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Stage d'été du Paris Jazz Big Band du 15 au 20 août à Buis les Baronnies (Drôme provençale)

Publié le par Guillaume Lagrée

 

 


STAGE D’ÉTÉ DU PJBB 2010
du 15 au 20 AOÛT 2010

BUIS LES BARONNIES (Drôme) / FESTIVAL “ PARFUM DE JAZZ

PIERRE BERTRAND saxophones, théorie/écriture
NICOLAS FOLMER trompette
JÉRÔME REGARD contrebasse, basse électrique
ROGER BIWANDU batterie
PIERRE DE BETHMANN piano
MARC THOMAS chant
SHARON SULTAN danse flamenca

intervenants : TONY RUSSO, LUC FENOLI

direction pédagogique : Pierre Bertrand & Nicolas Folmer

- Inscription en ligne sur le site du Paris Jazz Big Band
- Stage de Musique : 1 chèque de 400€ (règlement des frais de stage).
- Stage de Danse : 1 chèque de 300€ (règlement des frais de stage).


INFORMATIONS :
ASSOCIATION PARIS JAZZ BIG BAND
55, rue de Paris - F 94340 Joinville-le-Pont
association loi 1901 - licence n° 1028589
SIRET: 438 377 301 00017 - Code APE: 9001Z
Tél. & fax : 33 (0)1 42 83 52 53
stage@parisjazzbigband.com

HÉBERGEMENT - RENSEIGNEMENTS & RÉSERVATIONS :
Office du tourisme de Buis les Baronnies
Tél. : 33 (0)4 75 28 04 59 - fax : 33 (0)4 75 28 13 63



ACCÈS EN TRAIN
: Gare d’Avignon TGV ou Avignon Centre ou
Nyons.

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Miguel Zenon manque d'ailes

Publié le par Guillaume Lagrée


Paris. Le Sunside. Lundi 5 juillet 2010. 21h.

 

Miguel Zenon Quartet

 

 

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La photographie de Miguel Zenon est l'oeuvre du Puissant Juan Carlos HERNANDEZ.

 

 

Miguel Zenon : saxophone alto

Luis Perdromo : piano

Hans Glawischnig : contrebasse

Henry Cole : batterie

 

 

Ca commence sur un air de ballade. Curieux. Habituellement un groupe chauffe la salle avant de la rafraîchir. Contrebasse et batterie installent un tempo latino marqué. Le piano vient ajouter des grandes vagues profondes. Le son léger, acide du sax alto s’élève au dessus. Ca swingue efficacement sans être simple. Ca monte, descend, bifurque. C’est chaud mais sans épate, sans esbroufe. Non ce n’est pas une ballade. Miguel Zenon joue tout en maîtrise et en tension. Il danse sur place, faisant participer tout son corps à la musique. Pour l’instant, c’est impressionnant mais pas émouvant. Tout se calme avec la rythmique toujours vive mais dont le volume sonore baisse. Le pianiste se promène, faisant rouler ses doigts. Beau duel piano/batterie arbitré par la contrebasse. Batteur et contrebassiste vous remuent les entrailles alors que le pianiste vous fait perdre la tête. Un petit retour au calme mais la tension sous jacente refait vite surface. C’était «  Biyaqoque "  ( ?).

 

Intro en solo de saxo. Le Porto Ricain Miguel Zenon possède un des plus beaux sons de sax alto actuellement avec le Breton Pierrick Pédron. Pédron+Zénon ce serait beau comme l’Antique. Un rythme bien latino, haché. Ces gars là ne lâchent pas prise. C’est chaud, tendu, vif, nerveux même quand le sax joue cool au dessus. La musique est sous influence latino mais ce n’est pas de la salsa pour danseurs. C’est plus compliqué que ça. Miguel Zenon garde une anche en bouche. Pour l’assouplir ? Comme substitut à la cigarette ? La rythmique déménage sévère, nous embarque. Le piano cite un truc dans son solo. Ca ressemble à une chanson de Prince au ralenti. Laquelle ? A moins que je ne me trompe. Ca joue moins vite, moins fort mais toujours vif, tendu. C’est un quartet de boxeurs, toujours aux aguets, gérant les temps forts et les temps faibles. Temps fort ; Ca s’énerve franchement. Ce n’est pas encore l’assaut final. Retour au calme pour un petit air latino tranquille ; C’était « Esta Plena » titre éponyme du dernier album du quartet. La Plena est un genre de musique portoricain que Miguel Zenon met en relation avec le Jazz.

 

« Perfumo de gardenas » du compositeur porto ricain Rafael Hernandez. Ca balance comme un hamac sous les alizés. Ca sent la Mer des Caraïbes, douceur et âpreté. Le batteur joue des mains  sur ses tambours pendant le solo de contrebasse. Il est étonnant qu’il n’y ait pas de percussionniste dans ce groupe si marqué par la musique des Antilles hispaniques. Très gros son de la contrebasse amplifiée qui vibre dans le ventre. Ce jardin sent les gardénias, des odeurs chaudes et moites comme une serre tropicale. Je sens des ondes me traverser le corps. La mécanique ondulatoire prend forme sensible. Impressionnant. Mais pas émouvant, je le maintiens.

