La Pop Life d'Elise Caron

Publié le par Guillaume Lagrée

Les Lilas. Le Triton. Vendredi 9 octobre 2009. 21h.

Elise Caron : chant, voix
Lucas Gillet : piano, synthétiseurs, direction musicale
David Auballe : Fender Rhodes, flûte
Fernando Rodriguez : guitare électrique
Jean Gillet : guitare basse électrique
Thomas Ostrowiecki : percussions
Pascal Riou : batterie

La photographie d'Elise Caron est l'oeuvre du Barbudo Juan Carlos Hernandez.

Il s’agit du premier concert de promotion de l’album « A thin sea of flesh » où Lucas Gillet met en musique et Elise Caron chante les poèmes de Dylan Thomas, le plus grand poète gallois (1914-1953) à côté duquel Stéphane Mallarmé fait figure d’auteur accessible.

Elise porte des lunettes. Cela lui donne un air de maîtresse d’école. Joli démarrage aux percussions. Son mouillé et cuivré. La basse pose les fondations. La batterie fait rouler les tambours. Figures rythmiques répétitives au piano ; Lucas Gillet sort des synthés un vieux son années 80 genre George Duke. C’est de la pop musique de qualité mais, avec Elise Caron aux commandes, ça décolle vite vers les cieux azuréens au dessus des nuages. La musique fuit, s’échappe, revient et s’arrête.

C’est le 1er concert du groupe. Les morceaux ne s’enchaînent pas. Le volume sonore est trop fort pour que l’on puisse entendre le piano. La rythmique guitare/basse/batterie est solide, classique. Piano et percussions y ajoutent de la fantaisie. Fin tout en douceur.

Je commence à me demander si cette version française de la pop anglaise aurait de l’intérêt sans la présence de la magicienne Elise Caron. Elle nous lit un poème incompréhensible. En français « Nourris la lumière » (Foster the light in english). Au début nous rions tant cet assemblage de mots paraît dénué de sens.Puis nous nous taisons pris par la force de conviction de la lectrice. Ca semble un hymne à la Nature.

Lucas Gillet aime le son des synthétiseurs style années 1980. Mauvaise influence. « Foster the light » chanté par Elise Caron, cela reste incompréhensible mais c’est émouvant. Joli roulis entre batterie et percussions. Malgré l’affreux son de synthé, Elise sait nous envoûter. La flûte traversière au son lointain, mystérieux plane au dessus de la masse compacte du groupe.

« La force du plomb vert qui pète la fleur » lu par Elise Caron. Encore un hymne à la Nature incompréhensible. Duo chant/flûte. Ca ne marche pas. Le jeu du flutiste est trop prévisible genre « du vent dans les branches de sassafras ».

Lucas Gillet passe à la guitare basse, Jean Gillet à la guitare sèche. Intro par des percussions métalliques tapotées du bout des doigts. Ce solo de percussions est gracieux comme des danseuses balinaises. C’est la chanson qui m’a donné envie de venir à ce concert. " And Death shall have no dominion ". J’en ai un frisson à la racine des cheveux. Cette chanson me fait excuser toutes les banalités qui l’ont précédé, elle est en harmonie avec la pluie, la nuit, Paris, la vie. Elle est comme une bulle de savon, légère, translucide, colorée, parfumée. Une chanson à vous rendre amoureux.

Lucas Gillet revient au piano.Elise nous explique la chanson : « C’est l’histoire d’un bossu qui dort dans un parc. Un très gros ». Duo piano/chant. La seule chose que je comprenne à ce Dylan Thomas c’est qu’il était fasciné par la nature. Basse et guitare les rejoignent. La musique balance doucement.

Elise lit « Et partout, partout, les mondes se soulèvent ». Une telle constance dans l’abscons et l’abstrus force le respect.

Claviers joyeux, percussions et basse rondes, guitare jouée à l’africaine nerveuse,vive, batterie qui marque bien le rythme et la voix d’Elise qui plane au dessus. Ca c’est bon ! Petite flûte ailée, joyeuse. Un peu de planant avec guitare et synthé. Facile… Ca sonne un peu calypso. Elise danse, chante avec une voix à la Grace Jones. L’instant d’après, elle revient à la blanche pureté anglaise.

Un autre texte incompréhensible. Je m’habitue à force. « Le mariage d’une vierge ». C’est joué en duo piano/voix avec un piano abusivement romantique.

Son mouillé de synthés. Lucas Gillet serait-il un fan de Wham ? Sur un air basique, Elise Caron chante superbement des paroles incompréhensibles. Bref, c’est magnifique. Le musicien le plus intéressant du groupe c’est le percussionniste même si le guitariste n’est pas mauvais.

« La pierre tombale disait le jour de sa mort ». Même quand c’est Elise Caron qui traduit, cela reste incompréhensible. Les mots ont dû être choisis pour leur sonorité pas pour leur sens. Ou bien l’auteur était fou ou il se moquait de ses lecteurs. De savants exégètes doivent se disputer sur le sujet. Duo piano/Rhodes très funky, fluide. La voix d’Elise glisse dessus. Le batteur n’utilise pas les balais mais il peut jouer sans taper, rarement d’ailleurs.

Phil « Reptil » arrive à la guitare à la place de Fernando Rodriguez. Il a le style du guitar hero, vêtu de noir, cheveux longs avec une queue de cheval, lunettes design sur le crâne. Il produit des bruits étranges en glissant doucement sur ses cordes. Il fait onduler sa guitare comme un serpent, méritant son surnom de « reptile ». Un peu frimeur mais très efficace. Menaçant et imprévisible La musique est plutôt planante avec une basse/batterie bien fixe alors que le reste ondule. Le Reptile tient la tension du bout de ses doigts. Quand il la relâche cela se sent. Pour finir, il vient gratter quelques notes tout en haut du manche. Etonnant.

RAPPEL

Lucas Gillet passe à la guitare basse. « And Death shall have no dominion ». Ma chanson préférée de l’album. Merci à Elise de la chanter à nouveau. A nouveau cette intro aux percus, métallique, chaude, vive, légère. Un bijou rare. Sur cette chanson, Elise est au delà du réel, dans un monde onirique et unique. Fin sur quelques notes magiques de percussions. La perfection est rare en ce monde. Cette chanson est juste et parfaite.
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