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Sélection de concerts de Jazz à Paris en novembre 2012

Publié le par Guillaume Lagrée

 

Honorables lectrices, respectables lecteurs, si vous ne passez pas l'automne à New York, vous pouvez toujours écouter du Jazz qui se joue à Paris comme la version de ce standard (Autumn in New York) par  Chet Baker. Voici donc, choisi avec l'approbation des plus hautes autorités morales et religieuses, c'est-à-dire moi (contrairement à Pierre Desproges, je n'écris pas avec un chat sur mes genoux) une sélection parfaitement arbitraire et totalement partiale de concerts de Jazz à Paris pour le mois de novembre 2012.

Je vous recommande d'abord deux festivals parisiens destinés aux curieux impécunieux car les musiciens sont souvent peu connus, viennent parfois de loin et que leurs concerts sont peu chers :

- Jazzycolors du mardi 6 au vendredi 30 novembre 2012 réunit des jeunes Jazzmen venus de l'Europe entière qui jouent dans les centres culturels étrangers à Paris sous le haut parrainage de Bojan Z, musicien slave du Sud qui ouvrira les débats en duo avec le saxophoniste français Julien Lourau.

Bojan Z

 

La photographie de Bojan Z est l'oeuvre du Fameux Juan Carlos HERNANDEZ. Toute utilisation de cette oeuvre sans l'autorisation de son auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales.

- Sons 9 du mardi 6 au mardi 13 novembre 2012, à Paris 6e arrondissement, dans le quartier de Saint Germain des Prés, vous permettra de retrouver dans des contextes originaux des musiciens inconnus de mes services et d'autres déjà chroniqués sur ce blog comme Denis Colin, Anne Pacéo, Frédéric Eymard, Benjamin Moussay, Christophe Marguet.

Salle Pleyel:

2 concerts avec Brian Blade à la batterie. Je ne présente pas les leaders. Sauf si vous n'écoutez pas de Jazz depuis 50 ans, vous les connaissez forcément.

- Samedi 3 à 20h: Wayne Shorter Quartet.

- Dimanche 18 à 20h: Chick Corea Trio.

Auditorium Saint Germain:

- Lundi 26 à 19h30: Leçon de Jazz d'Antoine Hervé " L'électro Jazz: la révolution informatique ".

 

Sunset-Sunside:

- Samedi 10 à 22h: Boulou et Elios Ferré (guitares) en quartet avec Alain Jean-Marie (piano) et Pierre Boussaguet (contrebasse). A écouter avant ou après avoir été à l'exposition Django Reinhardt, le Swing de Paris à la Cité de la Musique.

- Dimanche 11 à 20h: The Claudia Quintet avec John Hollenbeck et Chris Speed. Un démenti terrible pour les ignorants qui croient que le Jazz est une musique de bar, tranquille. Chris Speed porte bien son nom!

- Mercredi 14 à 21h30: Hommage à Charlie Parker avec Manu Codjia (guitare), Géraldine Laurent (saxophones) et Christophe Marguet (batterie). Faisons leur confiance pour sortir des sentiers battus.

- Mercredi 21 à 21h, jeudi 22 à 20h: Kurt Rosenwikel Trio. Un guitariste américain dont j'ai entendu grand bien.

- Vendredi 30 à 21h, samedi 1er décembre à 21h: Stéphane Kerecki Trio invite Bojan Z et Logan Richardson. Des chercheurs et trouveurs de beauté.

Le Triton:

- Mercredi 7 deux concerts pour les enfants par John Greaves (basse, chant) et Thomas de Pourquery (chant,saxophone alto). De 14h30 à 15h15 pour les 4-6 ans, de 15h30 à 16h15 pour les 7-10 ans. Parents, grands-parents, oncles, tantes, professeurs des écoles, éveillez les enfants, emmenez les à ces concerts, saperlipopette! Entrée libre sur réservation.

- Samedi 10 à 21h: Marc Ducret Tower Bridge. Le guitariste électrique Marc Ducret réunit 3 groupes sur scène pour raconter toutes sortes d'histoires violentes, étranges, mystérieuses.