 

Le batteur redémarre en force. Il faudrait écouter cette musique en plein air, dans un jardin en bord de mer pour mieux supporter cette débauche d’énergie. Jeu plus calme, plus souple mais toujours tendu, sur le fil du rasoir. Ils vous emmènent mais je ne sais pas où car cette musique ne me suscite ni image, ni couleur. Une beauté abstraite, éthérée, c’est bien dommage pour du Jazz latino. Solo de batterie poussé dru et ferme par les trois autres musiciens. Montée vers une apogée percussive. Petit air latino en interlude.

 

PAUSE

 

Je suis parti à la pause, épuisé par une musique qui ne relâche jamais la tension, toujours sur le fil du rasoir. Puisse le zélé Miguel Zenon apprendre de Zénon d’Elée l’art de la dialectique, du paradoxe et à varier les plaisirs pour l’auditeur.

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Festival des Arènes du Jazz à Montmartre du mardi 20 au dimanche 25 juillet

Publié le par Guillaume Lagrée

Parmi la myriade de festivals de Jazz qui sont proposés aux vacanciers, aux touristes, aux autochtones cet été en France, j'en ai retenu un, les Arènes du Jazz, à Paris, 18e arrondissement, sur la butte Montmartre, du mardi 20 au dimanche 25 juillet 2010 pour son cadre, son ambiance, sa programmation, son rapport qualité/prix.

Mon choix est évidemment parfaitement personnel, subjectif, arbitraire, dictatorial même.

Rien ne vous oblige à y aller mais si vous n'y allez pas, vous aurez tort. C'est tout. N'oubliez pas un coussin pour vos fesses et le coupe vent, la petite laine au cas où la nuit parisienne serait fraîche.

 

Voici un souvenir de l'édition 2008 de ce festival: le concert des Bretons Eric Le Lann et Pierrick Pédron.

 

 

  La photographie de Martial Solal est l'oeuvre du Tonitruant Juan Carlos HERNANDEZ.2396369955_1.jpg

 

Le programme va des stars internationales (John Abercrombie) aux jeunes pousses prometteuses (Thomas Savy) en passant par des artistes connus d'happy few (Norma Winstone) qui méritent une plus grande reconnaissance publique.

 

Les concerts commencent à 21h. Si vous arrivez à 21h vous n'aurez pas de place assise même avec votre billet. Premier arrivé, premier assis. Dernier arrivé, premier debout!

 

Vous avez demandé le programme?

Le voici.

 

Mardi 20 juillet, un Quintet de Cracks made in USA, Contact avec Dave Liebman aux saxophones ténor et soprano (Oh!), John Abercrombie à la guitare électrique (Ah!), Marc Copland au piano (Non?); Drew Gress à la contrebasse (Si!) et Billy Hart à la batterie (Oui!).

 

Mercredi 21 juillet, Solo/Solal.  M. Martial Solal se livre en piano solo. Né à Alger en 1927, Martial Solal est le plus grand Jazzman français depuis la mort de Django Reinhardt dont il fut d'ailleurs le dernier pianiste en 1953. Pianiste, compositeur, chef d'orchestre, chacun de ses concerts est une leçon de vie, de musique, de raffinement, de pudeur, de maîtrise, un hymne à la Beauté.

 

Jeudi 22 juillet, trio Distances avec Norma Winstone (chant), Glauco Venier (piano), Klaus Gesing (saxophone soprano, clarinette basse). Une formation cousine de celle du chanteur français Thierry Péala qui a tant appris de Norma Winstone, chanteuse et poétesse anglaise, maîtresse des silences, des non dits. L'esthétique ECM à son meilleur.

 

Vendredi 23 juillet, le trio de Thomas Savy (clarinette basse) avec Stéphane Kerecki (contrebasse) et Fabrice Moreau (batterie). Je ne connais pas ce trio mais vu tout le bien qu'on en dit et toutes les joies que m'a procuré le batteur Fabrice Moreau dans d'autres contextes, cela mérite d'y prêter une oreille et même deux.

 

Samedi 24 juillet, le Quartet Résistance Poétique de Christophe Marguet (batterie), Bruno Angelini  (piano), Mauro Gargano (contrebasse), Sébastien Texier (clarinettes, saxophone alto). Je vous renvoie à mes impressions d'un précédent concert de ce quartet pour vous dire tout le bien que j'en pense.

 

Dimanche 25 juillet, concerts d'un Quartet de pointures françaises: Michel Portal (saxophone, clarinettes, bandonéon), Louis Sclavis (saxophones, clarinettes), Jean-Paul Céléa (trombone),  Daniel Humair (batterie). Si vous ne connaissez pas ces Grands Messieurs, cela fait plus de 50 ans que vous n'écoutez pas de Jazz en France. Il n'est jamais trop tard pour s'instruire.

