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Rick Margitza Quartet comble le Sunside

Publié le par Guillaume Lagrée

Rick Margitza Quartet

Paris, Le Sunside

Samedi 29 juillet 2017. 21h.

Rick Margitza: saxophone ténor, compositions, direction

Manuel Rocheman: piano

Peter Giron: contrebasse

Philippe Soirat: batterie

Salle comble. Beaucoup de touristes américains. Même s'il vit à Paris, Rick Margitza reste connu aux Etats Unis d'Amérique. Le dernier saxophoniste de Miles Davis, c'est lui, à vie.

Ce soir, deux changements importants:

- Rick Margitza a bougé de 20m dans la rue des Lombards, à Paris, 1er arrondissement; pour quitter le Baiser Salé où il est en résidence à l'année. Il y sera de retour le jeudi 14 septembre à 21h30.

- Philippe Soirat remplace Jeff Boudreaux à la batterie dans le quartet. 

Intro de batterie bien funky. Les tambours roulent. Mon voisin de droite est hypnotisé dès les premières notes. C'est le thème fétiche de Rick Margitza, " The gypsies ", dédié à ses ancêtres, des Tziganes de Hongrie. Je connais le thème par coeur. Ca roule toujours. Le sax chante tout de suite, tranquille et émouvant. La rythmique impulse puissamment et souplement. Tout se calme pour un solo de contrebasse. Le thème est joué decrescendo sans piano jusqu'au final. Ca marche toujours.

Ils nous surprennent en enchaînant sur un thème déstructuré.  Nous en oublions d'applaudir. Le chaos s'organise avec un joli thème qui surgit du saxophone. 

" Sometimes I have rhythm ", leur variation sur " I got rhythm " de Georges & Ira Gerswhin. Je ne reconnais pas du tout le thème original mais, indéniablement, c'est rythmé. La rythmique swingue avec un feeling caribéen.

" Sweet heart ", ballade composée par Rick pour son neveu ou sa nièce. Batteur aux balais. Climat doux et tendre. Le sax chante doucement. Tranquille. Il propage de l'amour. Morceau bref mais riche en émotion.

" Far from home ", morceau composé par Rick pour ses parents, restés aux Etats Unis d'Amérique. Les pauvres, ajoute t-il faisant rire les Américains dans la salle (des démocrates, je suppose). La musique sonne comme le grand espace qui le sépare de ses parents. Ca balance, berce, caresse l'âme. C'est joyeux et viril aussi. Bref, c'est tellement bon comme musique que même ses parents doivent l'entendre, outre Atlantique. 

PAUSE

La musique est fantastique mais je suis victime de son succès. Ma grande et large carcasse est vraiment trop serrée au Sunside ce soir. Le quartet de Rick Margitza poursuit sa résidence à Paris, au Baiser Salé, en 2017-2018. J'aurai d'autres occasion de l'écouter. C'est pourquoi ma chronique cesse ici. 

La photographie de Peter Giron est l'oeuvre de l'Inoxydable Juan Carlos HERNANDEZ. Toute utilisation de cette oeuvre sans l'autorisation de son auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales

Peter Giron par Juan Carlos HERNANDEZ

Peter Giron par Juan Carlos HERNANDEZ

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RECLAME: Quincy Jones lance une chaîne de TV consacrée au Jazz

Publié le par Guillaume Lagrée

RECLAME

Qwest, la TV vouée au Jazz

Lectrices assoiffées de rythmes, lecteurs affamés d'harmonies , réjouissez vous car Quincy Jones (1933) alias Q lance sa chaîne de télévision consacrée au Jazz et à sa progéniture musicale. Avec le soutien de Jazz Magazine

Inutile de vous présenter le trompettiste arrangeur du grand orchestre de Dizzy Gillespie, le producteur de Michael Jackson, l'ami américain de Michel Legrand.

Le rythme est son affaire depuis plus de 60 ans. 

Nom de code Qwest.tv. Lancement le mercredi 6 septembre 2017.

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Duke Ellington " Music is my mistress "

Publié le par Guillaume Lagrée

Duke Ellington

" Music is my mistress "

Mémoires inédits

Traduit de l'anglais (Etats-Unis d'Amérique) par Clément Bosqué et Françoise Jackson, avec Christian Bonnet, président de la Maison du Duke.

Editions Slatkine et Cie, Paris, 2016, 592p.

