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Pierrick Pédron Quartet en verve au Bal Blomet

Publié le par Guillaume Lagrée

Pierrick Pédron Quartet

Le Bal Blomet

Jeudi Jazz Magazine

Paris. Jeudi 22 février 2018. 20h30.

Pierrick Pédron: saxophone alto, compositions, direction

Carl-Henri Morisset: piano

Thomas Bramerie: contrebasse

Elie Martin-Charrière: batterie

Un jeudi par mois, le Bal Blomet, à Paris, accueille un concert organisé par le mensuel Jazz Magazine. Après Julie Saury le jeudi 23 novembre 2017, me voici de retour trois mois après, dans la même salle, pour Pierrick Pédron. Par rapport à l'album " Unknown " et à un précédent concert de ce quartette au Duc des Lombards, le 23 octobre 2017, Gregory Hutchinson a été remplacé par Elie Martin-Charrière à la batterie. 

Le quartette attaque directement par le morceau le plus acide de l'album, celui que j'apprécie le moins, le titre album d'ailleurs, " Unknown ". 

Pierrick enchaîne direct sur une ballade en duo avec le pianiste. Très pro. Le piano se déploie, le sax dévale. Contrebassiste et batteur aux maillets arrivent doucement. Personne n'applaudit. La salle est comble et comblée, écoutant religieusement. C'était " Mum's eyes " dédié par Pierrick Pédron aux yeux de sa mère qui n'ont rien à voir avec ceux de la mère d'Arno (le chanteur belge). 

" Val André " joué en version électrique sur l'album " Omry " (2009), célébré en son temps sur ce blog. Morceau inspiré par la station balnéaire de Bretagne Nord, dans les Côtes d'Armor, Pléneuf Val André. Joué ici en version acoustique mais toujours aussi énergique et vivifiant. La rythmique envoie du bois. Le batteur pousse fort aux baguettes. Tout se calme pour le premier solo de contrebasse. 

Un morceau sec, avec des virages sur l'aile. Batteur aux baguettes. Premier solo du batteur, aux baguettes. Les tambours roulent, les cymbales tintent, sans forcer ni presser. La rythmique reprend sous les doigts en acier trempé de Carl-Henri Morrisset. C'était " Mr Miller " en hommage au pianiste Mulgrew Miller avec qui Pierrick Pédron eut l'honneur de jouer. 

" Broken reed " (anche cassée car l'anche du saxophone s'est cassée en plein enregistrement du morceau et que Pierrick a continué à jouer et gardé ce son). Une ballade. Batteur aux balais. Le batteur a l'âge d'être le fils de Pierrick et cela se voit aussi dans leur relation. Le pianiste est jeune aussi mais sa personnalité est déjà bien affirmée. Solo de sax sans accompagnateur. Méditatif, plaintif, ravissant. Retour vertigineux de la rythmique dans la même onde que le saxophone alto. Une séquence répétée, accélérée, jusqu'au final. Sauf que Pierrick repart seul dessus. Donc, ce n'est pas fini. La musique dégage un effet de vertige inspiré du second quintette de Miles Davis. Vous croyez savoir où vous êtes et l'instant suivant, vous êtes perdu. La rythmique se déchaîne, emportée par le pianiste, secouée par le bassiste, remuée par le batteur. Ils accélèrent, décélèrent jusqu'au stop. C'était " Trolls ". 

" Enjoy the silence " (Dépêche Mode). De la Pop anglaise pour changer. Le morceau se reconnaît dès les premières notes de piano. Sur un tempo plus lent que la chanson. Batteur aux balais. La rythmique prend la main. Une bonne onde nous enlève. Le sax revient au thème. L'onde change avec le batteur aux baguettes. Ca monte en puissance avec le thème. Retour au calme. Toujours fidèle au thème.

" With the 2 B's ". Un souvenir de vacances chez les époux Bramerie. Pierrick Pédron dédie ce concert à Didier Lockwood dont le dernier concert eut lieu, la veille de sa mort, au Bal Blomet, le samedi 17 février 2018. Un morceau énergique, rapide. Le batteur est aux baguettes. Le bassiste impulse. Ces vacances furent joyeuses et festives. Cela s'entend. Carl-Henri Morisset est vertigineux de puissance, d'énergie, de feeling. Suivez ce pianiste. Le groupe envoie pour le final. Le batteur matraque sèchement les tambours et fait tinter les cymbales. Ca claque. Une dernière note de piano se prolonge et s'efface. Voila, c'est fini.

RAPPEL

" Petit Jean " composé par Pierrick pour son fils. Une berceuse. Solo de piano en intro. En douceur et en finesse, ça aussi, il sait faire. Le décor est posé. L'acteur principal peut entrer en scène, le saxophoniste. Piano et contrebasse posent les notes. Une pause scintillante en douceur aux balais. Une dernière note déposée par la contrebasse sur la scène et c'est fini.

De nouveau, j'ai été déçu en bien par Pierrick Pédron. Le chef, c'est lui. Il pratique avec aisance l'échange entre générations, avec Thomas Bramerie, son complice de longue date et deux jeunes gens, Carl-Henri Morisset et Elie Martin-Charrière.

Madame M-H poursuit son initiation au Jazz actuel. Si elle a une longue histoire d'amour avec les batteurs, cette fois, c'est pour le pianiste que son cœur penche. Elle fut impressionnée par Carl-Henri Morisset. Moi aussi. Suivons ce pianiste. Des virtuoses, il en sort tous les jours des conservatoires mais, avec autant de choses à dire, c'est bien plus rare. 

