Le Jazz se danse à l'Ouest
Festival Jazz à l'Ouest. 20e édition. Carré Sévigné. Cesson Sévigné.
Soirée Jazz and Dance floor. Dimanche 8 novembre 2009. 17h.
Compagnie Calabash: danse
Association Open Swing: danse
Eric Le Lann: trompette
Pierrick Pédron: saxophone alto
Philippe Soirat: batterie
Mathias Allamane: contrebasse
Laurent Courthaliac: piano
Alain Jean Marie: piano
Barry Harris: piano
Tigran Hamasyan: piano
La photographie de Pierrick Pédron est l'oeuvre du Swinguant Juan Carlos Hernandez.
Le principe de la soirée était simple. Initier le public au Jazz par la danse. Des danseurs professionnels étaient là pour démontrer d'abord puis guider les spectateurs. Une vision démocratique de la musique portée par la ville de Cesson Sévigné et le festival Jazz à l'Ouest parfaitement réussie. Une grande piste de danse en bois avait été dégagée devant la scène. L'horaire convenait parfaitement aux familles. Sur la piste, une centaine de danseurs de moins de 7 ans à pas loin de 77 ans.
Les 4 pianistes se sont succédés au piano. Puisque nous étions en Bretagne, les deux complices Costarmoricains Eric Le Lann et Pierrick Pédron se retrouvaient pour notre plus grand plaisir. Chapeau bas à Mathias Allamane et Philippe Soirat fidèles au poste tant pour les musiciens que pour les danseurs à partir de 17h. A 20h45, quand je suis parti, ils enchainaient avec le 4e pianiste de la soirée, Tigran Hamasyan.
Pour lancer l'ambiance, la rythmique avec Alain Jean Marie. Des danseurs professionnels se lancent. Alain Jean Marie a toujours l'art, sur un thème banal, d'un tour de main, de créer de la grâce, de la fraîcheur, de l'imprévu, du neuf. Sur deux grands écrans placés à droite et à gauche de la scène passent des images muettes de shows des années 1930- 1940 comme Cab Calloway chantant et dansant " Minnie the moocher " ( " She was a real hoochie coocher "). Sur la piste, la sauce prend, les amateurs se mèlent aux professionnels. Pour les enfants, c'est une excellente initiation au Jazz, ludique et festive. Sur scène, les standards tournent. Par exemple, " I've got You under my skin " en tempo rapide.
Les spectateurs sont invités sur la piste pour apprendre à danser. Les membres de l'association Open Swing sont là pour guider leurs pas. Laurent Courthaliac s'installe au piano. Pierrick Pédron monte sur la scène. Un morceau lent pour commencer avec de la walking bass.Ca joue sur du velours et ça marche. Jeunes et vieux, hommes et femmes, professionnels et amateurs, tout le monde danse. A l'écran, Louis Armstrong avec Bill " Bojangles " Robinson, danseur de génie, le Maître de Fred Astaire, moins connu parce que Noir. Comme Chuck Berry par rapport à Elvis Presley dans le domaine du Rock'n Roll. Le tempo accélère et Pierrick se permet des audaces parkériennes. L'ambiance be bop s'installe. Cela devient plus rapide, plus difficile rythmiquement. Moins de gens dansent. A l'écran, les danseurs du Cotton Club devant Duke Ellington et son orchestre. La classe. La rythmique, seule, enchaîne sur un morceau swing. Les danseurs amateurs se découragent, à part les enfants évidemment.
Démonstration de lindy hop par deux couples de danseurs professionnels. Retour d'Alain Jean Marie au piano et arrivée d'Eric Le Lann sur scène. Ils jouent un Blues de Monk, Blue Monk. Ca joue tranquille, en souplesse. Le Lann se régale sur Monk. Il est à l'aise, swing et griffes dehors. Sur la piste, joli changement de partenaires dans le mouvement. Sur l'écran, Bill Bojangles Robinson danse sur Fats Waller, pianiste swing par excellence. Leçon de claquettes et de prestance.
Thème plus rapide, plus swing. Un petit garçon de 3 ans traverse la piste en dansant. Il est pris par la musique. Les danseurs sont élégants mais ça manque de porté, de sportivité. A l'écran, Cab Calloway chante et danse " The Hi de Ho Man " (That's me!).