Edition originale publiée chez Doubleday & Co. 1973. 

Christian Bonnet (1945-2017), premier président de la Maison du Duke, association française vouée à la conservation et à la propagation de l'œuvre de Duke Ellington est décédé le 13 juin 2017. Merci à lui d'avoir rendu accessible en français les Mémoires du plus grand chef d'orchestre et compositeur de l'histoire du Jazz, Duke Ellington (1899-1974).

Lectrices sophistiquées, lecteurs blasés, en 1973, un an avant de mourir (l'avait-il pressenti?), Duke Ellington publie ses Mémoires. Il aura donc fallu 43 ans pour en trouver une traduction française. Il n'est jamais trop tard pour bien faire.

Duke Ellington était un homme plus grand que la vie (larger than life in english). Cela s'entend dans sa musique. Cela se lit dans ses Mémoires.

Le titre déjà. La musique est ma maîtresse. Pas son épouse. Pas sa compagne. Non, sa maîtresse. Une maîtresse si exclusive qu'aucune femme n'apparaît dans ses Mémoires. Du moins aucune femme de sa vie érotico-sentimentale passablement agitée. Le Duke en portait d'ailleurs la trace avec une balafre sur la joue provenant d'un coup de rasoir donné par une femme jalouse. A la fin de sa vie, le pécheur repentant écrivit de la musique sacrée " Concert of sacred music " qu'il joua dans les cathédrales de Westminster à Londres et de Notre Dame de Paris. C'est la musique dont il était le plus fier. 

Les femmes ne sont pas présentes. La famille non plus. A part son fils Mercer Ellington en tant que musicien de l'orchestre. Il succéda d'ailleurs à son père pour le diriger en 1974. Un fils qui, musicalement, resta toujours dans l'ombre de son père. 

Quelle ombre! C'est celle que dévoilent ces Mémoires. 

Elles sont écrites en 8 actes. Même comme mémorialiste, Duke Ellington reste chef d'orchestre. " Je travaille comme un peintre. L'orchestre est ma palette dont chaque musicien constitue une couleur " (Duke Ellington). 

Chacun de ces actes raconte un épisode de sa vie, dans l'ordre chronologique. Il ne s'agit pas d'un travail d'historien. Le Duke se met en scène, se livre sans jamais se dévoiler. Chacun des 7 premiers actes se termine par un " Dramatis felidae ", des histoires de chat puisqu'en argot de musicien noir américain, un bon musicien est un  cat. D'où le fameux dessin animé de Walt Disney " The Aristocats ". Ces Dramatis Felidae sont composés de portraits de musiciens comme seul le Duke pouvait les dessiner. Le plus important étant Billy Strayhorn, son deuxième cerveau, son alter ego comme pianiste et compositeur à qui il dédia à sa mort en 1967 un album entier " And his mother called him Bill ". 

" Le Jazz est à la musique classique ce que le dessin d'humour est à la peinture " ( Duke Ellington). Derrière cette modestie apparente se cache une immense ambition. Créer un univers sonore à la gloire du peuple noir américain. Duke Ellington y est parvenu en conjuguant le génie créateur à un immense travail. " Black, Brown and Beige ". 

A le lire, vous comprenez mieux pourquoi le Duke ne parle jamais de sa famille. Il était en tournée 365 jours sur 365 jusqu'à son dernier souffle. Et à chaque tournée, il ajoutait à ses classiques dont la liste fait l'objet d'études dans toute école de Jazz digne de ce nom, des créations qu'il pouvait abandonner dès le lendemain ou reprendre selon son envie. Dans ses tournées, il ne voyageait pas avec l'orchestre mais dans une voiture particulière conduite par Harry Carney, l'inamovible saxophoniste baryton de l'orchestre. D'où plusieurs histoires dans ces mémoires de son duo de voyageurs. 