La photographie de Pierrick Pédron est l'œuvre de l'Impétueux Juan Carlos HERNANDEZ. Toute utilisation de cette œuvre sans l'autorisation de son auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales

Pierrick Pédron par Juan Carlos HERNANDEZ

Pierrick Pédron par Juan Carlos HERNANDEZ

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Sélection de concerts de Jazz en lle de France, à Genève et en Bretagne pour mars 2018

Publié le par Guillaume Lagrée

Lectrices frigorifiées, lecteurs réfrigérés, réchauffez vous au son du Jazz en attendant le printemps qui, officiellement, arrivera en mars comme chaque année.

Pour un agenda complet sur l'Ile de France, voyez Paris Jazz Club. Pour un agenda français et européen, voyez Jazz Magazine

Si votre voyage de Vladivostok à Tombouctou ne passe pas par Paris et l'Ile de France, si vous préférez la douceur angevine, la brise marine ou les vallées alpines aux scènes de la Seine, écoutez les émissions Jazz Club et Les légendes du Jazz sur France Musique et Jazz Live sur TSF Jazz

Si vous allez 350 km à l'Ouest de Paris, rendez-vous au festival Jazz à l'Etage à Rennes Métropole et Saint-Malo (35) du samedi 3 au samedi 24 mars 2018 avec l'enfant du pays, Pierrick Pédron, Breton et saxophoniste alto, en concert le jeudi 22 mars. 

Encore en Bretagne, mais à Nantes (44), le festival Variations fait vibrer pianos et claviers du samedi 10 au dimanche 18 mars. Dimanche 18 mars à 15h, au Lieu Unique, première européenne des Acoustic Informatics de Dan Tepfer, pianiste maintes fois acclamé sur ce blog. Entrée libre.  A Nantes encore, au Pannonica, vendredi 30 mars à 21h, concert du trio de David Chevallier dont l'album " Second Life " est acclamé sur ce blog. 

Toujours en Bretagne, mais plus à l'Ouest, à Brest (29), jeudi 29 mars à 20h45 au Vauban, concert du trio de David Chevallier dont l'album " Second Life " est acclamé sur ce blog. 

Si vous allez 550km à l'Est de Paris, rendez-vous au festival de l'AMR à Genève, en Suisse, du mardi 27 février au dimanche 4 mars 2018. 

Voici ma sélection inique et arbitraire de concerts à Paris et en Ile de France pour mars 2018.

Du mardi 6 au jeudi 15 mars, le FICEP (Forum des Instituts Culturels Etrangers à Paris) organise la Semaine des cinémas étrangers avec pour thème en 2018, Musique et Cinéma. Le Jazz sera représenté par la Turquie le vendredi 9 mars à 20h30. 

A Paris, au Pan Piper, jusqu'au vendredi 2 mars, à 20h30, " Jazzy Poppins ", Mary Poppins joué, chanté et dansé en français par le Laurent Mignard Duke Orchestra et Fabien Ruiz (claquettes).

Le 35e festival Banlieues Bleues fera jazzer la Seine-Saint-Denis du vendredi 16 mars au vendredi 13 avril 2018. Deux artistes référencés sur ce blog figurent au programme: Sarah Murcia et Antonin Tri Hoang

Samedi 3 mars:

- 19h30 et 21h30, Paris, Le Duc des Lombards: Julie Saury (batterie) rend hommage à son père Maxime Saury (clarinette). Vibrant, chaleureux et coloré.

- 21h, Paris, Jazz Café Montparnasse. Macha Gharibian Trio. Entrée libre.

Dimanche 4 mars,16h, Paris, Le Sunside, Jazz et Goûter fête Serge Gainsbourg. Enfants, emmenez y vos parents pour leur faire découvrir le Jazz et Serge Gainsbourg autour d'un goûter. Cela les sortira de l'ennui du dimanche après-midi. 

Mercredi 7 et 28 mars, 19h, Paris, Le Baiser Salé: Duo Jazz Mario Canonge & Michel Zenino. La classe, forcément la classe. 

Mercredi 7 mars:

- 19h30 et 21h30, Paris, Duc des Lombards: Riccardo del Fra rend hommage à Chet Baker. 

- 20h30, Paris, Studio de l'Ermitage: Marion Rampal, chanteuse célébrée sur ce blog.

Jeudi 8 et 22 mars, 19h, Paris, Le Baiser Salé: Alain Jean Marie & Sylvain Beuf. Un dialogue de Maîtres. 

Jeudi 8 mars:

- 19h30, Paris, Café de la Danse: Camille Bertault, chanteuse célébrée sur ce blog, fêtera la Journée internationale des Femmes. 

- 19h30, Paris, L'Œil du Huit: Leila Olivesi & Jean-Charles Richard en duo ouvriront la soirée de remise du prix de poésie féminine Simone Landry. Entrée libre. 

- 21h30, Paris, Le Baiser Salé: Rick Margitza quartet. Révisons nos classiques avec un Maître du saxophone ténor.

Vendredi 9 mars:

21h, Paris, Jazz Café Montparnasse: William Chabbey Trio. Entrée libre. 

21h30, Paris, Le Sunside: Alain Jean-Marie " Biguine Reflections " Trio. Personne ne joue la biguine comme ce trio. Unique. 

Samedi 10 mars:

- 14h, Clichy la Garenne (92), conservatoire Léo Delibes: Médéric Collignon en master class. Entrée libre.