 

Les concerts sont à 22 euros par personne. Si vous êtes l'heureux parent de charmants bambins, vous pourrez les emmener aux ateliers d'improvisation Jazz pour jeunes organisés par les centres de loisirs de la ville de Paris sous la conduite du percussionniste Arnaud Laprêt du 20 au 25 juillet de 10h à 13h. En récompense, vous pourrez accompagner pour 5 euros un groupe de 10 enfants invités au concert du soir. C'est pas un bon plan, ça? En plus, vos enfants apprendront que n'importe quoi peut servir de percussion (table, couverts, assiettes...). Vos voisins, vos parents, les professeurs des écoles, vous même, tout le monde adorera vos enfants après leurs leçons de percussions.

 

Rendez-vous dans l'hémicycle des Arènes de la Butte Montmartre à Paris du mardi 20 au dimanche 25 juillet 2010, lecteurs pressés, lectrices impatientes.

 

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Soirée Cab Calloway sur ARTE le dimanche 4 juillet 2010

Publié le par Guillaume Lagrée

 

Soirée spéciale de lutte contre la déprime, gratuite, sans remboursement de la Sécurité Sociale, sur ARTE, le dimanche 4 juillet 2010 à partir de 20h30 avec l'Immense Cab CALLOWAY (1907-1994), chanteur, scatter, compositeur, chef d'orchestre, danseur, clown, MC.

 

D'abord, voir et revoir les Blues Brothers (1980) avec comme guest stars James Brown en prêcheur, Aretha Franklin en commerçante, John Lee Hooker en bluesman des rues, Ray Charles en vendeur d'orgues et de pianos, Cab Calloway en showman et le plus grand carambolage automobile de l'histoire du cinéma. Malheureusement, je crains que ce ne soit diffusé en version française. Rassurez vous,lecteurs puristes, lectrices exigeantes, les chansons ne seront pas doublées.

 

Ensuite, un film documentaire sur le Hi de Ho Man, Mr Cab Calloway. Cab découvrit Dizzy Gillespie mais le vira de son orchestre à cause de ses " notes chinoises " et de ses facéties sur scène. Comment chanter face au public alors que derrière le trompettiste vous envoie des boulettes de papier dans le cou? Cab avait tellement de succès à Harlem dans les années 1930 qu'un jour des gangsters sont venus lui demander de changer de club. Cab refusa car il se trouvait bien dans ce club, s'entendait bien avec le propriétaire. Alors, un soir, les gangsters sont revenus. Avec mitraillettes au poing, ils ont évacué la salle. Ensuite, avec des haches, ils l'ont détruite. Après quoi, Cab a changé de club. Le journaliste à qui Cab racontait cette histoire 50 ans plus tard lui demanda: " Mais vous n'avez pas averti la police? " Oh vous savez, la police s'en fichait pas mal. Tout ça, c'était des histoires de nègres. Ce n'était pas leur problème." L'influence de Cab Calloway sur le roi des Zazous Charles Trénet sera t-elle évoquée? A voir dimanche soir sur ARTE.

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Matthieu Marthouret Organ Quartet embrase le Baiser Salé

Publié le par Guillaume Lagrée

Paris. Le Baiser Salé. Dimanche 27 juin 2010. 20h30.

Matthieu Marthouret  Organ Quartet

 

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La photographie de Matthieu Marthouret est l'oeuvre du Raffiné Juan Carlos HERNANDEZ.


Matthieu Marthouret : orgue Hammond

Maxime Fougères : guitare électrique

Manu Franchi : batterie

Nicolas Kummert : saxophone ténor, chant

 

 

Je reconnais un air de l’album. Une sorte de valse groovy qui balance bien. Dehors, il fait chaud. En Afrique du Sud, l’Argentine fait le show face au Mexique. Et ici ? Ca groove, merci. Ca donne envie de danser. Sans partenaire particulière et assis sur une chaise, difficile. Je me contente d’onduler sur place comme le serpent Ka mais sans siffler pour ne pas perturber les musiciens. Ces jeunes gens assurent, en bloc. Détail curieux : le saxophone ténor a une couleur argentée, pas cuivrée. C’était «  Morning Light ».

 

« Spring Bossa ». C’est gai, enlevé, sur un rythme brésilien avec le batteur aux balais. Ca tourne bien. Guitare au son très Jazz. On est vraiment dans la filiation du son Blue Note des 60’s mais ils jouent avec jeunesse, fraîcheur. Ca ne sent pas la copie. Le sax s’enflamme, bien poussé par la rythmique.

 

Une sorte de ballade en glissades et cascades. Cela aussi vient de l’album « Playground ». La musique est de saison. C’est chaud et ça balance doucement. Dans la salle, un fan bat la mesure sur ses cuisses. Je me contente de la battre du pied. Chacun fait ce qu’il lui plaît. Ca envoie bien entre guitare et orgues, matraqués par le batteur. C’était « Playground » le titre album.

 

« Thieves » suivi de « Colours ». Pour commencer, un morceau un peu sombre, de voleurs. Gros son de sax menaçant. La batterie sonne la charge. Enchaînement sur un autre air mystérieux. Ca devient plus léger, plus coloré. Logiquement, ça doit être « Colours » . Le son de guitare devient plus rock anglais, plus planant. Les maillets font tonner les tambours. L’orage menace derrière. Une éclaircie surgit, fendant les nuages noirs, amenant des couleurs.

