Le Fairgrounds Quartet: Première au Sunside

Publié le par Guillaume Lagrée

 

 

Faigrounds Quartet

Paris. Le Sunside.

Lundi 8 juillet 2013. 20h.

 

Le Fairgrounds Quartet est composé de :

 

Jeff Ballard : batterie, direction

Tigran Hamasyan : piano, clavier, voix

Lionel Louéké: guitare, voix

Reid Anderson: électronique

 

Tigran Hamasyan

 

La photographie de Tigran Hamasyan est l'oeuvre de l'Impétueux Juan Carlos HERNANDEZ. Toute utilisation de cette oeuvre sans l'autorisation de son auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles pénales.

De l’ordinateur sortent des sons vieillots, style synthés années 70. Batteur et pianiste ponctuent. Très vite, tout se mélange. Je ne sais plus qui joue quoi. Il y a les cordes pincées de la guitare, la ligne de basse de l’ordinateur (plus répétitive et soûlante qu’une vraie), les hachements de la batterie. Ils sont partis dans un délire mathématique. Pour de la musique hermétique, c’est réussi. Avec un bon radar, il doit être possible de déceler une mélodie. Musique déracinée, privée de sève. Cela fait trop longtemps qu’ils vivent en ville. Quand la rythmique joue groupée derrière le soliste, Lionel Louéké, c’est tout de même plus supportable. J’ai l’impression d’écouter des équations, pas des histoires.

 

Ah, enfin, ils racontent quelque chose ! Comme la rencontre improbable d’oiseaux de la jungle et de marteaux-piqueurs. Il faudrait la place pour danser. Un jeune couple est parti mais j’ai bien fait de rester.Ca remue, vibre, danse de partout. Pas de pause, de épit, d’applaudissement. Ils repartent sur un air planant, calme avec grincements de coques de navires et cris de mouettes. Les tambours roulent sous les maillets ajoutant des ténèbres alors que les notes distillées du piano éclairent. Bref, c’est une marine de Turner. Cela devient une sorte de Blues urbain entre guitariste et batteur, blues ponctué par quelques nappes de sons sorties de l’ordinateur et le piano bar de luxe, celui de Tigran Hamasyan. C’est curieux d’entendre à quel point le Béninois Lionel Louéké ne sonne pas africain. Ce son blanc, métallique, urbain n’a rien à voir avec, par exemple, Franco, le sorcier congolais de la guitare. Tigran grogne en accompagnement. Ouï la place que prend cette musique, il lui faut une grande scène en plein air. Heureusement, c’est prévu cet été en Europe. 

 

Ca y est. Nous pouvons applaudir. Les musiciens se posent un instant puis le PC reprend les commandes. Un Pc typiquement new yorkais, avec une grosse pomme dessus. C’est une sorte de ballade sirupeuse où le PC permet de faire l’économie de l’orchestre à cordes. Batteur aux balais. Pianiste et guitariste ronronnent de concert. Les musiciens s’écoutent mais ne se regardent pas.

 

Jeff Ballard présente le projet «  Fairgrounds » (Lunapark en espagnol et en italien, parc d’attraction en français). Pour lui, c’est un rêve qui se réalise, de la pure invention musicale. C’est la première tournée du groupe. Ils ont joué notamment « Gazelloni » d’Eric Dolphy. Il me semblait bien avoir reconnu un morceau de jazz là dedans. Le reste était inventé dans l’instant.

 

« The Spinners », une composition de Tigran Hamasyan qui figure sur son album solo « A Fable ». Tigran commence seul au piano et au clavier, créant un torrent de montagne. Jeff Ballard ponctue avec de petites percus.Ca sonne comme un glockenspiel. Un son de violoncelle prolongé sort du PC. C’est plein de tours de magie sonores. Lionel Louéké y ajoute ses sons mêlés. Ce mélange entre la tradition arménienne et la modernité américaine, c’est le charme de Tigran Hamasyan. La guitare aussi sonne orientale. Jeff est aux balais. Nous sommes en ballade sur un montagne de Cocagne. Lionel chantonne. Ca remue, vibre tout à coup mais je préfère la version solo.

 

Lectrices avisées, lecteurs avertis, si vous en avez assez de la musique aux schémas prévisibles, venez jouer dans les « Fairgrounds » de Jeff Ballard. Que vous aimiez ou non, vous n’y resterez pas indifférents.

 

Voici " Fairgrounds " avec Jeff Ballard, Lionel Louéké et Reid Anderson mais sans Tigran Hamasyan en concert le dimanche 7 juillet 2013, en Italie, dans le Trentin Haut Adige, au rifugio Cornici. A 2154m d'altitude, au Sud Tyrol, cette partie d'Italie qui parle allemand, il est difficile d'amener un piano. Plus difficile qu'une batterie apparemment. Ou bien Tigran n'était pas disponible. Bref, son absence est excusée. Bon voyage, lectrices alpinistes, lecteurs montagnards.

 

 

 

 

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