- 20h, Paris, Café de la Danse: Henri Texier Sand Quintet pour la sortie de l'album " Sand Woman " acclamé sur ce blog. Photo et extrait audio sous cet article. 

- 21h, Clichy la Garenne (92), conservatoire Léo Delibes, concert de Médéric Collignon (payant). Le Martien de la trompinette n'a pas fini de nous ébahir. 

- 21h30, Paris, Le Sunside: Minino Garay " Vamos " Quartet. Jazz argentin percutant. 

Dimanche 11 mars, 16h, Paris, Le Sunside: Jazz et Goûter consacré à Herbie Hancock par le quartet Utopia de la flamboyante pianiste et compositrice Leila Olivesi. Un spectacle conçu pour les enfants afin qu'ils initient leurs parents au Jazz. 

Lundi 12 mars, 19h30, Paris, La Cigale: Christian Scott, un trompettiste, originaire de La Nouvelle Orléans, avec une trompette coudée, qui ne copie ni Louis Armstrong ni Dizzy Gillespie, ça fait du bien. 

Jeudi 15 mars:

- 19h30, Lieusaint (77), Théâtre national de Sénart: Diane Reeves. Immense chanteuse.

- 20h30, Paris, Bal Blomet: Mauro Gargano " Suite for Battling Siki ". L'histoire, en musique et en paroles, du premier Africain champion du monde de boxe, le Sénégalais Battling Siki (1897-1925), héros français de la Première Guerre Mondiale, mort assassiné à New York. 

Vendredi 16 mars

- 19h30, Paris, Le Sunside: Léa Castro (chant) & Antoine Delprat (piano), " Fall ". 

- 20h30, Le Perreux sur Marne (94), Centre des bords de Marne: Richard Galliano solo. Accordez, accordez donc, l'aumône à l'accord, l'accordéon. 

- 20h45, Fontenay sous Bois (94), Le Comptoir: Elise Caron (chant) & Edward Perraud (batterie) en duo. Percutant, forcément percutant. 

- 21h, Conflans Sainte Honorine (78), Jazz au confluent. Brady Winterstein Quintet. Du Jazz manouche de haut vol. 

- 21h, Paris, Cinéma Balzac, festival Jazz et Images: soirée Herbie Hancock. Le quintette de Thibaut Gomez jouera la musique d'Herbie Hancock sur scène puis sera projeté un concert d'Herbie Hancock enregistré en 1972. 

- 21h30, Paris, Baiser Salé: Le quartette de Roger Biwandu rendra hommage à feu Al Jarreau. 

Samedi 17 mars:

- 20h, Paris, Café de la Danse: le quartet Francesita de Louise Jallu (bandonéon) rafraîchit le tango. 

- 20h30, Boulogne Billancourt (92), La Seine Musicale: Gilberto Gil, Gal Costa & Nado Reis. Brasil!

- 21h, Les Lilas (93), Le Triton: Jean-Charles Richard (saxs, effets) & Manu Codjia (guitare électrique). 

- 21h15, Le Perreux sur Marne (94), Centre des bords de Marne: Quarteto Gardel de Lionel Suarez. Du Tango sans guitare, ni violon, ni piano. Classieux. 

Mardi 20 mars, 20h30, Paris, Cinéma Balzac: Ciné concert spécial Nouvelle Vague avec le quartet Nouvelle Vague de Stéphane Kerecki jouant des musiques de Martial Solal, Michel Legrand, Georges Delerue, Miles Davis, Antoine Duhamel, Philippe Sarde en illustration des films de Louis Malle, Jean-Luc Godard, François Truffaut, Jacques Demy, Jean-Pierre Melville. 

Jeudi 22 mars:

- 20h30, Vincennes (94), Espace Sorano: Dexter Goldberg Trio. Ce jeune pianiste, fils du saxophoniste Michel Goldberg, se fait un prénom. 

- 21h, Paris, Le Sunside, Lee Konitz Quartet sans Dan Tepfer (cf vidéo sous cet article). Une des dernières Légendes vivantes du Jazz, sur scène, dans un club à Paris. 

Vendredi 23 mars, 20h30, Paris, Bal Blomet: Les Sauvages avec Fabrice di Falco (chant) & Julien Leleu (contrebasse). Jazz baroque 'n roll. 

Dimanche 25 mars, 14h, Paris,  salon D Dessin, performance de Pierre Durand, guitariste acclamé sur ce blog, avec le collectif de dessinateurs Ensaders. Il joue, ils dessinent et vice versa.

Mardi 27 mars, 20h30, Paris, Le Sunside: Olivier Ker Ourio " Orkes Péi ". L'harmoniciste réunionnais mélange Jazz et Maloya comme lui seul sait le faire. 

Jeudi 29 et vendredi 30 mars, 19h30, Paris, Le Sunside: François Moutin (contrebasse) & Karita Shah (chant). De l'inouï en perspective avec notamment Martial Solal mis en chanson. 

Jeudi 29 mars, 20h30, Paris, Studio de l'Ermitage: Matthieu Chazarenc Quartet " Canto ". Il ne s'agit pas d'un hommage au King Eric Cantona mais au chant même si le quartet est instrumental. 

Vendredi 30 et samedi 31 mars, 21h30, Paris, Jazz Club Etoile: Purple House. A tribute to Prince. La musique de Prince jouée par des Jazzmen français. Superfunkycalifragisexy!

Vendredi 30 et samedi 31 mars, 21h30, Paris, Le Baiser Salé: Carte blanche à Jeff Boudreaux (batteur). 