- Vendredi 30 à 21h: trio Aldo Romano (batterie)/Michel Benita (contrebasse)/Baptiste Herbin (saxophone alto). Ordre, beauté, luxe, calme et volupté.

Studio de l'Ermitage:

- Lundi 19 à 20h30: Antoine Hervé Quartet. Présentation du nouvel album dont j'ignore tout. C'est Antoine Hervé donc cela ne peut être ignoré.

- Mardi 20 à 21h30: Yvan Robilliard en trio. Un pianiste à l'énergie communicative.

Duc des Lombards:

- Lundi 5, mardi 6, mercredi 7 à 20h et 22h: The Bad Plus. Un trio piano/contrebasse/batterie made in USA, francophile et qui déménage comme un Power Trio de Rock'n Roll.

- Mercredi 14, jeudi 15, vendredi 16, samedi 17 à 20h et 22: le trompettiste Christian Scott en sextet. Un trompettiste de Jazz noir né à La Nouvelle Orléans en Louisiane, ça ne vous rappelle rien? Celui là est né en 1983 et prouve que la relève est bien là.

- Lundi 19, mardi 20 à 20h et 22h: le batteur Billy Hart en quintette. Une valeur sûre. 

New Morning:

- Lundi 5 à 20h30: Mike Manieri (vibraphone) avec le trio de Frank Tortiller (vibraphone). Ca va vibrer!

- Jeudi 15 à 21h: Fiona Montbet (violon) en quartet. L'ancienne élève de Didier Lockwood, née en 1989, viendra jouer le répertoire de son premier album en quartet qui sortira début 2013.

- Vendredi 16 à 20h30: John Scofield (guitare)/ Steve Swallow (basse)/ Bill Stewart (batterie). Plus qu'un trio, un triumvirat.

La Java:

- Mardi 6 à 20h30: Son libre. Malik Mezzadri (flûte)&Sarah Murcia (contrebasse)+ Smadj (DJ).

- Vendredi 9 de 22h à l'aube: Electro Swing Paris. Pour faire danser les cool cats...

- Lundi 19 à 20h30: Jazz à la Java. 2 groupes pour le prix d'un. Richard Bonnet (guitares)+Tony Malaby (saxophone ténor) puis le quartet de Jef Sicard (saxophones, clarinettes, flûtes)

- Vendredi 30 de Oh à l'aube: Jazz Attitudes Party. Une nouvelle occasion de faire danser les cool cats...

Péniche l'Improviste:

- Vendredi 9, samedi 10 à 21h: Mauro Gargano Mo'Avast Band. Il Jazz all'italiana. 

- Jeudi 22 à 21h: Maxime Fougères Guitar Reflections. Si c'est aussi bon sur scène qu'en studio, Miam Miam!

- Mercredi 28 à 21h: Marc Buronfosse Sounds Quartet. Voici ma chronique enthousiaste d'un précédent concert de ce quartet de musiciens magiciens.

- Vendredi 30 à 21h: Pierre Durand " Around Nola ". Si c'est aussi bon sur scène qu'en studio, Miam Miam!

Les Disquaires:

Un bar près de Bastille. Presque chaque soir à 20h, un concert gratuit de jeunes Jazzmen. Si la musique ne vous plaît pas, vous aurez étanché votre soif. Si elle vous plaît, vous aurez étanché votre soif de beauté. Tentez l'expérience. Je ne connais pas les musiciens. Je ne recommande ni ne déconseille personne. A vous de juger sur pièces et sur place.

 

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Leçon de Jazz d'Antoine Hervé sur Chick Corea le lundi 22 octobre à Paris

Publié le par Guillaume Lagrée

 

Antoine Hervé

Leçon de Jazz sur Chick Corea

Paris. Auditorium Saint Germain.

Lundi 22 octobre 2012. 19h30.

 

Antoine Hervé

 

La photographie d'Antoine Hervé est l'oeuvre du Sensible Juan Carlos HERNANDEZ. Toute utilisation de cette oeuvre sans l'autorisation de son auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales.

