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Dan Tepfer & Garth Stevenson en voyage à Paris

Publié le par Guillaume Lagrée

Dan Tepfer

&

Garth Stevenson

Paris. Jeudi 19 avril 2018. 20h30.

Concert privé sur réservation

Dan Tepfer: piano, ordinateur, chant

Garth Stevenson: contrebasse, pédale, boucles

Dan Tepfer reçoit à Paris son ami Garth Stevenson. Il nous le présente. Une musique ambiante, pour cours de yoga sauf que celle-ci n'est pas mauvaise. C'est comme la musique pour salle de sports. Il semble qu'elle soit faite pour vous dégoûter de faire du sport. Garth Stevenson aime voyager avec sa contrebasse. Il a joué en Antarctique devant des pingouins, des mouettes, des éléphants de mer. 

Première partie: Garth Stevenson

" Dawn ", musique inspirée par les chants de baleine et l'aurore. C'est maritime à souhait. A l'archet. Le chant des baleines transcrit sur une contrebasse. En effet, ça le fait. Selon Kate Stafford, océanographe à l'université de Washington (USA), " les baleines boréales sont des chanteuses de Jazz alors que les baleines à bosse sont des chanteuses classiques ". En effet, les baleines boréales improvisent et varient leurs chants. La raison de cette créativité n'est pas encore trouvée. Les chercheurs cherchent encore. En glissant l'archet de biais et en inclinant la contrebasse, cela produit le bruit des vagues. J'ai entendu ce truc, en version acoustique, avec " Week end à Deauville " de l'Orchestre de contrebasses. Ici, l'effet est amplifié, prolongé grâce à la fée Electricité.

La figure rythmique que Garth Stevenson vient de créer se répète en boucle grâce à l'électronique. Il repart à l'archet, majestueux. C'est lent et scandé comme un marche funèbre. Pour autant, la musique est grave mais pas triste. Toujours inspiré par les abysses. Une musique marine, grave et profonde comme un appel dans la nuit. Digne des Contemplations de Victor Hugo où la Mer est omniprésente. 

Vous ne pouvez pas jouer le chant des baleines à la contrebasse nous dit Garth Stevenson. Il sait de quoi il parle et pourtant il m'a fait croire qu'il pouvait le faire. " Flying " (cf vidéo sous cet article) est inspiré par de méchants albatros qui voulaient le tuer pendant qu'il jouait en Antarctique. Sans aller si loin, un ami s'est fait attaquer par des mouettes alors qu'il marchait le long de la baie de Saint Malo (35). Heureusement, les aboiements de son chien les ont fait fuir car elles visaient la tête et leur bec est capable de percer un crâne humain. La musique est très imagée. J'entends des battements d'ailes, je vois des vols planés menaçants des albatros. Le thème joué à l'archet tourne en boucle alors qu'il improvise en pizzicato voire en percussions sur la contrebasse. Puis il inverse, faisant tourner la pulsation pendant que l'archet étire les sons.

Si j'ai bien compris (mon manque de pratique de l'anglais d'un Canadien qui vit à New York me trahit)  le chant de la baleine (boréale ou à bosses?) est en 3 parties: l'appel aux amis, le passage des amis, la fonte des icebergs. Ce séjour en Antarctique a changé la définition des couleurs blanc et bleu chez Garth Stevenson. Blanc et bleu, deux des trois couleurs des drapeaux américain et français. Toujours des bruitages de mer froide. Dans l'Atlantique Sud, si vous êtes sur un navire, vous vous trouvez à une plus grande distance de toute habitation humaine qu'un astronaute dans une station orbitale autour de la Terre. Le chant des baleines en dessous, celui des mouettes au dessus. Planant.

Deuxième Partie: Dan Tepfer

Dan commence par recycler les sons du concerts précédent avec un ordinateur portable. Musique de jeu vidéo. Il y répond avec des notes plaquées sur le piano. Cela devient un duo piano & ordinateur. Les sons électroniques s'effacent et le pianiste reprend la main. C'est maintenant un solo de piano. Grave et mélancolique, baby. Alternance de jeu entre piano et PC. La musique vogue sur les flots bleus obscurs de l'Atlantique Sud. Parfois, c'est de l'ordinateur que la musique est improvisée alors qu'un son de piano enregistré dans l'instant tourne en boucle. Envoûtant. Un peu de percussions sur le piano pendant qu'une ligne continue sort du PC. La ligne du PC. Une lumière rouge projetée sur le mur qui sert de fond de scène. Dan Tepfer est un communiste! Pourra t-il rentrer aux Etats Unis d'Amérique présidés par Donald Trump après ce concert? Du scat avec vocoder pour créer une nouvelle vibration.

Ce flux continu de création électroacoustique décline jusqu'à cesser.

Enfin, Dan Tepfer et Garth Stevenson ne jouent plus en simple mais en double messieurs.

Un standard de Jazz qui s'imposait après ces deux solos: " Alone together ". La voix de Chet Baker colle parfaitement avec cette version. Elle surgit de ma mémoire et se mêle à ce que j'écoute. Ce n'est pas une madeleine qui se dissout dans mon thé mais c'est proustien. Leur version oscille entre le thème simple et clair et des improvisations parfois acoustiques, parfois électriques. Ils aiment surprendre et varier les plaisirs.

