Sylvain Beuf New Sextet: Première!
Paris. Le Sunside. Sylvain Beuf Sextet.
Vendredi 25 septembre 2009. 21h.
Sylvain Beuf : saxophone ténor, saxophone soprano, composition, arrangements, direction
Pierrick Pédron : saxophone alto
Denis Leloup : trombone, bugle
Jean Yves Young : piano
Manuel Marchès : contrebasse
Franck Agulhon : batterie
Le photomontage réunissant Sylvain Beuf, Denis Leloup et Pierrick Pédron a été réalisé par le Compétent Juan Carlos Hernandez.
Démarrage plutôt Cool Jazz. Assez rare pour être signalé. Bien synchrone. C’était « Joy » de Sylvain Beuf. Sage et élégant.
« Baïkal Late » (Beuf). Démarrage avec la rythmique légère, évanescente, mystérieuse. Frank Agulhon a l’art des petites trouvailles du bout des baguettes. Les souffleurs enchaînent. Dans un souffle long, Pirrick Pédron enchaîne sur son solo. C’est un charmeur de serpents. Son son envoûte, captive, enlève. Beau final funky de velours.
« Spatio temporis » (Beuf). « Les frères Bogdanoff sont dans la salle » commente un spectateur. C’est plutôt funky et cool, pas Bogdanoff du tout. Solo de sax ténor bien punché par la rythmique. Frank Agulhon multiplie les pains même si ce n’est pas le bal des noces de Cana. Transition à six puis Franck Agulhon, souple et chaud, prend les devants. La rythmique ne lâche pas l’affaire. Ca ondule bien. Final super groovy.
Denis Leloup passe du trombone au bugle. Solo de sax alto aigre, puissant, envoûtant. La rythmique vient à sa rencontre tout en douceur. Ballade veloutée jouée par le sextet. La musique nous caresse l’échine. Un vrai massage sensuel. Solo en apesanteur de sax alto avec une rythmique discrète et précise derrière. Le bugle sonne un peu comme un cor anglais, sombre, mystérieux, lointain. Ce n’est plus du velours, c’est de la soie quand le sextet joue le thème. Une sensualité ellingtonienne. Sylvain Beuf fait le chef et dirige des mains. C’étaient « Les notes bleues » (Sylvain Beuf).
« Line broke » nouvelle composition de Sylvain Beuf qui n’a que dix jours d’existence. Retour au hard bop. Rythmique sèche derrière les volutes de ténor.Denis Leloup a repris son trombone. Les tambours roulent et moussent, les cymbales tranchent.
Un court morceau funky finit le set et sert à présenter les musiciens. C’est du Watt Sax !
PAUSE
Redémarrage sans Pierrick Pédron. Feeling oriental. Solo caravanesque du trombone. Solo envoûtant, coltranien du sax ténor. Le batteur fracasse avec classe. C’était « Suspect noise » (Beuf).
« Sushi » morceau de Sylvain Beuf qui figurera sur l’album qui sortira début 2010 sur le label Such Records. Mon voisin de gauche bat la mesure en claquant des doigts et en tapant du pied. Deux jeunes hommes noirs comme voisins dans un club de Jazz parisien c’est rare. Au son du ténor, je visualise le gars qui roule des mécaniques dans la décapotable au ralenti pour épater les filles. La belle vie comme la chantait Sacha Distel. Le son Blue Note n’est pas mort. Ces petits Français le font vivre aujourd’hui à leur manière. Ca aère la tête.
Ca continue dans le swing funky. Les baguettes du batteur nous matraquent en douceur. Solo de sax alto. Pierrick Pédron vole à travers champs comme un essaim de moineaux à lui seul. Il est surprenant, virevoltant, zigzaguant.
Une ballade pour calmer le jeu. Sylvain Beuf est passé au saxophone soprano. C’est le premier concert de ce sextet. Les musiciens jouent avec application, suivent les partitions, « le nez dans le guidon » comme dit Pierrick Pédron. Il n’empêche, la musique est fraîche. Petit chant d’oiseau du soprano en solo. Libre et nostalgique. Fin voluptueuse, savoureuse, délicieuse à l’unisson.
« Trouble in my glass »(Beuf). C’est le morceau bien funky qu’ils jouèrent en interlude à la fin du premier set. Cette fois ci, pour finir le deuxième set, nous avons droit à la version longue. Ca donne envie de danser. Franck Agulhon nous met la tête au carré et on en redemande. Piano et contrebasse creusent le groove. Denis Leloup glisse aux pas de son nom. Pas mal de blancs - becs made in USA pourraient prendre de la graine en écoutant ces petits Français. Pierrick Pédron acide et velouté au sax alto. Ca c’est de la bonne sauce nourrissante pour les oreilles, l’esprit et le cœur. La rythmique est impeccable et implacable derrière le sax ténor. Légère transition de la rythmique puis les souffleurs reprennent leur marche en avant. Ca échange, ça vibre, ça glisse. Présentation des musiciens, toujours sur le groove. Comfortably hip, respectably cool comme disait Duke Ellington.
Je n’avais pas école le lendemain mais le marchand de sable était passé. Je n’ai donc pas assisté au troisième set. Ce sextet est en devenir. Il est déjà très prometteur, à suivre sur scène en attendant la sortie de l’album début 2010.