Lectrices subtiles, lecteurs raffinés, réjouissez vous. Le musée de l'Orangerie, à Paris, dans le Jardin des Tuileries, consacre une exposition à Debussy, la musique et les arts jusqu'au 11 juin 2012. Il s'agit d'une des célébrations du 150e anniversaire de la naissance de ce compositeur français.
C'est l'occasion de découvrir les correspondances entre musique, peinture, sculpture, littérature d'un compositeur, ouvert au Jazz naissant et dont l'influence sur le Jazz fut et demeure immense. Claude Debussy (1862-1918) était ainsi le compositeur préféré de Duke Ellington et Charlie Parker.
Lorsque Claude Debussy écrivit pour sa fille Chouchou, Children's Corner, il y inséra un Golliwog Cake Walk qui montre son attention aux premiers sons du Jazz naissant.
Ayant visité l'exposition, je confirme qu'elle est riche, instructive et qu'elle ne néglige aucun art. Peinture, sculpture, prose, poésie, musique même, Claude Debussy faisait son miel de toutes fleurs.
J'ai toutefois trois bémols, ici et là bien sûr, à émettre:
- pas une note de Debussy n'est diffusée pendant la visite. Je suppose qu'il faut payer 5 euros de plus (place à 7.50 euros) pour avoir l'audioguide et bénéficier de ce privilège. Ma religion m'interdit l'audioguide surtout à 5 euros de plus. Le Musée de l'Orangerie n'est manifestement pas destiné aux êtres humains désargentés avides de culture.
-certaines oeuvres sont masquées derrière un rideau grillagé. On les voit mal alors qu'elles sont déjà sous verre. Quant aux panneaux explicatifs, ils sont alors carrément illsibles.
- l'exposition s'arrête à 1918, la mort de Debussy. Il eût été intéressant d'envisager l'influence de Debussy post mortem sur le Jazz notamment mais pas seulement.
Par ailleurs, écouter du Debussy en plongeant dans les " Nymphéas " de Claude Monet serait une expérience magnifique si les guides touristiques voulaient bien cesser de parler pendant la diffusion de la musique. Comme personne ne leur demande de se taire, ils parlent et ils vous gâchent le plaisir.
Les Nymphéas ont été conçus et créés comme une expérience sensorielle destinée à reposer les âmes des visiteurs éprouvés par les sollicitations et les excitations du monde moderne. Devant les Nymphéas, il convient de se taire, de regarder, de plonger dans l'oeuvre si elle vous plaît, de partir au plus vite si elle ne vous plaît pas afin de céder la place à ceux qui l'aiment. Il n'y a pas à comprendre, il y a à ressentir. Guides et audioguides ne peuvent qu'y nuire.
En résumé, dans l'exposition sur Debussy, vous n'entendez pas de musique de Debussy. Dans les salles des Nymphéas, de la musique de Debussy est diffusée à intervalles réguliers mais les conditions de la visite ne vous permettent pas d'en profiter. Il ne reste donc qu'à venir avec votre propre casque et vos propres enregistrements préférés de Debussy pour accompagner l'exposition.
Vous pouvez aussi profiter des concerts Debussy donnés au Musée de l'Orangerie durant l'exposition.
Voici un des premiers clips de l'histoire de la musique. Ce petit film surréaliste de Marcel L'Herbier (1930) montre en action un des plus grands pianistes du XX° siècle, Alfred Cortot jouant le Children's Corner de Claude Debussy. A montrer aux enfants dès l'âge de 4 ans, l'âge de Chouchou lorsque cette musique fut écrite pour elle.