PAUSE
Après avoir bu un verre, mangé une galette saucisse (spécialité rennaise) ou une crêpe (spécialité bretonne), le public est d'attaque pour le deuxième cours de danse. Un présentateur joue les maîtres de cérémonie (MC) annonce les musiciens, les morceaux, invite les gens à danser, à inviter sur la piste leur voisin, leur voisine. Bon esprit. Laurent Courthaliac en trio sur scène. Ils sont rejoints par un couple de danseurs professionnels qui montre le pas de charleston. Sur la piste, les spectateurs, devenus acteurs du spectacle, suivent attentifs. Le trio joue relax marquant bien le tempo pour faciliter l'apprentissage. Nouvelle démonstration de pas sans musique.Un rythme plus rapide est annoncé. Cela fait peur à certains mais ils y sont, ils y vont. Pierrick Pédron et Eric Le Lann montent ensemble sur la scène.Ca joue swing, un peu plus rapide, mais pas trop. Les danseurs sont lancés, amateurs et professionnels mélangés. Je ne danse pas, restant dans ma position de spectateur engagé comme Raymond Aron. Avec le be bop sur tempo rapide, seuls les professionnels peuvent suivre sur la piste. Encore un standard du bebop. Une ballade. Sur scène, des échos de Bird et Miles reviennent en écoutant Eric et Pierrick. La piste se repeuple.
Démonstration de free dancing par deux danseurs de la compagnie Calabash. Les souffleurs s'en vont. La rythmque se lance sur un rythme be bop. C'est de la danse contemporaine avec deux danseurs en parallèle: un homme et une femme. Portés, glissés, rapprochement, éloignement.
Le public revient sur la piste pour danser le charleston. Les souffleurs sont revenus sur scène. Un standard sur tempo medium. Il y a moins de danseurs mais ils sont toujours aussi motivés.
Un trio de claquettistes monte sur scène pour remplacer les souffleurs. Deux danseuses et un danseur ajoutent des percussions à la musique. Ce ne sont ni Bojangles ni les Nicholas Brothers mais c'est bien agréable.
Barry Harris, 80 ans, ancien pianiste de Coleman Hawkins (entre autres) prend le piano en mains. Cet homme est le Professor Be Bop par excellence. Il entame Satin Doll (Duke Ellington) comme il se doit, tout en douceur. Le batteur est aux balais. Le batteur est aux balais. C'est ellingtonien en diable: léger, suave, swinguant, sensuel. Peu de gens osent danser. L'instant de grâce est tel que les danseurs préfèrent redevenir auditeurs. Ca swingue sur un nuage de douceur. Il y a du savoir faire, du savoir être et du savoir vivre dans cette musique. Barry Harris invite les danseurs à le rejoindre sur Tea for Two. ll nous explique que les danseurs de claquettes à New York connaissaient Charlie Parker parce que cela leur apprenait l'art de la syncope. Tempo medium. Quelques danseurs osent se lancer. Le morceau est filé, sussuré, caressé. Le trio fait des stops and go pour permettre aux danseurs de se faire entendre avec leurs pieds.
Round about midnight. Barry Harris nous explique que, pour une ballade, il faut serrer son/sa partenaire de près. Le drame des danses modernes c'est que vous êtes à un bout de la salle et votre partenaire à l'autre. Ca ne marche pas pour une ballade! Eric Le Lann les rejoint sur scène. Son nocturne, voilé, déchirant, parfait pour Round Midnight. Sur l'écran, les Nicholas Brothers se déchaînent avec l'orchestre de Cab Calloway sur " Stormy Weather " (leur prestation sur cette chanson fut qualifiée de numéro de danse absolu par Fred Astaire). Pendant ce temps, sur la piste, les couples de danseurs, suivant les consignes du pianiste, s'enlacent. Pierrick Pédron remonte sur scène pour un morceau au tempo plus rapide. Un standard. Eric et Rick collent ensemble comme le riz avec le lait. Il ne manque plus que Rick (Margitza) pour ajouter un parfum supplémentaire, celui du saxophone ténor. Un swing tranquille. Quelques danseurs infatiguables occupent la piste. Sur scène, à la trompette, Eric Le Lann. Sur l'écran, à la trompette, Roy Elridge, dans le fameux dernier show télévisé de Billie Holiday en 1959. Eric ne joue pas des note suraigues comme Roy. Il joue plus voilé, plus brumeux, plus breton en fait.
Il est 20h45. Les souffleurs s'en vont et Tigran Hamasyan prend possession du piano. Bien que je sois un fan invertébré de ce jeune génie venu d'Arménie, je quitte ce concert car je suis attendu pour dîner ce dimanche soir à Cesson Sévigné.
Magnifique soirée musicale, festive, ludique, chorégraphique et démocratique. Merci encore à Jazz à l'Ouest et à la ville de Cesson Sévigné pour l'avoir organisée.
