" Think Bach " Edouard Ferlet
" Think Bach "
CD+DVD
Melisse. 2012.
Sortie le mardi 25 septembre 2012.
Edouard Ferlet: piano, recompositions.
La photographie d'Edouard Ferlet est l'oeuvre du Constant Juan Carlos HERNANDEZ. Toute utilisation de cette photographie sans l'autorisation de son auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales.
Lectrices esthètes, lecteurs raffinés, vous avez certainement noté que Johann Sebastian Bach, comme disent les puristes et les germanistes, demeure en 2012 le compositeur préféré classique préféré des Jazzmen, spécialement des pianistes bien que Bach n'ait jamais connu personnellement l'instrument appelé aujourd'hui piano. Le jeune pianiste franco-américain Dan Tepfer explique cette influence sur ce blog.
Alors que Dan Tepfer s'est attaché à une oeuvre particulière, les Variations Goldberg, en y ajoutant ses propres Variations, Edouard Ferlet envisage l'oeuvre du Maître de Leipzig d'une autre manière. Il la traverse de part en part, interprétant selon son bon plaisir, des oeuvres pour clavier extraites du Clavier bien tempéré (n°1-2) bien préférables à mon goût au clavier intempérant de Keith Jarrett et Oscar Peterson pour ne s'en tenir qu'au Jazz, pour violoncelle (n°3), pour chorale (n°7 avec Que ma tristesse demeure repris de Jésus que ma joie demeure, cantate qui justifie à elle seule le fameux mot de Nietzsche: " Dieu doit beaucoup à Bach " ).
Edouard Ferlet joue Bach non pas pour ajouter son nom à une longue liste d'interprètes mais pour l'interpréter, c'est-à-dire l'incorporer à son propre langage, le rendre familier à ceux qui ne le connaissent pas, étrange à ceux qui le connaissent, pour assumer et dépasser son héritage classique, transformer une oeuvre qui l'a formé, bref comme disaient les Classiques: Peut-être ne sommes nous que des nains face aux géants du passé mais en montant sur l'épaule de ces géants, nous verrons plus loin.
Bach ayant couché sur les partitions les fruits de ses improvisation, il fournit au musicien actuel un terreau fertile pour faire pousser de nouvelles créations. Cet esprit libre ayant été banni des conservatoires de musique depuis la fin du XIX° siècle, c'est aux musiciens de Jazz qu'il revient de reprendre le flambeau de l'improvisation sans rien renier de la richesse et de la complexité des créations antérieures.
L'art du Jazzman consistant d'abord à décaler les sons, Edouard Ferlet s'ingénie à glisser ses grains de sel, de sable, de folie dans la superbe mécanique germanique du Maître en lui conservant sa souplesse, son rythme, sa fantaisie et son efficacité.
Pari lancé et tenu par Edouard Ferlet. Puisse t-il inciter les amateurs de Jazz à se plonger dans l'immensité de l'oeuvre de Jean Sébastien Bach, comme disent les touristes et les non germanistes, les amateurs de classique à s'ouvrir à d'autres chants issus de ceux du Kapel Meister.
JS Bach inspire depuis longtemps les Jazzmen. Le Modern Jazz Quartet en donna une vision noire, bluesy avec son superbe album " Blues on Bach ". Lors d'un concert mémorable à l'Olympia en 1963, Sonny Rollins (saxophone ténor) accompagné de Don Cherry (trompette), Henry Grimes (contrebasse) et Billy Higgins (batterie), termina un solo bouleversant sur " Everything happens to me " par une citation poignante du " Jesus que ma joie demeure ".
Presque 50 ans après, Edouard Ferlet, dont la culture musicale est bien différente de celle du Boss du ténor et même de John Lewis et ses complices, assume son héritage culturel européen et nous livre ses flash Bach sans que l'auditeur ait une sensation de déjà vu, déjà entendu. Grâces lui en soient rendues.
Deux concerts sont prévus en France en juillet 2012, l'un en Bourgogne, l'autre à Paris.
Concert de sortie de l'album à Paris, France, au Café de la Danse, le mercredi 24 octobre 2012. Si vous y êtes aussi, faites m'en part, lectrices esthètes, lecteurs raffinés.
Dans le film ci-dessous, Edouard Ferlet explique son travail sur Bach, un travail sur soi et sur l'autre qui l'habite. Attention, beauté.