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RIP Jacques Chancel (1928-2014)

Publié le par Guillaume Lagrée

Lectrices vénérées, lecteurs vénérables, parmi les nombreux titres de gloire du journaliste et écrivain français Jacques Chancel (1928-2014), le plus important était sa qualité d'écoute. Non seulement il savait poser les bonnes questions pour tirer le meilleur de ses invités mais, en plus, il savait écouter. Il faisait place à la musique, créait des rencontres inédites et laissait les musiciens jouer librement, en direct, à la télévision, à des heures de grande écoute, dans des émissions de 3h30 sans interruption pour la réclame. De la vraie éducation populaire.

En voici un bel exemple avec un extrait du Grand Echiquier en 1980 où l'invité musical principal était le guitariste anglais John Mac Laughlin.

Il apparaît ici:

- en duo avec Stéphane Grappelli (violon) jouant " In a sentimental mood " (Duke Ellington).

- en quartet avec Larry Coryell (USA), Christian Escoudé (France) et Philip Catherine (Belgique) aux guitares

- en septet avec Stéphane Grappelli et Augustin Dumay (violons), les mêmes guitaristes et un contrebassiste que je n'ai pas identifié

Comme le dit un violoncelliste classique invité de cette émission, " les musiciens classiques ont été trop longtemps tenus prisonniers. " Heureusement, les Jazzmen sont venus les libérer.

Merci pour votre travail, Monsieur Jacques Chancel.

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Caratini Jazz Ensemble " Body and Soul " Live at the Paris Jazz Festival

Publié le par Guillaume Lagrée

" Body and Soul "

Caratini Jazz Ensemble

Concert enregistré au Paris Jazz Festival, à Paris, Ile de France, France, le 28 juillet 2013.

Album Caramusic (auto production) distribué par l'Autre distribution.

Patrice Caratini: contrebasse, direction, composition sauf " Body and Soul " (n°15 et 20) de Johny Green.

Le Caratini Jazz Ensemble compte 17 musiciens, chef compris, dont Alain Jean-Marie (piano). Personnel détaillé dans l'album.

Ca commence avec le son de la contrebasse, celle de Patrice Caratini, assise du Jazz et de la chanson en France depuis les années 70. C'est le premier morceau " Isabelle " et tout de suite nous savons que nous allons écouter une belle histoire.

Non pas celle d'un standard " Body and Soul " dont la version magistrale fut enregistrée par Coleman Hawkins (sax ténor) en 1939 mais celle d'un film méconnu au même titre. Body and Soul est un fim d'Oscar Micheaux, cinéaste noir américain, tellement audacieux pour son époque (1924) qu'il dérange encore. Si ce film muet fut le premier rôle du chanteur, acteur et militant Paul Robeson, il passa inaperçu lors de sa création. Un film tourné par un Noir avec des Noirs aux USA en 1924 avait peu de chance d'être diffusé. De plus, ce n'est pas un film simpliste. Les opprimés n'y sont pas des anges puisque Paul Robeson joue le rôle d'un faux pasteur, séducteur, manipulateur, escroc pas aussi dangereux que Robert Mitchum dans " La nuit du chasseur " de Charles Laughton mais pas loin.

A un film muet, il faut une musique. Wycliffe Gordon, membre de la confrérie Marsalis, en créa une en 2000 pour le New York Film Festival, interprétée par l'orchestre Jazz at Lincoln Center de Wynton Marsalis. Problème: ce film montre des Noirs buvant, trichant, mentant, escroquant, se traitant de " niggers ". Trop choquant pour l'intelligentsia africaine-américaine qui enterra le film et sa musique. Les staliniens existent aussi en Amérique du Nord.

Patrice Caratini n'est ni Noir ni Américain mais il possède une connaissance encyclopédique des musiques populaires du XX° siècle, est un leader né comme disent les Américains. Il a composé une musique sans parole mais sous format de chansons (20 morceaux en 52'32) où les ambiances, les climats s'enchaînent entre Jazz, Blues, Soul, Biguine. L'adjonction de 3 percussionnistes à l'orchestre lui donne un son plus noir.