Soirée Jazz and Dance floor. Dimanche 8 novembre 2009. 17h.
Compagnie Calabash: danse
Association Open Swing: danse
Eric Le Lann: trompette
Pierrick Pédron: saxophone alto
Philippe Soirat: batterie
Mathias Allamane: contrebasse
Laurent Courthaliac: piano
Alain Jean Marie: piano
Barry Harris: piano
Tigran Hamasyan: piano
La photographie de Pierrick Pédron est l'oeuvre du Swinguant Juan Carlos Hernandez.
Le principe de la soirée était simple. Initier le public au Jazz par la danse. Des danseurs professionnels étaient là pour démontrer d'abord puis guider les spectateurs. Une vision démocratique de la musique portée par la ville de Cesson Sévigné et le festival Jazz à l'Ouest parfaitement réussie. Une grande piste de danse en bois avait été dégagée devant la scène. L'horaire convenait parfaitement aux familles. Sur la piste, une centaine de danseurs de moins de 7 ans à pas loin de 77 ans.
Les 4 pianistes se sont succédés au piano. Puisque nous étions en Bretagne, les deux complices Costarmoricains Eric Le Lann et Pierrick Pédron se retrouvaient pour notre plus grand plaisir. Chapeau bas à Mathias Allamane et Philippe Soirat fidèles au poste tant pour les musiciens que pour les danseurs à partir de 17h. A 20h45, quand je suis parti, ils enchainaient avec le 4e pianiste de la soirée, Tigran Hamasyan.
Pour lancer l'ambiance, la rythmique avec Alain Jean Marie. Des danseurs professionnels se lancent. Alain Jean Marie a toujours l'art, sur un thème banal, d'un tour de main, de créer de la grâce, de la fraîcheur, de l'imprévu, du neuf. Sur deux grands écrans placés à droite et à gauche de la scène passent des images muettes de shows des années 1930- 1940 comme Cab Calloway chantant et dansant " Minnie the moocher " ( " She was a real hoochie coocher "). Sur la piste, la sauce prend, les amateurs se mèlent aux professionnels. Pour les enfants, c'est une excellente initiation au Jazz, ludique et festive. Sur scène, les standards tournent. Par exemple, " I've got You under my skin " en tempo rapide.
Les spectateurs sont invités sur la piste pour apprendre à danser. Les membres de l'association Open Swing sont là pour guider leurs pas. Laurent Courthaliac s'installe au piano. Pierrick Pédron monte sur la scène. Un morceau lent pour commencer avec de la walking bass.Ca joue sur du velours et ça marche. Jeunes et vieux, hommes et femmes, professionnels et amateurs, tout le monde danse. A l'écran, Louis Armstrong avec Bill " Bojangles " Robinson, danseur de génie, le Maître de Fred Astaire, moins connu parce que Noir. Comme Chuck Berry par rapport à Elvis Presley dans le domaine du Rock'n Roll. Le tempo accélère et Pierrick se permet des audaces parkériennes. L'ambiance be bop s'installe. Cela devient plus rapide, plus difficile rythmiquement. Moins de gens dansent. A l'écran, les danseurs du Cotton Club devant Duke Ellington et son orchestre. La classe. La rythmique, seule, enchaîne sur un morceau swing. Les danseurs amateurs se découragent, à part les enfants évidemment.
Démonstration de lindy hop par deux couples de danseurs professionnels. Retour d'Alain Jean Marie au piano et arrivée d'Eric Le Lann sur scène. Ils jouent un Blues de Monk, Blue Monk. Ca joue tranquille, en souplesse. Le Lann se régale sur Monk. Il est à l'aise, swing et griffes dehors. Sur la piste, joli changement de partenaires dans le mouvement. Sur l'écran, Bill Bojangles Robinson danse sur Fats Waller, pianiste swing par excellence. Leçon de claquettes et de prestance.
Thème plus rapide, plus swing. Un petit garçon de 3 ans traverse la piste en dansant. Il est pris par la musique. Les danseurs sont élégants mais ça manque de porté, de sportivité. A l'écran, Cab Calloway chante et danse " The Hi de Ho Man " (That's me!).
