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Eric Le Lann de retour au Sunside

Publié le par Guillaume Lagrée

Eric Le Lann 4tet

Le Sunside

Paris, Ile de France, France

Vendredi 11 avril 2025, 21h30

 

Eric Le Lann : trompette

Noë Huchard : piano

Clément Daldosso : contrebasse

Donald Kontomanou : batterie

 

La rythmique démarre. Batteur aux baguettes. Ca swingue délicieusement. Eric Le Lann s’ajoute et joue une de ses compositions que je connais sous deux titres, l’un en breton sur son album « Origines » (2005). Je hoche la tête en rythme. Je connais cette musique et elle me gratte toujours l’âme. Le pianiste prend la main. Ca balance solide et élégant. Solo de contrebasse. Aux balais, Donald Kontomanou malaxe la pâte sonore. « Yam » ( ?) d’Eric Le Lann.

« All of You », un standard qu’aimait jouer Chet Baker, le Maître d’Eric Le Lann. Batteur aux balais. Ils tournent joliment autour du thème. Il se dégage, se reconnaît. Le pianiste prend le contrôle des opérations. Batteur aux baguettes. Ca swingue avec du feeling. L’essence du Jazz. Quelques breaks aux baguettes. Ca mitraille pacifiquement. Le 4tet reprend le thème avec le batteur aux balais jusqu’au final. Splendide. Poignant même.

Ils restent dans l’ambiance avec un autre standard. Eric lance seul « I fall in love too easily » que chantait si bien Chet Baker & que jouait si bien Miles Davis (période acoustique, avant 1968). La musique me vrille. Le piano s’ajoute en réponse à la trompette. La contrebasse installe sa pulsation. Eric vise droit au cœur. Ca ondule doucement. Batteur aux balais. Solo majestueux de contrebasse qui marche à pas de velours. Retour au thème en 4tet. Eric assure le supplément d’âme.

Un nouveau standard, qu’affectionnait Martial Solal dont Eric Le Lann fut le trompettiste d’orchestre attitré depuis 1981, « The Man I love ». Cf extrait audio au dessus de cet article tiré de l'album " Trois heures du matin " du duo Eric Le Lann & Michel Graillier.

Version rapide, batteur aux baguettes. Grosse tension entre contrebasse & batterie. Positive bien sûr. A la rythmique de jouer. Ca sonne dur & léger en même temps. Du grand art. Premier solo du batteur, aux baguettes. Energique mais sans en faire trop. Les tambours chantent, les cymbales scintillent. Un dernier souffle de trompette et c’est la

PAUSE

La rythmique reprend en l’absence d’Eric Le Lann. Le batteur tapote aux baguettes. Le pianiste conduit, questionne, répond, échange. Le Jazz, processus démocratique en mouvement. Ce n’est pas un standard mais cela y ressemble. Des touristes américains se font entendre au fond de la salle. Les musiciens montent le son pour les couvrir. Tout en jouant en finesse. Le trio m’emmène avec lui. C’était « Encore » de Noë Huchard.

Eric Le Lann revient sur scène. Pour jouer une composition dédiée à une de ses filles, « Le bleu d’Hortense ». Batteur aux baguettes. Dialogue percutant, en finesse, entre piano & batterie, ponctué par la contrebasse. La rythmique amène la trompette sur un plateau. Quelques breaks du batteur aux baguettes.

« Zingaro » (Antonio Carlos Jobim). Eric Le Lann l’a joué en duo avec Martial Solal. Concert enregistré au festival Jazz à Vannes, édition 1999, enregistrement réédité en septembre 2025 par Frémeaux. C’est bien le tempo paresseux, étiré de la Bossa Nova mais, avec Donald Kontomanou à la batterie, la tension est bien là. Piano & contrebasse plus calmes. Délicieux mouvement de la rythmique. Solo de contrebasse qui me masse le ventre. Batteur aux balais & pianiste offrent un soutien discret & efficace. Retour au thème en 4tet. Du velours. Solo de trompette qui perce plein cœur avant de conclure à quatre.

