Des Belges à Paris: Jozef Dumoulin&Lidlboj au Sunset
Paris. Le Sunset. Samedi 20 mars 2010. 22h.
Jozef Dumoulin : Fender Rhodes, claviers
Eric Thielemans : batterie
Bo Dewerf : saxophone baryton, ordinateur personnel
Linn Cassiers : chant, jouets, effets
La photographie de Jozef Dumoulin est l'oeuvre de l'Explosif Juan Carlos HERNANDEZ.
L’ambiance s’installe doucement. Jozef sort une étrange ballade de son clavier. Linn Cassiers chante assise. Le saxophoniste joue de l’ordinateur pour l’instant. Le batteur pétrit aux balais. Je reconnais les sonorités étranges et familières de l’album « trees are always right ». A part le batteur, tout le monde bidouille de l’électronique dans ce groupe. La salle est presque vide. Les Parisiens manquent de curiosité. Les instruments, la voix glissent sur une lame de son enregistré. Une sorte de descente harmonique en boucle vient conclure le morceau. Je n’ai pas capté le nom du premier morceau. Le deuxième s’appelait « Upside down ».
Frappe très sèche sur les tambours. Le son grave du batteur vient ajouter une touche grave à l’ensemble. Linn s’amuse à jouer avec des jouets sonores. La climatisation est glaciale, trop forte par rapport au nombre de spectateurs présents. La musique est parsemée d’éclairs sonores, tendre, douce. Dialogue voix/claviers. De l’ordinateur sortent des grincements de gonds qui manquent d’huile. La voix et les claviers viennent fluidifier l’ensemble. Rythme planant, ambiance éthérée. Ca me donne un frisson à la racine des cheveux. Très rares sont les musiques qui me font cet effet là. Bessie Smith chantant « Saint Louis Blues » accompagnée par Louis Armstrong par exemple. Le saxophoniste joue vraiment de l’ordinateur personnel, étant donné ce qu’il sort des entrailles de la machine. Ils nous emmènent dans des pays imaginaires. Au fond de la salle, des fâcheux viennent perturber ce bel agencement sonore par la rumeur de leur conversation. Plusieurs ambiances se croisent et se mêlent. En montant le volume sonore, ils couvrent les conversations. Malheureusement, ils tombent dans le bizarre et le bruyant. Cela devient désagréable. Ils finissent pourtant par arriver à une mélodie que j’aime sur l’album mais après trop de détours et de trafic à mon goût. Ils feraient bien de régler la circulation des sons. Pour la première fois, saxophone baryton et voix chantent ensemble. Ah, enfin une mélodie de l’album, sombre, planante. Ca redevient beau, envoûtant.
PAUSE
Je ne suis pas le seul à souffrir de la climatisation. La chanteuse a mis un gilet avant de monter sur scène. Ils jouent « Roger et ses gâteaux » puis « Lips ». Ils ne contentent pas de jouer le nouvel album. Sont ce des morceaux anciens ou nouveaux ? Je l’ignore. Le saxophone baryton a repris un son habituel. Le batteur martèle bien. Morceau ludique, bien structuré avec des hachures, des surprises et toujours ce sens du mystère propre à ce groupe. Ca progresse par zigzags et à coups comme une équipe de rugby mais ça progresse.
Diffusion du discours enregistré et incompréhensible d’une femme. Bo a repris sa place devant le clavier d’ordinateur. Le batteur entame une marche. Son trafiqué du baryton. Jeu de batterie léger et puissant qui fait monter la sauce. Claviers scintillant dans un aigu métallique. Dans le deuxième set, saxophoniste et chanteuse jouent bien plus souvent ensemble que dans la première. Jolie montée harmonique entre voix et sax. Jozef joue sa comptine alors que les tambours roulent. Un vieux monsieur que je vois régulièrement au Sunset/Sunside se lève et s’en va. Décidément il n’aime pas. Le chant devient murmure, le sax pur souffle, la batterie frappe et malaxe, le clavier distille les ambiances entre lent et grave, rapide et aigu.
« I loves You, Porgy » (George Gerswhin). Un duo voix/claviers qui sonne étrange et familier à la fois. Linn est fidèle au texte et à la mélodie. Jozef brode joliment autour. Ils prolongent le plaisir, Linn chantant plusieurs fois la même chanson.
Retour du son enregistré avec une voix de femme étrange dans une langue étrangère. Le clavier brode autour. Jozef Dumoulin est un amateur de sons froids. Un héritage du climat belge ? Le quartet est parti. Grosse ligne de basse. Le batteur martèle.
Ma compagne ne supporte plus ces bruitages et s’en va. Moi-même je fatigue et je la suis peu de temps après.
Autant je suis émerveillé par l’album « trees are always right » de Jozef Dumoulon & Lidlboj, autant ce concert m’a le plus souvent déçu, malgré quelques instants de grâce. Ce qui était étonnant est devenu énervant, ce qui était surprenant agaçant. Trop de dissonances, pas assez de repères pour l’auditeur à mon sens. Je continuerai d’écouter l’album et je pense que je reviendrai à un prochain concert de ce groupe pour vérifier s’il est mieux structuré sur scène.