PAUSE
Après avoir bu un verre, mangé une galette saucisse (spécialité rennaise) ou une crêpe (spécialité bretonne), le public est d'attaque pour le deuxième cours de danse. Un présentateur joue les maîtres de cérémonie (MC) annonce les musiciens, les morceaux, invite les gens à danser, à inviter sur la piste leur voisin, leur voisine. Bon esprit. Laurent Courthaliac en trio sur scène. Ils sont rejoints par un couple de danseurs professionnels qui montre le pas de charleston. Sur la piste, les spectateurs, devenus acteurs du spectacle, suivent attentifs. Le trio joue relax marquant bien le tempo pour faciliter l'apprentissage. Nouvelle démonstration de pas sans musique.Un rythme plus rapide est annoncé. Cela fait peur à certains mais ils y sont, ils y vont. Pierrick Pédron et Eric Le Lann montent ensemble sur la scène.Ca joue swing, un peu plus rapide, mais pas trop. Les danseurs sont lancés, amateurs et professionnels mélangés. Je ne danse pas, restant dans ma position de spectateur engagé comme Raymond Aron. Avec le be bop sur tempo rapide, seuls les professionnels peuvent suivre sur la piste. Encore un standard du bebop. Une ballade. Sur scène, des échos de Bird et Miles reviennent en écoutant Eric et Pierrick. La piste se repeuple.
Démonstration de free dancing par deux danseurs de la compagnie Calabash. Les souffleurs s'en vont. La rythmque se lance sur un rythme be bop. C'est de la danse contemporaine avec deux danseurs en parallèle: un homme et une femme. Portés, glissés, rapprochement, éloignement.
Le public revient sur la piste pour danser le charleston. Les souffleurs sont revenus sur scène. Un standard sur tempo medium. Il y a moins de danseurs mais ils sont toujours aussi motivés.
Un trio de claquettistes monte sur scène pour remplacer les souffleurs. Deux danseuses et un danseur ajoutent des percussions à la musique. Ce ne sont ni Bojangles ni les Nicholas Brothers mais c'est bien agréable.
Barry Harris, 80 ans, ancien pianiste de Coleman Hawkins (entre autres) prend le piano en mains. Cet homme est le Professor Be Bop par excellence. Il entame Satin Doll (Duke Ellington) comme il se doit, tout en douceur. Le batteur est aux balais. Le batteur est aux balais. C'est ellingtonien en diable: léger, suave, swinguant, sensuel. Peu de gens osent danser. L'instant de grâce est tel que les danseurs préfèrent redevenir auditeurs. Ca swingue sur un nuage de douceur. Il y a du savoir faire, du savoir être et du savoir vivre dans cette musique. Barry Harris invite les danseurs à le rejoindre sur Tea for Two. ll nous explique que les danseurs de claquettes à New York connaissaient Charlie Parker parce que cela leur apprenait l'art de la syncope. Tempo medium. Quelques danseurs osent se lancer. Le morceau est filé, sussuré, caressé. Le trio fait des stops and go pour permettre aux danseurs de se faire entendre avec leurs pieds.
Round about midnight. Barry Harris nous explique que, pour une ballade, il faut serrer son/sa partenaire de près. Le drame des danses modernes c'est que vous êtes à un bout de la salle et votre partenaire à l'autre. Ca ne marche pas pour une ballade! Eric Le Lann les rejoint sur scène. Son nocturne, voilé, déchirant, parfait pour Round Midnight. Sur l'écran, les Nicholas Brothers se déchaînent avec l'orchestre de Cab Calloway sur " Stormy Weather " (leur prestation sur cette chanson fut qualifiée de numéro de danse absolu par Fred Astaire). Pendant ce temps, sur la piste, les couples de danseurs, suivant les consignes du pianiste, s'enlacent. Pierrick Pédron remonte sur scène pour un morceau au tempo plus rapide. Un standard. Eric et Rick collent ensemble comme le riz avec le lait. Il ne manque plus que Rick (Margitza) pour ajouter un parfum supplémentaire, celui du saxophone ténor. Un swing tranquille. Quelques danseurs infatiguables occupent la piste. Sur scène, à la trompette, Eric Le Lann. Sur l'écran, à la trompette, Roy Elridge, dans le fameux dernier show télévisé de Billie Holiday en 1959. Eric ne joue pas des note suraigues comme Roy. Il joue plus voilé, plus brumeux, plus breton en fait.
Il est 20h45. Les souffleurs s'en vont et Tigran Hamasyan prend possession du piano. Bien que je sois un fan invertébré de ce jeune génie venu d'Arménie, je quitte ce concert car je suis attendu pour dîner ce dimanche soir à Cesson Sévigné.
Magnifique soirée musicale, festive, ludique, chorégraphique et démocratique. Merci encore à Jazz à l'Ouest et à la ville de Cesson Sévigné pour l'avoir organisée.