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Marc Buronfosse Sounds Quartet en concert au 38 Riv

Publié le par Guillaume Lagrée

Marc Buronfosse Quartet. Paris. Le 38 Riv’

Mercredi 16 juin 2010. 20h30.

 

 

 

Marc Buronfosse : contrebasse, compositions, arrangements

Jean Charles Richard : saxophones soprano, baryton, flûtes bansouri, simsin

Benjamin Moussay : piano, claviers électroniques

Antoine Banville : batterie, percussions

 

Je découvre le 38 riv’ sis au 38 rue de Rivoli, 75004 Paris, métro Hôtel de Ville. C’est une cave voûtée en pierre au deuxième sous sol de l’immeuble. Aucun risque de réveiller les voisins. Par contre, la tradition parisienne du club de Jazz à la climatisation glaciale, aux chaises inconfortables et aux issues de secours contraires à toutes les normes en vigueur est bien maintenue. Dans le bon sens, l’entrée n’est pas chère (12€ maxi), les boissons et les sandwiches frais non plus. Début du concert à 21h07 pour un horaire affiché de 20h30. Les Jazzmen maintiennent en Occident une conception africaine du temps.

 

Solo de contrebasse en introduction. Grave et mat. Le son rebondit sur les pierres de la cave. Piano et batterie viennent s’ajouter pour créer l’ambiance. Le soprano vient ajouter ses volutes acidulées. Passage assez free puis retour au calme avec la rythmique. La contrebasse s’ancre dans le ventre. Une jolie mélodie chaloupée s’élève. D’ailleurs Jean Charles Richard nous fait le chant des goélands au dessus du navire. C’était « Mirrors ».

 

« The cherry tree » en hommage à Don Cherry. Démarrage flûte/contrebasse. DJ Benji vient ajouter des sonorités électroniques étranges qui répondent au chant de la flûte. Antoine Banville joue des percussions sur sa batterie. Musique suspendue entre Ciel et Terre comme celle de Don Cherry. Du Jazz sous influence africaine, orientale, universelle et galactique. Ca pulse bien. Jean Charles passe au baryton. Antoine est passé aux baguettes sur la batterie. La musique devient plus terrestre, ancrée mais toujours vive, passionnée. Benjamin est au piano. Ca c’est du Jazz et du meilleur. Retour à la petite mélodie de départ. Les sons électro se mêlent à la flûte. Fin.

 

« AOC » : « A Ornette Coleman ». Rien à voir avec le vin. D’ailleurs, pour le vin, on dit aujourd’hui AOP (Appellation d’Origine Protégée). Démarrage énergique batterie/soprano. C’est plutôt Free en effet. Toujours ce gros son de contrebasse qui vibre dans le ventre. Pas facile d’entendre le piano. Jean Charles fait barrir son sax soprano. Le piano a un son de bastringue. C’est curieux sur ce jazz moderne, lyrique, énergique. Belle montée en puissance orchestrée par le piano. Benjamin emmène la rythmique dans une autre direction, creusant, avançant, tirant, impulsant. Nom de Zeus, c’est bon ! La contrebasse est toujours ancrée et la batterie hache, pulse. Antoine tient ses baguettes la main avancée sur le manche. Est-cela qui lui donne ce son si spécial ? Jean Charles revient mettre son grano salis dans la sauce. Ca monte en puissance jusqu’au final.

 

DJ Benji commence à bidouiller, à faire des ondes brouillées. C’est bon comme les œufs du même nom. Pendant ce temps, Marc creuse sa contrebasse, faisant bondir les notes. Benjamin repasse au piano, très grave lui aussi. Antoine fait vibrer les cymbales aux maillets. Ambiance sombre et mystérieuse. Jean Charles vient alléger l’ensemble avec le son aigu du soprano. Antoine ajoute des bruitages avec des percussions bizarres. Puis DJ Benji revient avec ses sons électroniques à la Kubrik ’s Kub. Une mélodie s’élève, le tempo s’accélère. Cela tourne à la chevauchée fantasmagorique. Nous voilà embarqués dans le vaisseau spatial. Même le soprano part en voyage intersidéral. Ca se calme avec le retour du piano. Son très chaud, très mat de la contrebasse. Benjamin place quelques notes évanescentes et installe le silence autour de lui. Marc le rejoint pour habiller le silence des pas de velours de Madame la contrebasse. Un petit coup de baguettes sur les cymbales et le soprano entre dans la danse. Ca y monte comme disent les Savoyards. L’archet lance le mouvement, piano et batterie l’accompagnent. Le cri du soprano s’élève bien au dessus du plafond bas de la cave du 38 Riv’. L’impulsion repart avec la contrebasse en pizzicato. Le batteur nous fracasse. Ca pousse très fort. La rythmique repart. Benjamin brode énergiquement au piano. La contrebasse tisse sa toile, la batterie attaque sévère et, malgré cela, Benjamin s’échappe, s’envole. Nom de Zeus, ça joue ! JC souffle dans une petite flûte au son oriental. Ca doit être le simsin turc. Ca bourdonne. Moins que la vuvuzela sud africaine heureusement. Tel le Bolchevik  et son couteau, Antoine Banville tient une baguette entre ses dents. Retour à la belle mélodie flottante, évanescente au piano.