Ce que Duke raconte surtout dans ses Mémoires, ce sont ses voyages et ses rencontres. Vous n'apprendrez rien de son travail de compositeur, pianiste, chef d'orchestre en le lisant sauf que sa soif insatiable de rencontres et de découvertes l'a toujours nourri. Vous n'apprendrez rien non plus sur le racisme, la condition des Noirs aux Etats-Unis d'Amérique, les rapports sociaux. Duke Ellington était reçu par la Reine d'Angleterre Elisabeth II pour qui il composa " The Queen Suite " et il rencontra Martin Luther King pour qui il composa " Bam (King won the battle of Bam " en souvenir des manifestations de Birmingham, Alabama. Aucun autre musicien n'aurait pu accomplir un tel grand écart culturel et social sans se casser les pattes à part peut-être le Roi des cats, Louis Armstrong

Bien entendu New York, Paris, Londres ont des places majeures dans ce livre mais il consacre tout un chapitre dans l'acte 7 au château de Goutelas (42) où il ne vint qu'une fois en 1966 et qui lui inspira ensuite la Goutelas Suite (1971).

Bref, vous l'avez compris, lectrices sophistiquées, lecteurs blasés, ces Mémoires sont à lire au calme, en écoutant Duke Ellington.

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Cabu Swing. Souvenirs et carnets d'un fou de Jazz.

Publié le par Guillaume Lagrée

 

Cabu Swing

Souvenirs et carnets d’un fou de Jazz

 

Les Echappés. Charlie Hebdo. Paris. 2013. 224p.

 

Chapitre I : Le Jazz qui déménage

Chapitre II : De Hara Kiri à Jazz Hot

Chapitre III : La mélodie de la révolte et du bonheur

Chapitre IV : Le Jazz, spectacle vivant

Chapitre V : Et le Jazz devint classique

Chapitre VI : Mon Jazz aujourd’hui

 

Cet article est dédié à Philippe Lançon, journaliste et écrivain, survivant de la tuerie de Charlie Hebdo le 7 janvier 2015 à Paris en France. J'ai rencontré Philippe lors d'un concert de Jazz avant ce massacre. Depuis, je ne le vois plus dans les concerts de Jazz mais Philippe Lançon continue d'écrire. 

Bienvenue au 36e abonné de ce blog. Que les dieux et les muses le protègent!

Les assassins de Cabu (1938-2015) n’aimaient pas le Jazz. Cette évidence n’a nul besoin d’être démontrée. Le Jazz, c’est le triomphe d’Eros sur Thanatos aurait pu dire Sigmund Freud qui lui réussit à échapper à d’autres assassins qui n’aimaient pas le Jazz, les nazis.

Cabu aimait le Jazz depuis son enfance à Chalons sur Marne, aujourd’hui Chalons en Champagne (Marne, en Champagne, aujourd'hui région Grand Est) parce que ça fait plus chic, comme il disait.

Son premier choc musical sur scène, ce fut l’orchestre de Cab Calloway dès son arrivée à Paris en 1954. Il ne s’en est jamais remis assistant aux concerts de l’orchestre jusqu’à la mort de son leader en 1994. De Cab à Cabu, il n’y avait qu’une voyelle de plus. 

Cabu aimait les machines à Swing et les Big Bands : Armstrong, Duke Ellington, Cab Calloway comme le chantait Henri Salvador.

Il préférait la musique solaire à la musique lunaire. Pour la trompette, par exemple, plutôt Louis Armstrong et Dizzy Gillespie que Miles Davis et Chet Baker.

Cabu dessinait le Jazz partout, debout ou assis, dans l’obscurité des clubs parisiens ou sous le plein soleil des festivals estivaux de la Côte d’Azur.

Ses reportages sur le vif à Nice et Antibes-Juan-les-Pins sont d’un Balzac du dessin, d'un Daumier moderne. Rien ne lui échappait : les paysages, la rue, les musiciens, les techniciens, le public et les politiques. Pendant la grande Parade du Jazz à Nice, il allait croquer Jacques Médecin au conseil municipal, ce maire qui jumelait sa ville avec Le Cap (Afrique du Sud) en plein apartheid alors qu’il accueillait chaque été à bras ouverts des musiciens noirs américains.

Cabu, c’était la révolte par la joie, le Jazz qui permet au grand Duduche d’emballer la fille du proviseur, ce rythme ternaire opposé au rythme binaire du rock’n roll et des marches militaires (27 mois de service en Algérie l’avaient vacciné à vie contre l’Armée).

Le Jazz faisait partie des élixirs de jouvence de Cabu qui gardait sa bouille et sa tignasse d’adolescent à 76 ans.

RIP Brother Cabu.

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Ben Wendel Group réjouit le Duc des Lombards

Publié le par Guillaume Lagrée

Ben Wendel Group

Paris. Le Duc des Lombards.

