Pierrick Pédron. European Meeting.
Paris. Le Duc des Lombards. Vendredi 17 septembre 2010. 22h.
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La photographie de Pierrick Pédron est l'oeuvre de l'Onctueux Juan Carlos HERNANDEZ.
Pierrick Pédron : saxophone alto
Jesse Van Ruller : guitare électrique
Florian Ross : orgue Hammond
Thomas Bramerie : contrebasse
Karl Jannuska: batterie
Première critique: Pierrick Pédron doit apprendre à cirer ses chaussures avant de monter sur scène. Là, il a l’air d’avoir traversé la Sierra Nevada avec.
Deuxième critique: le bar n'avait plus de curaçao bleu. Incident diplomatique avec les Antilles néerlandaises? M. P n'a pu se faire servir le coquetèle qu'il désirait.
Ca attaque groupé, solide, carré. Guitare et sax se croisent, s’entremêlent alors que la rythmique pousse derrière. Beau son de guitare clair, net, précis avec la base rythmique et de jolies variations par-dessus. Le guitariste, lui, porte des chaussures bien cirées. Il faudra qu’il explique son truc au saxophoniste. L’organiste, plutôt discret, se fait remarquer par des petites pointes de fantaisie. Il reprend la main. Karl hache menu ses cymbales. C’est de la bonne cuisine.
Ils jouent en lisant des partitions. Nouveau groupe, nouveaux morceaux. Le concept est plus Jazz en parallèle avec l’aventure Omry. Ca déroule tranquille sur un tempo vif. Bon massage auriculaire. Le guitariste est concentré et à l’aise dans son jeu. Un vrai bonheur. La guitare a 6 cordes comme le Colt a 6 coups. Etonnant, non ? C’était deux morceaux tirés de la comédie musicale « Un violon sur le toit » adaptés par le saxophoniste alto Julian Cannonball Adderley. : « Fiddler on the roof » puis « Swing Machine » la valse de la machine à coudre. Logique pour une comédie musicale yiddish. Je laisse aux lectrices perspicaces et aux lecteurs avisés le soin de deviner la marque de la machine à coudre.Cette fois il n'y a rien à gagner.
Une ballade « It never entered my mind ». Duo guitare/sax alto. La grande classe sans forcer. Avec de l’écoute, de l’émotion. Le guitariste joue la mélodie, le sax improvise. C’est un peu plus compliqué que ça. Deux chants se répondent. C’est très beau. Je peux pas mieux dire. C’est très beau. Solo absolu de sax alto. L’instrument chante sous les doigts du « Petit Géant » Pierrick Pédron. Le groupe redémarre après cette intro qui vaut bien mieux que des morceaux complets. Ca chaloupe, ça swingue. Le tempo accélère en douceur puis s’agite franchement. Démarrage en trombe puis ralentissement. Une vraie leçon de conduite. Maintenant ça swingue franchement. Ils se baladent mais ce n’est plus une ballade. La ballade reste bien agréable. Solo de batterie. Ca pétarade joyeusement. Swing, swing, swing !
« Waltz for a King » composition de Pierrick Pédron en hommage au saxophoniste anglais Peter King. Beaucoup d’affection et de respect dans ce morceau. Très belle berceuse énergique et émouvante à la fois. Le premier solo de contrebasse est grave, profond, boisé, viril. Thomas Bramerie fait bramer sa contrebasse. Orgue et batterie aux balais le soutiennent solidement et délicatement. Très joli final avec des effets mêlés d’orgue et de guitare par-dessus lesquels souffle le sax.
Une composition « Tune Z » en hommage à Zorro ou à Bojan Z ? Ca pulse bien. Le contraste est saisissant entre l’aisance, la légèreté du jeu du guitariste et la concentration, la tension dans son regard. Il n’est pas facile de sonner facile. Jesse Van Ruler rules the guitar. Désolé mais le jeu de mots ne marche pas en français. Non loin de moi se trouve un couple de minets à croquer pour un dessinateur. Elle, cheveux longs et blonds, le teint trop blanchi, les lèvres trop rougies, les yeux trop soulignés portant une robe de velours bordeaux mordoré. Lui, brun, la casquette vissée sur le crâne, le pull over mauve porté à même la peau au col en V largement décolleté dévoilant un poitrail glabre. Elle bat la mesure de la tête, lui reste sage. Bref un couple de minets tout mimi ! Pendant ce temps, Pierrick, concentré, décolle puis atterrit pour laisser la contrebasse ancrer le groupe. Belles montées et descentes tout schuss sur le manche de la contrebasse. Le groupe repart et ça swingue, saperlipopette ! Joyeusement même, à la Rollins.
« Sarina » (Florian Ross). Swing funky. L’organiste se lâche enfin. Il attendait son morceau, le dernier. Jesse passe en un coup de main d’un Jazz classique à un Funk électronique. Il est bon de varier les plaisirs. Karl joue funky à la Motown. Duo basse/batterie. Ca pousse, lance, relance. Cette musique respire la joie de jouer ensemble. Ca change des albums de musiciens névrosés et complexés qui ont encombré ma boîte aux lettres à la rentrée. Mon ami M. P était venu de Nantes à Paris pour ce concert. Il n'a pas regretté le voyage.