 

PAUSE

 

« 1, 2, 3, 4, 5. 1, 2, 3, 4, 5 » lance Marc. Démarrage groupé. Sax baryton. Antoine joue des mains sur ses tambours. C’est souple, grave, chaud. Ca balance bien. C’est dense, direct, puissant. La rythmique part. Le batteur hache menu, le contrebassiste pulse fort et Benjamin Moussay sautille, décolle, s’envole. Le baryton revient dans le jeu en arrière plan. La rythmique tourne maintenant autour de la contrebasse tonique. Benjamin s’amuse à bidouiller des sons dont il a le secret. C’était un Blues sériel, « Serial Blues », rien à voir avec un Serial Killer donc.

 

« Jennifer’s Mood » une ballade dédiée à une certaine Jennifer présente dans la salle. Ils ont intérêt à bien jouer ce morceau ! Le batteur est aux balais. La rythmique ronronne. C’est rêveur, romantique. Le soprano vient ajouter sa douce plainte à l’ensemble. Cela devient plus abrupt, plus énergique. Cette femme ne s’en laisse pas conter. Le piano sonne toujours bastringue en contraste avec la poésie, l’énergie du morceau.

 

D’après l’explication de Marc Buronfosse, la ligne de basse de ce morceau lui est venue lors d’un concert à Radio France puis le thème est venu se greffer dessus. Belle ligne de basse solide, virile. Autour le groupe tourne bien.

 

« Treize » soit 13 parties de 13mn pour conclure le 2e des 13 sets ! Ca commence comme une ballade mystérieuse par la rythmique. Son aérien du soprano. Antoine fait de jolis bruits avec ses percussions. Les cordes de la contrebasse font vibrer nos cordes sensibles. La rythmique ronronne de plaisir. Jean Charles vient ajouter la chaleur et la rondeur du saxophone baryton. C’est très beau. Cet air est un pur enchantement. Ca vous prend, vous enveloppe, vous emmène. Merci Messieurs.

 

Rappel

 

« Petite valse ». Une valse chaloupée, décalée. Le sax baryton est souple et chaud comme tout le groupe d’ailleurs. Morceau bref comme Pépin.

 

Au total, à partir d’un album plaisant, le quartet de Marc Buronfosse nous a offert un concert splendide. Je n’en attendais pas moins de musiciens de cette envergure. Mon attente ne fut pas déçue. Enfin, certaines spectatrices étaient aussi magnifiques que la musique.

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Mozart sort la nuit à Paris

Publié le par Guillaume Lagrée

 

 

« Mozart la nuit » par Antoine Hervé et Cie.

Paris. Théâtre du Châtelet. Lundi 14 juin 2010.21h.

 

 

Antoine Hervé

 

 

Antoine Hervé : piano

François Moutin : contrebasse

Louis Moutin : batterie

Médéric Collignon : bugle, cornet de poche, voix et bruitages

Véronique Wilmart : dispositif électronique

Maîtrise des Hauts de Seine

 

 

La photographie d'Antoine Hervé est l'oeuvre du Frétillant Juan Carlos HERNANDEZ. Toute utilisation de cette oeuvre sans l'autorisation de son auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales

 

 

 

Le chœur vient se ranger par ordre de taille du plus petit au plus grand derrière les musiciens.

Aux bruitages électroniques vient répondre le piano acoustique. Le rideau se lève et dévoile une maîtrise de 120 enfants (7 à 16 ans), la maîtrise des Hauts de Seine. Les frères Moutin entrent eux aussi dans la danse. Le liant de la chorale s’oppose aux cassures du groupe de Jazz. Un air de Mozart joué par une rythmique de Jazz, c’est une petite gourmandise sucrée et délicieuse garantie sans calorie. Par un glissement élégant, la rythmique passe de Mozart au Jazz tout en gardant la grâce. Médéric, au bugle, a mis la sourdine Harmon. Mozart devient bluesy. Le chœur répond au bugle et lycée de Versailles. Une nappe de sons électroniques vient nimber l’ensemble. Duo de conjoints entre piano et électro. Les frères Moutin ramènent le Jazz dans la place. Médéric sonne davisien en diable avec la sourdine.