Lundi 3 juillet 2017. 19h30.

Ben Wendel : saxophone ténor

Taylor Egeti : piano

Joe Sanders: contrebasse

Gregory Hutchinson: batterie

 

Programme tiré de l'album " What we bring " (Motema, 2016).

 

Bienvenue au 35e abonné de ce blog. Que les dieux et les muses le protègent!

 

 

Une ballade plaintive. Batteur aux maillets. Le temps est en suspens. La rythmique monte doucement  en puissance. Le batteur passe aux baguettes. Bonne vague sonore. Ben Wendel a toujours un son superbe. La contrebasse vient creuser la mélodie. Le fluide sympathique circule et ça monte. Le feu s’allume. Ils sont chauds dès le premier morceau. Tout s’apaise d’un coup. Fin veloutée à souhait.

Solo de sax pour commencer. Bonnes prises de bec. La musique se lance, tourne. Ben lance une jolie mélodie que reprend le piano. Jolis tintements de cymbales sous les baguettes. Ben passe de l’aigu au grave en un clin d’œil. Ca sonne presque oriental. La rythmique enchaîne sur un air plus jazz. La chronique est écrite par votre serviteur à l’aide du stylo gracieusement prêté par Mademoiselle M.H qui savoure son premier concert au Duc des Lombards. La contrebasse impulse un rythme que reprennent batterie et sax. Le contrebassiste chante avec sa contrebasse. Ca repart à quatre, ondulant, vibrant puis ça s’énerve doucement, progressivement.

Le batteur installe doucement la couleur aux baguettes. Le saxophone enchaîne puis le quartet. Ca roule tranquille. Le pianiste brode joliment pendant que batteur et bassiste tissent la trame. Le groupe est arrivé de New York aujourd’hui. Ben nous remercie d’être venus à l’intérieur écouter du Jazz alors qu’il fait beau dehors. Ca balance tranquille comme sur une balançoire poussée au bon rythme. La musique monte en puissance tout en gardant le même va et vient.

Solo de batterie funky. Tempo haché aux baguettes. Vite et fin. Le sax enchaîne. Piano et contrebasse viennent enchaîner puis relancer. Ca monte en boucle. Grosse tension finale à quatre.

Une ballade. Batteur aux balais. Ca berce, masse . Le sax susurre, la rythmique murmure, jusqu’au final. C’était «  Doubt » de Wye Oak, un groupe Indie Rock de Baltimore (Maryland, USA) que Ben Wendel nous recommande vivement.

«  News » dédié à un saxophoniste ami de Ben dont le nom m’a échappé. Petits sautillements du saxophone. Ponctués par la basse et la batterie. Des phrases courtes, coupées de façon brusque. La musique se lance comme un moteur qui hoquète. Ca grince mais ça avance. C’est lancé. Très hard bop. Sacrées relances du batteur.

«  I loves You Porgy » (Georges Gershwin). Un des morceaux préférés de Ben Wendel, de tous les temps. Joué très classiquement avec un gros son de ténor. Batteur aux balais. Délicates notes de piano. La contrebasse ponctue tranquillement. Ca roule tout seul. Ben joue fidèlement la mélodie, droit devant. Pas de fioriture. A l’essence, à l’épure. Solo de ténor avec un beau gros son. La rythmique déroule le tapis rouge pour le final.

RAPPEL

« Jean and Renata » (Ben Wendel). Un morceau composé par Ben en hommage à un couple d’amis parisiens. Je les ai vus un jour au Sunside alors que Ben leur dédiait ce morceau. Ils le méritent. Cela respire l’amour d’un couple uni et l’amitié, le respect que leur porte Ben Wendel. Plein de vie et d’énergie.

Amatrice de Rock, Mademoiselle M.H fut d’abord frappée par la ressemblance de Ben Wendel avec un de ses ex (en plus petit) puis par la joie de jouer que dégage ce petit ensemble. C’est le bonheur de la création dans l’instant que nous transmet le Ben Wendel Group. A suivre.

 

La photographie de Gregory Hutchinson est l'œuvre de l'Inexorable Juan Carlos HERNANDEZ. Toute utilisation de cette œuvre sans l'autorisation de son auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales.

Gregory Hutchinson par Juan Carlos HERNANDEZ

Gregory Hutchinson par Juan Carlos HERNANDEZ

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