Le nouveau trio français de Dan Tepfer à Paris
Paris. Le Sunside. Mardi 18 mai 2010. 21h30.
Dan Tepfer Trio
Dan Tepfer : piano
François Moutin : contrebasse
Louis Moutin : batterie
La grâce les touche dès les premières notes. Ca ondule, avance en vagues. Une marine impressionniste mais avec la tension sous-jacente du swing. « Et l’unique cordeau des trompettes marines » (Guillaume Apollinaire). Ca sent la Mer côté Manche. Brumeuse, fraîche, entre vert et bleu, le glaz des Bretons. Cela finit dans un murmure avec Louis Moutin tapotant ses tambours de ses mains.
Un petit swing tout en retenue, en allers et venues. Louis frappe aux balais. François chatouille sa contrebasse la faisant gémir de plaisir. Louis est repassé aux balais. Il grimace. Le morceau précédent était rêveur, élégiaque. Celui-ci est cérébral, énergique. Changement total d’ambiance. C’était « Nines » puis « Diverge » de Dan Tepfer. « Diverge comme divergence pas comme dix verges » explique Dan Tepfer. « C’est dommage » dit une femme en riant. « Ca, c’est ma tante » précise Dan.
« Back area » (Dan Tepfer). Petit air swinguant tranquille mais avec des surprises. Je n’apprécie vraiment Louis Moutin que lorsqu’il joue ainsi à mains nues sur sa batterie. L’eau s’agite devient trouble, inquiétante. Nous avons changé de monde. Un solo de contrebasse de François Moutin c’est toujours un moment de grâce même quand son frère jumeau Louis l’accompagne. Dan Tepfer fait danser son piano. La contrebasse sonne majestueusement. Louis manipule ses tambours et ses cymbales. Là c’est bon. Dan tient un petit air qui ne nous lâche plus.
Intro au piano. Dan trouve un nouveau petit air entêtant et entraînant. C’est un standard mais drôlement balancé. Il n’en revient pas d’être joué comme ça le standard. C’était « Giant Steps » de John Coltrane.
« The Distance » (Dan Tepfer). Une ballade. Intro au piano. Contrebasse et batterie aux balais arrivent pour touiller doucement la sauce qui mijote à feu doux. Au milieu des trois, la contrebasse se détache claire, profonde, précise. Ondulant face à son piano, Dan cache et découvre tour à tour une belle femme brune qui l’écoute attentivement.
« Clio Repeal » (Dan Tepfer). Dan attaque véloce main droite, lent main gauche. Belle asymétrie sonore. Après cette belle introduction, sans lâcher le thème, le trio démarre. La promenade est belle. Note héros chevauche à travers la plaine fleurie. Giacomo Casanova est à la poursuite d’Henriette. « Toi aussi tu oublieras Henriette » lui a-t-elle écrit mais il ne l’oublie pas. La pulsation monte, descend. Ca glisse, coule comme la Vouivre. Louis Moutin se croit à la guerre avec ses tambours. Ce serait Barry Lyndon maintenant. Duel piano/batterie. François assiste puis repart avec eux. Ca monte en flamme et Louis, comme les Anglais à Fontenoy, tire le premier. Ca s’apaise pour reprendre cette course effrénée vers la liberté.
PAUSE
C’était mon deuxième concert en deux soirées et il faut toujours se lever pour aller à l’école le lendemain matin. Je suis donc parti à la pause.