Cela fait des années que j'écoute Dan Tepfer et en écris du bien. Ce blog en porte de nombreuses traces. Grâce à lui, ce soir, j'ai découvert Garth Stevenson et c'est le concert de Garth Stevenson que j'ai préféré. Lui m'a captivé du début à la fin alors que Dan Tepfer m'a parfois perdu en cours de route. C'est le risque avec la musique d'improvisation. Vous suivez ou vous ne suivez pas.

Dan Tepfer sera de nouveau en concert  à Paris, au Sunside, en duo avec Leon Parker (batterie, percussions),  le mercredi 9 mai 2018 à 21h.

 

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No Filter . Le nouvel album de Jérôme Sabbagh a besoin de vous.

Publié le par Guillaume Lagrée

Lectrices non fumistes, lecteurs non fumeurs, rassurez vous, il ne s'agit pas ici de faire de la réclame pour une herbe légale dont la combustion est nocive pour la santé humaine, animale et végétale.

Le saxophoniste ténor français Jérôme Sabbagh, domicilié à New York, a enregistré un nouvel album avec Joe Martin (contrebasse), Kush Abadey (batterie) et Greg Tuoehey (guitare électrique), " No Filter ". Pour produire l'album en CD, vinyle et sur la Toile, un appel aux dons est lancé sur Kickstarter.

Objectif 18 260$. Déjà 10 000€ atteints et il reste 9 jours pour contribuer. C'est jouable. Ce n'est pas déductible fiscalement mais cela vous donnera la satisfaction, lectrices non fumistes, lecteurs non fumeurs, de contribuer à répandre la Beauté. Rassurez vous, même si vous fumez, vous avez le droit de participer.

Pour vous mettre en appétit, voyez la vidéo du quartet en concert sous cet article. 

La photographie de Jérôme Sabbagh est l'œuvre de l'Exécrable Juan Carlos HERNANDEZ. Toute utilisation de cette œuvre sans l'autorisation de son auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales

Jérôme Sabbagh par Juan Carlos HERNANDEZ

Jérôme Sabbagh par Juan Carlos HERNANDEZ

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Sélection de concerts de Jazz en Ile de France et en Bourgogne pour mai 2018

Publié le par Guillaume Lagrée

Lectrices en fleur, lecteurs en fruit, c'est armé d'iniquité et de mauvaise foi que je vous propose la sélection suivante de concerts de Jazz à Paris et en Ile de France pour mai 2018.

Si vous ne pouvez y assister, écoutez les concerts diffusés dans les émissions Jazz Club et Les Légendes du Jazz sur France Musique et Jazz Live sur TSF Jazz.

Pour un panorama complet sur l'Ile de France, voyez Paris Jazz Club. Pour la France et l'Europe, voyez Jazz Magazine.

Le festival Jazz à Saint Germain des Prés fera swinguer Paris du jeudi 24 mai au lundi 4 juin 2018. Concerts gratuits et payants, dedans et dehors, de vieilles branches américaines et de jeunes pousses françaises, y en aura pour tout le monde!

Le festival Parfums de musique à la Roseraie du Val de Marne à l'Haÿ-les-Roses (94) vous enchantera du samedi 19 au lundi 21 mai avec du Jazz cubain, de la Salsa, du fado, du klezmer, du chant mongol et kurde au milieu des roses en fleur.

Le festival des Rencontres Musicales de Noyers à Noyers sur Serein (89) en Bourgogne, un des plus beaux villages de France, ouvrira en avant-première dimanche 20 mai à 18h avec un récital d'accordéon de Richard Galliano, Maître du mélange entre Jazz, tango, musette et classique.

Sunset-Sunside, Paris

Jeudi 3 mai à 21h, Sunside: Claudia Solal & Benjamin Moussay, duo qui m'enchante depuis 12 ans. Je ne m'en lasse pas. 

Mercredi 9 mai à 21h, Sunside: Dan Tepfer (piano ) & Leon Parker (batterie, percussions). Percutant!

Vendredi 11 mai à 21h30, Sunset: Alex Stuart & Warren Walker " Collektor ". Electrique. 

Samedi 12 mai à 21h30, Sunside: Lenny Popkin & Alain Jean-Marie Quartet. La Quintessence du Cool. Cette musique purifie les conduits auditifs et aère les cerveaux. Cf. extrait audio sous cet article.

Vendredi 18 mai à 21h30, Sunside: Dexter Goldberg Trio. Jeune pianiste français prometteur.

Samedi 19 et dimanche 20 mai à 20h30, Sunset: Georges Garzone Crescent Group. Un Boss du Ténor.

Samedi 19 et dimanche 20 mai à 21h30, Sunside: Riccardo del Fra " My Chet My Song " avec Pierrick Pédron (sax alto). Classieux. 

Vendredi 25 mai à 21h30, Sunset: Fred Pasqua Quartet avec Fred Pasqua (batterie), Nelson Veras (guitare), Yoann Loustalot (trompette) et Yoni Zelnik (contrebasse). 

Baiser Salé, Paris

Les Caribéennes de mai, festival de Jazz caribéen tout le mois de mai avec notamment le légendaire flutiste martiniquais Max Cilla, jeudi 10 mai à 21h30.

Duc des Lombards, Paris

Vendredi 11 et samedi 12 mai, 19h30 & 21h30: Tom Harrell Quintet. Un trompettiste bouleversant. 

Lundi 14 et mardi 15 mai, 19h30 & 21h30, Géraud Portal " Let my children hear Mingus ", concerts de sortie du double album enregistré en concert au Duc des Lombards les 15 et 16 décembre 2017.