Vendredi 30 mars, 21h30, Paris, Le Sunside: Jean-Claude Montredon (batterie) fait briller le soleil des Antilles françaises.

Samedi 31 mars, 20h, Paris, Maison de la Radio, Studio 104: dans le cadre de la saison de Jazz sur le Vif,  le quintet de Daniel Zimmerman , tromboniste loué sur ce blog,  suivi de Henri Texier Sky Dancers 6. Concert diffusé en différé sur France Musique

 

La photographie d'Henri Texier & Manu Codjia est l'œuvre de l'Irrésistible Juan Carlos HERNANDEZ. Toute utilisation de cette œuvre sans l'autorisation de son auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales.

Henri Texier et Manu Codjia par Juan Carlos HERNANDEZ

Henri Texier et Manu Codjia par Juan Carlos HERNANDEZ

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Benoît Delbecq & The Recyclers de passage au Studio de l'Ermitage

Publié le par Guillaume Lagrée

Benoît Delbecq

&

The Recyclers

Studio de l'Ermitage

Paris. Mercredi 14 février 2018. 21h

Benoît Delbecq: piano

Steve Argüelles: batterie

Christophe " Disco " Minck: Moog Voyager, guitare basse électrique, harpe, n'goni

Lectrices sphériques, lecteurs coniques, je vous narrai les tenues Manasonics de Benoît Delbecq lors d'un précédent concert, au Studio de l'Ermitage, à Paris, le 5 septembre 2017. Epuisé par tant de stimulation cérébrale, je déclarai forfait pour la deuxième partie du concert, composé du trio The Recyclers du même Benoît Delbecq.

Ce n'était que partie remise puisque me voici prêt à écouter ce groupe dans la même salle parisienne, 5 mois après.

Démarrage en douceur aux balais. Un air entêtant au piano. Le clavier crée une ligne de basse planante. Le batteur passe aux balais pour hacher le temps. La vibration de la grosse caisse s'ajoute à celle de la basse. Cela s'arrête mais cela pourrait continuer.

Un morceau aux sonorités ouest-africaines avec le batteur aux percussions. Le pianiste joue lui aussi en percussionniste. Bon groove. Par une nuit froide et humide à Paris, ça réchauffe. Batteur à mains nues sur ses tambours. Maintenant, il malaxe aux balais. Transe blanche. J'ai compris le deuxième titre " Tabou ". 

Après le clavier, le n'goni, la harpe puis la guitare basse électrique. Christophe " Disco " Mink a un talent multifacettes. 

Le batteur lance un rythme répétitif aux baguettes. La basse gémit. Piano répétitif dans l'aigu. Manifestement, ils cherchent la transe. C'est la constante de cette musique, jusqu'ici. La basse sonne comme une guitare électrique. Le bassiste repasse au clavier. Un morceau plus dynamique: " Steam ". 

" Kitchen ". Joli son de percussions. La basse sonne comme une basse. Elle claque, bien funky. Le piano parsème de notes l'ensemble. Joyeuse cuisine. Ca sent bon le repas de fête entre amis. Un scat joyeux du bassiste. Les baguettes coupent le rythme en tranches.

Un tempo lent, décomposé. Un bruit s'élève de la salle. Ce n'est pas prévu au programme mais un bébé exerce son sens critique, vigoureusement. 

Retour au son africain et au n'goni. Batteur aux balais. Ca sonne vraiment. C'est puissant, entraînant. Bonne vibration qui remue les entrailles. 

" Brushes " (Benoît Delbecq). Joué aux balais bien sûr (brushes in English). Bruitages de guerre spatiale. Retour à la harpe pour faire tomber la pluie avec le piano.

Steve Argüelles repart aux baguettes, installant un rythme entêtant. Sec et rapide. Onde du clavier que le pianiste vient entrecouper de notes distillées. Mélange de clavier et de n'goni pour mêler ancien et moderne. Ces morceaux à sonorité africaine sont ceux qui me touchent le plus. Vibration du clavier hachée menue par la batterie et le piano. Chant de mouettes et jeu de basse en même temps. C'était " Kaboul " où il n'y a pas de mouettes. 

Le trio a le temps de jouer encore un morceau mais décide d'en jouer 3 regroupés. Le 3 en 1, vieux truc de l'Eglise catholique, apostolique et romaine repris par des huiles profanes. Les cymbales vibrent sous les maillets, les cordes de la basse sont frottées. Le son de la basse frottée tourne en boucle grâce au clavier. Quelques notes de piano. La harpe vient se glisser. La tension monte avec le batteur aux balais, le pianiste qui creuse et la basse qui slappe enfin. Batteur aux baguettes. La basse slappe encore plus fermement. Un funk blanc décalé dont ce trio possède le secret. J'ai entendu 2 morceaux mais il y en avait 3. Ces gars sont trop subtils pour moi.

RAPPEL

Etonnez moi, Benoît! Telle est la constante de Benoît Delbecq, quel que soit le contexte dans lequel il joue, lectrices sphériques, lecteurs coniques.

Ci-dessous, une vidéo d'un concert de Benoît Delbecq & The Recyclers en 2013. Les musiciens n'ont pas changé d'identité mais ils ont évolué et leur musique aussi. 

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Riccardo del Fra se souvient de Chet Baker au cinéma Balzac

Publié le par Guillaume Lagrée

Jazz et Images

Soirée Chet Baker

Cinéma Balzac. Paris. 

Vendredi 9 février 2018. 21h.