Un standard dont le titre m’échappe. Un bon blues des familles. A la rythmique. Perles du pianiste, la contrebasse marque le pas et la batterie la cadence. Je bats du pied droit & hoche la tête.

Solo de trompette pour démarrer un standard. Batteur aux balais. Je bats toujours du pied droit. Batteur aux baguettes. La rythmique s’envole avec grâce. Solo de trompette qui nous tient à bout de souffle jusqu’au final à quatre.

PAUSE

Plaisir renouvelé sur des thèmes connus de longue date. J’ai eu ma dose de beauté. Les musiciens ont joué un 3e set sans moi. Peut-être ai je manqué une nouvelle exquise version de " My funny Valentine ". Cf vidéo sous cet article. 

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Accros de la musique 2025: résultats de l'enquête

Publié le par Guillaume Lagrée

Lectrices affamées de mélodies, lecteurs assoiffés de rythme, vous faites partie comme moi des Accros à la musique.

Une enquête de l'Institut des Métiers de la Musique révèle les pratiques étranges de cette tribu. Dans une enquête détaillée.

En résumé, sur les 261 accros de la musique interrogés, 124 genres différents furent indiqués pour la musique qu'ils préfèrent.

Ces accros ne sont guère influencés par les algorithmes & les listes de jeu (playlists in english). Seuls 7,6% d'entre eux les utilisent. Parce qu'ils se méfient de ces outils, cherchent la nouveauté et préfèrent le renseignement humain au technologique.

Enfin, 62,5% des accros à la musique achètent des supports physiques, vinyle ou CD.

Jazz, Soul, Blues & Funk constituent le 3e genre le plus représenté chez les accros de la musique avec 12% des voix.

Le plus inquiétant est pour la musique classique & contemporaine avec 1% des voix chez les accros de la musique.

En illustration de cet article, deux musiques que j'ai personnellement recommandé, d'être humain à êtres humains .

Don Cherry en concert en France en 1971 à un jeune homme fan de Pop anglaise des années 80 (il a trouvé cette musique chamanique. Sa compagne est sortie de chez le disquaire, effrayée). Cf extrait audio au dessus de cet article.

Miles Davis en 1969, enchanté par la Fée électricité, à une amie passionnée de musique classique. Elle en est restée émerveillée. Cf vidéo sous cet article. 

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Olivier Calmel présente ses Improbables au théâtre de l'Atelier

Publié le par Guillaume Lagrée

Olivier Calmel

Les Improbables

Musique de chambre du XXIe siècle

Théâtre de l’Atelier

Paris, Ile de France, France

Jeudi 3 avril 2025, 20h30

Concert de sortie de l’album « Les Improbables »

 

Olivier Calmel est présent ce soir comme compositeur exclusivement. Il ne joue pas mais présente chacun des morceaux et chacun des musiciens. Chaque morceau est composé pour une petite formation du solo au quatuor, avec instrumentation différente, style différent, histoire différente, accompagné d’une vidéo différente. Un tour de force comme disait Dizzy.

Présentation assurée par Gabrielle Oliveira Guyon de France Musique.

« La légende de Kaguya – Hime ».

Fumie Hihara : koto

Annelise Clément : clarinette

Le koto est un instrument à cordes posé sur un support. 13 cordes pour celui-là. Ca peut aller jusqu’à 20-25 cordes. Ca se joue avec les doigts en frottant, pinçant, tapotant. Je précise pour les Occidentaux ignorants comme moi. Elle joue aussi des percussions sur le corps de l’instrument. Avec la clarinette, le mariage Orient Occident est réussi. Le vent dans les bambous. La découverte. L’étrange. Belle musique de conte.

« Gravity Ripples »

Harpe, harmonica de verre & saxophone alto. Thomas Bloch, Pauline Haas, Michel Supera. Commande du festival Harpe en Avesnois.