 

Le chœur bavarde. D’un geste Antoine le fait taire. La pulsation électronique est relayée par la rythmique. La chorale scatte. Le chant mozartien devient haché, rythmé, Jazz. Des petites lumières s’allument près des visages des chanteurs comme des briquets dans un concert de variétés. Médéric se déchaîne, trafiquant le son de son cornet de poche. Louis Moutin hache menu ses cymbales. François pose les fondations et le chœur se place par-dessus. Médéric lance quelques notes au feeling hispanique. La rythmique tourne relax, bluesy installant l’attente. Médéric accompagne la maîtrise avec ses vocalises uniques. Dans son jeu de cornet passent des réminiscences du Miles Davis de  « Sketches of Spain ». La rythmique ronronne comme un gros chat aux pattes de velours. Le chœur s’envole par-dessus. Berceuse fort élégante ma foi. Le chef de chœur fait un beau travail en coordonnant ses élèves avec ces Jazzmen. La musique est très écrite mais il demeure une part d’improvisation. Médéric joue très appliqué et impliqué. Il joue même d’une sorte de flutiau bizarre.

 

La rythmique démarre franche et virile derrière une soprane en soliste. La musique est Jazz, pas le chant, mais ça colle. Un vieux Monsieur devant moi s’enfuit discrètement. Son petit fils doit chanter dans la Maîtrise et ne l’a pas prévenu du programme. Manifestement , il ne s’est pas remis de sa surprise. Médéric vient mouiller la musique avec son cornet au son trafiqué.

 

Antoine se lève pour scatter en duo avec Louis Moutin jouant des mains sur ses tambours. Ca marche. Le public bat la mesure. C’est l’intro du  Dies Irae du Requiem de Wolfgang Amadeus Mozart ! Le chœur se lance joyeusement. Le Dies Irae groove. Médéric souffle dans son délicat instrument. Le Dies Irae dies illa s’élève du chœur tout puissant. C’est le bazar organisé. Les choristes lancent leurs partitions en l’air. Médéric se lance dans des bruitages entre souffle et aigu. Il fait même le souffle du vent d’hiver dans les sapins enneigés. Grâce à la magie de la technologie, il lance sa voix en boucle et improvise par-dessus. « Extraordinaire » dit une voisine qui découvre le phénoménal Médéric Collignon. La rythmique swingue terrible. Médéric a repris son cornet magique, à mille parfums au moins. François fouille l’aigu de sa contrebasse alors que Louis malaxe à pleines mains ses tambours. Alliance de sonorités éloignées entre la rythmique Jazz, le cornet avec effet mouillé 70’s, l’électronique de Véronique et la chorale classique. Et pourtant ça colle.

 

RAPPEL

 

Reprise d’un morceau. Dialogue électro/piano pour commencer. Puis un bon gros swing de la rythmique. Il faut vraiment aimer Mozart pour le bousculer ainsi. Cela me rappelle ce que disait Alexandre Dumas père de l’Histoire : «  Certes je viole l’Histoire mais je lui fais de beaux enfants. ». Le chœur s’envole sur une rythmique bien ancrée nimbée d’électronique ; Médéric nous fait un solo de guitare électrique avec la voix. Cet homme a mille tours dans son sac comme ce flutiau coulissant avec lequel il joue. Ca finit comme ça.

 

RAPPEL

 

Le chœur est en pleine lumière. Ca swingue tranquille et énergique. Médéric monte le son pour se faire entendre avec le chœur. Les choristes portent tous une écharpe blanche. Ils ne sont pourtant pas magistrats ou avocats.

 

Une soirée fort divertissante et surprenante.Je n'ai pas pu interroger Mozart sur cette façon de revisiter sa musique mais quelque chose me dit qu'en homme libre il aurait aimé cette liberté.

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Antonio Carlos Jobim et la Bossa Nova par Jacques Vidal le 24 juin

Publié le par Guillaume Lagrée

Deuxième Concert Thématique 

 

 

 le   jeudi 24 juin   2010   à 20 heures
 

 

Antonio Carlos JOBIM  -  La Bossa Nova et le Jazz

 

 

Jazz Club de l'Abbaye  - 22 rue Jacob  - 75006 PARIS  

  Métro Saint-Germain-des-Prés

 

Soirée  présentée  par  Franck MEDIONI

 

 

Concert suivi d'une     discussion-débat et

 d'un Jazz Quiz sur la Bossa Nova

(qui permettra de repartir avec un cadeau).