Jeudi 24, vendredi 25 et samedi 26 mai, 19h30 & 21h30: Randy Weston, Géant du Jazz (2m07 tout de même), qui depuis les années 1960 voyage en Afrique à la recherche de ses racines.

New Morning, Paris

Lundi 7 mai, 21h: Dave Douglas & Joe Lovano rendent hommage à Wayne Shorter. " Sound Prints ". 

Péniche Anako, Paris

Mercredi 9 mai, 20h: " I will follow You ". Jérôme Sabbagh (sax ténor), Ben Monder (guitare électrique), Daniel Humair (batterie). Plus qu'un trio, un triumvirat. Cf photographie de cet article.

Atelier du Plateau, Paris

Samedi 26 mai, 20h, Dominique Pifarély Septet. De l'inouï en vue. 

Péniche Marcounet, Paris

Jeudi 3 mai, 20h. Ronnie Lynn Patterson Trio. Un Maître méconnu du piano. 

Mardi 15 mai, 20h. Yves Torchinsky (contrebasse). 

Mercredi 16 mai, 20h: Le Palimpseste perpétuel Quintet avec Thomas Savy. Esprits curieux, ne pas s'abstenir. .

Mercredi 23 mai, 20h: Carte blanche à Jean-Pierre Como (piano). Musique énergétique et revitalisante. Recommandée aux déprimés. Non remboursée par la Sécurité Sociale ce qui est regrettable.

Le Petit Balcon, Paris

Jeudi 3 mai, 20h30, Michel Edelin (flûte) & Franca Cuomo (chant) partent à la chasse au Snark en duo.

Bal Blomet, Paris

Vendredi 4 mai, 20h30: Desnos et Merveilles. En souvenir de Robert Desnos (1900-1945), poète amoureux du Jazz. 

Samedi 5 mai, 20h30: " Begin the Biguine ", spectacle lyrique, historique, érotique, rythmique de Fabrice di Falco déjà louangé sur ce blog. 

Jeudi 24 mai, 20h30: Jeudi Jazz Magazine. Médéric Collignon joue Miles Davis avec Médéric Collignon (trompette), Yvan Robilliard (piano), Stéphane Kérecki (contrebasse) et Fabrice Moreau (batterie). L'hommage d'un trublion à un Génie. En avant, toute!

 
 
Vendredi 25 mai à 20h Duke Ellington et le jazz 
avec Benjamin MOUSSAY (piano) et Jean-Charles RICHARD (saxophones soprano et baryton)
Ce concert s’inscrit dans une série d’interventions auprès d’enfants des écoles du 18ème arrondissement, pour présenter le jazz et Duke Ellington. Entrée libre dans la limite des places disponibles.
 
 

Le Caveau Jazz, Palaiseau (91)

Vendredi 18 mai, 21h, Suite for Battling Sikki de Mauro Gargano (contrebasse), un hommage au premier Africain champion du monde de boxe, le Français (natif du Sénégal), Battling Sikki.

 

Le Triton, Les Lilas (93)

Vendredi 4 mai, 20h: Yves Rousseau (contrebasse) & Thomas Savy (clarinette basse). Concert de soutien.

Samedi 5 mai, 21h: Henri Texier Sand Quintet. Concert de soutien par un groupe porté aux nues sur ce blog. 

Jeudi 10 mai, 20h: " Hope ". Sylvain Cathala Septet. Attention, ça souffle!

Vendredi 18 mai, 21h: soirée spéciale Aldo Romano (batterie). Aldo, la classe, bien sûr!

Vendredi 25 mai, 21h: Olivier Calmel Double Celli " Immatériel ". Une musique déjà célébrée sur ce blog. 

Samedi 26 mai, 21h: Médéric Collignon et son Jus de Bocse vont nous presser le citron. Show devant!

Musiques au comptoir, Fontenay sous Bois (94)

Vendredi 4 mai à 20h45: " Revisiting the Trane ". Un hommage à John Coltrane (1926-1967) avec Jazz, Hip Hop et violons

Jeudi 24 mai à 20h45: " Letters to Marlene ", un hommage à Marlène Dietrich (1901-1992) avec archives sonores des années 1930-1940 par Guillaume de Chassy (piano), Christophe Marguet ( batterie) et Andy Sheppard (saxophones). 

Centre Musical des Bords de Marne, Le Perreux sur Marne (94)

Mardi 15 mai, 20h30, Daniel Zimmerman Quartet " Montagnes Russes ", musique déjà célébrée sur ce blog.

Espace Sorano, Vincennes (94)

Samedi 5 mai à 20h30: Jeb Patton+Dimitri Baevesky

Samedi 26 mai à 20h30: Jacky Terrasson (piano) + Stéphane Belmondo (trompette) = Terramondo.

La photographie de Jérôme Sabbagh est l'œuvre de l'Insupportable Juan Carlos HERNANDEZ. Toute utilisation de cette œuvre sans l'autorisation de son auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales.

En souvenir de Mai 68, Claude Nougaro chante " Paris Mai " accompagné d'Eddy Louiss (orgue Hammond) et Daniel Humair (batterie). J'ai demandé à Daniel Humair (1938), seul survivant de cette séance, qui était le deuxième batteur. Il l'a oublié. 