 

Lectrices fidèles, lecteurs assidus, vous avez certainement remarqué que je suis un élève studieux des Leçons de Jazz d'Antoine Hervé, pianiste, chef d'orchestre, compositeur et pédagogue inspiré. Voici qu'elles reprennent à Paris à l'Auditorium Saint Germain avec le plus célèbre des pianistes scientologues, Chick Corea. Après Keith Jarrett (Leçon de Jazz sortie le 9 octobre 2012 en DVD) et Herbie Hancock (en tournée solo en France ce mois-ci), il est tout à fait logique qu'Antoine Hervé nous fasse découvrir l'oeuvre du troisième pianiste et claviériste de Miles Davis entre 1963 et 1971, accompagné par François Moutin (contrebasse) et Louis Moutin (batterie).

N'étant pas à Paris ce soir là, je compte sur vous pour y assister à ma place et je compte spécialement sur un fidèle abonné à ce blog, élève assidu des Leçons de Jazz d'Antoine Hervé (il se reconnaîtra) pour nous faire part, en commentaire de cet article, de ses impressions sur cette leçon là. Merci à lui par avance.

 

 


 

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Elina Duni en concert au Théâtre Traversière à Paris le 20/10/2012 à 20h

Publié le par Guillaume Lagrée

 

Elina Duni

Théâtre Traversière. Paris.

Samedi 20 octobre 2012. 20h.

 

Elina Duni

La photographie d'Elina Duni est l'oeuvre du Brillant Juan Carlos HERNANDEZ. Toute utilisation de cette oeuvre sans l'autorisation de son auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales.

 

Lectrices volcaniques, lecteurs balkaniques, sachez que la chanteuse albano-helvète Elina Duni sera en concert à Paris au Théâtre Traversière le samedi 20 octobre 2012 à 20h. Elle viendra lancer son nouvel album " Matanë Malit "  paru chez ECM que je n'ai pas encore écouté. J'ai déjà apprécié cette chanteuse pour son précédent album " Lume, Lume "  et lors d'un précédent concert dans le même théâtre. Une voix superbe, de la présence, de l'humour, une langue incompréhensible pour moi mais qui sonne superbement, l'albanais, en compagnie d'un trio de Jazz helvétique piano/contrebasse/batterie avec qui elle fusionne, ce sont là des plaisirs que je vous recommande vivement.

 

L'album " Matanë Malit " n'est pas encore sur deezer mais en voici une présentation sur Youtube. Et hop!

 

 
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Jean-Philippe Viret " Supplément d'âme "

Publié le par Guillaume Lagrée

 

Jean-Philippe Viret

" Supplément d'âme "

Mélisse. Abeille Musique. 2012.

Sortie physique le jeudi 22 novembre 2012.

Concert de lancement à Paris au Café de la danse,

le vendredi 21 décembre 2012 à 20h.

 

Jean-Philippe Viret: contrebasse, compositions (sauf n°2)

Eric-Maria Couturier: violoncelle

David Gaillard: violon alto

Sébastien Surel: violon

 

Jean Philippe Viret

 

La photographie de Jean-Philippe Viret est l'oeuvre de l'Esthète Juan Carlos HERNANDEZ. Toute utilisation de cette oeuvre sans l'autorisation de son auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales.

Lectrices baroques, lecteurs romantiques, voici une musique faite pour vous plaire. J'avoue que lorsque j'ai assisté au premier concert de ce quartet à cordes le 31 juillet 2011 au Parc floral de Paris dans le cadre du Paris Jazz Festival, je ne fus pas vraiment convaincu par cette musique. Maintenant qu'elle est enregistrée en studio et à ma disposition, est ce moi, elle ou les deux qui avons gagné un supplément d'âme? En tout cas, j'aime.

Le quatuor à cordes est fixé dans sa composition depuis Joseph Haydn au XVIII° siècle: un violoncelle, un alto, deux violons. Les plus grands compositeurs de la musique savant européenne dite classique s'y sont illustrés: Haydn, Mozart, Beethoven, Schubert, Brahms, Lizst mais surtout des compositeurs de langue allemande. Pour connaitre le sujet de fond en comble, je recommande L'histoire du quatuor à cordes de Bernard Fournier en 3 volumes chez Fayard.