L'oeuvre fut créée à la demande du Paris Jazz Festival qui fait swinguer chaque mois de juillet les arbres et les fleurs du Parc floral de Paris situé à Vincennes, comme son nom l'indique (métro Château de Vincennes: terminus de la ligne 1). Il s'agit d'un ciné concert où l'orchestre joue en accompagnement du film, sans trucage ni doublage. La Nature s'est mise en harmonie avec la musique puisque le concert a fini par un orage accompagnant la fin désastreuse de l'héroïne du film qui meurt seule, ruinée par l'escroc déguisé en pasteur qui a abusé de sa naïveté.

Au total, l'oeuvre dure 1h20, le temps du film mais comme il s'agit ici d'un objet musical qui a sa propre logique narrative, seules 52'32 ont été conservées. A l'auditrice attentive, à l'auditeur concentré de se faire son propre film en écoutant cette musique qui est très parlante. Ainsi " Atlanta " (n°16) évoque irrésistiblement le vieux Sud, la ville natale de James Brown.

C'est une musique savante et populaire qui peut se danser et s'écouter, chez soi ou en concert, avec ou sans le film d'Oscar Micheaux.

La création de Patrice Caratini revivifie un film injustement oublié, pionnier du cinéma noir américain. Merci à lui.

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" Luminescence " Grégory Privat & Sonny Troupé

Publié le par Guillaume Lagrée

" Luminescence "

Grégory Privat & Sonny Troupé

Jazz Family

Distribution Socadisc

Sortie le lundi 26 janvier 2015

Toutes les compositions sont l'oeuvre de Grégory Privat et Sonny Troupé

Grégory Privat: piano

Sonny Troupé: Gwo ka

En concert à Paris au Café de la Danse le lundi 9 mars 2015

Si Claude Debussy a écrit que " le pianiste doit faire oublier que le piano est un instrument composé de marteaux qui frappent des cordes ", c'est qu'il savait bien que le piano est un instrument de percussion. Les Jazzmen le savent si bien, qu'après avoir inventé la batterie, ils inventèrent le trio piano/contrebasse/batterie.

La batterie est un instrument inventé à La Nouvelle Orléans pour pallier l'absence des tambours venus d'Afrique, interdits aux esclaves car ils servaient à appeler à la révolte. Aux Antilles, ces tambours étaient permis. En Guadeloupe, le grand tambour s'appelle le Gwo Ka. Sonny Troupé en est l'un des Maîtres aujourd'hui. Avec le pianiste martiniquais Grégory Privat, la succession d'Alain Jean-Marie est en bonne voie.

Le duo piano/tambour est donc logique dans l'idée et dans les faits. Entre ces deux amis, le son colle à la milliseconde près. C'est précis, enjoué, créatif, synchronisé, lumineux (" Luminescence ", n°1 et titre album-. Le tout est très agréable à écouter mais il me manque quelque chose: la transe. Celle que j'ai ressentie en écoutant Ray Lema au piano avec les Gnaoua lors de la fête de la musique à Paris en 1998. Sans quitter la cour d'un hôtel du XVII° siècle dans le Marais, nous étions transportés en Afrique, en plein désert.

Cet album est enregistré en studio. En concert, cela chauffe plus. La preuve ci-dessous.

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Le Hornitos Trio d'Oscar Noriega passe le Sud des Alpes

Publié le par Guillaume Lagrée

Hornitos Trio

Le Sud des Alpes

Genève, Suisse

Samedi 13 décembre 2014. 21h30.

L'Hornitos Trio est composé de

Oscar Noriega: saxophone alto, clarinette basse

Brandon Seabrook: guitare électrique

Tom Rainey: batterie

Oscar Noriega n'est pas le fils d'un dictateur panaméen déchu. Il n'est pas non plus un Wet Back (dos mouillé par la traversée du Rio Grande) puisqu'il est né en Arizona de parents mexicains, du bon côté de la frontière. Il est saxophoniste, clarinettiste et vit à New York.