Première partie:

concert du Riccardo del Fra Quintet

Riccardo del Fra: contrebasse

Ariel Tessier: batterie

Bruno Ruder: piano

Vincent Le Quang: saxophones ténor et soprano

Jules Jassef: bugle, trompette

Deuxième partie:

 projection du film " Chet Baker. Live at Ronnie Scott's "

Enregistré à Londres au Ronnie Scott's Jazz Club en 1986 avec

Chet Baker: trompette, chant

Michel Graillier: piano

Riccardo del Fra: contrebasse

Van Morrison: chant

Elvis Costello: chant

 

Bienvenue à la 40e abonnée de ce blog. Que les Dieux et les Muses la protègent!

 

Chet Baker est mort à Amsterdam (1929-1988) le 13 mai 1988 dans des circonstances étranges. Suicide ou accident? Qu'il ait vécu jusqu'à 59 ans relève déjà du miracle tant ses doses quotidiennes d'héroïne et de cocaïne étaient impressionnantes. Riccardo del Fra (1956), aujourd'hui directeur du département Jazz et Musiques improvisées au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris, fut son dernier contrebassiste pendant les années 1980. 

Riccardo del Fra est tout à fait légitime pour rendre hommage à Chet Baker. Il l'a fait avec son album " My Chet, my Song " (2014) . Il le fait ce soir, au cinéma Balzac, en jouant sur la scène puis à l'écran. 2018 sera parsemé d'hommages à Chet Baker mort en 1988 et à Claude Debussy mort en 1918. 

Dans le quintet qui joua la première partie de la soirée figure un collègue enseignant au CNSMDP, Vincent Le Quang et un de leurs élèves, Jules Jassef.

Riccardo présente le concert en rappelant que Chet Baker incarnait un lyrisme heureusement représenté en France par une nouvelle génération de Jazzmen. Cf la composition du quintette ce soir.

Sax ténor et bugle. " But not for me " suivi d'une composition de Riccardo del Fra inspirée du morceau précédent. Joli son de bugle à la Chet. Voilé mais pas tremblant. Ca sonne Cool Jazz. Plus énergique avec le batteur aux baguettes. Silence religieux dans la salle. Aucun solo n'est applaudi. Très joli pont au piano. Bel enchaînement. Un morceau aérien où Chet Baker plane comme un aigle au dessus des grands espaces américains comme l'a bien présenté Riccardo del Fra. Le batteur est le moteur mais bassiste et pianiste ne sont pas en reste. Decrescendo final avec un beau dialogue contrebassiste & batteur aux baguettes.

Solo de contrebasse. Cela ressemble à la chanson de Charles Trénet " Longtemps, longtemps après que les poètes ont disparu, leurs chansons courent encore dans les rues " ce qui est une forme d'hommage à Chet Baker en soi. Pianiste et batteur entrent dans la danse en douceur. Batteur aux balais. Ils ont changé de thème. En finesse, en souplesse. Solo de bugle tranquille surplombant la rythmique. Le sax soprano enchaîne et le morceau s'agite. Trop bruyant pour Chet Baker. Joli final en finesse. Le fluide sympathique circule bien. 

" I am a fool to want You " chanté par Frank Sinatra quand Ava Gardner lui brisa le coeur. Joué en duo piano&contrebasse. Grâce et finesse. Fermer les yeux se laisser aller et entendre en soi la voic de Frank Sinatra ou de Chet Baker. Mouvant et émouvant. Riccardo del Fra finit sur une ligne de basse de Ron Carter dans le Miles Davis Quintet

Retour du quintette pour " For all we know ". Duo  piano & sax ténor. Une salle où j'ai la place d'étendre mes jambes, c'est rare. Un point en plus pour le Balzac

La rythmique surgit. Solo majestueux de sax ténor. Ca balance bien. Le bugle entre dans la danse. Concours de solo sensuel entre bugle et sax ténor. Le sexophone gagne. Ca monte en puissance groupé pour finir decrescendo ensemble. Impeccable.

" Beatrice " (Sam Rivers). Chet Baker ne jouait pas que des vieux saucissons. Il jouait aussi des compositions de Wayne Shorter, de Sam Rivers (1923-2011). Béatrice est une déclaration d'amour de Sam Rivers à son épouse. La maison de disques qu'ils fondèrent ensemble s'appelle " RivBea ". Fidèles lecteurs, si vous épousez une Béatrice, vous savez quelle musique lui jouer ou lui faire écouter. Morceau tiré de l'album " Mister B " avec Michel Graillier (piano) , Riccardo del Fra (contrebasse), et Philip Catherine (guitare). Riccardo del Fra a retranscrit le solo de Chet Baker pour les deux souffleurs. Intro en piano solo légèrement dissonant. " Beatrice " de Sam Rivers est un thème enchanteur. Joué par des musiciens de qualité, cela marche forcément. 

Pour terminer, un titre logique, " Leaving " (Richie Beirach). Une ballade souple, tout en douceur.

PAUSE

Riccardo del Fra nous raconte ses souvenirs de Chet Baker, le musicien, pas le drogué. Ce qui reste, c'est sa vérité dans la musique. Chet est un Maître du silence, des phrases signifiantes. Il est très difficile de jouer un solo après Chet Baker. J'ai beaucoup appris avec lui. 30 ans après, Riccardo del Fra parle toujours de Chet Baker au présent. 