 

 

Isabelle CARPENTIER chant

 Frédéric SYLVESTRE guitare  

 Jacques VIDAL contrebasse 

 Xavier DESANDRE-NAVARRE percussions

 

  et un invité-surprise

 

 

tarif plein 15 euros

étudiants 10 euros

 

 

 

www.jacquesvidal.com

 

 

Les thèmes à venir :

Charlie Parker, octobre 2010  -  La Contrebasse, décembre 2010  -  La Batterie  Le Free Jazz  -  Ella Fitzgerald  

Sonny Rollins etc...

 

 

 

Interview à consulter sur le site de la revue "Les Trois Coups" :

http://www.lestroiscoups.com/article-concerts-thematiques-a-l-abbaye-jazz-club-a-paris-entretien-avec-jacques-vidal-et-franck-medioni-realise-par-jean-fran-ois-picaut-49427545.html

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Sélection Jazz à Paris pour la Fête de la Musique 2010

Publié le par Guillaume Lagrée

 

Lectrices raffinées, lecteurs distingués, vous savez certainement qu'une invention française au succès mondial, la Fête de la Musique, aura lieu le lundi 21 juin 2010 pour fêter l'été.

Le programme indique pour Paris, Ile de France, France, 56 événements Jazz ce jour là.

 

 

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Comme vous l'avez deviné, lectrices distinguées, lecteurs raffinés, la photographie de la Tour Eiffel à Paris est l'oeuvre du Savoureux Juan Carlos HERNANDEZ.

 

 

J'ai retenu deux manifestations particulièrement originales à mon goût (partiel et partial je vous l'accorde):

- à 18h et à 19h30 à l'ambassade de Suisse, Etat dont mon honorable associé Juan Carlos HERNANDEZ est un sémillant ressortissant, le quatuor de Pascal Schaer mêlant cor des Alpes et percussions africaines. Il y a des vaches sur les hauteurs des Grisons qui ne s'en sont pas encore remises...

- de 17h à 0h, ouverture exceptionnelle de l'exposition Radical Jewish Culture au Musée d'Art et d'Histoire du Judaïsme. A partir de 22h, projection d'un film rare sur le leader de ce mouvement, le saxophoniste new yorkais John Zorn et quelques uns de ses complices dont le guitariste français Marc Ribot qui, lui, n'est pas Juif. L'importance des Juifs dans le Jazz est immense. Il doit y avoir des thèses là dessus. Si ce n'est pas fait, c'est à faire. C'est ce que les Américains appellent le " minority factor ". Quelques noms au hasard: Stan Getz, Benny Goodman (leader du premier groupe de Jazz mélangeant Blancs et Noirs aux USA), Eddy Rosner, Zoot SIms, Al Cohn, Lou Levy, Martial Solal, Lee Konitz, David Liebman...

David Liebman raconte cette histoire qui lui est arrivée en 1973 alors qu'il jouait dans le groupe de Miles Davis.

 

" Miles, qu'est ce que je fais dans ton groupe avec tous ces Noirs qui jouent du Funk alors que je suis un Blanc Juif New Yorkais qui joue du Jazz? "

" Les gens aiment voir tes doigts bouger vite sur le saxophone, Dave "

 

Ce n'est pas un hasard si les nazis qualifiaient le Jazz de musique dégénérée: le fruit du dialogue entre Noirs et Juifs aux Etats Unis d'Amérique sans compter les Manouches en Europe (Django Reinhardt et Cie) ne pouvait pas leur plaire.

 

 

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Jeu concours idiot

Publié le par Guillaume Lagrée

 

 

Subtils lecteurs, fines lectrices, le titre de ce blog est un clin d'oeil à un Grand Jazzman.

Lequel?

A vous de le deviner.

 

New York

 

 

La photographie de New York est l'oeuvre de l'Urbain Juan Carlos HERNANDEZ.

 

 

 

 

Le premier à trouver ne gagnera pas un voyage à New York pour 2  personnnes mais toute mon estime et ma considération ainsi qu'un album à choisir parmi ceux chroniqués sur ce blog.

 

Cet album sera remis à Paris, Ile de France, France par mes soins à l'heureux gagnant ou l'heureuse gagnante dans un sympathique estaminet.

 

Si le gagnant ou la gagnante habite quelque part entre Vladivostok et Tombouctou, c'est-à-dire très loin de Paris, nous nous arrangerons.

