Les Esclaves Volontaires libèrent le New Morning

Publié le par Guillaume Lagrée

 

Mardi 1er décembre 2009. 21h. Le New Morning. Paris.

The Volunteered Slaves


Olivier Temime
: saxophone ténor
Jérôme Barde : guitare électrique (bardophone)
Emmanuel Duprey : Fender Rhodes
Akim Bourrane : guitare basse électrique
Arnold Moueza : percussions
Julien Charlet : batterie

Son de synthé mouillé années 80 pour commencer. Normal. C’est « Controversy » de Prince (album « Dirty Mind » 1980) ; « I just can’t believe all the things people say. Am I black or white ? Am I straight or gay ? Controversy ! ». Fluide, énergique, funky. Ils y sont les petits gars. Spectateurs timides. Personne ne danse sur la piste. A croire qu’il faut leur en donner l’autorisation expresse. La musique est sans prétention, faite pour danser avec de l’impro dedans. Le solo de sax est trop serpentin, complexe, zigzagant pour danser mais la rythmique ne lâche pas l’affaire.

Ils continuent dans le clavier mouillé, tordu. Rythmique bien ancrée, funky. Guitare et sax se promènent au dessus ondulant, ondoyants. Cette musique est plus proche du Funk que du Jazz. La preuve, il y a des jolies filles dans la salle.C’est aussi une musique démocratique . Olivier Temime est le porte parole du groupe mais il n’y a pas de tête d’affiche, juste le nom du groupe, comme dans le Rock’n Roll.

« Ritournelle » (Barde). Il y a des fans dans la salle. 40 abonnés au site Volunteered Slaves. Ca aussi c’est l’esprit Rock’n Roll. Une sorte de ballade à la rythmique chaloupée, pas loin du reggae.

« Zabriskie Point » (Duprey). Un hommage au film éponyme de Michelangelo Antonioni. Ca débute par un duo de percussions/batterie(cymbales). Jeu afro cubain tout en souplesse. Arnold accélère petit à petit. Un spectateur idiot se croit à un match de tennis et crie « Allez ! ». Tout le groupe démarre en bloc, funky, sax en tête. Après un moment calme, ça repart à fond les manettes, le sax vrillant tout sur son passage.

« People make the world go round », vieux morceau soul a priori. Ca sonne chaud, souple, funky. La salle est pleine mais personne n’ose danser à part certaines personnes qui remuent du valseur sur place.Le clavier sonne sixties à la Donnie Hathaway. Let the groove on, baby !

« Butterfly » composition d’Herbie Hancock, période « Headhunters » (années 1970). Gros soin mouillé du Fender. La batterie fracasse, les percussions et la basse marquent le tempo. Ca tourne en boucle mais pas en rond. Si ce groupe pouvait inciter ses jeunes spectateurs à écouter du Herbie Hancock des années 1970, ce serait déjà un grand progrès dans leur éducation musicale. Le sax ténor est le papillon qui vole au dessus de la Terre symbolisée par la rythmique. Le clavier se met à s’envoler lui aussi. Le vol du ténor s’accélère. Si l’équipe du New Morning mettait des lumières multicolores sur les pales des ventilateurs du plafond, ça mettrait une ambiance plus colorée, plus funky dans la salle.

« Herbert » (Barde). Un hommage à Herbert Léonard assurément. Une ballade comme les aime l’inoubliable interprète de « Pour le plaisir », douce, sensuelle. La salle est pleine à craquer. Ca marche pour eux. Tant mieux.

Il y a vraiment des fans. Le percussionniste lance des phrases et le public lui répond. Ca ressemble à du créole. « O ya ya yo O ya yo ». Puis le groupe part dans un morceau des Jackson Five. Ils joueront d’ailleurs un concert spécial Mickael Jackson le 31 décembre 2009 au Sunset. Echange de roulements entre les mains sur les percussions et les baguettes sur les bords de caisses.

Ballade avec roulements de tambours. Olivier la joue Superfunkycalifragisexy. C’est chaud, velouté, une musique faite pour les rapprochements entre les camps opposés comme disait Frank Zappa. C’était un thème d’Emmanuel Duprez dont j’ai loupé le titre.

« Breakfast in Babylone » (Duprez), titre éponyme de l’album. C’est à la fois planant et rythmé. Olivier est en croisière sur le thème. Joli son wizzz du clavier. Accélération finale, véritable invitation à la danse mais personne ne danse. Ils sont longs à se lâcher ces Parisiens ! Le batteur joue avec une prise marteau, celle du Rock’n Roll ou du Funk, pas celle du Jazz.

« Joy »(Barde). « Joy » c’est aussi un nanar érotique des années 1970 avec une BO signée Isaac Hayes qui vaut son pesant de cacahuètes. Guitare bien funky. Ca balance pas mal à Paris. Morceau fait pour battre la mesure avec les mains et les pieds. Sax et guitare se répondent. Ca sonne un peu ouest africain dans le jeu de guitare et dans le tempo. Le Super Rail Band de Bamako n’est pas loin. Devant la scène, quelques fans dansent timidement. C’est le dernier morceau. Il est temps.Ils chantent l’air, invitant le public à les rejoindre. Pour des Blancs, ce sont de bons ambianceurs. Fin decrescendo puis Stop !

RAPPEL

« Le messager » puis « L’attaque de la diligence » (Barde). Ca sonne Jazz fusion des 70’s. La deuxième partie est en effet plus énergique, plus vive que la première. Les bandits attaquent la diligence. Enfin, les spectateurs dansent, libérant un peu leurs instincts animaux. Gros son de ténor par dessus la lave en fusion du groupe. Olivier Témime a bien retenu les leçons du « Little Giant » Johny Griffin.

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