendeur que Massy sur une pochette d'album) le 24 octobre 1975. C'est leur premier concert en duo. Pas le temps de se découvrir qu'ils se découvrent déjà. Ils se lancent et de deux ne font qu'un. 166 touches, 4 pédales, 4 mains, 2 cerveaux et un voyage stratosphérique pour l'auditeur.

 

Martial Solal est fidèle en amitié, disais -je. Avec le saxophoniste alto Lee Konitz, lui aussi né en 1927, il a trouvé son ami comme Montaigne avec La Boétie: « Parce que c'était moi, parce que c'était lui ».

 

Depuis leur premier enregistrement commun à Rome en 1968, ils ne cessent de se retrouver. Lee Konitz ne passe jamais à Paris sans voir Martial Solal. Voici les traces de leur dialogue.

 

En 1968, à Rome, Lee Konitz enregistre avec une rythmique franco suisse (Martial Solal, Henri Texier, Daniel Humair) deux albums « Impressive Rome » et « European Episode ». Le « Collage on standards » de 16'32 laisse bouche bée l'auditeur, averti ou non. En 1974, au Festival d'Antibes Juan les Pins, Niels Henning Orsted Pedersen (dit NHOP) a remplacé Henri Texier . C'est l'ambiance d'un soir d'été sur la Côte d 'Azur entre créateurs. Sophistication et décontraction. Le 29 novembre 1977, à Rome, Martial Solal et Lee Konitz se retrouvent pour un duo d'une très haute exigence « Duplicity ». A l'opposé du titre, aucune duplicité dans cette musique. Uniquement des compositions personnelles. Ce n'est pas de la musique pour petits joueurs. A cette hauteur, la Beauté peut faire peur. Enfin, le duo Solal/Konitz a été enregistré lors d'une nuit de grâce en concert à Hambourg le 11 novembre 1983. « Star Eyes Hamburg 1983 ». Ils ne fêtent pas l'armistice mais la joie de jouer entre amis. Chacun libère l'autre. Deux morceaux en solo. Le reste en duo. Un sens de l'écoute, du placement télépathique. Cela commence par « Just Friends », logiquement,  et l'entrée de Martial Solal dans le morceau, après l'intro de Lee Konitz, ne cesse de m'émerveiller après des dizaines d'écoutes. Une belle leçon pour les obtus qui croient Martial Solal incapable de susciter des émotions.

 

Pour finir, les grands pianistes de Jazz se jugent surtout dans la formation piano/contrebasse/batterie. J'en ai retenu deux exemples où Martial Solal est relayé par des musiciens à la hauteur de ses désirs et de ses capacités.

 

D'abord « Solal Series. Suite for trio » (1978) avec NHOP à la contrebasse et Daniel Humair à la batterie. Perfection du son MPS. Perfection de la musique et des musiciens. 3 compositions puis 3 standards ne formant à l'oreille qu'une seule et même suite pour trio. Le voyage se termine à l'abri de la pluie pour une version d'anthologie de « Here is that rainy day ».

Ensuite un album à l'ambiance particulière « NY-1. Martial Solal. Live at The Village Vanguard » (2001). avec François Moutin (contrebasse) et Bill Stewart (batterie). Martial Solal et ses hommes offrent de la joie, de la beauté, de la virtuosité dans un New York meurtri par les attentats du 11 septembre. Le New York Times les en a remercié. Les concerts ont été enregistrés fin septembre 2001. Je recommande particulièrement la version de « Softly as in a morning sunrise » standard rajeuni et revivifié.

 

Au terme de ce bref panorama de la carrière d'un immense pianiste pas suffisamment reconnu notamment parce qu'il ne bénéficie pas du support de l'industrie du spectacle nord américaine, il ne vous reste plus qu'à vous empresser d'aller l'écouter. A 83 ans, Martial Solal n'a rien perdu de sa maîtrise technique ni de sa fraîcheur, Très rares sont les musiciens de son âge dont on peut en dire autant. Même chez les Maîtres du piano classique, avec l'âge, le relâchement s'entend. Pas chez Martial Solal. De plus, Martial Solal sait aujourd'hui renoncer aux ornementations superfétatoires pour nous offrir la quintessence de son art.  Il se produira en solo à Paris aux Arènes de Montmartre le mercredi 21 juillet 2010 à 21h. Les perfectionnistes sont rares. Profitons de celui-ci tant qu'il est encore temps.