Les musiciens ne sont pas présents sur scène. Diffusion de la vidéo. Musique aérienne, légère, mystérieuse qui swingue ma foi. Cf vidéo sous cet article.

« If »

Inspiré du poème de Rudyard Kipling « If » (« Si » en français) qu’Olivier Calmel dédie logiquement à ses fils Thomas & Guillaume présents dans la salle ce soir.

Arnaud Pieniezny : violon

Une pièce pour violon seul. Pas du tout à mon goût. Trop subtil pour moi probablement.

« Three pieces for a duet »

Annelise Clément : clarinette basse

Nicolas Prost : saxophone alto & soprano

Le titre est un hommage à une composition de Jaco Pastorius, « Three views of a secret » je présume. En vidéo, un couple d’équilibristes se fait face sur un fil, dansant sans tomber.

Sur scène, c’est pareil. Un homme & une femme jouent sur le fil du rasoir, mêlant subtilement partition & improvisation sans qu’un ignorant comme moi ne fasse la différence et ne chutant jamais. Du grand art.

« Joy forever »

Laurent Durupt : piano

Florian Le Bleis : cor

Le corniste est absent. Seule la vidéo est diffusée. Inspirée par la Grèce antique. J’aime le son du cor le soir au fond des bois. Elégant.

« Financial District »

Laurent Durupt : piano

Baptiste Herbin : saxophone alto

Morceau inspiré par le quartier des affaires à New York avec sa statue de taureau, veau d’or moderne, le Charging Bull d’Arturo di Modica. L’amateur de Jazz se retrouve en terrain plus connu. A l’écran, des gratte ciels de Manhattan dansent et le taureau court au rythme de la musique. Il manque juste le mécénat de Lamborghini pour être vraiment dans l’esprit de Wall Street. Sur scène, ça joue aussi. Sans micro ce qui est appréciable. L’acoustique du théâtre de l’Atelier est excellente. Ca sonne Jazz. It’s the talk of the town. C’est la parole de la ville. Musique énergique, hachée, saccadée. Baptiste Herbin est un Jazzman de formation classique. Il sait lire une partition complexe et il sait improviser. Le pianiste a un jeu classique, discret mais il swingue efficacement.

« Mystic Archipel »

Anne Gastinel, Patrick Langot & Xavier Phillips : violoncelles

Il s’agit d’une suite pour violoncelles. Chaque musicien joue sa partie solo chacun son tour.

Xavier Philips commence. Son grave, majestueux. Je m’endors, bercé.

Anne Gastinel enchaîne avec un peu de pizzicato & beaucoup d’archet. Energique & élégant. Je suis toujours bercé.

Patrick Langot met plus de pizzicato, ajoute de l’archet & des claquements de doigts. Ca swingue plus & me réveille.

Retour à Anne Gastinel.

Xavier Phillips reprend avec de l’archet, du pizzicato, des tapotements. Bien rythmé.

« Suite métamorphique »

Laurent Durupt : piano

Benoît Levesque : contrebasse

Marion Chiron : accordéon

Anne Le Pape : violon

Vu de la salle, il m’a semblé voir un accordéon mais, comme il s’agit de tango, c’était peut-être un bandonéon que Marion Chiron tenait entre ses mains.

Suite en 3 parties. Tango au début et à la fin, habanera au milieu. Musique inspirée d’Astor Piazzola & de son tango nuevo.

L’accordéon démarre. Le piano lui répond. Pizzicato du violon puis archet avec la contrebasse. Le quatuor démarre

Deuxième mouvement. La musique s’étire tranquillement. Ah enfin, ça rentre dedans ! L’accordéoniste envoie. Le piano scintille et les cordes vibrent sous les archets. Erreur de ma part. C’est maintenant la fin du premier mouvement.

Deuxième mouvement. La Habanera, genre musical né à La Havane, à Cuba, vers 1830. Commence très lentement en s’étirant. Le contrebassiste reste à l’archet. Le pianiste dessine le thème de la habanera. Ca balance bien. Superbe. Cf extrait audio au dessus de cet article.

