Sisyphe heureux au Sunset
Sisyphe
Le Sunset
Paris, Ile de France, France
Jeudi 24 avril 2025, 20h30
Concert de sortie de l’album « Sisyphe »
Hugo Dangel : guitare électrique, compositions
Elias Salamo : contrebasse, guitare basse électrique
Julien Ducruet : batterie
Nicolas Gossiaux, batteur habituel du trio, est absent pour une cause réelle et sérieuse : sa femme va accoucher.
" La lutte elle-même vers les sommets suffit à remplir un coeur d'homme. Il faut imaginer Sisyphe heureux " (Albert Camus).
Intro du batteur qui fait chanter doucement ses tambours. La basse place sa rondeur. Je reconnais l’album Sisyphe. Ca balance doucement. Le guitariste étire ses notes. Ca monte en puissance, prend sa place. Ca groove tranquille. Je hoche la tête et bats la mesure du pied. Efficace. Au Sunside, sur le mur de scène, il est écrit « Jazz is freedom » (Duke Ellinton). Au Sunset, l’étage en dessous, il est écrit « Jazz is not dead » auquel il faut ajouter « but it smells funny » (Frank Zappa). Decrescendo tout en douceur du batteur aux baguettes pour finir.
Passage à la contrebasse pour un standard du Jazz « You and the night and the music ». Un standard américain de 1934 joué en 2025 par des jeunes musiciens français, c’est charmant. Ils sont passés élégamment du groove au swing. Le bassiste tripote énergiquement les cordes de sa contrebasse finement soutenu par le batteur aux baguettes.
Contrebasse à l’archet. Elias Salamo varie les plaisirs. Intro en solo. Ca grogne et vibre majestueusement. La guitare démarre un air délicieux. Je l’apprécie sur l’album. En concert, c’est mieux, forcément mieux. Contrebasse & batterie installent une pulsation ferme et régulière alors que la guitare part à l’aventure. Je hoche la tête, de nouveau captivé. C’était « Body ». Cf vidéo au dessous de cet article.
Intro à l’archet sur la contrebasse. Batteur aux maillets. La guitare se glisse. Un petit air rapide, léger qui me fait de nouveau balancer. Ces gars savent composer des airs simples et profonds, ce qui est la quintessence de l’art musical pour Horace Silver (pour moi aussi mais Horace Silver était bien plus qualifié sur le sujet). Retour au pizzicato. Le tempo s’est ralenti. Ca s’anime petit à petit. Grosse tension du trio. Le batteur remplace impeccablement le titulaire. La demoiselle assise 2 rangs devant moi bouge autant les épaules que moi. C’est bon signe. Ca passe les générations. Bon signe. Le trio entretient le feu sacré jusqu’au final. Stop clair et net.
« Novembre ». Intro en solo de guitare. J’entends déjà les feuilles tomber avec les gouttes de pluie. Batteur aux balais, contrebasse en pizzicato, guitare en douceur. ¨Pas de doute, c’est une ballade d’automne. Cela me rappelle des marches en forêt de Fontainebleau en novembre. Cf extrait audio au dessus de cet article.
« A nightingale sang in Berkeley Square », chanson anglaise écrite en France, au Lavandou, en 1939, chantée à Londres en 1940 par Judy Campbell, mère de Jane Birkin et grand-mère de Charlotte Gainsbourg. Bref, un standard du Jazz où Stan Getz est inoubliable, à mon goût. Batteur aux balais, contrebassiste en pizzicato. Une autre ballade. Ca ronronne tranquille. La contrebasse domine l’ensemble. La guitare passe devant soutenue en souplesse par la contrebasse et la batterie. C’est délicieux.
PAUSE
Redémarrage en douceur. Contrebasse. Batteur aux balais. Un standard du Jazz. Créé à Broadway en 1928. « Softly as in a morning sunrise ». Version sublime en trio sans piano par Sonny Rollins pour le premier album enregistré « Live at the Village Vanguard » (1957). Joli solo de contrebasse à l’archet bien soutenu par les 2 autres. Le guitariste démarre avec le contrebassiste en pizzicato et le batteur aux baguettes. Solo véloce de contrebasse avec relance du batteur. Ca joue.
« Toulon », une composition d’Hugo Dangel pour sa ville d’enfance, Toulon. Sur l’album, participation de Nicolas Folmer, trompettiste, professeur au conservatoire de Toulon. Le batteur lance le débat. Contrebasse en pizzicato. La guitare chante les beautés de Toulon, sa rade, son port de guerre, sa mairie, son soleil, son vent…
Un air que je ne reconnais pas. Contrebasse en pizzicato. Le trio swingue tranquille.
« Rêve espagnol ». Composition du guitariste. Une ballade. Batteur aux balais. Contrebasse qui marque le pas. Jeu de guitare tout en douceur. Effectivement, j’entends des sonorités espagnoles dans le jeu de guitare. Je hoche de nouveau la tête, happé par la musique. Gros son de la contrebasse en solo finement soutenu par les 2 autres. Jolie espagnolade.
Duo contrebasse & guitare. Cordes pincées et cordes grattées. Une jolie ballade. Public silencieux, attentif. Du fond de la salle, j’entends la rumeur des clients du bar en terrasse. C’est le jeu du club de Jazz. Dialogue délicieux avec du feeling. Aucune démonstration de virtuosité.
Retour au trio pour finir. Fin en douceur. Une nouvelle ballade. Une composition de l’album Sisyphe. La tension monte doucement avec le batteur aux baguettes. La magie opère. Je hoche de nouveau la tête. Phrases courtes et entêtantes de la guitare. La musique se développe, se déploie comme une fumée qui monte. J’aime beaucoup ce thème. Merci les gars. Arrêt net pour nous laisser sur notre faim. Habile.