Pour ce concert en Angleterre, à Londres, au Ronnie's Scott Jazz Club, en 1986, il n'y avait pas de batteur mais un Américain drogué à la trompette, un Français alcoolique au piano et un Italien impeccable à la contrebasse. Chet Baker avait invité deux de ses fans, des chanteurs, l'Irlandais Van Morrison et le Britannique Elvis Costello qui écrivit pour Chet, la chanson " Almost Blue ". Les morceaux sont entrecoupés d'une interview de Chet Baker qui raconte sa vie de musicien et de camé. Pas gai. Le son de la basse est pourrie comme dit Riccardo del Fra: trop métallique, trop électrique. Le niveau de concentration des musiciens est impressionnant et leur version de " Love for sale " d'anthologie. Les invités s'intègrent superbement à cette musique sans rien perdre de leur identité. Quant au public, il est attentif et attentionné. La vidéo de ce concert se trouve sous cet article. Je vous en laisse profiter, splendides lectrices, superbes lecteurs. J'y ai ajouté un extrait audio de " Dolphin Dance " tiré de l'album " Mister B " cité supra. Du miel pour les oreilles. 

Madame A apprécia tant cet hommage à Chet Baker qu'elle s'offrit à la sortie un album de Riccardo del Fra dédicacé pour l'occasion. Merci à Riccardo del Fra et au cinéma Balzac pour cette soirée d'hommage à Chet avec sentiment mais sans sentimentalisme. 

A titre de comparaison, vous pouvez regarder le court métrage de Bertrand Fèvre " Chet's romance " (1987) où Chet Baker interprète " I am a fool to want You " accompagné d'Alain Jean-Marie (piano), Riccardo del Fra (piano) et George Brown (batterie). 

La prochaine séance du festival Jazz et Images aura lieu au Cinéma Balzac, à Paris, le vendredi 16 mars 2018 à 21h. Elle sera consacrée à Herbie Hancock, Sorcier des claviers.  

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Jon Hendricks par Michele Hendricks

Publié le par Guillaume Lagrée

Jon Hendricks (1921-2017)

par

Michele Hendricks 

 

Propos recueillis à Paris le mercredi 24 janvier 2018

 

Dans « Le Nouveau dictionnaire du Jazz », Michele Hendricks suit Jon Hendricks et précède Jimi Hendrix. La fille suit son père dans l’ordre alphabétique, harmonique, mélodique et rythmique.

Après le décès de son père le 22 novembre 2017 à New York, Michele Hendricks qui vit, chante et enseigne en Ile de France, a bien voulu m’offrir ses souvenirs de Jon Hendricks. Qu’elle en soit remerciée ici et maintenant.

Question : Quel effet ça fait d’avoir un génie pour père ?

Réponse : Il y a les bons et les mauvais côtés. Musicalement, c’était formidable. Il était une inspiration incroyable. Il ne lisait pas la musique mais il comprenait tout à l’oreille et il chantait tous les accords. J’ai grandi avec l’oreille mais j’ai appris, adulte, à lire et écrire la musique pour communiquer avec les musiciens.

Q : Que vous a-t-il transmis comme artiste et comme père ?

R : Il était dans son monde, dans la musique, tout le temps. Il s’occupait de lui. Musicalement, il n’y avait pas de limite. C’était un exemple. Le fait de ne pas être musicien ne le freinait pas. Il se considérait comme un musicien et les musiciens le considéraient comme tel. Il avait des oreilles d’éléphant. Il était très respecté par les musiciens. Je suis une consoeur pour les musiciens même si je ne joue pas.  Mon père disait toujours « Listen » (Ecoute). Il n’enseignait pas mais j’ai retenu cette leçon.

Q : Avec une vie si longue et si riche, des légendes circulent sur votre père. Par exemple, est-il vrai qu’il a débarqué en Normandie le 6 juin 1944, qu’il a déserté à cause du racisme dans l’US Army et a été emprisonné en camp disciplinaire en Allemagne ?

R : C’est vrai qu’il a débarqué en Normandie mais pas dans la première vague du 6 juin 1944. Il était menacé car des Blancs tiraient sur des Noirs dans l’Armée américaine. Il a déserté pour sauver sa peau. Il n’était pas combattant mais secrétaire car il savait taper à la machine à écrire. Il gérait des stocks et a fait du marché noir. Il a gagné de l’argent comme cela. Il a été attrapé, condamné à mort puis à perpétuité mais il a réussi à truquer les papiers pour être libéré. Il était vraiment malin. Il s’est caché deux ans en France alors qu’il était Noir et Américain. C’est là qu’a commencé son histoire d’amour avec la France.

Q : Votre père a vécu 96 ans ce qui est très vieux pour un Jazzman. Je suppose qu’il a eu une vie saine. Comment a-t-il vécu l’évolution de la musique noire américaine du Blues au Rap ?

R : Il a surtout eu une vie clean avec ma mère les 50 dernières années car elle était très bio. Il n’aimait pas l’évolution de la musique noire américaine. Il admettait que la musique devait évoluer mais il n’aimait pas. Par exemple, quand nous vivions à Londres, au début des années 1970, nous sommes allés écouter Miles Davis sur scène. J’étais très excitée d’aller écouter Miles ! Mais c’était le Miles Davis électrique. Il n’aimait pas du tout. Il était Swing et Be Bop. Mais, même dans ce genre, il n’aimait pas la chanteuse Betty Carter. Ses changements rythmiques ne lui plaisaient pas. Il trouvait que c’était une insulte au compositeur. Il est resté dans son style toute sa vie. Moi j’aimais le heavy metal, le hard rock quand j’étais jeune. Après que j’ai écouté un disque de Rock, il me faisait toujours écouter un disque de Jazz, de Swing pour me montrer que c’était mieux.