Jean-Philippe Viret, contrebassiste français de Jazz, a remplacé un violon par sa contrebasse, réuni autour de lui trois solistes classiques de classe internationale, composé pour ce groupe une musique qui relève bien du Jazz puisqu'il ne s'agit pas d'un concerto tel qu'il en a été écrit des centaines pour quatuor à cordes mais d'une série de morceaux aux ambiances diverses, avec une musique extrêmement écrite même si elle respire comme si elle était improvisée. C'est pourquoi il est loisible de parler de quartet comme l'on dit en Jazz pour ce groupe.

Par rapport au concert que j'avais entendu, je maintiens mon avis sur un point: la plus belle composition est celle de François Couperin " Les barricades mystérieuses ", pièce de clavecin superbement arrangée pour le quartet par Jean-Philippe Viret. La musique jouée ici me semble plus dense, plus concentrée, moins dispersée que ce que j'avais perçu au concert. Chaque morceau est une saynète parfois grave (Coalescence, n°2), ludique ( Esthétique ou pathétique? n°1), aérienne (Le rêve usurpé, n°6).

Vivement le prochain concert de ce quartet que je puisse renouveler les vives et riches impressions que procure cette musique.

A l'album s'ajoute un DVD qui fait le portrait de Jean-Philippe Viret, de l'homme, du créateur et de ses différents projets. Voici le film pour découvrir un homme de bien et de beauté.

 

 

 

 


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Pierrick Pédron " Kubic's Monk "

Publié le par Guillaume Lagrée

 

Pierrick Pédron

" Kubic's Monk "

Act Music.2012.

Pierrick Pédron: saxophone alto

Thomas Bramerie: contrebasse

Franck Agulhon: batterie

Ambrose Akinmusire: trompette (5, 8, 11)

Toutes les compositions sont l'oeuvre de Thelonious Sphere Monk.

 

pierrick-pédron.jpg

 

La photographie de Pierrick Pédron est l'oeuvre du Splendide  Juan Carlos HERNANDEZ. Toute utilisation de cette oeuvre sans l'autorisation de son auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales.

 

Subtiles lectrices, fins lecteurs, je vous propose deux interprétations du titre du nouvel album de Pierrick Pédron, " Kubic's Monk ". D'abord, puisqu'il s'agit d'un trio qui explore la musique de Thelonious Sphere Monk, il va à la racine, racine cubique évidemment. Ensuite, puisque la musique de Thelonious Monk est réputée pour sa complexité sous des abords ludiques, le titre pourrait faire allusion à un fameux jouet mathématique hongrois qui a conquis le monde.

Thelonious Monk (1917-1982) était pianiste, un pianiste qui cultivait l'ugly beauty (cf n°4 de l'album), l'antivirtuosité, affirmant ses limites et créant à l'intérieur d'elles un univers parallèle, bref l'opposé de Martial Solal. Pour les pianistes, jouer sa musique relève de la gageure tant Monk s'ingéniait à faire tout ce qu'un pianiste n'est pas censé faire. Chick Corea y arrive pourtant très bien tout en restant lui même. " Jouer avec Monk, c'est entrer dans un ascenseur, voir l'ascenseur arriver, les portes s'ouvrir, faire un pas en avant et s'apercevoir qu'il n'y a pas d'ascenseur " (John Coltrane).

Thelonious Monk a, dans ses groupes, privilégié le saxophone ténor (Johnny Griffin, Sonny Rollins, John Coltrane, Coleman Hawkins). Il faut dire que pour le saxophone alto, il avait accompagné Charlie Parker (écoutez l'album " Bird and Diz " 1950 avec Charlie Parker et Dizzy Gillespie et vous comprendrez pourquoi il n'avait pas besoin de sax alto dans ses groupes).

