La " Zodiac Suite " de Mary Lou Williams ressuscité par le Umlaut Chamber Orchestra à la Maison de la Radio

Publié le par Guillaume Lagrée

Samuel Blaser par Juan Carlos HERNANDEZ

Samuel Blaser par Juan Carlos HERNANDEZ

Jazz sur le vif

Maison de la Radio

Studio 104

Paris, Ile de France, France

Samedi 18 novembre 2023, 19h

Triple Dip & Umlaut Chamber Orchestra

Concerts enregistrés et diffusés par France Musique

 

Première partie : Triple Dip (Triple Plongeon)

Triple Dip est composé de

Samuel Blaser : trombone

Russ Lossing : piano

Billy Mintz :  batterie

Je ne suis ni mu ni ému par cette musique. Rien à en dire. Pour la découvrir, écoutez l’album « Triple Dip », lectrices honorables, lecteurs respectables. Cf photographie de Samuel Blaser au-dessus de cet article.

 

Deuxième partie : Umlaut Chamber Orchestra

« Zodiac Suite » (Mary Lou Williams)

Concert de sortie de l’album « Zodiac Suite – Mary Lou Williams »

Le Umlaut Chamber Orchestra est composé de

Pierre-Antoine Badaroux : direction

Aude Marchand, Emilie Sauzeau, Raphaël Coqblin, Clara Jascyszn, Lucie Pierrard, Léo Ullman : violon

Clément Batrel Genin, Valentine Garilli : alto

Myrtille Hetzel, Pablo Tognan : violoncelle

Sébastien Beliah : contrebasse

Chloé Taillet : flûte

Guillaume Retail : hautbois

Geoffroy Gesser : clarinette, saxophone ténor

Carmen Mainer Martin : basson

Harmonie Moreau : cor

Brice Pichard : trompette

Michaël Ballue : trombone

Matthieu Naulleau : piano

Antonin Gerbal : batterie

Agathe Peyrat : chant

Pour durer, le Jazz doit se constituer un répertoire écrit à interpréter comme l’expliquait André Hodeir. C’est à quoi s’attache Pierre Antoine Badaroux et son Umlaut Orchestra avec la même fougue que les musiciens qui firent revivre la musique Baroque en Europe à partir des années 1970.

« Le respect de la tradition, ce n’est pas la vénération des cendres mais la préservation du feu » (Jean Jaurès). Mary Lou Williams (1910-1981) était une pianiste et compositrice de génie qui ne fut arrêtée ni par le racisme ni par le sexisme. Il est juste et bon de faire vivre sa musique en la jouant.

Après le Big Band de Jazz déjà célébré sur ce blog, le Umlaut Orchestra revient sur scène sous forme d’orchestre de chambre. Place aux cordes.

Mary Lou Williams a écrit sa Zodiac Suite pour deux orchestres en même temps, à cordes et de jazz. Le seul et unique concert à New York, Town Hall en décembre 1945 fut un échec cuisant car les musiciens ne s’étaient pas appropriés l’œuvre, faute de temps, d’argent, d’envie, de disponibilité, de motivation. Elle n’a plus jamais joué son œuvre sur scène en entier, en jouant parfois des extraits comme avec le grand orchestre de Dizzy Gillespie au Newport Jazz festival édition 1957.  Mais elle l’a enregistré en trio piano, contrebasse, batterie.

Le pianiste vient seul sur scène. Dès les premières notes, ça swingue plus que tout le concert précédent. Mary Lou Williams était une pianiste et compositrice de premier ordre. Elle a donné des cours de composition à Thelonious Monk et Bud Powell. Un Blues raffiné joué seul par le pianiste.

Arrivent le trompettiste et le tromboniste. Ainsi que le contrebassiste et le batteur. Maintenant, c’est un quintette de Jazz. Trompette bouchée. Un nouveau Blues qui avance en dodelinant. Jeu à l’ancienne de la trompette, pas dans le style de Miles Davis qui a tellement marqué l’instrument que la sourdine Harmon est aujourd’hui surnommé sourdine Miles. Je bats la mesure du pied gauche et hoche la tête. Comme ma voisine de gauche. Nous nous régalons de concert. Du stride à l’ancienne au piano.

Après ces morceaux introductifs, l’orchestre arrive au complet. Les cordes s’accordent. Comme dans le classique, le chef est debout face à l’orchestre pour diriger. Il ne joue d’aucun instrument.

Ont été joués en introduction « Lonely moments » au piano, « Stardust » dans l’arrangement de Mary Lou Williams. Et une 3e morceau dont le titre m’a échappé.

La Zodiac Suite comprend 12 pièces, une par signe du zodiaque, chaque morceau étant inspiré par un musicien, un artiste, homme ou femme, né sous ce signe. 

C’est joué ici par un orchestre à cordes, une section rythmique de jazz (piano, contrebasse, batterie) et quelques souffleurs (sax ténor, clarinette, trompette, trombone). Ca commence élégant, joyeux, chantant.

Passage méditatif des cordes. Batteur aux balais. Un Blues. Ca swingue efficacement.

Selon la tradition des Big Bands (l’Univers a commencé par un Big Band !), le saxophoniste se lève, quitte sa place et vient se mettre sur le devant de la scène pour jouer son solo accompagné par l’orchestre. Suave et langoureux à souhait mais sans guimauve. Musique de comédie romantique de bon goût.

Roulez tambours. Sonnez trompette et trombone. Là ça fait musique de péplum. Il est normal qu’en 1945 Mary Lou Williams ait écouté de la musique de films hollywoodiens. Solo plaintif du violon rejoint tendrement par le piano. La musique de péplum colle parfaitement pour décrire le Lion. " Leo ". Cf extrait audio au dessus de cet article.

Le chef présente le soliste après chaque morceau. Batteur aux balais. Bonne pulsation de la rythmique derrière la clarinette et la trompette. Ca brille de partout. Solo de trompette brillant, style swing. A l’attaque de la trompette répond la douceur des cordes. Un délice.

Je n’arrive pas à identifier les signes du zodiaque joués. Ni les musiciens nés sous ces signes. Trop subtil pour moi.

Toutefois je reconnais « Scorpio » mon morceau préféré de la suite. Je l’ai fait découvrir à une amie Noire et Scorpion. Elle s’y est reconnue. Un morceau qui pique. Solide comme le scorpion. Cf vidéo sous cet article.

Dialogue entre flûte et cuivres. Le piano joue une sorte de marche funèbre. Les cordes ajoutent du moelleux.

La flûte domine au-dessus de l’orchestre. Ca sonne comme une musique de western. Chevauchée dans l’Ouest.

Arrivée de la chanteuse pour le final. Sostenuto de cordes. La chanteuse chante dans le style de Barbara Streisand. Tout à fait adapté à l’orchestre à cordes à l’américaine. Pour une fois, ce n’est pas du Michel Legrand mais du Mary Lou Williams restitué par Pierre-Antoine Badaroux et son orchestre.

La photographie de Samuel Blaser est l'oeuvre de l'Etourdissant Juan Carlos HERNANDEZ. Toute utilisation de cette oeuvre sans l'autorisation de son auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales.

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