 

Aucun indice ne vous sera fourni.

A vous de jouer.

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Henri Texier Red Route Quartet invite Francesco Bearzatti au Sunset

Publié le par Guillaume Lagrée

 

 

Henri Texier Red Route Quartet + Francesco Bearzatti

Paris. Le Sunset. Vendredi 4 juin 2010. 22h.

 

 

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La photographie d'Henri Texier est l'oeuvre de l'Obstiné Juan Carlos HERNANDEZ.

 

Henri Texier : contrebasse, compositions, arrangements, direction

Sébastien Texier : saxophone alto, clarinette basse

Manu Codjia : guitare électrique

Christophe Marguet : batterie

+

Francesco Bearzatti : saxophone ténor, clarinette

 

Rubrique people : Pour ceux qui l’ignoreraient, Sébastien Texier est le fils d’Henri Texier. Il joue dans d’autres groupes que celui de son père, y compris un groupe dont il est le leader. C’est bon signe.

 

Introduction du Boss. Quel son ! Il creuse profond tout de suite. Puis ça bondit. Les saxs se mêlent poussés par la rythmique. La guitare de Manu vient frotter nos cordes sensibles. Francesco se love autour de son sax ténor et nous enveloppe d’un son suave et viril. Et derrière ? Derrière, ça pulse, sapristi ! La guitare vient apporter un mordant rock’n roll à cette musique. Solo de M. Henri soutenu par un friselis de cymbales., ponctué par quelques notes claires, précises de guitare. Ca devient un conte magique. Le charme opère toujours avec m ; Henri. Certes, c’est le défilé classique thème/solo/thème mais joué avec tant de vie, d’énergie, d’invention que ça se boit comme du petit lait. C’était une composition ancienne « Work Rebel Song ».

 

« A partir de maintenant, toutes les compositions sont nouvelles et c’est la première fois au monde que nous les jouons tous les cinq ensemble » annonce M. Henri Texier.

 

Intro au sax ténor, suave et viril toujours. Le groupe part sur une des compositions dont M. Henri Texier a le secret : simple, entraînante, envoûtante. Plus qu’un musicien, M. Henri est un conteur. La guitare se détache sur un ensemble mélancolique et énergique. La classe, vous dis je ! Francesco devient plus âpre tout en restant lyrique. La rythmique roule comme un charriot souple et confortable. Manu tranche net mais pas à vif. Au tour de Sébastien de partir en vadrouille poussé par la rythmique. Texier, Marguet, ça tourne ! Avec sa barbe et son bonnet, M. Henri Texier est le Grand Schtroumpf de la contrebasse. Sa sagesse et sa créativité le font régner sur un royaume féérique et pacifique, celui qu’il crée par sa musique. C’était « Tango fangoso » un hommage à British Petroleum (BP).

 

« De nada »  est un autre hommage à BP. Quel son boisé, profond ! Ce n’est plus une contrebasse qui chante, c’est une forêt. Les sax ensemble sonnent comme un accordéon. Ils sont bien dans l’ambiance tango. Ca swingue, ça balance doucement. Sébastien est passé à la clarinette basse, avec un son de grand jouet. Francesco lui succède à la clarinette, léger, altier, poignant. Derrière, électrique, la guitare bruisse. Christophe Marguet passe aux balais, tapotant joyeusement et subtilement pour distribuer, relancer comme un avant-centre fuori classe.

 

Introduction de la guitare. Les musiciens sont dans un processus démocratique. Chacun a droit à  son tour d’intro. Tiens, Manu nous fait le chant des mouettes par une nuit mouvementée en Mer du Nord. Il y a de la friture sur la ligne. Une tentative de brouillage par les radars ennemis certainement. La vague électrique s’apaise par l’ancrage de la contrebasse et de la batterie aux balais. Ca plane toujours. S’il continue ainsi, Manu va nous jouer «  Smoke on the water, fire in the sky. » Les saxs reprennent, ajoutent de l’acidité sur un ensemble très dense. Même le batteur bat la mesure derrière son zinc. Ca groove, baby ! Assise près de moi, une dame respectable oscille sur les poufs pour enfants du Sunset. Ca sonne comme un héritage bien assumé du Jazz Rock des 70’s. C’était « Muy Calor ».

 

Un troisième hommage à BP, société très honorée ce soir, avec « Louisiana dark waters ». Introduction du batteur aux balais. Tambours et cymbales deviennent sombres et menaçants. La guitare sonne en Blues triste. C’est une sorte de requiem pour le bayou de Louisiane. Une autre plainte s’élève, celle du sax alto. Puis celle du ténor avec Francesco qui tord son instrument pour en extraire le suc le plus pur. C’est beau comme un oiseau de mer englué dans le mazout qui ne peut plus s’envoler.