Jérôme Sabbagh par Juan Carlos HERNANDEZ

Jérôme Sabbagh par Juan Carlos HERNANDEZ

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" Begin the Biguine " par Fabrice di Falco au Bal Blomet

Publié le par Guillaume Lagrée

" Begin the biguine "

Fabrice di Falco & Co

Bal Blomet

Paris. Jeudi 12 avril 2018. 20h30

Spectacle joué le samedi 5 mai et le jeudi 7 juin 2018

(même heure, même lieu)

 

Fabrice di Falco: chant, conte, danse

Jonathan Goyvaerts: piano

Julien Leleu: contrebasse

Aurélien Pasquet: batterie

Max Cilla: flûte

  ? : violon

A l'écran, des images de la ville de Saint Pierre en Martinique (France), enfin de ce qu'il en reste après l'éruption de la Montagne Pelée en 1902. Dans les ruines du théâtre, Fabrice di Falco avance et chante. Il s'efface à l'écran pour apparaître sur scène et chanter avec sa voix haut perchée (contre ténor). La flûte de Max Cilla ajoute de la créolité au trio de Jazz et à la voix baroque. Ca balance doucement. 

Retour au classique avec un duo voix & contrebasse à l'archet. Le théâtre de Saint Pierre offrait tous les genres de musique depuis les chanteurs lyriques venus de l'Opéra Garnier à Paris jusqu'à la musique de compositeurs martiniquais, pères de la biguine. A l'écran apparaît le théâtre de Saint Pierre reconstitué en images 3D par Martial Bazabas. C'était un beau théâtre. 800 places assises. La musique repart vers le Jazz avec la contrebasse slappée, la flûte, le batteur aux balais, le jeu du pianiste mais le chant reste purement classique. Bach s'encanaille à la biguine. 

Chant en allemand accompagné par la rythmique qui joue Jazz. Retour à l'histoire du théâtre. " Seule une éruption pouvait détrôner le théâtre de Saint-Pierre ". Solo de contrebasse. Pianiste et batteur arrivent en douceur pour un " Ave Maria " sur un rythme de ballade avec le batteur aux balais (cf extrait audio sous l'article). Fabrice di Falco nous parle des premiers compositeurs en créole de l'opéra de Saint-Pierre. Il nous raconte l'histoire du Chevalier de Saint Georges, métis de Guadeloupe, qui donna des cours de musique à Marie Antoinette, Reine de France. 

Une berceuse en français portée par la rythmique " Dors mon enfant ". Un violoniste a succédé au flutiste. Il attend son tour pour jouer. Duo chant & contrebasse en pizzicato. Un chant révolutionnaire français apparemment. La rythmique démarre sur un air qui balance bien. Jolies vocalises. 

Retour à l'histoire du théâtre avec un passage en créole assez osé. Retour au sérieux et au français. Une chanson d'amour en français. Fabrice di Falco chante sur un ton plus grave que d'habitude. " Viens je t'attends ". Après l'érotisme, le romantisme. Cet homme sait varier les plaisirs. Il remonte dans l'aigu. Quelle amplitude vocale! Silence puis applaudissements.

" J'irai revoir mes Antilles " libre variation sur " J'irai revoir Syracuse " rendu célèbre par Henri Salvador né en Guyane de parents Guadeloupéens, sa mère descendant d'Indiens Caraïbes.  

L'ancêtre du Jazz, c'est la biguine affirme Fabrice di Falco. C'est discutable même si le Jazz est une musique caribéenne puisque né à La Nouvelle Orléans

" Maladie d'amour ", toujours d'Henri Salvador mais chanté en français, sans créole. Les tambours roulent bien sous les baguettes, bonne relance piano et contrebasse. 

Retour à l'Histoire. Les esclaves en Martinique travaillaient et jouaient la musique des colons. En se l'appropriant, ils créent la mazurka pas comme les Polonais, la polka pas comme les Tchèques et la biguine comme personne. Le dernier directeur du théâtre de Saint Pierre, M Charvet supprima la distinction raciale dans son théâtre. La place était attribuée en fonction du prix payé et non de la couleur de peau. Par rapport à la situation des théâtres de la Nouvelle Orléans en 1900,la différence est remarquable.

Enfin, le violoniste se met à jouer. Une biguine joué avec un violon créole, ça sonne superbement et ça balance doucement, sous le vent. 

De nouveau, une chanson d'Henri Salvador, " Le loup, la biche et le chevalier ", plus connu sous le titre " Une chanson douce ". Le pianiste est passé à la guitare, le batteur n'a gardé qu'un simple tambour, la contrebasse garde sa place. Tout en douceur et en langueur.

Retour à l'Histoire. La biguine traverse l'Atlantique et arriva à Paris au 33 rue Blomet, dans le 15e arrondissement au Bal Colonial, que Robert Desnos appela " Bal Nègre ", sans aucune connotation péjorative. Stellio (1885-1939) et Ernest Léardée (1896-1988) rendirent ce bal célèbre dans le monde entier. Les Américains y débarquaient avant 1940. Cole Porter (1891-1964), qui aimait tant Paris, notamment parce qu'il pouvait y aimer qui il voulait (il était bisexuel), écrivit " Begin the biguine ", titre de ce spectacle. Le violon attaque. La rythmique enchaîne. De chanteur, Fabrice di Falco devient chef de chœur, faisant chanter le public. 

Enfin, violoniste et flûtiste jouent ensemble. Un air antillais. Fabrice di Falco invite une dame du premier rang à danser. Le groupe assure, le public bat la mesure et Fabrice di Falco guide de main de maître quatre danseuses à tour de rôle. C'est festif et joyeux malgré la fin dramatique du théâtre de Saint Pierre qui disparut comme toute la ville en 1902 sous les laves de la Montagne Pelée (30 000 morts dont le gouverneur de Martinique qui avait interdit d'évacuer la ville). 