 

« Green Drops ». Tout est composé par Matthieu Marthouret. Le saxophoniste commence à jouer en chantant, alternant bouts de phrases jouées et chantées. Il y a là un héritage du dirty sound du Free Jazz et de La Nouvelle Orléans. La voix est aigüe alors que le saxophone ténor est grave. C’est plutôt amusant. Le groupe  rejoint le saxophoniste dans sa fantaisie. Retour à un jeu direct de sax ténor, bien plaisant.Et derrière ? Derrière, ça tourne. En douteriez vous encore ? Matthieu reprend la main, dirige le débat, souple et ferme.

 

PAUSE

 

Ma chronique s’arrête ici. Après le concert de Wayne Shorter la veille à la Défense , l’exposition Radical Jewish Culture le même jour, je commençais à saturer de musique. Le groupe de Matthieu Marthouret nous propose une musique personnelle, élégante, dansante, efficace. Pourquoi se priver de ce plaisir ? Ecoutez les.

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Radical Jewish Culture

Publié le par Guillaume Lagrée

 

 


Paris 3e arrondissement. 71 rue du Temple. Métro Hôtel de Ville.

Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme.

Radical Jewish Culture

Exposition visible jusqu’au dimanche 18 juillet 2010.

 

 

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La photographie de Marc Ribot est l'oeuvre du Charnel Juan Carlos HERNANDEZ. Toute utilisation de cette oeuvre sans l'autorisation de son auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales

 

 

 

Voici mes notes suite à la visite du dimanche 27 juin 2010 sous la conduite savante et éclairée d’un commissaire de l’exposition.

 

Le Klezmer Swing était à la mode dans les années 1930-1940 pour les fêtes de la communauté juive américaine (bar mitzvah, mariages etc.). A partir des années 1950, cette musique devient ringarde. C’est la musique du ghetto, des parents. Les orchestres ne jouent plus que dans les hôtels de la Côte Est pour la bourgeoisie juive en vacances. Dan Taras, star du Klezmer Swing, a vécu jusqu’à la fin des années 1980. Il a eu le temps de voir sa musique redécouverte à partir des années 70. En 1979 sort l’album « Jewish Klezmer Music » d’Andy Statman et Zev Feldman avec clarinette, contrebasse, cymbalum. Volonté de retour aux sources mais il faut préciser que cette musique est juive car ce n’est plus évident.

 

Au New England Conservatory de Boston (Massachussets) naît le Klezmer Conservatory Band dans les années 70. Parmi ces étudiants,  Don Byron , clarinettiste qui n’est ni Blanc, ni Juif et déclare jouer cette musique en visiteur et Frank Mundel (trompette) . Frank London crée lui les Klezmatics mélangeant klezmer et punk. Le klemzer s’actualise avec le punk, le funk, le rock, le free jazz. Frank London a suivi les cours de Lester Bowie, membre de l’Art Ensemble of Chicago et l’Association for the Advancement of Creative Musicians (AACM). La conscience juive renaît en même temps que la conscience noire. et la conscience gay . C’est le minority factor cher aux Américains. Comme les Noirs venus d’Afrique, les Juifs venus d’Europe centrale et orientale ne peuvent faire demi tour. Contrairement aux Italiens et aux Irlandais, le retour au pays d’origine est impensable.

 

David Krakauer, clarinettiste classique, se lance dans le klemer à la fin des années 80 avec Klezmer Madness. Il crée un groupe avec le pianiste Anthony Coleman. Tous les deux sont fascinés par le Jazz des années 20 ( Sidney Bechet et Jelly Roll Morton). Ils invitent à jouer avec eux Michael Alpert, chanteur et accordéoniste klezmer traditionnel. Cf extrait audio au dessus de cet article.

 

Septembre 1992, premier festival « Radical Jewish Culture » à Munich, Bavière, Allemagne, ville de naissance du parti national socialiste allemand, où Adolf Hitler tenta un premier coup d’Etat en 1923. John Zorn (saxophone) et Marc Ribot (guitare, Français installé aux USA) sont les deux figures marquantes du mouvement. Ils n’ont pas besoin de jouer klezmer pour s’affirmer comme Juifs.

 

Pour l’occasion, John Zorn crée « Kristallnacht » avec David Krakauer, Anthony Coleman, Marc Feldman (violon). Ce spectacle marque le souvenir de la Nuit de Cristal du 9 novembre 1938 (20 ans jour pour jour après la chute du IIe Reich allemand). Avant le spectacle, les portes se ferment. Pendant 15 mn, des bruits de train passent en boucle très fort. Si vous ne comprenez pas ce que signifient ces trains, voyez les 9h du film « Shoah » de Claude Lanzmann. Les musiciens portaient une étoile jaune avec écrit dessus « Jude ». Le premier morceau s’intitule « Shtetl (Ghetto Life) ». Le klezmer est mêlé de discours d’Adolf Hitler. Ce morceau signifie la fin du monde yiddish et l’imminence de la catastrophe. Cf vidéo sous cet article.