 

Un morceau plus vif et plus joyeux. Petit duo free entre batterie et sax ténor. Solo du batteur qui assure aux baguettes.

 

PAUSE

 

Introduction de Sébastien à la clarinette. Oh, le bel oiseau qui est sorti ! Les tambours volent sous les baguettes. Le groupe repart avec un swing oriental. Le sax alto s’élève en fumée au dessus de la joyeuse marmite de la rythmique. Le sax ténor reprend la main chaud, viril. Dans la course des saxos, il n’y a pas photo. A tous les coups, c’est Francesco qui gagne. La guitare s’élève limpide, tranchante et claire. Solo de contrebasse soutenu par la batterie et nimbé de guitare. La dame et le monsieur respectables ont repris leurs danses sur leurs poufs d’enfants. C’est dire la puissance de cette rythmique.

 

Intro au ténor de Francesco. De l’attaque, du velours, du sentiment, de la vélocité, de la douceur. Cet homme maîtrise son instrument. Puis le groupe démarre sur un Blues tranquille. Yeah, baby ! Il y a quelque chose d’ellingtonien. Ca touche droit au cœur. Ca berce et c’est beau.

 

Un morceau plus vif, plus agité. M. Henri n’annonce plus les morceaux. Ca sonne comme le Free Jazz d’Ornette Coleman. Contrebasse et batterie bien solides, alors que le sax ténor de Francesco musarde sur des chemins connus de lui seul. Il ya aussi une touche espagnole qui me rappelle le Olé ! de John Coltrane. Après le solo de batterie, duo lunaire batterie/guitare. Il y a du remous dans la Mer de la Tranquillité. Tout le groupe envoie sévèrement. C’était « Samba Loca » précédé de « Sombre jeudi » lui-même précédé de « Ravinega boulden » ( ?).

 

« No Fandango ». Comme son nom l’indique, ce morceau est garanti sans fandango. Introduction de guitare mystérieuse à souhait. Cette ballade de velours vous enveloppe avec juste ce qu’il faut d’amertume pour éviter la miévrerie.

 

Le concert a continué mais mon stylo m’a lâché. Ma chronique cesse donc ici. La musique de M. Henri Texier et de ses fidèles associés est une pure merveille. Elle participe de l’exception française dans le meilleur sens du terme, ancrée et ouverte, libre et coordonnée. Il est encore possible de partir à l’aventure en musique. La preuve par M. Henri Texier.

 

 

 

 

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Jelly Roll Morton " The Library of Congress Recordings ". L'Ancien Testament du piano Jazz.

Publié le par Guillaume Lagrée

Jelly Roll Morton « The Library of Congress Recordings ». 1938.

Jelly Roll Morton: piano, chant, récit.

Ferdinand Joseph La Mothe dit Jelly Roll Morton (La Nouvelle Orléans, 1890. Los Angeles, 1941) avait écrit sur sa carte de visite « Inventeur du Jazz ». C’était un peu exagéré mais de la part d’un homme qui jouait du piano dans les bordels de la Nouvelle Orléans à l’âge de 10 ans, fut joueur de cartes professionnel, inventa le pimp style (costard flambant, pompes en croco, diamants dans les incisives) rien n’était impossible.

Si Earl «  Fatha » Hines est le père des pianistes de Jazz, Jelly Roll Morton en est le grand- père. Avant lui, il y a le ragtime au rythme mécanique. Jelly Roll aère, allège, assouplit la musique. C’était un Créole de la Nouvelle Orléans («  The Sultans of Swing play creole » chante Mark Knopfler en mémoire d’un fameux orchestre de Jazz de la Nouvelle Orléans), au nom français, sachant lire et écrire la musique, un dur et un gentleman.

En 1938, lessivé par la Crise de 1929, il n’est plus que pianiste de bar à Washington lorsqu’il entend à la radio William Christopher Handy, l’auteur de l’immortel « Saint Louis Blues » (écoutez la version chantée par Bessie Smith accompagnée par Louis Armstrong, vous ne vous en remettrez jamais), prétendre qu’il est l’inventeur du Jazz. Furieux, Jelly Roll écrit à la radio une lettre de 4000 mots pour rappeler que l’inventeur du Jazz c’est lui, Jelly Roll Morton, et personne d’autre. Intrigué, Alan Lomax, le producteur qui découvrit Billie Holiday et Bob Dylan l’invite à Washington, à la Bibliothèque du Congrès, la plus grande bibliothèque du monde. Jelly Roll s’asseoit au piano, joue, chante, raconte La Nouvelle Orléans. Les bandes tournent. L’enregistrement dura plusieurs mois. Ce qu’il en demeure, c’est l’Ancien Testament du Jazz comme les Variations Goldberg de Johann Sebastian Bach sont celles du classique.