 

 

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Stage d'été du Paris Jazz Big Band du 15 au 20 août à Buis les Baronnies (Drôme provençale)

Publié le par Guillaume Lagrée

 

 


STAGE D’ÉTÉ DU PJBB 2010
du 15 au 20 AOÛT 2010

BUIS LES BARONNIES (Drôme) / FESTIVAL “ PARFUM DE JAZZ

PIERRE BERTRAND saxophones, théorie/écriture
NICOLAS FOLMER trompette
JÉRÔME REGARD contrebasse, basse électrique
ROGER BIWANDU batterie
PIERRE DE BETHMANN piano
MARC THOMAS chant
SHARON SULTAN danse flamenca

intervenants : TONY RUSSO, LUC FENOLI

direction pédagogique : Pierre Bertrand & Nicolas Folmer

- Inscription en ligne sur le site du Paris Jazz Big Band
- Stage de Musique : 1 chèque de 400€ (règlement des frais de stage).
- Stage de Danse : 1 chèque de 300€ (règlement des frais de stage).


INFORMATIONS :
ASSOCIATION PARIS JAZZ BIG BAND
55, rue de Paris - F 94340 Joinville-le-Pont
association loi 1901 - licence n° 1028589
SIRET: 438 377 301 00017 - Code APE: 9001Z
Tél. & fax : 33 (0)1 42 83 52 53
stage@parisjazzbigband.com

HÉBERGEMENT - RENSEIGNEMENTS & RÉSERVATIONS :
Office du tourisme de Buis les Baronnies
Tél. : 33 (0)4 75 28 04 59 - fax : 33 (0)4 75 28 13 63



ACCÈS EN TRAIN
: Gare d’Avignon TGV ou Avignon Centre ou
Nyons.

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Miguel Zenon manque d'ailes

Publié le par Guillaume Lagrée


Paris. Le Sunside. Lundi 5 juillet 2010. 21h.

 

Miguel Zenon Quartet

 

 

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La photographie de Miguel Zenon est l'oeuvre du Puissant Juan Carlos HERNANDEZ.

 

 

Miguel Zenon : saxophone alto

Luis Perdromo : piano

Hans Glawischnig : contrebasse

Henry Cole : batterie

 

 

Ca commence sur un air de ballade. Curieux. Habituellement un groupe chauffe la salle avant de la rafraîchir. Contrebasse et batterie installent un tempo latino marqué. Le piano vient ajouter des grandes vagues profondes. Le son léger, acide du sax alto s’élève au dessus. Ca swingue efficacement sans être simple. Ca monte, descend, bifurque. C’est chaud mais sans épate, sans esbroufe. Non ce n’est pas une ballade. Miguel Zenon joue tout en maîtrise et en tension. Il danse sur place, faisant participer tout son corps à la musique. Pour l’instant, c’est impressionnant mais pas émouvant. Tout se calme avec la rythmique toujours vive mais dont le volume sonore baisse. Le pianiste se promène, faisant rouler ses doigts. Beau duel piano/batterie arbitré par la contrebasse. Batteur et contrebassiste vous remuent les entrailles alors que le pianiste vous fait perdre la tête. Un petit retour au calme mais la tension sous jacente refait vite surface. C’était «  Biyaqoque "  ( ?).

 

Intro en solo de saxo. Le Porto Ricain Miguel Zenon possède un des plus beaux sons de sax alto actuellement avec le Breton Pierrick Pédron. Pédron+Zénon ce serait beau comme l’Antique. Un rythme bien latino, haché. Ces gars là ne lâchent pas prise. C’est chaud, tendu, vif, nerveux même quand le sax joue cool au dessus. La musique est sous influence latino mais ce n’est pas de la salsa pour danseurs. C’est plus compliqué que ça. Miguel Zenon garde une anche en bouche. Pour l’assouplir ? Comme substitut à la cigarette ? La rythmique déménage sévère, nous embarque. Le piano cite un truc dans son solo. Ca ressemble à une chanson de Prince au ralenti. Laquelle ? A moins que je ne me trompe. Ca joue moins vite, moins fort mais toujours vif, tendu. C’est un quartet de boxeurs, toujours aux aguets, gérant les temps forts et les temps faibles. Temps fort ; Ca s’énerve franchement. Ce n’est pas encore l’assaut final. Retour au calme pour un petit air latino tranquille ; C’était « Esta Plena » titre éponyme du dernier album du quartet. La Plena est un genre de musique portoricain que Miguel Zenon met en relation avec le Jazz.