RAPPEL

Un " Ave Maria " avec tout le groupe, beau et paisible.

 

Spectacle joué de nouveau à Paris, au Bal Blomet,  le samedi 5 mai et le jeudi 7 juin 2018 à 20h30. Si vous voulez danser avec Fabrice di Falco, placez vous au premier rang et restez jusqu'à la fin du spectacle, honorables lectrices. 

La date du 5 mai sera spéciale puisque le spectacle commémorera les 170 ans de la deuxième abolition de l'esclavage en France (première par la Première République en l'an II, seconde par la Deuxième République en 1848, Napoléon Bonaparte l'ayant rétabli entretemps à la demande notamment de son épouse Martiniquaise, Joséphine de Beauharnais, fille de planteur). 

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" Petites histoires du violon " Laurent Zakowski

Publié le par Guillaume Lagrée

Dominique Pifarély par Juan Carlos HERNANDEZ

Dominique Pifarély par Juan Carlos HERNANDEZ

" Petites histoires du violon "

Laurent Zakowski

Editions Aedam Musicae.

Château Gontier (53). 248p. 2018. 23€.

 

Lectrices au piano, lecteurs au violon, je vous ai déjà narré " La facture du piano et ses métamorphoses " par Ziad Kreidy, pianiste et musicologue. L'auteur nous raconte la transformation du piano suite à l'industrialisation de sa fabrication, les avantages en termes de puissance et d'homogénéité du son et les inconvénients en termes de standardisation qui en découlent.

Voici que le même éditeur mayennais, Aedem Musicae, nous livre les " Petites histoires du violon " par Laurent Zakowski, luthier. Après l'analyse d'un artiste, celle d'un artisan. Formé à Mirecourt (88) puis dans les ateliers de la rue de Rome près de l'ancien siège du Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris. 

Ce sont d'anciens articles de son blog que nous livre sous format papier Laurent Zakowski, aujourd'hui installé à Orléans (45). Il y réfléchit, au fil des pages, sur l'histoire du violon comme objet, sur les grandeurs et servitudes du métier de luthier, sur la symbolique sexuelle et spirituelle de l'instrument, sur l'importance du violon chez les Juifs et les Tziganes. Le violon est le seul instrument qui ait une âme. L'auteur explique pourquoi. ll explique aussi pourquoi l'alto n'est pas un violon en plus grand mais un autre instrument. 

Je connaissais l'histoire juive. " Pourquoi tant de Juifs chez les grands violonistes? Tu te vois traverser l'Europe avec un piano? ". Comme le fait remarquer Laurent Zakowski, la flûte prend encore moins de place mais elle est beaucoup plus compliquée à fabriquer (du moins pour la flûte traversière en métal) que le violon. Avis de luthier donc de professionnel de la profession.

Chaque chapitre est court puisqu'il correspond à un article de blog. Un beau dessin de violon avec tous ses éléments détaillés permet à l'ignorant comme moi de s'y retrouver. Vous pouvez lire le livre dans l'ordre comme je l'ai fait ou en piochant au hasard, comme pour un livre de contes. Ce sont des dizaines de belles histoires sur cet instrument magique, diabolique à sa naissance, divin aujourd'hui (l'auteur explique les raisons de cette évolution).

Que manque t-il dans ce livre? L'explication de l'expression " au violon " bien connue des forces de l'ordre et des délinquants. Le violon en plastique, matériaux composites et branché sur l'électricité. Le Jazz alors que la France est le seul pays au monde à posséder une école de violon Jazz, le Centre des Musiques Didier Lockwood à Dammarie-les-Lys (77). Et tous ces musiciens noirs américains qui jouèrent du Jazz parce que la musique classique leur était interdite: Ray Nance et Stuff Smith pour le violon, Charles Mingus qui passa du violoncelle à la contrebasse parce que tu ne peux pas slapper un violoncelle, mec et que la contrebasse, c'est noir. Le classique y perdit peut-être mais le Jazz y gagna beaucoup. Peu importe puisque la réflexion de l'auteur se poursuit sur son blog.

Pour agrémenter ce livre de Jazz, rien qu'en restant sur ce blog, lectrices au piano, lecteurs au violon, vous pourrez écouter Stéphane Grappelli (cf vidéo sous cet article), Didier Lockwoood, Dominique Pifarély (cf photographie de cet article), Jean-Luc Ponty (cf extrait audio au dessus de cet article) et Scott Tixier, tous Français et violonistes de Jazz. 

La photographie de Dominique Pifarély est l'œuvre de l'Exceptionnel Juan Carlos HERNANDEZ. Toute utilisation de cette œuvre sans l'autorisation de son auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales

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Henri Texier Jazz comme une Image au cinéma Balzac

Publié le par Guillaume Lagrée

Jazz et Images

Cinéma Balzac

Paris. Vendredi 6 avril 2018. 21h

Première partie:

Concert du Henri Texier Sand Quintet

Henri Texier: contrebasse, compositions, direction

Sébastien Texier: clarinettes, saxophone alto

Vincent Le Quang: saxophone ténor et soprano

Manu Codjia: guitare électrique

Gautier Garrigue: batterie

Deuxième partie:

Projection du documentaire " Henri Texier I Hope " de Jean-Pierre Zirn (2017)

 

La séance finale de la 3e édition du festival Jazz et Images au Cinéma Balzac se clôt en toute logique avec Henri Texier. En effet, Daniel Humair (batterie) et François Jeanneau (saxophone) l'y précédèrent, les 2 autres chefs du trio Humair/Jeanneau/Texier. 