La musique coule comme le fleuve Mississipi, lente, chaude, boueuse, charriant pépites et cailloux. Il suffit de se laisser aller. Rien ne presse. Quelques pépites glanées au fil du voyage : les deux versions de « Maple leaf rag » en style Saint Louis et en style Nouvelle Orléans, la démonstration de breaks (le break, une des clefs du Jazz), Salty Dog où l’auditeur voit littéralement un petit chien sautiller, pour finir par une quintessence de Blues et de Swing « If You was whisky and I was a duck ». Cf extrait audio au dessus de cet article.

Cet homme avait du feu dans les mains, un charme fou, de la sensibilité, de la sensualité, de la vitalité. Plus qu’une œuvre d’art, c’est un art de vivre qui se joue ici. La Nouvelle Orléans a été ravagée par le cyclone Katrina. Les côtes de Louisiane sont souillées par une marée noire. Il suffit de mettre cet album dans votre mange-disques pour faire revivre une vie, celle de Jelly Roll Morton, une ville, la Nouvelle Orléans, un monde, celui du Jazz d’avant 1917, année de la fermeture des maisons closes de la Nouvelle Orléans pour cause de départ des soldats américains vers l’Europe ce qui chassa hors de la ville de nombreux musiciens.

Cette musique parle t- elle encore à un pianiste de Jazz en 2010 ? C’est la question que j’ai posé à Bruno Angelini, pianiste très favorablement connu de nos services.

 

Je cède donc la parole à Bruno Angelini. Vous devinerez mes questions d'après ses réponses, lecteurs raffinés, lectrices subtiles.

 

Bien sûr que cette musique parle encore aujourd'hui. Pour un musicien, il y a ce qui existe et ce qu'il cherche à raconter. Pour raconter sa propre histoire, il faut se reposer sur l'Histoire. Cet homme était un novateur à son époque, donc il est intéressant. Sur le plan pianistique, je fais partie de cette génération de musiciens qui a commencé directement avec Bill Evans (Bruno Angelini enseigne le piano à la Bill Evans Academy à Paris) puis Herbie Hancock, Paul Bley. Après quand j'ai joué  du Jazz, j'ai senti que j'avais des manques. Assez naturellement, j'ai fait un petit retour en arrière et j'ai commencé à prendre conscience de la valeur de ces gens. D'abord, ce fut Monk. J'ai aussi une grande passion pour Duke Ellington. Quand j'ai commencé le piano solo, j'ai eu envie de pratiquer le stride à ma façon.J'ai refait un pas en arrière vers Jelly Roll, Earl Hines, James P. Johnson. J'ai consulté un ouvrage d'un pédagogue Bill Dobbins. Il avait harmonisé " All of me " selon 24 pianistes différents de Scott Joplin à Cecil Taylor. Ca m'a amené à travailler ce standard, à écouter les versions originales. Et puis l' " Anthologie du piano Jazz " d'André Francis que j'ai écouté avant de faire mon abum solo au piano " Never alone ".

 

C'est un Grand de cette époque. On entend toujours le temps, la pulsation. Il a toujours le time mais il prend des risques. Il a une conception orchestrale du piano, il reprend un orchestre. Il y a de vrais moments de lâcher prise, d'improvisation. C'est extrêmement difficile, très impressionnant, vertigineux. Il garde le time, la fréquence avec la fraîcheur, l'impro.

 

On ne peut pas autant identifier un musicien avec une origine aujourd'hui que Jelly Roll Morton avec La Nouvelle Orléans en son temps. Le mélange va plus vite avec les moyens actuels de  communication. A chaque fois que j'ai joué avec des Américains, de New York, le son était différent de celui dont j'ai l'habitude. A Paris il y a un son avec les Européens, avec les Africains. Il y a tout de même une tendance liée à l'époque. Les jeunes musiciens couvrent aujourd'hui une bonne partie de l'histoire du Jazz vu leur bagage, leur formation, de Broadway au Free Jazz, de la musique européenne au rock et à la pop. Jelly Roll Morton était un Créole, il lisait la musique, avait une bonne éducation. Il faut bien se rendre compte que ces gars étaient des fous furieux! Jelly était joueur de cartes professionnel, avait un diamant incrusté dans les dents.