Troisième mouvement. L’accordéoniste envoie. Il me semble reconnaître un thème du groupe « Double Celli » d’Olivier Calmel. L’auteur a droit de recycler son œuvre. Economie circulaire de la musique. Excellent bilan carbone. De plus, j’aime beaucoup ce thème. Belle envolée finale.

 

Olivier Calmel sera de retour sur scène en France, à Paris, avec son groupe Double Celli, maintes fois célébré sur ce blog, au Bal Blomet, le vendredi 16 mai 2025 à 20h.

 

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" Bill's Heart ".Thierry Péala chante la mémoire de Bill Evans au Sunside

Publié le par Guillaume Lagrée

Bruno Angelini par Juan Carlos HERNANDEZ

Bruno Angelini par Juan Carlos HERNANDEZ

Thierry Péala 4tet

Bill’s Heart

Le Sunside

Paris, Ile de France, France

Samedi 29 mars 2025, 21h30

 

Thierry Péala : chant

Bruno Angelini : piano

Yoni Zelnik : contrebasse

Christophe Marguet : batterie

 

Concert dédié à l’œuvre de Bill Evans comme le titre « Bill’s Heart » l’indique.

« In Your own sweet way ». Un standard qu’affectionnait Bill Evans. Deux lustres (le lustre était une période de 5 ans entre deux recensements dans la Rome antique) que Thierry Péala & Bruno Angelini n’ont pas joué ensemble sur scène. Ecoutez l' album « Move is » (2011)  célébré sur ce blog. Cf vidéo sous cet article.

Duo piano & voix très élégant. Le charme opère immédiatement. Contrebasse & batteur aux balais entrent dans la danse. Laisse aller, c’est une valse. Jazz mais sur une base de valse, rythme ternaire lui aussi. Passage aux baguettes sur les cymbales. Plus dynamique. Scat en résonnance avec le trio qui tourne solidement. Le barman ponctue le batteur en cassant des glaçons. Le Sunside est un club de Jazz et le batteur est un barman de sons comme disait Jean Cocteau. Premier solo de contrebasse feutré avec le ronronnement des tambours sous les balais et quelques ponctuations. Le trio repart avec les baguettes sur les cymbales. Breaks de batterie. C’était « Waltz for Debbie », composition de Bill Evans pour sa nièce.

« Laurie », thème immédiatement reconnaissable même pour moi qui ne suis pas un aficionado de Bill Evans. Somptueuse ballade. Le batteur ponctue aux baguettes. La musique a baissé d’un ton. Scat en douceur. Pulsation souple et puissante de la rythmique. La rythmique décolle, impulsée par le pianiste. Ca pulse, sapristi ! Délicieux solo de contrebasse.

« Comrade Conrad » écrit par Bill Evans pour un ami prénommé Conrad. Logiquement. A la demande de Thierry Péala, Gill Gladstone, poétesse galloise, lui a écrit des paroles la veille de ce concert. Une chanson sur l’amitié. Dialogue piano & voix. Thierry fait quelques bruitages. Batteur aux balais puis la chanson commence. Elle parle d’amitié en effet. La rythmique enchaîne avec le batteur aux baguettes. Ca swingue.

« Prologue » écrit par Bill Evans pour son père. Paroles de Norma Winstone pour le chanter avec John Taylor. Solo de piano. Bruno Angelini, fidèle disciple de Bill Evans. Dialogue avec le chant. Une marche lente mais pas funèbre. Le 4tet s’est glissé en douceur sans que je ne m’en aperçoive.  Batteur aux balais. La rythmique nous masse le cerveau en douceur. Fusion avec une mélopée. C’est exquis.

« Very early » une des premières compositions de Bill Evans. Thierry scatte en duo avec le batteur aux baguettes. La voix produit des glissements de balais. Le trio démarre et Thierry chante les paroles. Une chanson d’amour pour annoncer l’aurore. Solo de contrebasse sans soutien. Méditatif à souhait. Superbe. Christophe Marguet vient ajouter une fine ponctuation aux baguettes sur les cymbales.