Le groupe attaque direct par un morceau qu'Henri Texier (1945) jouait en solo dans les années 70. Bonne onde positive. La contrebasse nous tient chaud au ventre. Solo de sax ténor que relance le sax alto. Ca fait du bien par où ça passe. Solo doucement grondant de la guitare. Les souffleurs relancent la vague. La vibration se poursuit avec un solo de batterie. Retour groupé au thème pour le final.

Duo bassiste & batteur aux baguettes. Clarinette basse & sax soprano. Ca chante toujours. Normal, c'est du Texier. Solo nerveux du soprano poussé par la rythmique, ponctué par la clarinette basse et la guitare qui reprend la main. Manu Codjia a toujours l'art de souffler le chaud et le froid en même temps. Toujours cette vibration de la contrebasse qui tient le groupe. Ponctuée légèrement par la guitare et la batterie aux baguettes. Retour du groupe pour ce superbe thème majestueux qui nous raconte une belle histoire. Deux notes de contrebasse et enchaînement sur un Blues lent. Toujours le même thème mais revisité à la façon Texier. Grognements de la clarinette poussée par la rythmique. Beau blues de la guitare. La force tranquille. Retour groupé au thème pour le final. Que c'est bon, nom de Zeus!

Un morceau des années 90. La contrebasse entame. Les baguettes du batteur martèlent doucement le tempo. Nous sommes bercés avec subtilité et quelques pointes d'acidité (sax soprano et guitare). Clarinette et soprano font monter la tension. Le groupe reprend le thème. Je plane sans autre produit stupéfiant que la musique. Aucun danger pour la santé.

La contrebasse enchaîne sur un tempo rapide. Le batteur joue vite et précis. Retour des saxophones alto et ténor. Gros dialogue contrebasse&batterie. Puissant et énergique. Belle vague. La guitare se joint au jeu. Solo de batterie aux baguettes, tout en vibration. Retour au thème. Ils ne font que jouer. Pas de présentation des musiciens ni des morceaux. Concentrés sur la musique. Quel art de la mélodie, sapristi! Ca chante dans le coeur. 

Fin du concert et présentation du groupe par Henri Texier.

RAPPEL

Le morceau final de l'album, " Quand tout s'arrête ". Sax ténor et clarinette. Superbe envoi final.

Monsieur L découvre Henri Texier ce soir. Ce morceau final est son préféré. Je ne lui donne pas tort.

Présentation de Jean-Pierre Zirn, l'auteur du documentaire " Henri Texier I Hope ". De 1977 à 2001, le citoyen Zirn réalisa des documentaires sur les peuples du monde. En 2001, le Nice Jazz Festival le persuada de venir filmer des concerts. Depuis, il filme des concerts de Jazz et réalise des documentaires sur des Jazz(wo)men. 

" Henri Texier I Hope " est un portrait d'Henri Texier (1945) avec témoignages de l'artiste, images d'archives, témoignages d'amis musiciens, enregistrements de concerts. 

Quelques mots d'Henri Texier dans le film retenus au hasard, Balthazar.

" La contrebasse, c'est la colonne vertébrale sur laquelle tout le monde se connecte ". " Si ça ne fonctionne pas entre bassiste et batteur, c'est cuit. Il n'y a pas d'orchestre ". " Parfois on a vraiment l'impression de tenir l'orchestre, de permettre aux autres de s'exprimer librement ". " La caractéristique de cette musique, le Jazz, c'est tension-détente ". Ce sont là des vérités premières du Jazz qu'il faut rappeler sans cesse. 

J'en retiens aussi l'importance des rencontres avec les musiciens américains pour se légitimer comme musicien de Jazz car, après tout, Henri Texier n'est ni Noir, ni Américain. D'abord Art Farmer puis surtout Phil Woods et son European Rhythm Machine composée de deux Suisses et un Français, Georges Grüntz, Daniel Humair et Henri Texier. Il oublie, mais peut-être est-ce un mauvais souvenir, le premier enregistrement de Lee Konitz & Martial Solal. C'était à Rome en 1968, avec Daniel Humair et Henri Texier. Premier chef d'oeuvre en quartet. Lee Konitz et Martial Solal sont amis et ne cessent de jouer ensemble depuis. 

L'unité dans la diversité est bien mieux vécue chez Henri Texier que dans l'Union Européenne. Telle est la leçon de ce beau documentaire de Jean-Pierre Zirn.

Le documentaire " Henri Texier I Hope " n'étant pas encore disponible sur la Toile, je vous propose, à la place, lectrices sélectives, lecteurs exigeants, " Les là bas " joué par le Henri Texier Sand Quintet sur l'album " Sand Woman " (extrait audio) puis en concert au Triton (extrait vidéo). 

La photographie d'Henri Texier & Manu Codjia est l'oeuvre de l'Irrésistible Juan Carlos HERNANDEZ. Toute utilisation de cette oeuvre sans l'autorisation de son auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales

Henri Texier & Manu Codjia par Juan Carlos HERNANDEZ

Henri Texier & Manu Codjia par Juan Carlos HERNANDEZ

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Hommage à Jacques Higelin (1940-2018) sur France Culture

Publié le par Guillaume Lagrée

RECLAME

 

Lectrices en tête, lecteurs en l'air, France Culture rend hommage à Jacques Higelin (1940-2018)

avec des émissions de 1971 à 2018. A consommer sans modération. 