Pour rendre hommage à TS Monk en évitant les comparaisons avec les milliers de versions de sa musique, Pierrick Pédron, saxophoniste alto, a choisi de jouer sa musique sans piano en sélectionnant des morceaux qui ne figurent pas parmi les plus joués du " Prophète ". Ni " Round about midnight " ni " Blue Monk " ni " Epistrophy " ni " Straight no chaser ". Pour jouer cette musique si escarpée, glissante, périlleuse, mieux vaut s'entourer de bons compagnons de cordée. C'est ce que fait Pierrick Pédron avec une rythmique qu'll pratique depuis des années, Thomas Bramerie à la contrebasse et Franck Agulhon à la batterie. Thomas Bramerie fournit l'assise nécessaire à l'auditeur pour ne pas être perdu dans les méandres de la pensée monkienne. Franck Agulhon fournit la couleur, le scintillement, le chatoiement qui font de Monk, un des Jazzmen préférés des enfants avec Charles Mingus. Sur trois morceaux vient s'ajouter le trompettiste noir américain Ambrose Akinmusire qui fait passer ici l'ombre de Don Cherry qui aimait tant Monk. C'est dire s'il est dedans. 

Rappelons d'ailleurs que Don Cherry jouait Monk sans piano sur l'album " Evidence " de Steve Lacy (sax soprano) en 1961.

Quant au leader Pierrick Pédron, la formule du trio ne lui laisse pas le droit à l'erreur tant il est exposé. Il n'en commet pas. L'album a été enregistré en une journée. Monk enregistrait toujours en première prise pour être frais. Aux musiciens d'être à la hauteur. Lui était toujours lui même, c'est-à-dire unique, identifiable dès le premier accord. A prendre ou à laisser. Pierrick Pédron vole avec cette musique tour à tour tranchant, mordant, ondoyant, velouté.

Un seul léger regret: le respect des interprètes pour cette musique fait que leur jeu manque de l'humour new yorkais typique de Monk, humour auquel Sonny Rollins répondait si bien ( " Bolivar Ba lues balues are " par exemple).

Thelonious Monk a tout de même joué avec deux saxophonistes alto, Gigi Gryce et Phil Woods. D'ailleurs Phil Woods apprécie grandement " Kubic's Monk " de Pierrick Pédron. Je suis son avis avisé.

Ne boudons pas notre plaisir. Des Jazzmen de 2012 nous font redécouvrir la puissance d'un immense compositeur avec vigueur, chaleur, ferveur. Profitons en pleinement. 

 

Pour comparer l'interprétation du trio de Pierrick Pédron avec celle du compositeur, voici " Think of one " de et par Thelonious Monk avec Sonny Rollins au saxophone ténor. La vision de la partition permettra à celles et ceux qui savent lire la musique de mieux comparer encore.

 

 

 

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Rêve d'Afrique: Donald Byrd " Ethiopian Knights "

Publié le par Guillaume Lagrée

 

Donald Byrd

" Ethiopian Knights "

Blue Note. 1972.

 

Lectrices panafricaines, lecteurs africanistes, je vous ai déjà chanté les louanges de Barney Wilen et d'Art Blakey partis à la recherche des racines du Jazz en Afrique de l'Ouest.

Partons maintenant pour l'Afrique de l'Est et l'an 1971, cher à mon coeur et à celui de  Juan Carlos HERNANDEZ, photographe exclusif de ce blog.

Donald Toussaint l'Ouverture Byrd, trompettiste né en 1932, est devenu docteur en ethnomusicologie en 1966. Pour poursuivre ses études sur le terrain, il partit rendre visite au berceau de l'humanité, l'Ethiopie alors dirigée par le Roi des Rois, le Negus Hailé Sélassié que Bob Marley et les rastas n'avaient pas encore rendu mondialement célèbre (pour ceux qui ne connaissent pas cet étrange personnage, je recommande vivement la lecture de " Le Negus " par Richard Kapucinszki.

De retour aux Etats Unis, Donald Byrd, célèbre pour son Hard Bop qui n'a jamais dérivé vers le Free Jazz, se lance dans un Funk à la fois orgiaque et cérébral avec un groupe au son épais et chaud comme de la lave en fusion.3 guitares, un orgue, un piano, une basse électrique, une batterie, Harold Land au sax ténor, Thurman Green au trombone, Bobby Hutcherson au vibraphone.

3 morceaux pour 40mn d'une musique qui balance terrible, mêlant le son de la rue new yorkaise à celui des hauts plateaux éthiopiens, une fusion électrique, organique lancant une série d'albums qui firent de Donald Byrd un acteur majeur de la musique populaire noire des années 70 et un des artistes les plus samplés à partir des années 90. " The Emperor ", " Jamie " et " Little rasti " tous composés par Donald Byrd s'enchaînent implacablement rivant l'auditeur à la piste de danse ou à son fauteuil, selon qu'il a envie de danser ou d'écouter. 