 

« Perfumo de gardenas » du compositeur porto ricain Rafael Hernandez. Ca balance comme un hamac sous les alizés. Ca sent la Mer des Caraïbes, douceur et âpreté. Le batteur joue des mains  sur ses tambours pendant le solo de contrebasse. Il est étonnant qu’il n’y ait pas de percussionniste dans ce groupe si marqué par la musique des Antilles hispaniques. Très gros son de la contrebasse amplifiée qui vibre dans le ventre. Ce jardin sent les gardénias, des odeurs chaudes et moites comme une serre tropicale. Je sens des ondes me traverser le corps. La mécanique ondulatoire prend forme sensible. Impressionnant. Mais pas émouvant, je le maintiens.

 

Le batteur redémarre en force. Il faudrait écouter cette musique en plein air, dans un jardin en bord de mer pour mieux supporter cette débauche d’énergie. Jeu plus calme, plus souple mais toujours tendu, sur le fil du rasoir. Ils vous emmènent mais je ne sais pas où car cette musique ne me suscite ni image, ni couleur. Une beauté abstraite, éthérée, c’est bien dommage pour du Jazz latino. Solo de batterie poussé dru et ferme par les trois autres musiciens. Montée vers une apogée percussive. Petit air latino en interlude.

 

PAUSE

 

Je suis parti à la pause, épuisé par une musique qui ne relâche jamais la tension, toujours sur le fil du rasoir. Puisse le zélé Miguel Zenon apprendre de Zénon d’Elée l’art de la dialectique, du paradoxe et à varier les plaisirs pour l’auditeur.

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Festival des Arènes du Jazz à Montmartre du mardi 20 au dimanche 25 juillet

Publié le par Guillaume Lagrée

Parmi la myriade de festivals de Jazz qui sont proposés aux vacanciers, aux touristes, aux autochtones cet été en France, j'en ai retenu un, les Arènes du Jazz, à Paris, 18e arrondissement, sur la butte Montmartre, du mardi 20 au dimanche 25 juillet 2010 pour son cadre, son ambiance, sa programmation, son rapport qualité/prix.

Mon choix est évidemment parfaitement personnel, subjectif, arbitraire, dictatorial même.

Rien ne vous oblige à y aller mais si vous n'y allez pas, vous aurez tort. C'est tout. N'oubliez pas un coussin pour vos fesses et le coupe vent, la petite laine au cas où la nuit parisienne serait fraîche.

 

Voici un souvenir de l'édition 2008 de ce festival: le concert des Bretons Eric Le Lann et Pierrick Pédron.

 

 

  La photographie de Martial Solal est l'oeuvre du Tonitruant Juan Carlos HERNANDEZ.2396369955_1.jpg

 

Le programme va des stars internationales (John Abercrombie) aux jeunes pousses prometteuses (Thomas Savy) en passant par des artistes connus d'happy few (Norma Winstone) qui méritent une plus grande reconnaissance publique.

 

Les concerts commencent à 21h. Si vous arrivez à 21h vous n'aurez pas de place assise même avec votre billet. Premier arrivé, premier assis. Dernier arrivé, premier debout!

 

Vous avez demandé le programme?

Le voici.

 

Mardi 20 juillet, un Quintet de Cracks made in USA, Contact avec Dave Liebman aux saxophones ténor et soprano (Oh!), John Abercrombie à la guitare électrique (Ah!), Marc Copland au piano (Non?); Drew Gress à la contrebasse (Si!) et Billy Hart à la batterie (Oui!).

