Rick Margitza Quartet in Paris
Rick Margitza Quartet.
Paris. Le Sunside. Samedi 18 juillet 2009. 21h.
Rick Margitza : saxophone ténor
Manuel Rocheman : piano
Riccardo del Fra : contrebasse
Jeff Boudreaux : batterie
+
Chloé Cailleton : chant.
Pour commencer, des petites figures rythmiques ultrabrèves s’entrechoquent. Le piano à queue est ouvert. Le bras gauche de Riccardo del Fra se dédouble entre le vrai et son reflet. C’est magique comme la musique. Ils sont arrivés à la mélodie sur un tempo medium. La musique monte doucement en puissance au gré des volutes du saxophone. Solo de piano au swing léger et solide à la fois. C’était « Street ».
Jeffe Bourdreaux fait scintiller les cymbales. Toujours cool, toujours medium. Ca glisse comme un bateau à voile sur une mer calme. Solo majestueux du Maestro Riccardo del Fra soutenu par les cymbales et ponctué par la batterie. Le quartette repart et monte en volume de sons et d’émotions. Quand Rick se lance, il vous élève le corps et l’âme. Solo total de sax ténor lyrique, viril, chaud, doux et ça repart joyeusement. En 2009, il est encore possible de swinguer à la Stan Getz. Merci Messieurs. Jeff Boudreaux fait rouler ses tambours à la mode Nouvelle Orléans. Même chez un Blanc, l’héritage africain est évident. C’était « Wall » puis une composition dont j’ai manqué le titre.
Mademoiselle Chloé Cailleton est invitée à rejoindre le groupe pour chanter « Crying ». C’est une ballade comme le titre l’indique. Elle vocalise en fusion avec le saxophone.
Suit un morceau plus rapide, plus swing. La batterie est métronomique, la contrebasse souple, le piano inquiétant et le saxophone mène la danse. Les vocalises sont en léger décalage avec le sax, se superposent à ses variations. La rythmique swingue superbement. C’était « Swing ».
« Saint Sonny » hommage de Rick Margitza à Sonny Rollins et son arrangement de « Saint Thomas ». Ca sonne bien comme une calypso mais jouée par des Blancs. La rythmique étincelle de swing avec Manuel Rocheman aux commandes. Rick Margitza les rejoint, en forme, mais nous savons, comme lui, qu’il n’est pas Sonny Rollins. Il est bon de rendre hommage aux gens de leur vivant. Morts ils n'en profitent pas. Enfin, la petite Chloé se lâche et rivalise de swing avec Rick !
PAUSE
Solo introductif de batterie bien funky, bien New Orleans. La contrebasse relance. Ca sautille joyeusement. Le quartette est composé de quatre membres virils et actifs. Ca joue. Il y a un héritage de la virtuosité de Martial Solal chez Manuel Rocheman mais en plus classique.
Une ballade. Le son du sax devient méditatif, élégiaque. Riccardo del Fra prolonge les notes et le plaisir dans son solo. C’était « Heart for hearts ».
Chloé Cailleton revient sur scène. Quelle rythmique ! Souple, chaude, puissante. Ils sont en ballade. Voix et sax se répondent, se confondent.
« Gypsies » morceau écrit par Rick Margitza pour sa famille, son héritage. C’est un Gitan d’Amérique. C’est mon morceau fétiche de Margitza. Intro très funky de batterie. La rythmique reprend. La batterie reste funky alors que Rick swingue tranquillement. Ca monte en puissance. La petite Chloé en sautille de joie pendant que la fusée Rick Margitza décolle poussée par le moteur de la rythmique. Jeff Boudreaux swingue comme un démon léger et coquin alors que Riccardo del Fra nous donne la leçon de contrebasse (il dirige la section Jazz au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris tout de même). La tension est permanente et agréable. Voix et sax se répondent. Le sax domine. La petite Chloé a du mal à se lâcher. Elle semble intimidée par ces grands Messieurs. Solo final de batterie. New Orlans Swing. Ca balance sévère. Jeff joue la même figure rythmique de plus en plus doucement jusqu’à la fin.
Solo introductif de sax ténor. Pas de doute, Rick maîtrise son instrument. Le sax souffle, chante, vibre, vit, gémit. Chloé chante en anglais accompagnée par le groupe. Elle a toujours du mal à se lâcher. Elle apprend le métier. Rick lui file sur son tapis volant. Je ne connais pas cette chanson « Love wants to dance ». Elle finit dans un souffle de saxophone.
« E.Jones » hommage de Rick Margitza au batteur Elvin Jones. Morceau vif, nerveux. Manuel Rocheman sonne à la Mac Coy Tyner. Rick devient coltranien. Jeff Boudreaux est encoire plus polyrythmique qu’avant. Ricardo del Fra sort un gros son à la Jimmy Garrison. Trio sax/contrebasse/batterie qui chauffe méchamment. Ca percute. Le combat est rude mais fait play. La contrebasse arbitre entre le sax et la batterie. Un duo batterie/sax ténor me rappelle ce moment de grâce entre Jack de Johnette et Rick Margitza au Quai Branly. Ce n’est pas à ce niveau mais ça assure. Un bon match de boxe musicale plutôt free. Chloé a quitté le ring. Doucement piano et contrebasse se glissent dans la mêlée. Solo de batterie. Normal pour rendre hommage à Elvin Jones.
Je n’avais pas école dimanche mais le marchand de sable était déjà passé. Je n’ai donc pas assisté au 3e set. Excellent groupe qui a su faire la place à une chanteuse débutante qui doit encore gagner en confiance pour vraiment faire ses preuves. Si le grand Cric ne la croque pas, j’irai la réécouter. Elle ne minaude pas, n’imite pas les grandes dames du Jazz (Ella, Billie, Sarah). Chloé Cailleton mérite donc d’être suivie.