Le deuxième morceau s’intitule « Never again ». 11 minutes de bruits de bris de vitres entrecoupés de chants de synagogues et de musique «  Noise ». 35mn d’extraits du spectacle sont diffusés en film dans une salle de l’exposition. J’ai tenu 15mn. C’est une expérience éprouvante pour les nerfs, si éprouvante que John Zorn ne l’a joué que 3 fois depuis 1992, y compris la création.

 

John Zorn s’est tourné vers son identité juive suite à des événements personnels notamment des injures subies lors d’un mariage au Japon. Rentré à New York, il s’installe dans le Lower East Side, quartier de ghetto, aux loyers bas où se trouvait la Knitting Factory , ancienne usine transformée en scène d’avant-garde. Cet ancien quartier de Juifs russes est devenu un quartier noir. Rudolf Giulani, maire de New York City, a expulsé les sans abri du cœur de New York dans les années 1990. Aujourd’hui le Lower East Side, l’East Village se sont embourgeoisés.

 

Dans les années 1980, Anthony Coleman s’est promené en Yougoslavie en touriste. Il y découvre les traces d’une vie juive disparue comme au port de Dubrovnik en Croatie (lire «  Un pont sur la Drina  » d’Ivo Andric, prix Nobel de littérature, pour saisir cette ambiance multiculturelle des Balkans à l’époque ottomane). Dans les années 1990, Anthony Coleman se tourne vers la musique des Blakans (sépharade et non plus ashkénaze comme le klezmer). Il joue avec le « sepharadic tinge » en allusion au « spanish tinge » de Jelly Roll Morton.

 

Anthony Coleman a mené un deuxième projet « Self Haters », ceux qui se haïssent eux-mêmes, en référence aux écrits de Philip Roth (« Portnoy et son complexe », « La tache »). Il fait allusion à ses parents qui ont tout fait pour s’américaniser, ont changé de nom pour ne plus apparaître visiblement Juifs. Coleman reprend l’image du flâneur chère à Walter Benjamin ( lire « Paris, capitale du XIX° siècle ») qui rencontre le passé par accident dans la ville moderne.

 

Dans la « Old Knitting Factory » (remplacée aujourd’hui par la « New Knitting Factory »), le mouvement « Radical Jewish Culture » organisait des fêtes pour Pessah, la Pâque juive qui célèbre la sortie des  Hébreux d’Egypte sous la conduite de Moïse (« Moïse a fait errer les Hébreux quarante ans dans le désert pour les emmener dans le seul pays du Proche Orient où il n’y a pas de pétrole » Golda Meir). La Hagadah , récit de ce voyage, est reliée à l’actualité politique du moment.

 

Poussant plus loin encore la recherche des racines, ce mouvement radical a plongé dans la tradition ésotérique, mystique juive. Cela se voit dans certaines pochettes d’albums de la collection « Radical Jewish Culture » de John Zorn sur le label Tzadik. Ce lien avait déjà été fait par des artistes de la Beat Generation comme le poète Allen Ginsberg dont le poème « Kaddish » est dédié à sa mère.

 

Radical signifie une esthétique radicale pour John Zorn, une politique radicale ( des Américains libéraux donc de gauche) pour Marc Ribot, un retour aux racines comme Frank London dont les pochettes d’albums sont illustrées par des photographies de cérémonies prises dans des familles juives.

 

En conclusion, « Masada » de John Zorn ou le projet d’une nouvelle musique juive du XX° siècle. Puisque le Jazz est passé en 40 ans de Jelly Roll Morton à Cecil Taylor (rien que pour les pianistes), pourquoi la musique juive ne pourrait-elle en faire autant ? L’iconographie des albums reprend celle des manuscrits de la Mer Morte (les plus anciennes versions de la Bible qui nous soient parvenus). Masada, c’est le nom d’une forteresse en Judée où, en 70 ap. JC, les derniers soldats Juifs préfèrèrent se suicider plutôt que de se rendre aux centurions romains. Ce récit nous est parvenu par Flavius Josèphe, Juif pieux qui se mit au service de Rome et écrivit en latin. Aujourd’hui, Masada est un symbole de la droite nationaliste israélienne. L’usage de Masada en musique fait débat chez des musiciens, plutôt marqués à gauche. Pour John Zorn, c’est un combat culturel, pas politique.

 

Après ces notes, éclairantes, je l’espère, allez découvrir cette exposition, prenez votre casque à l’entrée et gorgez vous d’images et de sons de cette avant-garde new yorkaise qui marque encore aujourd’hui la musique d’improvisation. Après les Noirs, les Juifs forment la communauté qui a le plus apporté au Jazz. Le mouvement Radical Jewish Culture est le premier à revendiquer fièrement cette identité tout en l'ouvrant au maximum. Savoir d'où l'on vient pour ne pas se perdre en chemin.

