Jérôme Sabbagh+Jozef Dumoulin+Daniel Humair = un triumvirat au Duc des Lombards

Publié le par Guillaume Lagrée

 

Jérôme Sabbagh/Jozef Dumoulin/Daniel Humair

Paris. Le Duc des Lombards.

Vendredi 26 avril 2013. 22h.

 

Jérôme Sabbagh: saxophone ténor, compositions.

Jozef Dumoulin: Fender Rhodes

Daniel Humair: batterie

 

Jérôme Sabbagh

 

 

La photographie de Jérôme Sabbagh est l'oeuvre de l'Elégiaque Juan Carlos HERNANDEZ. Toute utilisation de cette oeuvre sans autorisation de son auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales.

Ah le frottement des balais de Daniel Humair sur les tambours de sa batterie! Ca se reconnaît les yeux fermés. Le début est assez mystérieux. Jozef Dumoulin sonne toujours aussi aérien et étrange. Il n'y a pas de basse pour ancrer ce trio. Les trois s'envolent et nous avec. Une vibration de cymbales pour nous secouer. C'est libre et structuré. Jozef joue la basse maintenant en plus d'improviser. Humair fait chauffer sa forge de Vulcain. Ils ont imposé l'écoute. Sabbagh s'efface. Duo clavier/batterie. Nous changeons de dimension spatio temporelle sous la conduite de tels pilotes d'astronefs. En plus de la basse, le clavier fait aussi la guitare. La batterie chante, tinte, grogne sous les pognes de Daniel Humair. L sax revient, lançant un chant répétititf en réponse au clavier. Belle orgie sonore. Un tintement de cymbale, un silence et on applaudit. 

Ca plane toujours. Duo de souffle entre le sax et le clavier, tous deux ondulant. Le batteur installe une pulsion légère et persistante aux baguettes. Ca s'anime petit à petit. Là, ça s'éenrve. Ca grogne et gronde de partout. Les vibrations du clavier répondent à celles de la batterie triturée par les balais de Daniel Humair. Jozef Dumoulin vrombit par dessous et se ballade par dessus léger et rapide. Le jeu de question/réponse entre clavier et batterie est prodigieux de malice. Le sax relance un chant entêtant. Humair joue une sorte de marche militaire décalée. Un groove spatial et spécial se dégage. Même une serveuse est captivée, tapant du point sur le zinc au rtythme de la batterie. 

 

Solo de batterie déconstructiviste. Roulez tambours, sonnez cymbales!Le Genevois Daniel Humair est toujours un Sex Cymbal de la batterie, comme dit Prince, à presque septante cinq ans. Une sorte de ballade commence. Chacun semble retenir l'autre. Cela se voit dans le jeu de Jérôme Sabbagh qui avance, recule sur place en jouant comme s'il lançait la musique, l'attrapait. Joli duo entre le chant du sax ténor et les tambours qui roulent sous les doigts du batteur à mains nues. Si la comtesse a les pieds nus, le batteur a les mains nues. Les cinéphiles comprendront. Jozef Dumoulin nous sort un son prolongé comme une contrebasse à l'archet mais en version électronique. Ca bricole en salle des machines. Plein de sons discordants et harmonieux s'échappent, se mêlent. Le Belge Dumoulin a pris la main. Ca crisse, vibre, grince. Batteur et sax le rejoignent. Le clavier nous fait un solo de guitare électrique (truc inventé par Stevie Wonder selon les experts). Ca devient un pur moment de Rock'n roll mêlé à la chaleur du Jazz portée par les virilités conjuguées du saxophoniste et du batteur. Dumoulin est passé maintenant à un jeu de basse. Il envoie une vibration dans le ventre alors que batteur et saxophoniste nous secouent le cerveau.  C'était deux morceaux improvisés sur l'instant, sans titre, suivis de " More "  (Sabbagh) tiré de l'album " I will follow You " du trio Jérôme Sabbagh/Ben Monder/Daniel Humair.

" Indian Song " (Jérôme Sabbagh). Le clavier commence dans le bizarre, le distordu, le wouin wouin. Ca sent l'orage au loin. Le sax fait le doux chant du vent dans les branches du sassafras. Daniel Humair attend son tour de chant. Il arrive doucement, légèrement aux baguettes. La tension monte, la musique aussi. Ce n'est pas l'orage mais l'air est plus vif, plus animé. Dialogue entre la profondeur, la gravité du clavier et la légèreté des cymbales stimulées par les baguettes de Daniel Humair. Il y a un son de clavier de Jozef Dumoulin comme il y a un son de batterie de Daniel Humair. Le mélange de ces deux fortes personnalités fonctionne. Merci à Jérôme Sabbagh de les avoir réunies. Ils finissent en douceur, dans un murmure. 

Un morceau de Jérôme Sabbagh que je reconnais sans trouve le titre. Légèrement sardonique au départ. Comme un petit rire au sax ténor, repris par la batterie aux tambours. Le clavier lance sa masse dans le jeu. Ca grossit de suite. Ca décolle à 3 bien groupés. Solo planant, romantique et galactique du clavier. Humair reprend doucement, ajoutant la pulsation aux baguettes; Tchak, tchak... Ca monte doucement en puissance. Jérôme se joint au voyage. Ca pousse bien. retour au petit rire sardonique du début entre sax et batterie mais, maintenant, le clavier vient ajouter son granum salis. 

Jérôme Sabbagh lance une ballade au sax ténor, mûrie, réfléchie, polie. Des Américains au fond de la salle parlent fort et m'empêchent de profiter de la musique. Beau solo méditatif de Jozef Dumoulin. Voilà un musicien qui ne brasse pas de l'air! Je sais, elle était facile mais je n'ai pas pu résister. Dumoulin, brasser de l'air, c'est fait. La chevauchée fantastique du trio reprend. Solo de Jozef Dumoulin avec cette vibration, ce groove qui lui est propre. retour au trio en douceur jusqu'au final. 

Au final, les Américain bruyants au fond de la salle étaient des musiciens, amis de Jérôme Sabbagh. Ils lui ont dit qu'ils appréciaient son groupe, sa musique. Nous n'avons pas la même façon de l'écouter, c'est tout. 23h30 un vendredi soir à Paris au Duc des Lombards. Le boeuf (Jam session in english) commence à minuit, je n'ai pas école le lendemain mais le bon vent me dit que ma mie m'attend. De plus, j'ai eu ma dose de beauté pour cette soirée. Je rentre donc content.

 

Voici le trio Jérôme Sabbagh/Ben Monder/Daniel Humair jouant " More " (Jérôme Sabbagh) en concert à Paris, au Sunset, le 9 avril 2011 avec ma chronique du concert pour accompagner ces images. Pour découvrir comment cette musique a évolué depuis, rendez-vous ce samedi 27 avril 2013 à Paris à 20h et 22h au Duc des Lombards.

 

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