Souvenirs du concert du trio de Sullivan Fortner à l'espace Sorano
Trio de
Sullivan Fortner
Vincennes, Val de Marne, Ile de France, France
Samedi 8 mars 2025, 20h
Sullivan Fortner: piano
Tyrone Allen: contrebasse
Kayvon Gordon : batterie
Lectrices exigeantes, lecteurs sélectifs, l'espace Sorano à Vincennes est une belle salle obscure. L'acoustique est excellente. Il est interdit de photographier et d'enregistrer les musiciens pour ne pas les perturber et violer leurs droits d'auteur. Tout est fait pour que le spectateur reste concentré sur la musique. C'est ce que j'ai fait, éteignant mon téléphone portable.
Par contre, la prise de notes dans le noir donne un résultat catastrophique. Je ne peux pas relire mon écriture. Voici donc quelques souvenirs de ce magnifique concert du trio de Sullivan Fortner. La chronique sera brève mais, en compensation, la vidéo sous l'article vous permettra de savourer un autre concert du même trio. Mon sympathique voisin de droite au concert complètera en commentaire, si tel est son bon plaisir. Lui aussi a aimé la musique.
Contrebassiste et batteur sont placés derrière le pianiste comme le faisait Ahmad Jamal. Sullivan Fortner ne les voit pas mais les écoute. Par ailleurs, il fait des efforts louables pour parler en français au public. Ahmad Jamal figure avec Martial Solal & Lee Konitz, Max Roach & Abbey Linclon, Johnny Griffin, Keith Jarrett, John Lewis, Milt Jackson, Bill Evans etc. parmi les photographies de Christian Rose à voir gratuitement à l'Espace Sorano à Vincennes jusqu'au vendredi 21 mars 2025. C'est court mais c'est bon.
Il leur fallut deux morceaux d'échauffement pour être vraiment HOT comme disent les Jazzmen. J'ai même cru reconnaître la mélodie de " La Bohême " de Charles Aznavour. C'est possible car le petit Charles était connu en Amérique du Nord.
Ensuite ce fut un festival. La balle circulait sans cesse entre les musiciens, ne tombant jamais. Du Be Bop avec " Shaw Nuff " de Dizzy Gillespie. Un hommage à Thelonious Monk avec un mélange habile de sa composition " Reflections " et d'une chanson idiote qu'il aimait jouer pour en faire sa chose " Just a gigolo ".
Le trio de Sullivan Fortner n'est pas aussi original que ceux de Martial Solal, pas aussi émouvant que ceux de Bill Evans mais, nom de Zeus, ça danse! Les musiciens savent communiquer entre eux comme avec le public, nous captiver, nous amuser, nous toucher. Sullivan Fortner est un enfant de La Nouvelle Orléans. Cela s'entend. Il a aussi chanté un standard du Jazz, oubliant les paroles et se faisant aider par une spectatrice qui a enchaîné impeccablement.
En rappel, Sullivan Fortner explique que les 3 musiciens ont eu un débat entre eux pour savoir qui était le plus grand: Prince ou Michael Jackson. Le batteur tient pour Prince. Moi aussi. C'est une évidence. Prince était auteur, compositeur, interprète, multi instrumentiste, éclairagiste, cinéaste, chorégraphe, danseur, ingénieur du son et j'en oublie.
Ils jouent une chanson de l'album " Purple Rain " (1984) qui révéla Prince au monde, " The Beautiful Ones " . Sullivan Fortner nous explique qu'il a vécu la situation décrite dans la chanson. Une femme qui hésite entre lui et un autre homme. Elle a épousé l'autre homme et l'a regretté ensuite. C'est la version de l'homme rejeté. Il faudrait avoir les versions de la Dame et de l'autre homme pour se faire une idée plus précise de cette histoire. Version acoustique digne de l'énergie de l'original électrique.