Nelson Veras de 3 à 5 au 9

Publié le par Guillaume Lagrée

 

 

 

Nelson Veras Trio.

Paris. Le 9 Jazz Club. Samedi 27 mars 2010. 20h30.

 

Nelson Veras: guitare

Gildas Boclé: contrebasse

Matthieu Chazarenc: batterie

Invités:

Olivier Ker Ourio: harmonica

Helena Dennis: chant

 

 

J'arrive en retard. Je crois entendre un piano et c'est une guitare. C'est dire les pouvoirs magiques de Nelson Veras. C'est très Jazz, très agréable. Deux pies jacassent à la table voisine, gâchant mon plaisir. Je l'écris et elles se taisent. Aurais je moi aussi des pouvoirs magiques?

 

Ca pulse aux balais. La contrebasse pose les bases. Sur ce tapis, la guitare s'envole. L'aisance de cet homme sur sa guitare est toujours aussi sidérante. Joli thcik tchak de batterie derrière le solo de contrebasse. Gildas passe à l'archet, caresse virilement les cordes de la contrebasse. Même en accompagnateur, Nelson est merveilleux. Mes pouvoirs magiques ont cessé leur effet. Les pies jacassent à nouveau. Pendant ce temps là, sur scène, les trois décollent sans effort, construisant leur univers de beauté. L'atterissage se fait tout en douceur comme une plume d'oiseau tombée du ciel. C'était " In our own sweet way " (Dave Brubeck) puis " Triste " (Antonio Carlos Jobim ).

 

" Falendo de amor " (Jobim). Intro à l'archet sur la contrebasse. C'est la saudade. Duo de cordes. Gildas repasse au pizzicato. Le batteur tapote tout doucement de peur de briser la magie. C'est beau, triste et apaisant. Retour à l'archet qui souligne mieux la nostalgie grave de cette chanson. Puis les mains de Gildas reviennent sur les cordes accompagnées du doux frottement des balais sur la batterie. La guitare chante les erreurs amoureuses.

 

Un morceau plus vif, plus dynamique, plus joyeux mais toujours avec une pointe de saudade dessus. Nelson sait aussi faire la basse avec sa guitare électro acoustique. Après le solo de contrebasse impeccable, forcément impeccabl, breaks de batterie aux balais. Un garçon de 10 ans écoute attentivement, la tête dans les mains. Un jeune guitariste peut-être. 

 

" Body and Soul ". Les balais massent les tambours. Du Blues avec une touche  brésilienne. Les notes de guitare scintillent comme des étoiles. Des rustres parlent et rient sur cette musique au prétexte fallacieux qu'ils ont payé leur place. Superbe solo à l'archet de Gildas: grave, glissant, léger.

 

La batterie attaque vive et joyeuse aux balais. Ca balance. " Besame mucho " sur un tempo rapide. Un petit bijou. Matthieu a repris les baguettes. La guitare virevolte, brille de mille feux. J'espère que Barney Wilen déguste cette version de là où il se trouve. Solo de batterie où les tambours chantent, roulent, ponctués par les vagues précises des cymbales. La guitare s'élance, bifurque, s'arrête, repart, sans cesse surprenante.

 

PAUSE

 

Une bossa nova très tranquille, relax et pourtant, ça pulse. Au milieu de rustres qui parlent, se mouchent, la beauté de la musique plane, s'élève. Des vagues de bonheur, de chaleur se succèdent sans cesse. C'était " Brasil nativo " composé par un Brésilien dont les musiciens ont oublié l'identité.

 

Une ballade Jazz lancée à l'archet. Je reconnais l'air mais pas le titre. Gildas le joue parfaitement juste, ponctué par quelques accords de guitare. Matthieu fait chatoyer les cymbales. Gildas ponctue souplement à la contrebasse. La guitare se ballade, tranquill sur ce standard dont le titre m'échappe encore. La musique devient plus virile, plus énergique. La guitare est touchée par la Grâce. C'est " How deep is the Ocean " que Chet Baker chantait magnifiquement. Beau solo à l'archet, profond comme l'Océan. Normal, c'est un Breton qui joue. Le lien entre la Bretagne et le Brésil, c'est l'Océan Atlantique. Ce soir, c'est la musique. Grave plantage. C'était " Stella by starlight ". En gage, je vais réécouter Chet Baker jouer et chanter ces deux standards pour bien saisir tout ce qui les sépare.

 

Olivier Ker Ourio, un Réunionnais descendant de marins bretons comme son nom l'indique, s'ajoute au groupe. Intro en solo de l'harmonica. Ca doit être un standard. Je cherche. Ce gaillard dépasse nettement les limites de son petit instrument. Il sort de la guitare de Nelson des paillettes d'or, des bulles irisées. Pendant le solo de contrebasse, les mangeurs mangent mais les parleurs se taisent. L'harmonica devient chaud, tendre.

 

J'avais repéré dans le public une dame Noire Américaine qui avait tout l'air d'être chanteuse de Jazz voir de Blues. C'en est une. Helena Dennis monte sur scène pour chanter " Boy from Ipanema ". Version en anglais, au féminin pour un beau garçon. C'est charmant. Cette dame sait chanter, swinguer, jouer avec le micro. La chanteuse s'asseoit, la rythmique ronronne et Nelson nous fait la plage d'Ipanema, la Mer, le soleil, le vent, les vagues, les jolies filles et les beaux garçons. Enfin, tout ce qu'il faut pour être heureux. Olivier prend le relais avec l'harmonica. Il descend de scène, passe le micro à Helena qui repart. Cette femme là sait faire le show. Elle improvise même des paroles pour nous dire au revoir. Assis à sa table, Olivier l'accompagne sans micro.

 

" Alone together " un standard. C'est léger, frais comme un vent du matin sur une plage déserte. Il y a du soleil et un voile de brume. Au départ, c'est une ballade et maintenant c'est devenu un tapis persan chatoyant, mordoré et multicolore. Retour  au thème clair, lumineux à la guitare.

 

Dernier morceau avec Olivier Ker Ourio. Le batteur est aux maillets. " Cool, quoi " a indiqué Olivier.  Effectivement, c'est plutôt cool. On dirait qu'il joue de l'accordéon. " Estate " chanson italienne que Claude Nougaro adapta sous le titre " Un été ". Nous ne sommes qu'au début du printemps. C'est un été nostalgique. Harmoniciste, guitariste, contrebassiste, chacun déroule son solo tranquillement. Puis le quartet repart léger, vibrant comme une brise parfumée d'un soir d'été.Fin tout en souplesse, en douceur.

 

Nelson Veras est Brésilien et guitariste. C'est un Géant et il vit à Paris.

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