Un soir au Duc des Lombards: soirée Showcase de Jazz sur Seine
Soirée Showcase
Festival Jazz sur Seine
Paris, Ile de France, France
Mardi 14 octobre 2025, 20h30
Comme chaque année, le festival Jazz sur Seine offre une soirée showcase. Entrée libre dans les 5 clubs de la rue des Lombards : Duc des Lombards, Temple Rock Tavern, Baiser Salé, Sunset-Sunside. 3 concerts par club soit 15 concerts offerts pour la soirée.
Madame C et moi-même bien assis juste derrière le piano du Duc des Lombards y avons campé pour la soirée, en compagnie de charmants voisins sud-africains de passage à Paris, Mr T et Lady N. Cette chronique traitera donc exclusivement des 3 concerts donnés au Duc des Lombards le mardi 14 octobre 2025 pour la soirée Showcase du festivaL Jazz sur Seine.
1er concert : Ôtrium
Ôtrium est composé de
Quentin Ghomari : trompette, composition
Yoni Zelnik : contrebasse
Antoine Paganotti : batterie
Concert enregistré par la radio TSFJAZZ
« Knock knock ». Sourdine Harmon pour commencer par un solo de trompette. Rapide et en douceur. Jouer vite et fort, c’est facle, lentement et doucement aussi. Vite et doux, c’est le grand art. Quentin Ghomari est un Maître de la trompette. Son à la Dizzy Gillespie plutôt qu’à la Miles Davis en trompette bouchée.La rythmique installe un beat implacable. Trompette wah wah. Il est à la fois dans la tradition des années 1920 et tout à fait des années 2020. Ôtrium mélange Otium (Loisir en latin) et trio. Je suis habitué au trio contrebasse, batterie, sax ténor (Sonny Rollins) ou sax baryton (Gerry Mulligan). Don Cherry l’a pratiqué avec son cornet de poche mais en ajoutant le piano et des instruments africains comme dans son Live in France (1971) célébré sur ce blog. Antoine Pagnaotti fait chanter sa batterie aux baguettes. Les tambours résonnent dans mon ventre.
Le trio repart sans sourdine.Ca pulse bien, sapristi ! Beau chant clair et touchant. Ca marche en bondissant. Fausse fin. Ca repart. Toujours cet air de marche en souplesse. Je bats la mesure du pied droit et hoche la tête. Très efficace. Tempo serré. C’était « Jehal » nom d’un cheval dans « Les cavaliers » de Joseph Kessel.
« Blues for Gil », hommage à Gil Evans. Intro de la contrebasse. A pas lents et feutrés. Le trio part au même pas avec la trompette feutrée sans sourdine. Tout est bien articulé. Chaque phrase a son sujet, son verbe et son complément. Du miel pour les oreilles. Quentin Ghmari étire et tient ses notes. Maître de l’instrument. Un vrai Blues. Rare pour des Français blancs de peau. Dialogue en finesse entre la contrebasse et le batteur aux balais pour finir.
« Charms of Miles Skies », mélange de Miles Davis & Dave Douglas. Sourdine Harmon avec un son toujours plus proche de Dizzy que de Miles. La sourdine Harmon est surnommée sourdine Miles chez les musiciens tant Miles Davis s’est approprié cet objet. Solo de trompette que rejoignent le poids de la contrebasse et la mesure du batteur aux balais. Ah non, aux baguettes. Ca s’anime doucement.
« Tryptique » suite en 3 mouvements pour un trio.Ca part plus énergique à 3. Ca part plus énergique à 3. Je bats de nouveau la mesure du pied droit. Bonnes vagues successives. Solo de batterie pour introduire la 2e partie je suppose. Cymbales et tambours chauffent sous les baguiettes. Ca repart sur un air plus swinguant. Ca pulse ferme entre contrebasse & batterie. Son à la Dave Holland – Tony Williams. Y a du niveau.
2e concert : trio de Mario Canonge. Cf vidéo sous cet article.
Mario Canonge (Martinique) : piano, composition
Michel Alibo (Martinique) : contrebasse
Arnaud Dolmen (Guadeloupe) : batterie, percussions
Démarrage Jazz tranquille. Ca accélère et ralentit par vagues. Son cristallin du piano. Batteur et bassiste pulsent ferme et souple. Ca monte en puissance. Je bats la mesure du pied droit. Mario chantonne son air au micro.
Un nouvel album sortira en janvier 2026, « Caldera " . Affaire à suivre.