 

Mercredi 21 juillet, Solo/Solal.  M. Martial Solal se livre en piano solo. Né à Alger en 1927, Martial Solal est le plus grand Jazzman français depuis la mort de Django Reinhardt dont il fut d'ailleurs le dernier pianiste en 1953. Pianiste, compositeur, chef d'orchestre, chacun de ses concerts est une leçon de vie, de musique, de raffinement, de pudeur, de maîtrise, un hymne à la Beauté.

 

Jeudi 22 juillet, trio Distances avec Norma Winstone (chant), Glauco Venier (piano), Klaus Gesing (saxophone soprano, clarinette basse). Une formation cousine de celle du chanteur français Thierry Péala qui a tant appris de Norma Winstone, chanteuse et poétesse anglaise, maîtresse des silences, des non dits. L'esthétique ECM à son meilleur.

 

Vendredi 23 juillet, le trio de Thomas Savy (clarinette basse) avec Stéphane Kerecki (contrebasse) et Fabrice Moreau (batterie). Je ne connais pas ce trio mais vu tout le bien qu'on en dit et toutes les joies que m'a procuré le batteur Fabrice Moreau dans d'autres contextes, cela mérite d'y prêter une oreille et même deux.

 

Samedi 24 juillet, le Quartet Résistance Poétique de Christophe Marguet (batterie), Bruno Angelini  (piano), Mauro Gargano (contrebasse), Sébastien Texier (clarinettes, saxophone alto). Je vous renvoie à mes impressions d'un précédent concert de ce quartet pour vous dire tout le bien que j'en pense.

 

Dimanche 25 juillet, concerts d'un Quartet de pointures françaises: Michel Portal (saxophone, clarinettes, bandonéon), Louis Sclavis (saxophones, clarinettes), Jean-Paul Céléa (trombone),  Daniel Humair (batterie). Si vous ne connaissez pas ces Grands Messieurs, cela fait plus de 50 ans que vous n'écoutez pas de Jazz en France. Il n'est jamais trop tard pour s'instruire.

 

Les concerts sont à 22 euros par personne. Si vous êtes l'heureux parent de charmants bambins, vous pourrez les emmener aux ateliers d'improvisation Jazz pour jeunes organisés par les centres de loisirs de la ville de Paris sous la conduite du percussionniste Arnaud Laprêt du 20 au 25 juillet de 10h à 13h. En récompense, vous pourrez accompagner pour 5 euros un groupe de 10 enfants invités au concert du soir. C'est pas un bon plan, ça? En plus, vos enfants apprendront que n'importe quoi peut servir de percussion (table, couverts, assiettes...). Vos voisins, vos parents, les professeurs des écoles, vous même, tout le monde adorera vos enfants après leurs leçons de percussions.

 

Rendez-vous dans l'hémicycle des Arènes de la Butte Montmartre à Paris du mardi 20 au dimanche 25 juillet 2010, lecteurs pressés, lectrices impatientes.

 

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Soirée Cab Calloway sur ARTE le dimanche 4 juillet 2010

Publié le par Guillaume Lagrée

 

Soirée spéciale de lutte contre la déprime, gratuite, sans remboursement de la Sécurité Sociale, sur ARTE, le dimanche 4 juillet 2010 à partir de 20h30 avec l'Immense Cab CALLOWAY (1907-1994), chanteur, scatter, compositeur, chef d'orchestre, danseur, clown, MC.

 

D'abord, voir et revoir les Blues Brothers (1980) avec comme guest stars James Brown en prêcheur, Aretha Franklin en commerçante, John Lee Hooker en bluesman des rues, Ray Charles en vendeur d'orgues et de pianos, Cab Calloway en showman et le plus grand carambolage automobile de l'histoire du cinéma. Malheureusement, je crains que ce ne soit diffusé en version française. Rassurez vous,lecteurs puristes, lectrices exigeantes, les chansons ne seront pas doublées.