Le concert commence à 21h45. L'AMR est une des rares institutions genevoises à ne pas être parrainée par une marque de montres.

Ils attaquent à bloc tout de suite. Tom Rainey est un batteur prestidigitateur. L'homme qui avance en marche avant , en marche arrière et en crabe en même temps. Je connais un batteur professionnel qui a renoncé à suivre les cours de Tom Rainey au bout du 2e exercice. Trop difficile. Le trio entier joue en indépendance coordonnée. Il y a bien des mélodies, des rythmes mais ll faut être un mathématicien indien pour les compter. Tom Rainey nous emmène de la forêt à l'usine ou au barrage hydro électrique d'un instant à l'autre. Ces gars là viennent de New York. Ca sent la Mer. Des craquements de cargo culte, des murmures de vagues sur la jetée, la corne de brume. Oscar Noriega a un son splendide à l'alto qu'il fait chanter comme une flûte. Le morceau devient une suite où les mélodies, les climats s'enchaînent. Le guitariste utilise avec goût les effets sans en mettre plein les oreilles pour impressionner. Après une phase calme, un rock endiablé. La tempête après le calme. Hornitos porte bien son nom. Ca fume.

Brandon Seabrook travaille seul ses cordes et ses effets, générant un rythme en boucle. Il cherche et trouve. Il coupe ce rythme, en trouve un autre tout aussi envoûtant, le coupe, repart. Bref, c'est un récit à suspens. Ca se calme pour une ballade avec Tom Rainey aux balais. La guitare sonne à la fois comme une guitare et comme une basse. Oscar Noriega a repris un chant aigre doux, propre au sax alto. Musique hypnotique qui monte en spirale. S'il y avait des enfants dans la salle, ils danseraient. Il y a la place mais les adultes n'ont pas cette audace. C'est à la fois cérébral et organique. Grand, quoi! Après un climax, retour au calme pour le même thème joué tout en puissance contenue. Comme un sportif qui gère son effort, ils ont de la réserve.

Oscar seul à l'alto pour commencer avec des effets de souffle, de langue. Le guitariste le rejoint par vagues contenues. Tom Rainey lance la machine. Un standard sacrément revisité. Du Monk? Un couple arrivé en retard s'en va au bout de 5mn. La liberté fait toujours peur. Mieux vaut s'éclipser discrètement que de manifester bruyamment son mécontentement. C'est plus poli. Un solo de batterie de Tom Rainey avec une technique à la hauteur de son imagination, toujours au service de la musique. Juste de quoi relancer la machine.

Clarinette basse. Beau son grave digne de ma Mère l'Oye marchant lentement. Dialogue de subtilités entre la clarinette basse et la batterie. Maintenant, c'est le pas de l'ours en forêt. La guitare vient y ajouter une nuée d'orage, le chant d'un ruisseau. Bref, c'est la forêt, la nuit. Une promenade mystérieuse voire dangereuse. Une ballade hypnotique. Ils nous emmènent loin. Cela se termine dans un souffle conjoint. Splendide.

Il y avait bien une composition de Thelonious Sphere Monk au programme. Oscar Noriega l'a confirmé.

Retour à l'alto pour " Sounds of the fault ". Une sorte de be bop ultra moderne. Agité, urbain, précis, électrique. Bel exemple pour les enfants: il est possible de gagner sa vie en faisant les fous sur scène mais de façon pensée et après avoir beaucoup travaillé. L'improvisation ne supporte pas l'approximation.

Ils ont des partitions devant eux. Les lisent-ils? Oscar commence seul avec un beau son velouté à souhait. Guitariste et batteur, aux balais, le rejoignent pour une ballade somptueuse. Aucune guimauve. Juste de l'émotion polie. Contrairement à la tequila du même nom, l'Hornitos trio est à consommer sans modération.Le guitariste sort des effets de violon tant il étire ses notes. Je suis touché en plein coeur.

PAUSE

Comme le dit un spectateur: " Tu sens la pulsation mais tu ne sais pas où est le temps ". Bonne définition de l'art de Tom Rainey. Oscar Noriega aime tellement Monk qu'il joue avec un chapeau sur la tête.

