Denis Colin arpente le Café de la Danse

Publié le par Guillaume Lagrée


Denis Colin et la Société des Arpenteurs.

Paris. Le Café de la Danse. Vendredi 23 octobre 2009. 20h30.

Denis Colin
: clarinette basse
Tony Malaby : saxophone ténor
Sylvaine Hélary : flûte piccolo, flûte en sol
Fabrice Theuillon : saxophone soprano, saxophone baryton
Antoine Berjeaut : trompette
Julien Omé : guitare électrique
Benjamin Moussay : claviers
Arnault Cuisinier : contrebasse
Stéphane Kerecki : contrebasse
Eric Echampard : batterie


La photographie de Tony Malaby est l'oeuvre du Grand Juan Carlos Hernandez.

Ca démarre avec le morceau le plus énergique de l’album. Ca vibre dans le sol et dans le ventre. La pulsation est assurée par les deux contrebasses. Jeu de batterie tout à fait rock’n roll, simple et efficace. Le guitariste a dû écouter John Scofield. Benjamin Moussay avec les barbes et les lunettes noires ressemble à un Georges Duke blanc. Beau son d’ensemble du groupe pendant que la guitare crache son venin.

Le calme s’installe avec les deux contrebasses en pizzicato. C’est beau, grave, majestueux. Cela me rappelle la magnifique introduction de « Here is that rainy day » par NHOP sur l’album « Suite for trio » de Martial Solal. La musique court comme la Vouivre le long d’un ruisseau. Très finement, la guitare vient fondre ses cordes avec celles des contrebasses. Tony Malaby arrive avec son sax ténor. Une sorte de chant africain s’élève. A comparer avec " Moshi " de Barney Wilen en 1972. Passage du sax soprano au sax baryton. Très beau son de groupe, massif et varié. Tony Malaby produit un son rollinsien, ample et majestueux. Il envoie la sauce alors que le groupe reprend derrière lui. Le plancher vibre sous les pieds des spectateurs qui battent la mesure. C’est bon signe. Tout s’apaise pour un petit contrechant entre Denis et Tony. Denis, seul, fait chanter, voleter la clarinette basse alors que batteur et claviers jouent des petites percussions, que le guitariste reste dans le son Afrique de l’Ouest et que les contrebassistes maintiennent un tempo d’acier. Le groupe repart. Tous ensemble, tous ensemble, ouais ! Solo de flûte en sol accompagné de bidouillage électronique de Benjamin Moussay. La flûtiste a le look. Robe noire à paillettes au dessous du genou, collants rouges à carreaux blancs. Elle n’est pas que belle, elle est aussi créative. Impossible de savoir qui répond à qui entre Sylvaine et Benjamin tant le dialogue est riche, fusionnel, swinguant. Le groupe reprend en douceur, genre musique de film de vampire. Nous avons même droit aux fumées bleutées sur scène pour faire plus mystérieux. Est ce bien raisonnable ? Solo de trompette où les notes se prolongent, se déchirent. Bref, à la Miles Davis. Ce n’est pas un café mais une vraie belle salle de concert, le Café de la danse. Une salle pleine et attentive d’ailleurs. Tony Malaby prend la main tout en douceur. Ca plane pour nous. Personne n’applaudit la fin d’un solo. Comme dans un concert classique, on écoute et on applaudit à la fin du morceau. Fin ludique, toute en douceur avec échange de bruitage entre guitare et claviers. C’était « Chicago Blues for Malachi » précédé de « Par Cheminement » lui même précédé de « Hopperation ».

« Sonné. Complètement Sonné ». La guitare sonne, tinte même. Vagues de souffleurs courtes, rapides. Denis Colin prend les commandes et ça pousse sévère derrière. Enfin, les fumigènes ont disparu. La bonne musique n’a pas besoin d’artifice. Sur un signe de main du chef, tout s’arrête pour un échange contrebasse/guitare. Denis Colin fait danser la gigue à sa clarinette basse. Ca sonne comme de la musique bretonne, pas loin du biniou/bombarde. Echange de notes graves entre clarinette, claviers, contrebasse. Tout ça sonne très bien. Ca monte en puissance poussé par la batterie et la guitare.