Si vous savez slammer, vous pouvez lire aussi à haute voix le poème contenu dans le livret de l'album au rythme de cette musique tribale et tripale. Lancez cette musique en soirée. Croyez moi, ça le fait.

The Emperor qui ouvre l'album sera diffusé dans mon émission de novembre 2019, le vendredi et le dimanche à 1h du matin et 18h (heure de Paris) sur Couleurs Jazz Radio. 3e et dernière partie du cycle: L'Afrique, c'est chic! L'Afrique rêvée et vécue par les Jazzmen. 

Je vous laisse en compagnie du petit rasta (Little Rasti). 17'42 de groove surpuissant. Oh Yes!

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Lenny Popkin " Time Set "

Publié le par Guillaume Lagrée

Lenny Popkin

" Time Set "

Paris Jazz Corner. 2012.

 

Lenny Popkin: saxophone ténor

Gilles Naturel: contrebasse (5-10)

Carol Tristano: batterie (5-10)

Lectrices attentionnées, lecteurs attentifs, je vais vous parler maintenant d'un musicien au talent notoirement méconnu, Lenny Popkin.

J'ai fréquenté le magasin Paris Jazz Corner pendant des années en raison de son choix hallucinant de disques d'occasion. L'immense avantage d'un disquaire ou d'un libraire réel par rapport au virtuel, c'est que vous y trouvez ce que vous ne cherchez, n'imaginez même pas qu'un être humain nommé vendeur a pris le temps de vous conseiller, de vous faire découvrir. Paris Jazz Corner réédite aussi des pépites discographiques devenues introuvables sur le marché comme ces enregistrements de Lenny Popkin effectués entre 1971 et 2006.

Lenny Popkin aime tellement Lennie Tristano qu'il porte le même prénom, a étudié sous sa direction, joué avec lui, épousé sa fille Carol avec qui il joue. Pour autant, comme Lee Konitz, tristanien plus célèbre, Lenny Popkin ne se résume pas à son influence majeure. Il se reconnaît au son de son instrument, fondé sur le registre haut ce qui le différencie aisément de la foule d'épigones de John Coltrane qui occupe la majeure partie des places au saxophone ténor depuis 45 ans.

Les quatre premiers morceaux de cet album ont été enregistrés en 1971, année chère à mon coeur et à celui du photographe exclusif de ce blog, l'Eminent Juan Carlos HERNANDEZ. Lenny Popkin joue seul, utilisant une technique dont Lennie Tristano était le maître, le rerecording permettant de faire entendre en même temps plusieurs jeux du même instrument par le même musicien (écoutez par exemple le " Requiem " de Lennie Tristano pour Charlie Parker). Lenny Popkin laisse courir son imagination sur deux morceaux de JS Bach (une Fugue en n°1 et un Prélude en n°3), en n°2 un Gloria tiré d'une Messe de Johannes Ockeghem, compositeur flamand du XV° siècle (cf extrait audio au dessus de cet article) et une improvisation personnelle " Circular Logic " dont le titre résume à lui seul son style, progresser par des cercles d'une logique qui lui appartient, vous emmènent toujours plus loin pour mieux se retrouver.

Ensuite viennent 6 morceaux enregistrés entre Paris et New York de 2000 à 2006 avec ce trio toujours actif en 2012, Lenny Popkin au sax ténor, Carol Tristano  à la batterie, Gilles Naturel à la contrebasse. Le dialogue musical entre le mari et l'épouse devrait servir de modèle aux conseillers  matrimoniaux tant il est riche, varié, subtil, précis. Gilles Naturel s'y glisse avec discrétion, élégance, fermeté et naturel bien sûr. Ici, toutes les compositions sont de Lenny Popkin mais comme pour Lee Konitz, elles viennent souvent de relectures de standards comme le titre album " Time Set " (n°8) basé sur " Cherokee " lui même déjà repris par Charlie Parker sous le titre de " Koko " (les musicologues raffinés liront avec profit sur la transformation de " Cherokee " en " Koko " par Charlie Parker, " Du Be Bop au Free Jazz " de Jacques Aboucaya, Toulouse, Presses Universitaires du Mirail, 2001).