« Bill’s Heart » une composition de Michel Graillier en souvenir de Bill Evans. Paroles de Micheline Pelzer, batteuse et épouse de Michel. Thierry Péala a commencé sa carrière professionnelle de chanteur avec Michel Graillier. Intro en piano solo. Lente, grave, pas à pas. Batteur aux balais. Une ballade, bien entendu. Solo de contrebasse qui chatouille le ventre soutenu par le batteur aux balais et les notes hantées du piano. Cf extrait audio au dessus de cet article.

Intro en solo de contrebasse. Bonne vibration. Bruno Angelini danse assis sur son tabouret de pianiste, en écoutant. Comme Thierry Péala, c’est son premier concert avec Yoni Zelnik. Il apprécie visiblement. Thierry enchaîne avec un tchic tchac vocal. Bruno plaque quelques notes de piano. Le 4tet démarre avec le batteur aux baguettes. Ca swingue. Je bats la mesure du pied droit. Solo du batteur aux baguettes. En finesse. Ca roule. Pas de démonstration mais du son.

 

PAUSE

La musique est exquise mais le marchand de sable est passé & j’ai eu ma dose de beauté.

Thierry Péala sera en concert en France, à Paris, au Café Laurent, en dialogue avec Edouard Ferlet le mardi 22 avril 2025 à 19h45. Entrée libre.

La photographie de Bruno Angelini est l'oeuvre de l'Inextinguible Juan Carlos HERNANDEZ. Toute utilisation de cette oeuvre sans autorisation de son auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales.

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La Punk Moon de Claudia Solal & Benjamin Moussay brille à l'Atelier du Plateau

Publié le par Guillaume Lagrée

Claudia Solal

&

Benjamin Moussay

Paris, Ile de France, France

Atelier du plateau

Jeudi 27 mars 2025. 20h

Concert de sortie de l’album « Punk Moon »

 

Claudia Solal : chant

Benjamin Moussay : piano, clavier électrique

 

Sur le couvercle du piano est posé un parallélépipède rectangle parsemé de boutons réglables et de fils électriques. L’outil de travail du Sorcier sonore Benjamin Moussay.

Claudia Solal commence seule et la machine fait écho avec des sons de vent. Paroles en anglais écrites par Claudia. Le piano s’ajoute. C’est beau, mystérieux, envoûtant. Le piano entre en résonnance avec l’électronique et la voix. Pulsation rythmique.

Je reconnais bien l’album. Avec la dimension supplémentaire de la création dans l’instant. Un curieux air de marche militaire. Détourné. Benjamin joue du piano et règle son bidouillage alors que Claudia chante dans son micro sans trucage. La magie opère. Solo de piano romantique à souhait, passionné mais sans pathos ni guimauve.

Benjamin crée une ambiance sonore, plus sombre, plus mystérieuse, avec effet d’écho, de chuchotement. Un son de grotte marine sort de la machine. La naïade qui chante c’est Claudia bien entendu.

C’était « Helium Balloon », puis ? (pas capté le titre) puis « Oxidation ». Cf extrait audio au dessus de cet article.

Autres effets avec une sorte d’archet, manié par Benjamin, qui produit une onde sonore. Douce voix par-dessus un son de machine à vapeur. Pulsation rythmique. Le piano, la voix, la machine créent une vague douce et puissante qui m’emporte.

Benjamin lance un air plus rapide, plus aigu. Un délice aigre doux avec la voix de Claudia. Je ne comprends pas les paroles mais cette chanson me parle. « You are the thrill of my soul », ça je comprends. Splendide solo de piano en réalité augmentée. C’était « Direct light ».

C’est au tour de la rivière enflée. « Swollen River ». Des bruits bizarres sortent de la machine. Claudia y ajoute des bruits vocaux. La machine ajoute un rythme implacable.