Q : Votre père est réputé pour son amour des groupes vocaux. Pourquoi ?

R : Il avait des phases où il hésitait en solo et groupe choral. Il aimait les vocalises, le travail en groupe même après Lambert, Hendricks & Ross. Il appréciait ce que faisaient les musiciens et faisait de même avec des chanteurs.

Q : Votre père aimait beaucoup la musique classique au point de chanter avec un orchestre classique, celui de Toledo mais sans jamais devenir chanteur lyrique. Il n’a jamais été tenté de chanter de l’opéra ?

R : Il écoutait beaucoup de musique classique. Il a écrit des paroles sur les orchestrations de Gil Evans. Il a écrit des vocalises sur Rimski-Korsakov et Rachmaninov. Il adorait ces harmonies. Il en pleurait.

Q : Pouvez vous expliquer le spectacle écrit par votre père « Evolution of the Blues » ?

R : C’était un projet pour le Monterey Jazz Festival. C’est une histoire de l’évolution du Jazz depuis l’esclavage, le Blues, le Jazz, le gospel. C’était un super spectacle. Il a tourné cinq ans à San Francisco, un an à Los Angeles. Des problèmes légaux ont empêché de jouer le spectacle à Broadway (New York). J’ai participé à ce spectacle. Le narratif était ponctué par des chants et des danses. Tout était rimé. Même pour ses critiques de Jazz dans le San Francisco Chronicle, tout était rimé. C’était un poète dans l’âme. J’aimerais retrouver ses archives.

Q : Votre mère était-elle chanteuse elle aussi ?

R : Mon père a divorcé de ma mère biologique quand j’avais 4 ans. Ma belle-mère, Judith, chantait. C’était le groupe Jon Hendricks and Family avec son épouse et ses enfants. Ce n’est pas toujours facile de travailler en famille mais j’ai adoré la polyphonie. Il me donnait un morceau et je devais trouver les 4 voix. J’étais la seule à lire et écrire la musique. Je l’écrivais, chantais toutes les voix sans partition. C’était un entraînement incroyable. Je mémorisais les solos ce qui m’aidait à improviser.

Q : Avec une si longue et si riche carrière, Jon Hendricks a eu des admirateurs, des disciples. Les avez-vous rencontrés ?

R : Il avait des admirateurs, des disciples. Il improvisait comme un saxophone. Le jeudi 15 février 2018, à Portland, Oregon, au PDX Jazz Festival, je donnerai un concert hommage avec Kurt Elling. Il aurait dû être là mais nous chanterons pour lui tout de même. Kevin Mahogany est mort il y a quelques semaines. Al Jarreau est mort peu de temps avant. Mark Murphy lui aussi écrivait des mots sur les notes. Bobby Mc Ferrin a chanté avec le groupe Jon Hendricks and Family pendant 11 mois. J’ai beaucoup appris avec lui. Il est incroyable. C’est un de mes Maîtres. Mon père et lui se respectaient. J’ai parlé de lui à mon père. Il a écouté et apprécié. Le groupe, c’était mon père, ma mère, moi et mon frère. Mon frère a quitté le groupe 3 jours avant un concert à New York. J’ai appelé Bobby Mac Ferrin. Il est arrivé et a appris tout le répertoire du groupe en 3 jours. Quelle mémoire ! Lui seul, sur scène, avec un micro, il fait les accords, les mélodies, les percussions, le piano.

Q : Vous avez dit que votre père adorait la France mais il n’y a jamais vécu à part cette période de la Deuxième Guerre mondiale. Pourquoi ?

R : Il y a un respect pour le Jazz en Europe. Les musiciens américains de Jazz gagnent 90% de leurs revenus en Europe. Il voulait vivre en France mais ne l’a pas fait. Chaque excuse était bonne pour venir en France. Nous avons vécu à Londres pendant 5 ans au début des années 70. J’ai alors visité Paris et j’en suis tout de suite tombé amoureuse. Après être tombé amoureuse de Paris, je suis tombé amoureuse d’un Parisien et je me suis installé à Paris en 1991

Q : Comment a-t-il rencontré votre belle-mère ?

R : Ma belle-mère travaillait au Birdland à New York. C’était une fan. D’où leur rencontre pendant un concert de Lambert, Hendricks & Ross.

Q : Jon Hendricks a chanté les Sacred Concerts de Duke Ellington avec le Duke et son orchestre. Quel souvenir en gardait-il ?

R : C’était un des sommets de sa carrière. Il adorait les arrangements du Duke. Aujourd’hui, j’enseigne le chant Jazz et j’ai des élèves qui ne connaissent pas Duke Ellington ! Mais que veulent-ils apprendre ? Aux Etats Unis le Jazz n’est pas enseigné à l’école alors la mémoire de cette musique se perd.

Q : Avez-vous un dernier mot à ajouter sur votre père ?

R : Il adorait les vêtements. C’était un dandy. Même pour sortir dans la rue faire ses courses, il mettait le costume, le gilet, la cravate, la pochette et le chapeau. Sur scène, il ne supportait pas les musiciens mal habillés, mal rasés. Pour lui, c’était un manque de respect pour le public. J’enregistrerai un album en hommage à mon père avec mon groupe et quelques invités. Je ferai aussi du rerecording pour chanter toutes les voix. J’ai une trentaine de chansons écrites par mon père. Il va falloir choisir.