Avec son goût du Swing, son sens de l'improvisation, sa folie, sa démesure, son appétit pour les métissages culturels, Jacques Higelin avait tout du Jazzman sans être breveté comme tel par l'Académie du Jazz.

En 1960, appelé français en Algérie, il libérait son esprit en écoutant " Pour ceux qui aiment le Jazz " de Frank Ténot et Daniel Filipacchi sur Europe 1. Lisez ses " Lettres d'amour d'un soldat de vingt ans " pour comprendre cette blessure inguérissable que fut pour lui la Guerre d'Algérie.

Seul avec sa guitare sèche  à l'Olympia, Jacques Higelin passa tout le concert à hurler pour s'imposer face à un public hostile. En retournant en loge, il croisa le groupe de la 2e partie: Sly and The Family Stone. Filles sublimes, vêtements et coiffures extravagants, orchestre rutilant. Le public était conquis avant même que le groupe ait joué une note. Et puis quand Larry Graham lança la ligne de basse de " Thank You falletinme be mice celf agin ", le public était en extase. Là, Jacques Higelin comprit l'importance du spectacle dans la musique. D'où " Champagne ". 

Il avait même écrit la chanson pour son enterrement, en poète avisé qu'il était. " Je suis mort qui, qui dit mieux " (extrait audio sous cet article).

Ses trois derniers albums ont été réalisés avec trois musiciens référencés sur ce blog: Benoît Delbecq, Rodolphe Burger et Sarah Murcia. Voici leurs témoignages sur Libération.

Mais revenons à Jacques Higelin et au Jazz moderne. " Chope la soupape " en duo avec Areski Belkacem (percussions) le 22 janvier 1969 à l'ORTF au cabaret de Patachou. Les paroles n'ont pas dû être expliquées aux enfants, à l'époque.

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Thibault Gomez Quintet rêve en grand au Studio de l'Ermitage

Publié le par Guillaume Lagrée

Thibault Gomez Quintet

Studio de l'Ermitage

Paris. Lundi 2 avril 2018. 20h30.

Concert de sortie de l'album " La Grande Rêveuse "

 

Première partie

Eve Risser: piano

Comme me disait Suzanne Lagrée, ma grand-mère, quand un plat ne me plaisait pas: " C'est bon pour ceux qui aiment. N'en dégoûte pas les autres. " Rien à ajouter.

Deuxième partie

Thibault Gomez: piano, compositions, direction

Etienne Renard: contrebasse

Benoît Joblot: batterie, compositions

Robinson Khoury: trombone

Pierre-Marie Lapprand: saxophones ténor et soprano

Attaque énergique d'entrée. Une sorte de feeling latino décalé. Les souffleurs barrissent joyeusement. Jolis tintements des bords de caisses. La contrebasse marque le pas. C'était " Danse avec moi " qui ne figure pas sur l'album. Belle invitation pour commencer un concert. 

" Les escargots n'ont pas d'oreilles " suivi de " La grande rêveuse ", le titre album. Joli dialogue de sons étouffés entre piano et batterie. L'escargot est un légionnaire. Il fait toujours front. De plus, il perçoit les sons sans oreilles. Gros son des souffleurs alors que la rythmique reste mystérieuse. Un son de sax ténor velu, hérité d'Archie Shepp et d'Albert Ayler

Un rythme qui sonne ouest africain. Ca balance doucement. Bel enchaînement pour " La Grande Rêveuse ". Le passage du pont se fait aisément. Ca balance bien. Ce rêve est agité mais joyeux. Phases calmes et nerveuses se succèdent. Le piano sonne comme un balafon. Dans la salle, le Maestro de ces jeunes gens au Conservatoire, il Signore Riccardo del Fra

Un peu de piano préparé en résonance avec la batterie. Les souffleurs viennent ajouter leurs grognements. Des coups d'archet sur la contrebasse pour ponctuer. Le batteur passe aux maillets pour faire résonner délicatement les tambours. Les souffleurs étirent les sons. Le morceau est comme une longue introduction, jusqu'au bout.

" Flip on flury " (Billy Strayhorn). Cet arrangement vient de permettre au groupe de gagner un prix à Amsterdam, quelques mois après avoir gagné le Tremplin Jazz d'Avignon. Autant en profiter. Ces musiciens sont des bêtes de concours mais vous ne les entendrez pas au Salon de l'Agriculture. La tempête gronde, s'apaise, repart. Ne sortez pas de vos abris! Phase de calme avec un duo contrebasse&trombone. Puis la rythmique repart et ça s'agite doucement. " Magnifique " s'exclame une spectatrice enthousiasmée. 

" Crapauduc ". Le crapauduc sert aux crapauds à traverser les routes sans se faire écraser par les automodébiles. Le morceau est en  3 parties:

1. La construction du crapauduc

2. L'émerveillement des crapauds devant le crapauduc

3. Les amours des crapauds rendues possibles grâce au crapauduc

Les bruits du chantier. Ca grince, grogne, souffle. J'attends le groupe de BTP qui utilisera cette musique pour sa publicité. Sans transition, l'émerveillement des crapauds devant leur pont. Beauté et douceur au programme. Un solo de piano scintillant avant un majestueux duo piano&trombone. Fin dans un souffle.

" Tu regardes la télé ". Zapping de styles musicaux alternant agréable et désagréable; vif et lent, calme et violent comme la télé quand vous zappez. Démonstration très efficace.