Cette musique nécessite une écoute attentive car elle proscrit la démonstration, l'étalage, la brutalité au profit de variations subtiles, de changements imperceptibles, de superpositions, d'interversions, d'infinies délicatesses. Bref, pour parler hip, c'est du Jazz Cool mais pas Smooth.

 

Dans la vidéo ci-dessous, le trio de Lenny Popkin en concert à Linz, Autriche en 2011 joue avec un standard " What is this thing called love ". Bonne dégustation.    

 

 

 

 

 

 

 

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Maxime Fougères Trio " Guitar Reflections "

Publié le par Guillaume Lagrée

Maxime Fougères Trio 

" Guitar Reflections "

Gaya Music Production/Abeille

Sortie le jeudi 25 octobre 2012

Concert de présentation à Paris, à l'Improviste le jeudi 22 novembre 2012.


Maxime Fougères: guitare

Yoni Zelnik: contrebasse

Antoine Paganotti: batterie

Julien Pontvianne: saxophone ténor sur " Azure " (n°4) et " Passion flowers " (n°6).


Honorables lectrices, estimables lecteurs, soyons précis. Sur 11 morceaux du premier album du guitariste Maxime Fougères, 10 sont composés par Edward Kennedy " Duke " Ellington, un " Passion Flowers " (n°6) par son alter ego Billy Strayhorn. De plus, les ellingtoniens distingués auront remarqué que " Guitar reflections " est un clin d'oeil évident au premier album du Duke sans son orchestre " Piano reflections ". Pour autant, chez Maxime Fougères, il n'y a ni orchestre ni piano. Comment diable ce jeune homme ose t-il jouer la musique du plus grand compositeur et chef d'orchestre du Jazz, un des ses plus grands pianistes sans piano ni orchestre? Il ose et il parvient à ses fins.

C'est-à-dire que tout en préservant le raffinement et la sensualité des compositions du Duke, il en fait son oeuvre. D'abord, parce qu'il connaît parfaitement cette musique. La preuve, il ne joue pas les morceaux les plus connus. Ni Solitude, ni Poupée de satin, ni Dame Sophistiquée, ni Mariée tatouée, ni Caravane ne rodent sur cet album. Ensuite parce que ce trio swingue superbement et que cela ne veut rien dire si ça ne swingue pas. Enfin, parce que cela sonne à la fois avec l'évidence d'un classique et la fraîcheur d'un moderne. J'ignore ce que Boris Vian, fou de Duke Ellington au point de le citer dans ses romans, en aurait pensé mais Claude Carrière, le plus fin connaisseur du Duke en France apprécie. Moi aussi.

Cet album est un pur régal de la première à la dernière note, à écouter au calme pour aérer et stimuler l'esprit. Ca respire, ça balance, ça vibre. Bref, c'est du Jazz de grande qualité, fondé sur la tradition mais sans copier ni singer comme le fait Wynton Marsalis. Profitons en joyeusement!

En attendant de déguster ce trio en concert, voici ce qu'il donne en studio. Partons en voyage pour " Montevideo ".

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Eric Le Lann Trio au Duc des Lombards: " Hommage à Chet Baker "

Publié le par Guillaume Lagrée

 

 

 

 

Eric Le Lann Trio  

 

Hommage à Chet Baker

Paris. Le Duc des Lombards

Mercredi 3 octobre 2012. 22h.

 

Eric Le Lann : trompette

Gildas Boclé : contrebasse

Nelson Veras : guitare

 

Je n’ai pas écouté ce trio sur scène depuis mars 2012. Dès l’attaque d’Eric, je retrouve la thématique, le feeling, la magie et l’équilibre. Ni piano ni batterie. La musique respire. Chacun distille l’essence d’une musique enivrante. La douceur de la guitare aux cordes de nylon (rien à voir avec « La fille aux bas nylon » de Julien Clerc), la chaleur de la contrebasse et ce son de trompette qui me gratte l’âme. L’aisance de Nelson Veras en solo est toujours sidérante. Tout paraît si simple et pourtant, en y prêtant attention, quelle maîtrise, quel raffinement ! « Night Bird » (Enrico Pieranunzi). C’est le schéma classique du Jazz : thème, soli, thème. Avec des solistes de ce calibre, ça n’a pas des airs de déjà entendu. Certes aucun des musiciens ne chante mais qu’est ce que ça chante !