 

En illustration de cet article, je vous propose lectrices Swing, lecteurs Bop, Jon Hendricks chantant sa version du " Watermelon Man " d'Herbie Hancock puis le meilleur groupe vocal de l'histoire du Jazz, Dave Lambert, Jon Hendricks & Annie Ross, improvisant sur " Airegin " de Sonny Rollins. Jon Hendricks chante et mime le solo de saxophone ténor. Ahurissant! Pour mes fidèles lecteurs Yoruba (j'en ai), Airegin est l'anagramme de Nigeria. 

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Thomas Savy Trio souvenirs d'un concert au Sunset

Publié le par Guillaume Lagrée

Thomas Savy Trio

Le Sunset

Paris

Samedi 27 janvier 2018. 20h30

Thomas Savy: clarinette basse, compositions, direction

Stéphane Kerecki: contrebasse

Fabrice Moreau: batterie

" Freedom Changes ", un hommage à Steve Potts à qui je dois mon premier concert de Jazz en club à Paris dans un lieu aujourd'hui disparu, les 7 Lézards. C'était en l'an 2000 avec Hal Singer (sax ténor) comme invité. Grand souvenir. Ca monte et ça descend librement. Morceau d'inspiration Free Jazz en effet. Le tempo s'accélère et la musique s'organise. Bonne onde longue de la rythmique. Premier solo de contrebasse malaxé par le batteur aux balais. Fabrice Moreau pétrit la pâte sonore sur ses tambours. Merveille de délicatesse et de précision. 

" Cigogne endormie " hommage à l'île de la Cigogne dans l'archipel des Glénan (29) en Bretagne. Fort de Vauban, réserve naturelle aux narcisses uniques, plus grande école de voile en Europe, les Glénan inspirent aussi les musiciens. Une ballade. Batteur aux balais. La cigogne est endormie mais elle bouge tout de même. D'ailleurs, le batteur passe aux baguettes.

Batteur aux balais. Un morceau interrogatif. Ca ondule souplement. Un petit air tourne en boucle. Jeu en douceur aux baguettes derrière le solo de contrebasse. Quelle bonne vibration! L'univers est constitué d'ondes en mouvement. C'est ce que nous apprend la physique et la musique. C'était " Sweet Sour " (Joe Lovano).

Une création mondiale pour un morceau écrit le matin même du concert. " Baroque est la banquise " suivi de " Bluesus maritimus ". Stéphane Kérecki joue à l'archet. Effectivement, il y a une influence baroque là dedans. L'air n'est pas froid, contrairement à son titre. Deux femmes et un homme s'en vont. Comme ils bavardaient, leur départ est salué en silence par ceux qui écoutent. Solo de contrebasse sans accompagnement. Grave, profond, bondissant, Stéphane Kérecki nous raconte de belles histoires de Mer.

Un morceau tiré du premier album de Thomas Savy,  " Archipel " (2006). " Single track road ", souvenir des routes écossaises où il est impossible pour deux voitures de se croiser. On sent les cahots de la route grâce à la rythmique. Quant à la solitude, elle s'entend dans le chant de la clarinette basse. Le château royal de Balmoral va surgir à l'improviste dans la lueur des phares. Toujours en douceur et en finesse. Batteur aux baguettes. Un petit air entraînant et mystérieux.

PAUSE

Une partie de la " French Suite " enregistrée en 2009 à New York par Thomas Savy avec Scott Colley (contrebasse) et Bill Stewart (batterie). Ca commence par l'Ouverture, en toute logique. Majestueuse. Roulements des maillets sur les tambours. Son plus grave de la clarinette basse. La contrebasse marque le pas. Fabrice Moreau a repris les baguettes pour jouer plus sec, plus précis. Ils ouvrent le chant du possible. 

Fabrice triture ses tambours aux balais. La contrebasse impulse le mouvement. Petit air chantant, bondissant. C'est charmant, envoûtant même. Bref, je me régale. C'était " Ignition " puis " Atlantique Nord ". 

" Lonnie's Lament " ( John Coltrane). Ballade immédiatement reconnaissable même si elle est jouée sur l'instrument d'Eric Dolphy, ami de John Coltrane, la clarinette basse. Stridences à la Coltrane dans le jeu de Thomas Savy. La rythmique fait monter la tension. Silence d'approbation avant les applaudissements.

" Satellisé " (Stéphane Kérecki). Morceau agité. Rien à voir avec Lou Reed et son " Satellite of Love ". Solo de Fabrice Moreau  aux baguettes. Roulant sur les tambours, léger sur les cymbales. En finesse, toujours.

PAUSE

Il y avait un bref 3e set et pas école le lendemain mais j'avais bu ma tasse de beauté. C'est pourquoi ma chronique cesse hic et nunc

 

Lectrices intrépides, lecteurs aventureux, navré de vous décevoir mais je n'ai trouvé ni son ni image de l'actuel trio de Thomas Savy. A titre de comparaison, voici le trio de 2010 avec Stéphane Kerecki à la contrebasse et Karl Jannuska à la batterie. La musique que j'ai entendu en 2018 me semble plus facile d'accès.

La photographie de Stéphane Kérecki est l'œuvre de l'Invincible Juan Carlos HERNANDEZ. Toute utilisation de cette œuvre sans l'autorisation de son auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales

Stéphane Kérecki par Juan Carlos HERNANDEZ

Stéphane Kérecki par Juan Carlos HERNANDEZ

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