Thierry Péala & Levi Harvey enchantent le Café Laurent
Thierry Péala
&
Levi Harvey
Le Café Laurent
Paris, Ile de France, France
Lundi 6 janvier 2025, 19h45
Thierry Péala : chant
Levi Harvey : piano
Invitées:
Géraldine Laurent : saxophone alto
Axelle du Rouret : chant
Un standard dans l’esprit du Café Laurent même si les lumières sont bien allumées « When lihts are low ». Le piano fait l’orchestre. Mélodie, harmonie, rythme, ligne de basse, percussion, il fournit tout avec abondance. Porté par ce tapis volant, la voix de Thierry Péala décolle immédiatement. En claquant des doigts pour marquer le tempo. Solo de piano somptueux. Scat bien soutenu par le piano. Mon pied droit bat la mesure sans soutien rythmique.
« But not for me », swing énergique. Final en decrescendo plus sentimental mais toujours swinguant en mêlant chant et scat. Thierry Péala m’avait vivement recommandé ce jeune pianiste. En l’écoutant, je comprends pourquoi. Il vaut le déplacement.
« Pannonica » (TS Monk). Thierry Péala produit avec sa buche un son de batteur aux balais. Du grand piano derrière. Ca vole comme un papillon. Normal car Pannonica est le nom d’un papillon découvert par un baron Rotschild de Londres qui donna le même prénom à sa fille, Pannonica de Koenigswarter, la baronne du Jazz, chez qui Charlie Parker (1955) et Thelonious Monk (1982) sont morts.
Un autre thème de Monk. Connu mais dont le titre m’échappe. Le Swing heurté, surprenant du Prophète (un surnom de Monk, le Moine). Solo de piano. Suivez ce pianiste, lectrices vénérées, lecteurs vénérables. Accompagnement du scat par le piano parfaitement synchrone.
Paroles de Jon Hendricks, évidemment. Un thème de Miles Davis dont le titre m’échappe. Epoque années 50. « Be Bop Years ». Ca swingue Be Bop comme le titre l’indique.
La première ballade. En duo, c’est inévitable. Jusqu’ici ils ont joué et chanté bien rythmé. Intro du piano. Les notes sont choisies, pesées, mesurées, distillées. C’est somptueux. Technique, invention, émotion, écoute, réactivité, Levi Harvey a tout le bagage d’un grand pianiste. Souhaitons-lui un long et beau voyage pour qu’il nous fasse profiter de ce bagage. Au bar, le barman ajoute la percussion avec son shaker. Le numéro reste à travailler pour se coordonner avec le pianiste. « How deep is the Ocean ? » à jamais lié à la voix de Chet Baker. Très bien chanté aussi ce soir.
Chanteur et pianiste sont en forme. Levi Harvey a gagné, en 2023, à 20 ans, le concours international de piano Jazz de Lausanne. Jury présidé par Hervé Sellin, Martial Solal étant président d’honneur et offrant sa composition « Vice et Versa » comme épreuve du concours.
« Two on Seven » (Levi Harvey). Levi Harvey est Anglais mais a grandi et étudié en France. Son français est sans accent. Sa musique en a plein. Intro en solo piano. C’est frais et mélodieux. Thierry Péala ajoute du rythme avec son scat. Je bats de nouveau la mesure du pied droit.
« Lover ». Une ballade je présume. Pas du tout. Un air rapide. Inconnu de mes services, je l’avoue. Un standard du Jazz manifestement.
« Bill’s Heart » composition de Michel Graillier en hommage à Bill Evans. Paroles de Micheline Grailler, l’épouse de Michel. Une ballade évidemment vu le thème. Un peu trop rythmée et heurtée à mon goût. Je me plains mais mon pied droit bat la mesure.
Un des chevaux de bataille de Thierry Péala. « Humpty Dumpty » (Chick Corea). Sautillant, bondissant, joyeux, vif comme l’éclair. Joué et chanté allegro con brio.
PAUSE
Redémarrage en piano solo. « Le piano est à toi » a dit Thierry Péala à Levi Harvey. Une ballade sentimentale. Public inattentif. « The Peacocks » (Jimmy Rowles). Superbe version de ce beau thème. Certains spectateurs commencent à se taire et écouter. Pas tous. Cette musique mérite l’écoute et l’obtient au fur et à mesure. Cf vidéo sous cet article.
Retour de Thierry Péala sur scène. Un air bien rythmé. Un standard du jazz moderne. Je reconnais le thème mais pas le titre, saperlipopette ! Je bats de nouveau la mesure du pied droit. Le piano propulse la voix de Thierry Péala toujours plus haut.
Le duo devient trio avec l’arrivée sur scène de Géraldine Laurent, sax alto. Duo piano & sax. Ca sonne tout de suite. Avec un pianiste de cette qualité, c’est tout confort pour la soliste. Je finis par reconnaitre le thème. « Honeysuckle rose » sacrément transformé. C’est bien ce standard des années 30 qu’ils jouent. Chanson créée en 1929 par Fats Waller & Andy Razaf pour être précis. Le duo piano & sax décolle. Ca joue avec finesse et énergie.
Le trio devient quartette avec l’arrivée sur scène d’Axelle du Rouray, peintre, comédienne et chanteuse. Pour un standard inusable, un des 7 qu’il faut connaître pour être musicien de Jazz selon Lee Konitz, « Body and Soul ». Solo de sax alto en intro puis le piano installe le thème. Thierry Péala chante. Son suave et chuintant du sax alto. Duo piano & sax de haut vol. Suivi d’un solo de piano non moins somptueux. Thierry Péala enchaîne. Ca coule de source même si je ne suis pas emporté par la chanteuse.
Retour au duo. Un nouveau standard. « I remember april ». En janvier, il est bon de se souvenir d’avril et d’être heureux.
Une ballade fort charmante inconnue de mes services. Serait-ce « Time remembered » de Bill Evans ?
Un air plus rythmé avec du scat pour finir.
Une dame demande au barman si la musique est finie. Oui pour ce soir mais il y aura d’autres concerts de ce duo Thierry Péala & Levi Harvey j’espère. Bientôt 20 ans que je suis les aventures musicales de Thierry Péala. Pour les 20 ans à venir, j’ajoute à ma liste de suivre aussi Levi Harvey.