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Wayne Shorter Roi de la Défense

Publié le par Guillaume Lagrée

 

 

Paris. Esplanade de la Défense.

Festival de Jazz de la Défense.

Samedi 26 juin 2010. 20h.

 

 

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La photographie de Brian Blade est l'oeuvre du Romantique Juan Carlos HERNANDEZ.

 

 

 

Les noms des lauréats du Concours de Jazz de la Défense ont été annoncés en début de soirée.Ce concours récompense les jeunes espoirs du Jazz français depuis 1977. Le trompettiste Eric Le Lann fit partie des premiers lauréats.

 

 

Voici ceux de 2010:

 

 

 

Composition

2e prix:

Sébastien Palisse, accordéoniste du groupe " Papanosh "pour le titre " Papanosh ".

1er prix:

Yoann Durand, saxophoniste du groupe " Irène "pour le titre " S "

 

Instruments

3e prix:

Adrien Daoud, saxophoniste ténor

2e prix:

Thibault Dufoy, pianiste

1er prix:

Benoît Lavollée, vibraphoniste, marimbiste

 

Groupes

3e prix:

Lunatic Toys

2e prix:

Papanosh

1er prix:

Irène

 

Il faudra suivre les heureux lauréats pour s'assurer qu'ils sont dignes de la confiance placée en eux.

 

Première partie

 

Rabih Abou Khalil: oud

Joachim Kuhn: piano, saxophone alto

?: batterie

 

Ce concert m'a tellement ennuyé voire agacé qu'à partir du troisème morceau je me suis replongé dans la lecture du " Journal inutile . 1968 - 1972 " de Paul Morand. C'est très méchant, comme livre.

 

Deuxième partie

 

Wayne Shorter: saxophones ténor, soprano

Danilo Perez: piano

John Patitucci: contrebasse

Brian Blade: batterie

 

Après le Purgatoire, le Paradis. Le quartet de Wayne Shorter entre en action. La magie du son est là dès les premières notes. La rythmique pulse et Wayne plane rendant le temps élastique. Une expérience de physique musicale. Il fait très chaud et sec ce soir à Paris. Pas de problème pour un concert en plein air à 22h. Quel doux balancement. L'art de vous emmener dans des pays où l'on n'arrive jamais. Une mère tient sa fille de 5 ans (à vue d'oeil) entre se sjambes; même coupe de cheveux, mêmes lunettes, même nez, même attention à la musique. La musique s'agite, devient plus libre. C'est un désordre organisé, ressenti et millimétré. Le quartet monte en puissance. Attention au décollage! Ca redescend en vagues par courants et contre courants. " C'est un peu expérimental " dit une jeune fille qui découvre cette musique manifestement. Nous sommes assis, debout sur l'esplanade Charles de Gaulle à la Défense. Il y a du peuple et de la joie. Au tour de la rythmique de partir. Piano aérien, gros son souple de la contrebasse qui vibre dans le ventre; Le batteur place ses hachures avec délice. Wayne nous surprend dans ses boucles de mage. 77 ans et il envoie toujours. Le groupe sait faire vibrer la foule. Il y a du métier.

 

Intro du batteur. Le piano dialogue avec lui. Cela fait chute d'eau. Au tour du contrebassiste de dialoguer avec le batteur en douceur. Le chant du saxophone ténor s'élève au milieu des tours de la Défense. Cette musique si urbaine, sophistiquées coule de source. Ca swingue grave, viril et actif. Puis ça se décale, devient du beau bizarre, bref du Wayne Shorter. Ils alternent des airs d'apparence simple, presque sifflables et des moments d'évasion hors des sentiers battus. Nous ne sommes ni perdus ni en terrain connu. Wayne est passé au chant d'oiseau du soprano. C'est magique, mystique, érotique, rythmique, mélodique bref du Grand Jazz. Tiens, une petite citation d'un standard " There will never be another You " au soprano. Il le hache menu, le reviste de fond en comble, l'abandonne. Ils nous emmènent loin mais le public suit. Très beau dialogue entre les cordes sous l'archet et le tapotis des tambours sous les maillets. Ca part en vrille entre le soprano qui perce et le batteur qui frappe. Certains spectateurs s'enfuient, effrayés par tant de liberté. Retour à un air plus simple du moins en apparence. Les apparences sont trompeuses. Wayne Shorter a le visage bleu sous les projecteurs. C'est dire si cet homme respire le Blues et expire des Blue Notes.

 

De ses 8 années chez Miles Davis (1963-1970), Wayne a retenu divers trucs dont celui d'enchaîner les morceaux sans attendre la fin des applaudissements pour ne jamais relâcher la pression et assurer la mise en place du groupe à l'abri des mains des spectateurs. Une sorte de ballade aérienne s'élève. Les Dieux se mettent au rythme de la musique et un vent doux se lève sur la Défense. Le batteur, barman de sons (Jean Cocteau), est aux balais. Il distille ses effets. Retour au soprano. Quelles volutes! Ca devient sautillant, swinguant, joyeux mais toujours avec cet art du décalage propre aux grands boxeurs et aux grands jazzmen. La frappe vous surprend toujours. Derrière le chef qui s'envole, la rythmique pousse fort. Ca devient vite énorme. Des jeunes gens de 20 ans restent debouts scotchés par l'énergie d'un homme de 77 ans. Wayne Shorter ne joue pas de la musique de grand-père, c'est clair. Après une brève phase calme, ça repart sur une grosse impulsion de la contrebasse ponctuée par la batterie et les cris du soprano. Il me semble reconnaître " Joy Rider " un album qui figurait dans la discothèque de mon père quand j'ai eu l'âge de découvrir le Jazz.