 

Un morceau plus rapide. Le titre m’échappe. La mélodie est caressée, sculptée de mains de maîtres. C’est ce mélange entre la douceur, la chaleur des cordes et l’écorchure, la griffure du cuivre qui rend ce trio irrésistible à mon goût. Nelson, en solo, semble jouer au ralenti sauf que ça va très vite, glissant sans effort apparent. Bref, la classe. Plus personne n’applaudit pendant les morceaux. Chut, on écoute… Beau solo vibrant à l’archet de Gildas Boclé.

 

Une ballade lancée par Eric. Ca touche droit au cœur tout de suite. Nelson et Gildas distillent les notes derrière. La voix de Chet sonne indistincte dans ma mémoire. Si elle était distincte, je retrouverais le titre du morceau. Une douce langueur, une mélancolie agréable nous envahit. C’est de la musique à écouter allongé. Le temps semble s’être arrêté pour écouter la musique. Après le chorus d’Eric, nous sommes obligés d’applaudir. Nelson prend la main, tranquille et superbe. Gildas lui fournit le support pour s’élever et nous avec lui. Eric va cherche toujours plus loin dans nos âmes. « Les gens aujourd’hui aiment avoir la tête fracassée par des batteries rock. C’est pour cela que je crains que le Jazz soit bientôt un art perdu » (Chet Baker). Heureusement, il avait tort. La preuve, ce concert ce soir devant un public nombreux et attentif. Des Whaouah d’admiration soulignent les applaudissements.

 

« The more I see You», standard de Jazz repris par la Pop. Une jolie chansonnette d’amour jouée avec le feeling qu’il faut. C’est plus joyeux, moins dense que le titre précédent. Les mains de Nelson volent comme des papillons sur la guitare donnant des notes légères, gracieuses, colorées. Gildas Boclé affectionne les soli à l’archet. Il faut dire qu’il les joue si bien.

 

« My one and only love ». Ballade moelleuse à souhait. Le trio d’Eric Le Lann joue moelleux, jamais mièvre ou doucereux. Ne pas confondre.

 

Eric se tient à l’écart. Dialogue à cordes et sans cri entre la guitare et la contrebasse. Celles de la guitare tintent joyeusement alors que celles de la contrebasse résonnent en bondissant. Ce duo est une nouveauté par rapport aux deux précédents concerts auxquels j’ai assisté. Il est vrai que ce trio date de 2012 alors que le duo Gildas Boclé/Nelson Veras a des années d’existence. Une dame pose sa tête sur l’épaule de son gentil mari pour mieux écouter. Cette musique y est propice. C’est un bon massage cérébral.

 

Eric remonte sur scène. Intro funky de la contrebasse. « Love for sale ». Ca swingue tout en finesse. Dieux, que c’est bon ! Soudain, l’Arsène frappe. Violent, brutal, strident. Les musiciens s’arrêtent. La magie aussi.

 

Le temps de se remettre de leurs émotions, ils reprennent avec un autre morceau. Duo trompette/contrebasse. Je ne reconnais pas l’air. Ca joue souple, tranquille, avec ce grain d’inquiétude que sème la trompette d’Eric Le Lann. Nelson se repose et écoute comme nous.

 

« Milestones » (Miles Davis). Retour au trio. Sans piano, ni batterie, ils relèvent une gageure. Ca swingue, nom d’un petit bonhomme.

 

C’est le troisième concert de ce trio auquel j’assiste cette année et je me régale toujours autant. Un album sera bientôt enregistré chez Bee Jazz. Affaire à suivre.

 

Voici le trio d'Eric Le Lann en concert à Paris au Caveau des Légendes en février ou en mars 2012 jouant " Milestones " de Miles Davis. Profitez en, lectrices sélectives, lecteurs exigeants. Film réalisé par Gildas Boclé.

 

 


 

 

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