Un air plus sautillant, plus caribéen. Un petit passage caribéen puis retour au rythme du Jazz. Le trio est chaud dès le deuxième morceau. Le batteur joue sur un rythme caribéen alors que le pianiste joue jazz.
Démarrage contrebasse – batterie. Le piano ajoue son ostinato. Syncopes redoutables. Ca sautille et danse joyeusement. Du piano percutant. Mario se remet à chanter. Les tambours chantent sous les baguettes. Michel Alibo nous fait applaudir en rythme. « Rue du Figuier », pas celle de Paris, mais celle de la maison de la mère de Mario Canonge, sur la route de la Montagne Pelée en Martinique.
Le trio est reparti vite. Le batteur hache menu aux baguettes. Mario tape du pied droit et reprend. Le trio est lancé. Ca file vite et droit. Solo de batterie ponctué par contrebasse et piano en ostinato. Les tambours grondent sous les baguettes.
Une ballade pour changer. Caa berce dans une bonne vague chaude. Ca roule et tangue. Ca marche. Je roule des épaules. Ca s’anime et balance de plus en plus. Mario se met à chanter en créole « Roulé lellé » soit « Roule où tu veux » selon Mario ou bien " Fais ce qui te plaît ", " Fais ce que tu veux " selon une collègue et amie de Martinique. Puis « Oh oh oh oh » encore plus facile. Il divose le public en deux chœurs. Fin joyeuse et collective.
Solo de percussions pour commencer. Le contrebassiste percute et chante aussi. Le trio démarre. Retour au Jazz. Un air qui swingue léger. Ca monte en puissance t swingue toujours terrible. Pulsation régulière de la contrebasse et de la batterie. Solo d’Arnaud Dolmen qui relance le trio. « Odiba » chante Mario Canonge. Même l'amie de Martinique ne comprend pas cette expression. Il se peut que j'ai mal entendu. Cf vidéo sous cet article.
3e concert : Chant Song de Matias Lévy
Mathias Lévy : violon, composition, direction
Sébastien Giniaux : violoncelle, guitare
Jean-Philippe Viret : contrebasse
Laurent Derache : accordéon
Lou Tavano : chant
Album « Chant Song » célébré sur ce blog
Accordéon, violon, voix. Une plainte douce. Contrebasse et violoncelle ajoutent leur pulsation. C'est l’Aurore.
Guitare sèche. « Chant Song » le titre album. Chanson de Jacques Prévert mêlant mots français et anglais. Le violon et l’accordéon tissent le tapis sur lequel s’envole la voix de Lou Tavano. Solo de guitare manouche soutenu par la contrebasse et l’accordéon. Scat haletant de Lou Tavano en résonance avec l’accordéon et le violon qui s’envolent.
Accordéon, violon, violoncelle, contrebasse. Une chanson française sur la vie. Belle envolée lyrique du violon. Au tour du violoncelle et de l’accordéon.
« Iles » (Blaise Cendrars). J’aime beaucoup cette chanson. Violon en pizzicato. Tout en douceur, en balancement. Jean-Philippe Viret est un musicien classique de formation. Cela s’entend. Voix et musique s’envolent. Mon esprit avec eux. L’accordéon envoie. Cf extrait audio au dessus de cet article.
Le violon attaque. Dans l’aigu, le frottement. Violon tzigane. Duo vioolon – voix en anglais. Dialogue contrebasse en pizzicao énergique & accordéon. Sorte de quintessence du jazz musette. Violon et voix s’ajoutent à la vibration.
Percussions sur le violon et la contrebasse. A nous de ponctuer en apllaudissant en rythme. Un autre poème de Blaise Cendrars. « Quand tu aimes, il faut partir », typique du bourlingueur suisse. Belle cavalcade. Le violon prend feu.
Pour finir, « Tous les cris, les SOS » (Daniel Balavoine). Son africain pour commencer. Ca sent le désert. Là où est mort Daniel Balavoine. Pizzicato sur toutes les cordes. Le violon s’élance. Le groupe, la voix aussi. Public fasciné.
Prochains concerts du projet " Chant Song " de Mathias Lévy:
- samedi 15 novembre, 20h, Macon (71), Crescent Jazz Club, festival Les symphonies d'automne.
- mardi 18 novembre, 20h30, Paris, Studio de l'Ermitage. Concert de sortie de l'album " Chant Song ".
- dimanche 30 novembre, 17h, Joinville le Pont (94), Scène Jacques Prévert.