" Allez Debout " qui ne figure pas sur l'album. Un morceau lent, mystérieux. Souffleurs et rythmique se répondent avec grâce. Le groupe attaque en bloc avec le sax soprano. Le batteur fait grincer ses tambours avec les pointes de ses baguettes. Le groupe installe une tension. 

Un morceau sans titre suivi de " Voyons Monsieur, sortez de chez moi et rentrez chez vous ", un morceau sur les gens intrusifs avec un motif rythmique de plus en plus envahissant. Le morceau sans titre est une dérivation de " La Grande Rêveuse ". Sax ténor et trombone créent une vibration commune. Le son ondule comme une sirène d'alarme. Le batteur martèle le tempo aux baguettes. Grosse pulsation de la contrebasse. Le piano creuse dans le grave. Belle onde collective qui nous transporte. Solo de batterie. Les tambours résonnent avec des coups de baguettes sec et longs. Bien joué.

" Voyons Monsieur, sortez de chez moi et rentrez chez vous ". Beau titre pour conclure ce concert. Sax soprano. Un motif rythmique revient sans cesse, de plus en plus présent. Les montagnards sont là. Tous Savoyards, formés à Chambéry, aujourd'hui à Paris.

RAPPEL

" Prunelle ", composition du batteur Benoît Joblot, qui conclue aussi l'album.

Après un premier petit concert, l'écoute de leur premier album, le quintette de Thibault Gomez m'a de nouveau enchanté pour ce concert de sortie. Rêve général au programme! Je leur souhaite d'être programmés partout où cela est possible et spécialement l'été, en plein air, dans les alpages de Savoie. C'est là que ces Valeureux pourront donner la pleine mesure de leurs talents. 

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" Jazz, les échelles du plaisir " Olivier Roueff

Publié le par Guillaume Lagrée

" Jazz, les échelles du plaisir "

Olivier Roueff

Editions La Dispute, Paris, 2013, 365 pages.

" Jazz, les échelles du plaisir. Intermédiaires et culture lettrée en France au XX° siècle " . Tel est le titre de la thèse de doctorat ès lettres et sciences humaines que soutint Olivier Roueff en 2007. Il en fit ce livre et un site Internet Plaisirs du Jazz qui forment une mine inépuisable d'informations sur la réception critique et publique du Jazz en France au XX° siècle. Il ne s'agit pas du tout d'un traité d'érotisme musical.

En voici les chapitres, lectrices lettrées, lecteurs savants, 

Introduction: Une géographie des aventures musicales

Chapitre I: L'avènement du rythme pulsé (afro)américain (1903-1912)

Chapitre II: Les puissances d'évocation du jazz-band (1917-1926)

Chapitre III: Le jazz hot ou l'art des discophiles (1928-1939)

Chapitre IV: Le jazz-club, le concert et la domestication des audiences (1941-1954)

Chapitre V: Expériences du free jazz (1960-1978)

Chapitre VI: Le jazz au second degré: le Pelle-Mêle (Marseille, 1979-2000)

Chapitre VII: La musique pour voir: Instants Chavirés (Montreuil, 1991-2001)

Conclusion: le jazz au cœur de la culture lettrée

Vous remarquerez, lectrices lettrées, lecteurs savants, que le docteur Roueff a des trous dans sa raquette: 1912-1917, 1926-1928, 1939-1941, 1954-1960. Peccadilles. Cela ne nuit pas à la validité de sa thèse. Aux Etats Unis d'Amérique, le jazz est une musique populaire, déconsidérée car elle est née dans les maisons closes de La Nouvelle Orléans (comme le tango est né dans ceux de Buenos Aires) et est jouée par les outsiders comme disent les Américains (Noirs, Italiens, Juifs et Tziganes). En France, par contre, cette musique fut tout de suite élitiste et l'est restée. Jean Cocteau, de l'Académie française, fut le premier président de l'Académie du Jazz (l'académisme, maladie typiquement française). 

Plutôt qu'aux musiciens, Olivier Roueff s'intéresse aux médiateurs du Jazz en France: patrons de clubs, de bars, de restaurants, de dancings, critiques, programmeurs de festivals...

C'est dans ce livre que j'ai découvert l'histoire du lieutenant James Reese Europe qui donna les premiers concerts de Jazz en France, en débarquant avec l'US Army à Brest et Saint Nazaire en décembre 1917 et janvier 1918. 

L'auteur va jusqu'au Jazz d'aujourd'hui puisqu'il parle de deux clubs toujours en vie, le Pelle Mêle à Marseille (13) pour la vieille école et les Instants Chavirés à Montreuil (93) pour la nouvelle, toute passerelle entre les deux genres n'étant pas coupée comme le démontre le saxophoniste Olivier Témime, cité dans le livre. 

Bref, vous l'aurez compris, lectrices lettrées, lecteurs savants, c'est à une lecture à la fois instructive et divertissante que je vous invite avec l'œuvre d'Olivier Roueff, Jazz, les échelles du plaisir

La photographie de Peter Giron (contrebasse) et Christine Flowers (chant) est l'œuvre du Savant Juan Carlos HERNANDEZ. Toute utilisation de cette œuvre sans l'autorisation de son auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales. Le tabac nuit à la santé humaine, animale et végétale.

Peter Giron et Christine Flowers par Juan Carlos HERNANDEZ

Peter Giron et Christine Flowers par Juan Carlos HERNANDEZ

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