Steve Grossman Quintet

Publié le par Guillaume Lagrée

 

Steve Grossman Quintet.
Paris. Le Sunside. Vendredi 24 juillet 2009. 21h.

Steve Grossman : saxophone ténor
Valerio Portrandolfo : saxophone ténor
Alain Jean Marie : piano
Gilles Naturel : contrebasse
Sangoma Everett : batterie

Style hard bop classique. Solo de Valerio. Steve s’est assis sur une chaise, au bord de la scène, un verre à portée de main et le relance de temps en temps par un « Go ahead » ou quelques notes de sax ténor. Alle simple pour les années 50. On se croirait au Blue Note. Steve se relève et prend son tour. Solo plus économe mais bien pensé. Ses prises d’air collent avec la rythmique. Valerio écoute la leçon de son Maître. C’est le même genre de relation qu’entre Johnny Griffin et Olivier Temine même si la différence d’âge est moindre. La rythmique se lance. Le batteur est aux balais. Alain Jean Marie parcourt le clavier à grandes foulées souples. Sangoma Everett joue de la mitraillette aux baguettes. De l’autre bout de la scène, Steve Grossman défie le batteur. Sangoma fait chanter ses tambours. Ca swingue Noir. Retour au thème pour un final aux deux ténors. Classique mais bon.

C’est un Blues. Alain joue le Blues et Steve apprécie. Tout est là : rythme, mise en place, feeling, temps suspendu. Bref le Blues. Après cette superbe intro, Valerio prend le solo de sax. Assis sur sa chaise, Steve ponctue son propos. Les mânes de Johnny Griffin et Dexter Gordon doivent se réjouir ce soir.Chaque saxophoniste, à son tour, se repose sur la chaise ou joue sur scène. Steve sait jouer le Blues. Il maintient la tradition vivante. Jeu expressif, déchiré, puissant du saxophone bref Bluesy. Solo de contrebasse à la Pierre Michelot : grave, profond, souple, bondissant. Les balais caressent la batterie pour l’accompagner. Quelques notes de piano comme des doses d’alcool fort. Breaks de batterie pour relancer la machine.

« I can’t get started » une ballade des années 1930 dont Dizzy Gillespie donna des versions immortelles avec son Big Band Atomique entre 1946 et 1948. A Valerio de jouer. Assis sur sa chaise, Steve le soutient de temps en temps. La rythmique est en velours rouge, chaude et souple.Alain Jean Marie brode des perles de nacre. La musique s’étire, respire. Valerio reprend son solo. Assis, tranquille, Steve le soutient de temps en temps.

Alain lance un morceau beaucoup plus viril, plus pêchu. Les sax repartent à l’attaque. A Steve de prendre le large. Le jeu reste classique mais, nom de Zeus, c’est bon ! Echange chant/contre chant des sax ténors puis Valerio prend le devant.Steve claque des doigts, bat des mains, est enthousiasmé par le jeu de son pianiste. Qui ne le serait ? Alain envoie des vagues sonores puissantes et chaudes comme la Mer des Caraïbes. Un solo de Gilles Naturel tient chaud au corps et au cœur. Breaks de batterie en réponse aux saxs. Alain Jean Marie, Sangoma Everett, deux anciens accompagnateurs de Barney Wilen. Ca s’entend encore.

PAUSE

C’est reparti avec Valerio poussé par la rythmique. Pas de doute. Steve a plus de force expressive que Valerio. Plus de vécu mais pas seulement. Il arrive à Steve de jouer face au batteur ou au pianiste. Comme Miles Davis, il tourne le dos au public pour lui donner encore plus.

« Somewhere over the rainbow » une ballade archi connue. Intro par un solo de Steve Grossman. Beau son grave. La rythmique joue la ballade qui tue et Steve glisse dessus comme un patineur tranquille. Chant/contre chant des saxophones. Solo de piano puis solo de contrebasse à l’archet. Ca nous gratte l’âme au bon endroit.

Un morceau plus vif, plus nerveux. Quand les deux saxophonistes attaquent ensemble, ils mordent bien. Solo de Valerio. Grand son. La rythmique pousse, impeccable et implacable. On peut se repose sur ces gars là mais pas se reposer avec eux. « L’intensité, l’intensité, l’intensité » comme disait Art Blakey. Un sentiment d’urgence vitale se dégage du jeu de Steve Grossman. Cela fait partie des signes qui distinguent le grand musicien. La rythmique repart menée de main de maître par Alain Jean Marie. Solo de contrebasse accompagné d’un joli cliquetis de batterie. Gilles Naturel c’est l’homme tranquille de la contrebasse. Tranquille toujours, ennuyeux jamais.

« Whims of Chambers » composition du contrebassiste Paul Chambers. Ca swingue simplement. Steve joue face à Gilles. Solo de contrebasse ponctué par les cliquetis des cymbales. Quelques notes de piano pour pimenter la sauce. La contrebasse danse le rigodon. Solo d’Alain Jean Marie gorgé de swing. Quel souverain du rythme ! Il n’y a pas de solo de batterie qui casse le morceau mais des breaks qui le relancent. C’est mieux. Retour au thème pour le final. C’est si bon.

Un standard dynamique dont le titre m’échappe. Steve mène, Fabio relance, la rythmique avance. Solo de Fabio bien viril, hard bop. La rythmique est sans peur et sans reproche. Un solo de piano d’Alain Jean Marie semble tranquille, classique au départ. Puis, sans coup férir, avec le même calme olympien, il vous fait entrer au cœur du feu sacré de la musique.

Il y avait un 3e set mais le marchand de sable était passé. Je suis rentré me coucher bercé par le chant des saxophones.

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