Démarrage en piano solo. Tout à fait classique. « Talk to me » chante Claudia. Cette chanson là aussi me parle. Comme si elle me parlait de ma vie. C’est dire si elle vise juste au cœur. Benjamin enchaîne avec un ostinato dans l’aigu. Ca passe au grave. Une chanson printanière qui parle de papillons & évoque le chant des oiseaux. Délicieux.

Main gauche sur le clavier électrique, main droite sur le piano. Benjamin Moussay se dédouble. Claudia Solal siffle comme un oiseau. Magique. Cette fois, Claudia répond à sa voix enregistrée. Benjamin relance la machine, main gauche sur le clavier, main droite sur le piano. Ils ont gardé ma chanson préférée pour la fin. Délicate attention. Je ne connais pas le titre mais je la reconnais.

 

RAPPEL

Benjamin Moussay nous fait remarquer à nous spectateurs, qu’eux deux sont vêtus de blanc mais pas nous. Pour le prochain concert de ce duo, le blanc sera exigé des spectateurs distingués et des spectatrices raffinées.

« Puisque vous insistez » comme disait Martial Solal, le père de Claudia Solal, « Punk Moon » la chanson titre de l’album.

Prochain concert du duo " Punk Moon " en France, Grand Est (Alsace), Bas Rhin, à Strasbourg, au Fossé des Treize vendredi 25 avril 2025 à 20h30. Venez vêtus de blanc, spectatrices raffinées, spectateurs distingués.

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Tony Malaby 4tet sans entrave au Sunside

Publié le par Guillaume Lagrée

Tony Malaby par Juan Carlos HERNANDEZ

Tony Malaby par Juan Carlos HERNANDEZ

Tony Malaby 4tet

Paris, Ile de France, France

Le Sunside

Vendredi 21 mars 2025, 21h30

 

Tony Malaby : saxophone ténor

Marc Ducret : guitare électrique

Bruno Chevillon : contrebasse

Daniel Humair: batterie

 

« Jazz is Freedom » (Duke Ellington). Cette phrase est écrite sur le mur de fond de scène du Sunside. C’est bien l’esprit de la musique jouée ce soir. « Tony Malaby est le saxophoniste le plus intéressant depuis John Coltrane. C’est tellement libre, tellement libre » m’a dit Daniel Humair.

Concert dédié à Eric Barret, mort il y a quelques jours.

Stéphane Kerecki est dans le public, en spectateur. Sa main gauche avec attelle l’empêche de jouer ce soir. Accident de sport.

Ca commence tout de suite à 4 de manière souple, informelle. La musique s’étire comme du plasma, se forme, se déforme. La contrebasse vibre, les baguettes ponctuent finement, la guitare lance des éclairs tranchants, le sax ténor grogne. Ca vous caresse, vous agresse, vous griffe, vous ronronne comme un gros chat capricieux. Imprévisible. Absolument imprévisible. Le club se remplit, le bar tourne et les musiciens sont partis au loin. Qui aime les suive.

Dialogue de haute volée entre contrebasse & batterie. Tempo haché très fin. Digne d’un cuisinier chinois. Outre la batterie & la peinture, Daniel Humair est aussi un cuisinier de haut vol. Daniel Humair fait saccader ses baguettes sur les bords de caisses et les cymbales. A vous rendre fou. Le quartette repart. A cette allure, ils peuvent enquiller le concert d’une traite. Marc Ducret est toujours le Savant fou de la guitare électrique.

Fausse fin. Ca repart avec des barrissements de saxophone et des décharges électriques de guitare. Faut reconnaître. C’est du brutal. Contrebasse & batterie entretiennent la tension derrière. Concert fait pour mon ami Régis (Régis n’est pas un Khon) qui me fit découvrir ces musiciens il y a 30 ans. Maelstrom sonore. Solo de guitare où Marc Ducret slappe comme un bassiste alors que le batteur nous joue une marche militaire. Humair ajoute le tchic tchac des baguettes. Le sax ténor grogne. C’est funky mais étrangement. Ca repart sur un autre air bizarre & funky. Efficace en fait. Je bats la mesure du pied droit.

