RIP Yusef Lateef (1920-2013)
Lectrices paisibles, lecteurs modérés, voici qu'en un mois le Jazz vient de perdre trois de ses doux Géants.
Le batteur Chico Hamilton le 25 novembre (92 ans), le guitariste Jim Hall le 10 décembre (83 ans) et le saxophoniste flûtiste hauboiste bassoniste percussionniste Yusef Lateef le 23 décembre (93 ans).
Yusef Lateef jouait de la World Music avant que les marchands ne lui donnent ce nom. Dès la fin des années 1940, il s'est intéressé aux musiques africaines et asiatiques, à des instruments extra européens comme le koto, le balafon, les flutes indiennes.
Le souffleur de l'album " African Beat " d'Art Blakey, c'est lui. Le saxophoniste qui joue la musique composée par Mal Waldron pour le film de Shirley Clarke " The cool world " , c'est lui aussi. Un autre passeur de frontières culturelles le découvrit, Dizzy Gillespie.
Yusef Lateef affirmait ne pas jouer du Jazz mais de l'Autophysiopsychic Music. Le voici en concert au Parc floral de Paris le 22 avril 1972 jouant un standard du Jazz " Yesterdays ". Kenny Barron est au piano, Robert Cunningham à la contrebasse, Albert " Tooty " Heath à la batterie. Les mélomanes distingués, les esthètes raffinées reconnaîtront dans le solo de flûte de Yusef Lateef une large citation de Syrinx, pièce pour flûte seule (1913) de Claude Debussy. Merci au pianofortiste Ziad Kreidy de m'avoir confirmé cette référence. " Les hommes construisent trop de murs et pas assez de ponts " (Isaac Newton). Yusef Lateef faisait partie des constructeurs de ponts. RIP Yusef Lateef.