Les Frères Ferré reçoivent au Sunside
Quartette des frères Ferré
Le Sunside
Paris, Ile de France, France
Jeudi 2 janvier 2025, 21h30
Concert de réédition de l’album « Soir de Paris »
Boulou Ferré : guitare
Elios Ferré : guitare
Alain Jean-Marie : piano
Gilles Naturel : contrebasse
Sur l’affiche, le concert au Sunside est annoncé à 21h. Sur Internet et sur le billet, il est annoncé à 21h30. Alain Jean-Marie arrive à 21h20, regarde sa montre et m’annonce qu’il a le temps puisque le concert commence dans 40 mn. Soit 22h. Le concert a commencé à 21h35. 21h30 était donc le bon horaire.
« On peut s’inspirer de Django mais pas le copier. Sinon, on est arrêté pour usage de faux ». (Matelo Ferret, père de Boulou & Elios Ferré).
Le concert commence par une composition de Django Reinhardt, « Place Pigalle ». Enregistré dans sa dernière séance de studio en 1953 avec, au piano, Martial Solal, pour qui c’était la première séance de studio. Un passage de témoin entre deux géants du Jazz, Français à la reconnaissance internationale. Départ en duo de guitares. Deux frères discutent en musique. Chaque note est pincée, distillée, infusée. Ils arrivent au thème repris par la contrebasse qui marque le tempo. Le pianiste vient ajouter sa finesse à celle de l’ensemble. Ca swingue délicatement. Le Maestro Alain Jean-Marie prend la main au piano. Solo de contrebasse avec le léger gratouillis des guitares. Coda annonce Boulou et ça descend doucement vers le final (Coda : queue en italien). Citation de « Killer Joe » composé par Benny Golson et rendu célèbre par Quincy Jones.
« Troublant boléro » (Django Reinhardt). Une de ses dernières compositions. Ca balance bien. Impulsé par le piano et la contrebasse. Les guitares décollent. Ce n’est pas le Boléro de Ravel, c’est celui de Django. Je m’endors déjà bercé par tant de douceur et de beauté. Le temps s’étire paresseusement.
« Anoumane ». Composition de Django Reinhardt enregistré lors de sa dernière séance en studio (1953), à la guitare électrique, avec Martial Solal au piano. De nouveau, une délicieuse berceuse. Massage cérébral du piano. Les guitares enchaînent tranquilles. Citations de Michel Legrand : « Les moulins de mon cœur » et « What are you doing the rest of your life ? ».
Je n’ai pas entendu le titre mais j’ai reconnu le thème. « Swing 42 » de Django Reinhardt. C’est plus énergique mais moins que l’original de Django. Ambiance feutrée, fin de nuit alors qu’il n’est que 22h10. C’est l’état d’esprit du groupe ce soir. Solo de contrebasse finement ponctué tour à tour par le piano et les guitares. La grande classe.
« Rue des trois frères », une pièce difficile à jouer annonce Boulou Ferré. Il commence par une adaptation en guitare solo de la valse n°1 opus 69 ou valse de l’Adieu de Frédéric Chopin. Très romantique évidement. Jolies trouvailles harmoniques. Jeu délicat, sensible, passionné. Puis ça part sur un air manouche tout en restant romantique. Allez Elios ! dit Boulou. Ca monte et descend par vague. La contrebasse ajoute sa pulsation. Une espagnolade à la guitare. Du Granados m’explique mon ami, Monsieur E . Ca sonne plus énergique.
PAUSE
En résumé, Boulou est plus soliste et joue dans l’aigu (cordes de métal je suppose) et Elios est plus rythmicien et joue dans le grave (cordes en nylon).
Solo de guitare pour commencer. Un standard de Jazz. Du Be Bop. Le titre m’échappe. Je reconnais une citation de « What is this thing called love ? » que jouèrent si souvent ensemble Martial Solal & Lee Konitz.
« All the things you are », un des 7 morceaux qu’il suffit de connaître par cœur pour être musicien de Jazz disait Lee Konitz. Après le solo de piano en intro, le thème apparaît clair et net. Le 4tet sonne toujours aussi gracieux.
« Israël » (Johny Carisi). Un thème fétiche pour Bill Evans. Duo contrebasse & guitare pour commencer. La guitare de Boulou rebondit sur la pulsation de la contrebasse de Gilles. Ils jouent une sorte d’intermezzo baroque. Le quartette enchaîne sur le thème. Ca swingue tranquille. Le pianiste prend la main. C’est délicieux. Absolument délicieux. Pas de batteur. Ca ancrerait trop cette musique aérienne et puis ils ont le tempo intérieur. Solo de Gilles Naturel à l’archet, sans accompagnement. Ca vibre, grogne, grince, chante Solo de Boulou avec une citation de JS Bach puis des Beatles (« Eleanor Rigby »). Erik Satie pour la coda.
Boulou cite ses Maîtres dont le guitariste attitré de Louis XIV, Robert de Visée. Solo de guitare de style baroque. Retour au Jazz en 4tet. Le public, concentré, n’applaudit pas. Bravo, Elios ! dit Boulou. Alain Jean-Marie prend la main et ramasse la mise au piano. Toujours impeccable. Courte citation à la guitare de « Saint Thomas » de Sonny Rollins.
Manu Le Prince monte sur scène chanter « Insensitive » la version anglophone d’Insensatez d’Arturo Carlos Jobim. Il est 23h45. Nous avons école demain et avons eu notre dose de beauté. Monsieur E et moi partons de concert.