Une sorte de blues éthéré, mystérieux s’élève. Au cas où nous n’aurions pas compris, un petit coup de fumigène bleuté dont le goût acre reste en bouche. Beurk. Ca devient de plus en plus dansant. D’ailleurs Denis danse avec sa clarinette. Les contrebassistes varient les plaisirs, l’un à l’archet, l’autre sans. Solo de trompette clair, aux notes bien enroulées. Le soutien du groupe est souple et puissant. Joli bruit du clavier sur lesquels la clarinette basse glisse en douceur. Très jolie fin.

Démarrage de la guitare avec beaucoup de vibrations et de retour. Le sax baryton gronde derrière. Le batteur et les contrebassistes lancent le groove. La guitare est purement rock’n roll alors que le sax baryton sonne funky. Beau mélange. Tout le groupe relance. Un morceau qui dépote. Le plancher recommence à vibrer. La flûte vole au dessus du magma sonore en fusion. Benjamin Moussay s’amuse comme un petit fou à faire cracher le feu à ses claviers. Eric Echampard cogne tel Vulcain dans sa forge.Benjamin a enlevé ses lunettes pour mieux voir son chef.. C’était « Yes! et autres Yes! » après « Sujet à Changement ».

« Hommes sans titres ». Introduction à la guitare en douceur, à l’africaine. Tony Malaby est de retour. Beau son d’ensemble. C’est bien en place. Et hop ça part. Puis se calme. Malaby décolle poussé par la rythmique. Gros son. Il sait jouer vite et fort sans être réptitif. Puis tout le groupe part, gémit à la lune. Les souffleurs se reposent. Au tour de la rythmique. Les deux contrebasses tiennent le tempo, le batteur le malaxe. Guitare et claviers échangent des rbuitages. Tout le groupe repart ensemble. C’est le mur du son qui avance. Le plancher vibre à nouveau. Ca pulse sévère. Solo du patron pulsé par les deux contrebassistes et le batteur. Benjamin y ajoute quelques bruits à sa façon. Sylvaine Hélary tient sa flûte en sol de la main droite, en la laissant reposer sur son épaule gauche. La pose est gracieuse. Sur le dernier coup de baguette, Eric Echampard fait tomber une cymbale. C’est dire s’il met du cœur à l’ouvrage.

RAPPEL

Ils reviennent tous, y compris Tony Malaby, pour jouer « Music is the healing force of the universe » d’Albert Ayler. Solo de clarinette basse en intro. C’est Sylvaine Hélary qui dit le texte. Sa voix est aussi belle qu’elle mais elle n’est pas anglophone. Elle hulule très bien aussi. La lune est montante ce soir. Benjamin Moussay trafique les sons. Le groupe rentre dans le morceau. Tony aussi. La puissance, la simplicité, la sincérité de la musique d’Albert Ayler font toujours merveille. Sylvaine H a repris sa flûte piccolo, Tony M joue en dérapages contrôlés. Moment de pur et joyeux vacarme comme il se doit pour Albert A.

Ce concert fut encore plus riche, foisonnant, vibrant, tonitruant que l’album. Ce groupe vaut le détour sur scène comme sur chaîne. La signification des titres ésotériques (Satie comme disait Alphonse Allais) des morceaux est indiquée sur l'album. Le plus simple reste de se l'offrir et de l'offrir. La Société des Arpenteurs de Denis Colin fera du chemin et nous avec.
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Commenter cet article
G
<br /> Vérifiez votre calendrier lunaire. La lune était montante le soir de ce concert au dessus de Paris. Aucun code secret là dedans. Laissez tombe les théories du complot et levez les yeux vers le<br /> Ciel. Ainsi vous verrez quelque part au dessus de l'arc en ciel ( Somewhere over the rainbow) Stella à la lumière des étoiles (Stella by starlight).<br /> <br /> <br />
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A
<br /> je répète, "la lune est montante", chhhhhhut !<br /> <br /> <br />
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B
<br /> Bravo, ce n'est pas exactement le concert que j'avais cru entendre, mais vous m'avez éclairé !<br /> <br /> "La lune est montante", c'est bien ce que je pensais, le mossad (ou était-ce le fsb ?!) était bien dans la place !!<br /> <br /> <br />
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