Retour au calme avec un dialogue batterie sax ténor. Quelques grognements de guitare étouffés derrière. Je sens le souffle de la bête depuis le fond de la salle. Solo de Bruno Chevillon à l’archet. Ca vrombit comme des voitures sur un circuit. Humair ponctue finement aux balais sur les tambours, malaxant la pâte sonore pour qu’elle lève. Ca marche. Le sax ténor s’envole.

Je pense qu’ils joueront un morceau par set. Nous applaudirons à la pause quand ils nous laisseront reprendre notre souffle. Pour l’instant, concentration maximale pour les suivre dans leurs circonvolutions.

La tension monte entre contrebasse & batteur aux baguettes. Distorsions brèves de la guitare. Le sax s’envole. Silence. Solo de saxophone en volutes. Ca ondule, vibre, sans soutien. Batterie et guitare s’ajoutent pour relancer la machine. La guitare lance des éclairs soutenus finement mais solidement par contrebasse & batterie. Duo de bruits & de souffles entre guitare et saxophone. En douceur.

Applaudissements. 45mn d’improvisation sans interruption. Facile pour des musiciens de ce calibre. Le public a suivi.

PAUSE

Je sens un coup de barre mais ce concert est extraordinaire, unique même. Il n’y a pas école demain. Je reste donc.

Le 4tet reprend sans prévenir. Normal. C’est l’esprit. Je pense qu’ils vont jouer d’une traite de nouveau. Marc Ducret fait sonner sa guitare électrique comme une kora. Marche déstructurée de la batterie. Grincements de guitare. Vibration de la contrebasse. Le sax ténor de Tony Malaby souffle le coup de vent. Chaos organisé. Ca se calme. Solo de batterie aux baguettes. Dialogue tendu, sur le fil du rasoir, entre contrebasse & batterie. La guitare ponctue en finesse. Solo de guitare cinglant porté par la rythmique. «  Fly like a butterfly, sting like a bee » (Mohamed Ali).

Au sax de prendre la tête, porté par les 3 autres. Pas de chance. A la pause, deux Américains se sont assis à ma gauche, plus intéressés par leur conversation que par la musique. A moins qu’ils ne parlent de la musique. C’est un club de Jazz. C’est permis. Dialogue sax-guitare. Question réponse permanent. La balle ne tombe jamais au sol. Le batteur ajoute une fine ponctuation aux baguettes. Trio sans guitare. Loin de Sonny Rollins, plus dans la lignée d’Ornette Coleman. Grosse pulsation de contrebasse dans le ventre. Humair distribue les pains comme aux noces. Sax ténor en vol libre. La guitare vient ajouter des éclairs à l’orage. Une serveuse fait tomber un plateau vide au sol. J’ai cru que cela faisait partie du concert. Dialogue acide guitare-batterie chauffé par les baguettes. Même mes voisins Américains se taisent et écoutent. Pas longtemps.

Solo bruitiste de guitare. Humair fait vibrer ses tambours. Claquements de bec du ténor. C’est la danse des jars version Free Jazz. Tout à coup, silence.

Ce n’est pas fini. Solo de Daniel Humair pour débuter, aux baguettes sur les tambours. Le contrebassiste enchaîne à mains nues. Superbe pulsation. Les cymbales chantent sous les baguettes. La guitare ajoute sa saturation. Sax ténor majestueux. Superbe. Final decrescendo splendide avec des bruits de guitare, des souffles de saxophone, des grincements de cymbales sous les baguettes et la contrebasse à l’archet. Ca repart avec des petits martèlements de tambours.

Tout est joué. Tout est dit. C’est fini.

Daniel Humair par Juan Carlos HERNANDEZ

Daniel Humair par Juan Carlos HERNANDEZ

Les photographies de Tony Malaby & Daniel Humair sont l'oeuvre de l'Imperturbable Juan Carlos HERNANDEZ. Toute utilisation de ces oeuvres sans autorisation de leur auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales.

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