 

Rappel

 

Une ballade pour calmer le public un peu chaud. Au soprano. Je déguste, je savoure et je vous laisse là, lecteurs attentifs, lectrices curieuses.

 

Au festival de Jazz de la Défense, tous les concerts sont gratuits. Merci au Conseil général des Hauts de Seine de faire si bon usage des deniers publics.

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A bout de souffle reprend le large

Publié le par Guillaume Lagrée

 

" A bout de souffle " du cinéaste suisse Jean Luc Godard est de retour dans les cinémas français, en version restaurée.

 

Un film culte pour les amateurs de Jazz au même titre que " Shadows " de John Cassavetes sorti lui aussi en 1960 (B.O de Charles Mingus).

 

D'abord la mise en scène et le jeu des acteurs sont dignes du Free Jazz qui naît lui aussi en 1960: tournage en lumière naturelle, caméra sur l'épaule, dialogues dans une langue brute, vivante (Godard a renoncé à tourner une adaptation du " Voyage au bout de la nuit " de Louis Ferdinand Céline), scenario écrit jour après jour, découverte de Jean Paul Belmondo à qui ses professeurs du Conservatoire prédisaient un avenir de hallebardier dans les théâtres de province et de Jean Seberg, une blonde américaine à l'opposé des starlettes d'Hollywood.

 

Ensuite il y a la musique de Martial Solal.  Jean Luc Godard voulait du banjo en fond sonore. Martial Solal amena un orchestre et créa une musique en parfaite fusion avec les images.

 

A voir et à revoir sur grand écran en ce moment.

 

  " Dans l'histoire du cinéma, seuls quelques rares films peuvent véritablement être qualifiés de " révolutionnaires " et A bout de souffle de Godard en fait partie. "

Martin Scorsese.

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Un CD à gagner

Publié le par Guillaume Lagrée

 

 

Lecteurs avisés, lectrices perspicaces, aucun(e) d'entre vous n'a encore trouvé à quel Grand Jazzman fait allusion le titre de ce blog:

 

le Jars Jase Jazz

 

Le jeu se poursuit donc.

 

Le premier, la première à trouver gagnera un CD parmi ceux chroniqués sur ce blog.

 

Soit l'objet sera remis en mains propres à Paris soit il sera envoyé à l'heureux gagnant ou l'heureuse gagnante par courrier postal.

 

A vous de jouer.

 

Bonne chance!

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Fête de la Musique à Paris: de Genève à New York via Bobo Dioulasso

Publié le par Guillaume Lagrée

Paris. Lundi 21 juin 2010. Fête de la Musique.

 

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La photographie de la Tour Eiffel est l'oeuvre de l'Helvétique Juan Carlos HERNANDEZ.

 

 

Ambassade de Suisse

. 19h30 – 20h30.

 

L’O de Lune

 

Nathalie Jeannet : chant

Nicolas Teuscher : guitare basse électrique, paroles, musique

Gilles Biard : guitare électrique

 

J’ai pris ce concert en cours de route. Je sortais du travail et j’étais venu pour le concert suivant, celui du quartet de Pascal Schaer.

 

« Cœur de pierres ponces ». Je n’ai pas compris les paroles, en français pourtant, mais la musique est charmante.

 

« La femme des uns sous le corps des autres » (Serge Gainsbourg). Cette chanson figure sur le premier album de Serge Gainsbourg « Du chant à la une » (1958). Un petit bijou qui dure, dans une version bien enlevée. Ce trio rappelle celui de l’album « Confidentiel » de Serge Gainsbourg en 1962 avec Michel Gaudry à la contrebasse et Elek Bacsik à la guitare pour la phase la plus Jazz de sa carrière.

 

Coup de chance. Le soleil est revenu sur Paris. La soirée est douce, propice à la musique. « Martin », jolie musique jazzy mais je ne comprends pas les paroles. Ca doit être de la poésie hermétique suisse.

 

Alternant compositions personnelles et grands classiques de la chanson française, le trio enchaîne sur « Les bancs publics » de Georges Brassens. Le public, lui, ne quitte pas ses chaises.

 

« Mon voisin m’a dit ». Une histoire de séduction entre une demoiselle et son voisin. C’est charmant, délicieux même.

 

Pascal Schaer Quartet.

 

Pascal Schaer : cor des Alpes, trombone

Yann Gordon Lennox : cor des Alpes, trompette

Cyril Moulas : guitare électrique

Baba Konaté : percussions

 

Un microphone sur une petite scène pour un cor des Alpes, est-ce bien raisonnable ? Deux cors des Alpes, un blanc et un noir, ça intrigue les enfants. 3 filles et un garçon de 6 ans environ se mettent au premier rang pour ne rien manquer du spectacle.