 

Ensuite, un film documentaire sur le Hi de Ho Man, Mr Cab Calloway. Cab découvrit Dizzy Gillespie mais le vira de son orchestre à cause de ses " notes chinoises " et de ses facéties sur scène. Comment chanter face au public alors que derrière le trompettiste vous envoie des boulettes de papier dans le cou? Cab avait tellement de succès à Harlem dans les années 1930 qu'un jour des gangsters sont venus lui demander de changer de club. Cab refusa car il se trouvait bien dans ce club, s'entendait bien avec le propriétaire. Alors, un soir, les gangsters sont revenus. Avec mitraillettes au poing, ils ont évacué la salle. Ensuite, avec des haches, ils l'ont détruite. Après quoi, Cab a changé de club. Le journaliste à qui Cab racontait cette histoire 50 ans plus tard lui demanda: " Mais vous n'avez pas averti la police? " Oh vous savez, la police s'en fichait pas mal. Tout ça, c'était des histoires de nègres. Ce n'était pas leur problème." L'influence de Cab Calloway sur le roi des Zazous Charles Trénet sera t-elle évoquée? A voir dimanche soir sur ARTE.

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Matthieu Marthouret Organ Quartet embrase le Baiser Salé

Publié le par Guillaume Lagrée

Paris. Le Baiser Salé. Dimanche 27 juin 2010. 20h30.

Matthieu Marthouret  Organ Quartet

 

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La photographie de Matthieu Marthouret est l'oeuvre du Raffiné Juan Carlos HERNANDEZ.


Matthieu Marthouret : orgue Hammond

Maxime Fougères : guitare électrique

Manu Franchi : batterie

Nicolas Kummert : saxophone ténor, chant

 

 

Je reconnais un air de l’album. Une sorte de valse groovy qui balance bien. Dehors, il fait chaud. En Afrique du Sud, l’Argentine fait le show face au Mexique. Et ici ? Ca groove, merci. Ca donne envie de danser. Sans partenaire particulière et assis sur une chaise, difficile. Je me contente d’onduler sur place comme le serpent Ka mais sans siffler pour ne pas perturber les musiciens. Ces jeunes gens assurent, en bloc. Détail curieux : le saxophone ténor a une couleur argentée, pas cuivrée. C’était «  Morning Light ».

 

« Spring Bossa ». C’est gai, enlevé, sur un rythme brésilien avec le batteur aux balais. Ca tourne bien. Guitare au son très Jazz. On est vraiment dans la filiation du son Blue Note des 60’s mais ils jouent avec jeunesse, fraîcheur. Ca ne sent pas la copie. Le sax s’enflamme, bien poussé par la rythmique.

 

Une sorte de ballade en glissades et cascades. Cela aussi vient de l’album « Playground ». La musique est de saison. C’est chaud et ça balance doucement. Dans la salle, un fan bat la mesure sur ses cuisses. Je me contente de la battre du pied. Chacun fait ce qu’il lui plaît. Ca envoie bien entre guitare et orgues, matraqués par le batteur. C’était « Playground » le titre album.

 

« Thieves » suivi de « Colours ». Pour commencer, un morceau un peu sombre, de voleurs. Gros son de sax menaçant. La batterie sonne la charge. Enchaînement sur un autre air mystérieux. Ca devient plus léger, plus coloré. Logiquement, ça doit être « Colours » . Le son de guitare devient plus rock anglais, plus planant. Les maillets font tonner les tambours. L’orage menace derrière. Une éclaircie surgit, fendant les nuages noirs, amenant des couleurs.

 

« Green Drops ». Tout est composé par Matthieu Marthouret. Le saxophoniste commence à jouer en chantant, alternant bouts de phrases jouées et chantées. Il y a là un héritage du dirty sound du Free Jazz et de La Nouvelle Orléans. La voix est aigüe alors que le saxophone ténor est grave. C’est plutôt amusant. Le groupe  rejoint le saxophoniste dans sa fantaisie. Retour à un jeu direct de sax ténor, bien plaisant.Et derrière ? Derrière, ça tourne. En douteriez vous encore ? Matthieu reprend la main, dirige le débat, souple et ferme.

 

PAUSE

 

Ma chronique s’arrête ici. Après le concert de Wayne Shorter la veille à la Défense , l’exposition Radical Jewish Culture le même jour, je commençais à saturer de musique. Le groupe de Matthieu Marthouret nous propose une musique personnelle, élégante, dansante, efficace. Pourquoi se priver de ce plaisir ? Ecoutez les.

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