 

Je ne dirai pas qu'il y a des traces directes de Jelly Roll dans la musique actuelle. Comme c'est un des premiers qui a mélangé le ragtime avec le Blues, un des premiers improvisateurs, son influence est inestimable puisque le Jazz est LA musique d'improvisation du XX° siècle. Il faut écoluter, par exemple, sur cet album, sa démonstration de breaks, le break un truc propre au Jazz. L'influence n'est pas visible mais lui est à la source.

 

Jelly Roll paraît facile. Ca veut dire que ce gars domine énormément son sujet. J'y réfléchis constamment. Par exemple, sur le tempo up,on a tendance à se presser, se crisper alors que c'est déjà rapide. On peut s'exprimer quand on a une distance de sécurité avec les choses qu'on nous demande. Quand j'ai 6h devant moi dans une journée, je fais 6h de piano pour améliorer ma technique, ma connaissance afin d'exprimer des émotions, de la fraîcheur, de la sensualité.

 

Jelly Roll était joueur professionnel de cartes et de piano. On peut aussi bluffer en musique. On peut parfois s'affronter à quelque chose qu'on ne peut, qu'on ne sait pas faire en musique. Le bluff consiste alors à contourner les choses pour les amener sur son terrain mais c'est aussi comme cela qu'on trouve de nouvelles solutions.Par exemple, Miles Davis qui jouait avec Charlie Parker sans avoir la virtuosité de Dizzy Gillespie. Bluffer ça peut aussi vouloir en garder sous le coude, un as dans sa manche.

 

Je fais écouter cette musique à mes élèves pour qu'ils la découvrent, la respectent. La jeunesse peut avoir un certain dédain pour ces vieux machins, ne pas avoir conscience du passé. Ils doivent aussi apprendre qu'on ne crée jamais à partir de rien.

 

Tout est dit. Il ne vous reste plus qu'à écouter, étudier, apprécier Jelly Roll Morton.

 

Le pianiste, compositeur et pédagogue américain Dick Hyman explique le style de Jelly Roll Morton. Profitez en!   

 

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Festival de Jazz de la Défense du 18 au 27 juin 2010

Publié le par Guillaume Lagrée

Vous êtes un bureaucrate en costume cravate (ou en tailleur/chemisier) enfermé dans une tour de la Défense, une victime innocente du métro/boulot/dodo.

 

Réjouissez vous! Le Jazz vient à vous.

 

Le festival de Jazz de la Défense viendra animer le Parvis comme chaque printemps du vendredi 18 au samedi 27 juin 2010.

 

Chaque midi, pendant la pause déjeuner, un concert gratuit viendra vous nettoyer les tympans et le cerveau.

 

Sans oublier le concours de Jazz qui a découvert tant de talents depuis plus de 30 ans et les concerts du soir dans les villes des Hauts de Seine.

 

Pour finir vous aurez même plaisir à revenir le week end pour écouter deux Maîtres des airs aériens, subtils et troublants,  Mr Wayne Shorter en personne le samedi 26 et le Brésilien Caetano Veloso le dimanche 27.

 

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Matthieu Marthouret " Organ Quartet " embrasera le Baiser Salé le 27 juin

Publié le par Guillaume Lagrée

 

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La photographie de Matthieu Marthouret est l'oeuvre du Groovy Juan Carlos HERNANDEZ.

 

 

Comme vous le savez, fidèles lecteurs, aimables lectrices, j'apprécie le dernier album " Playground " du quartet organique de Matthieu Marthouret.

 

 

 

Le voici servi chaud sur la scène du Baiser Salé, 58 rue des Lombards, Paris 1er, le dimanche 27 juin 2010 à 20h30.

 

 

 

Venez finir le week end en chaleur et en beauté avec Matthieu Marthouret.

 

 

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Marc Buronfosse " Face the Music " Quartet en concert le 16 juin

Publié le par Guillaume Lagrée

Marc Buronfosse " Face the Music " Quartet.

38 Riv, Paris.

Mercredi 16 juin 2010. 20h30.

 

 

" Le Jazz, c'est comme les bananes. Ca se consomme sur place." Jean Paul Sartre.

 

Après la sortie de l'album, Marc Buronfosse présente son nouveau quartet au public dans un lieu que je ne connais pas, sis au 38 rue de Rivoli à Paris, 4e arondissement. Une nouvelle musique dans un nouveau lieu, cela fait deux découvertes pour le prix d'une. Le tout pour un prix raisonnable. Laissez tomber la Coupe du Monde de balle au pied, sortez écouter du Jazz, sacrebleu!

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