 

Le premier morceau est un air traditionnel suisse joué à deux cors des Alpes. Ca parle d’un alpage. Pascal Schaer joue du cor blanc, son complice du cor noir. Pas de doute, bien qu’il soit en bois (sapin de montagne évidemment), que sa forme soit étrange, le cor des Alpes est un cor. Le son est nostalgique, ce son qui disait-on en France sous l’Ancien Régime suffisait à faire déserter les mercenaires suisses sur le champ de bataille, pris par la nostalgie du pays natal. Ca sonne vraiment ancien et alpin. Un souffle d’air pur descend des montagnes de Suisse sur Paris.

 

« Techno cor », un morceau plus moderne a priori. Démarrage aux percus. Le cor sonne comme un trombone, haché, swinguant. La guitare vient s’ajouter dessus et ça balance. Décidément, le métissage du Jazz n’a pas fini de me surprendre entre Suisse, Afrique et Amérique ce soir. D’ailleurs, ça marche. Dans le public, un vieux Monsieur moustachu sourit et dodeline du chef. Après le petit tambour entre les jambes, le percussionniste cale un autre petit tambour sous son aisselle gauche. Solo de cor qui grogne, crache, vibre, pétarade. Le groupe repart avec les deux cors se répondant, la guitare sonnant africaine bien que jouée par un Blanc, le rythme impeccable du tambour. Le son de la guitare devient plus saturé, plus amplifié, plus contemporain. Ca devient assez barré tout en restant coordonné. Le vieux Monsieur à côté de moi était parti pour écouter du classique à l’église Saint Louis des Invalides. Finalement, il reste écouter du Jazz helvéto-burkinabé. Solo de percussions plein de vibrations en ondes positives avec le petit tambour sous l’aisselle et une baguette courbe qui le fait vibrer. Le groupe repart sur la mélodie. C’est un public de musique classique. Il n’applaudit pas les soli. Il attend la fin du morceau pour applaudir. Nous sommes rue de Grenelle, dans le 7e arrondissement de Paris, que diantre ! Une petite fille au premier rang joue des percussions sur ses cuisses. Une vocation de musicienne naitrait-elle ?

 

« Bicorbop » est un peu inspiré du Be Bop d’après son compositeur Pascal Schaer. Guitare et percus lancent le swing. L’autre corniste est passé à la trompette. Ca sonne plus Jazz mais toujours avec cette couleur particulière du cor des Alpes. Trompette, guitare qui fait la basse, percus. Ca balance chez les Suisses, ou bien ! Les enfants et les personnes âgées sont captivés, les adultes et les adolescents ont plus de mal mais ils suivent. Citation de « Tequila » au cor des Alpes ! Pascal Schaer peut aussi faire sonner son instrument comme un  didgeridoo des Aborigènes australiens. D’ailleurs, le cor des Alpes et le didgeridoo sont des instruments parents. Duo guitare/tambour. Que du bonheur ! Ca sonne afro-cubain tout à coup. Solo du grand tambour calé entre les jambes de Baba Konaté. La peau chante sous ses mains. Ca vibre dans le ventre du spectateur. Il fait monter et descendre la pression à merveille, envoûtant le public.

 

« Blues for Ali », hommage au guitariste malien Ali Farka Touré. Mon voisin s’est décidé à partir aux Invalides. La musique ne semblait pas l’avoir blessé pourtant. Pascal Schaer prend son trombone à coulisse. Guitare et percussions frottées entre les mains. Jeu de trombone wah wah. La Jungle de Duke Ellington rend hommage à la brousse africaine. Ca swingue chaleureusement avec le feeling africain de la guitare et du tambour. Beau jeu de questions/réponses entre guitariste et percussionniste. Le vent du désert souffle sur les alpages suisses.

 

Pour découvrir des cors des Alpes s'ébattant dans leur milieu naturel, je vous invite à aller à Nendaz, dans le canton du Valais en Suisse. Bon voyage.

 

Après cette première partie de soirée enchanteresse, je suis allé au Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme pour l’exposition Radical Jewish Culture. L’exposition est très intéressante. J’y reviendrai dans une autre chronique après l’avoir parcouru plus en détail. Pour cette soirée spéciale, des films étaient projetés dans la cour de ce superbe hôtel particulier du XVII° siècle, ancienne propriété de la famille Rotschild, volée par l’occupant et ses collaborateurs entre 1940 et 1944, restituée suite aux travaux de la commission Matteoli et offerte par la famille Rotschild pour y créer ce musée. Il s’agissait donc de films mettant en scène John Zorn et ses complices, l’avant-garde new yorkaise du début des années 1990. Au bout de 15mn d’agression sonore et visuelle permanente, je suis parti. Je ne suis pas assez snob pour être masochiste. N’ayant pas la possibilité de riposter à cette agression, j’ai choisi la fuite. Sans remord ni regret.

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