Sax alto. Baguettes sur les cymbales. Guitare qui étire les sons comme un violoncelle. Une sorte de ballade. Brume sur l'Atlantique Nord. Brandon Seabrook passe un archet sur ses cordes de la main droite tout en pinçant le manche de la main gauche. Tom Rainey, magicien sonore, joue t-il aux balais ou avec les mains? Je suis trop loin pour le voir et, à l'oreille, le son qu'il produit est si personnel que je ne peux rien conclure. Au Sud des Alpes, quand les musiciens jouent, le bar est fermé. Résultat: le public est attentif, respectueux. L'intro s'étire jusqu'à finir avec le morceau.

Un morceau agité, comme un air antillais, malaxé par Brooklyn. Un solo de Tom Rainey, c'est de la musique, pas de la batterie. Le guitariste ponctue par éclairs. Le trio repart avec le batteur qui joue des baguettes sur les bords de caisses. Un cliquetis qui s'harmonise avec les grincements de la guitare, les envolées du saxophone. Un dernier cri du sax et c'est fini. C'était " Nice Try " composition d'Oscar Noriega dédiée à Paul Motian avec qui il joua.

Un morceau sur tempo medium, plus classique que le précédent, avec 3 voix distinctes et coordonnées.

Duo batterie/sax alto. Un dialogue de sons, d'ambiances. Un son quasi liquide avec des bulles qui éclatent au sortir du pavillon du saxophone. La guitare apporte des bruitages mordants. Tom Rainey tient le rythme à sa manière. Là encore, cela m'évoque la mer, un port. La guitare sort des sons comme d'une radio qui a des problèmes de diffusion. Le sax hoquète joyeusement. Tom Rainey lance le groove et cela devient funkadelic avec tout le respect dû à George Clinton. Sans quitter Genève, sans prendre l'avion de l'ONU, nous voici à New York. C'est la pulsation même de la ville qui ne dort jamais qui bat sur cette scène à cet instant. Riffs de guitare, pulsation volcanique de la batterie, envolées du sax. Personne ne danse alors qu'il y a la place. Des enfants danseraient, c'est sûr. Après ce morceau, je fais la même réflexion que mon voisin de dos: " Ca envoyait! ".

Ils rejouent le premier morceau du premier set car Oscar Noriega vient de le composer et souhaite le rejouer. Ca attaque mais moins massivement que le précédent morceau, calme et méditatif. Retour de la brume sur l'Atlantique Nord même si le lac Léman n'est pas loin. La sirène d'un cargo fend l'espace. Le mugissement de la Mer l'emporte. Retour au port, en ville, dans l'agitation et l'excitation.

Une ballade. Tout en douceur et tous ensemble.

RAPPEL

Morceau un poco agitato. Tempo furioso. C'est la tempête électrique, rythmique, mélodique. Tout se calme pour un duo guitare/sax où les sons s'allongent et se prolongent. Le temps est suspendu à ce son. Puis c'est fini.

Pourquoi le Hornitos Trio? Parce que c'est un nom de tequila et qu'Oscar Noriega est d'ascendance mexicaine, parce qu'il joue du biniou (horn in english), parce qu'hornitos est un terme de vulcanologie en anglais. Si vous trouvez d'autres explications, lectrices lettrées, lecteurs savants, je suis preneur.

Le Hornitos Trio a mené un stage pour musiciens, à Genève, à l'AMR le dimanche 14 décembre 2014 de 11h à 13h puis de 14h à 17h. L'improvisation, cela s'apprend, sinon c'est du grand n'importe quoi.

A New York, USA, Oscar Noriega a élu domicile musical au Barbès Brooklyn, club tenu par deux Français comme son nom l'indique. L'y voici avec le Hornitos Trio jouant un standard " Darn that dream " cher à Martial Solal & Lee Konitz.

La photographie de Tom Rainey est l'oeuvre du Magique Juan Carlos HERNANDEZ. Toute utilisation de cette oeuvre sans l'autorisation de son auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales.

Tom Rainey par Juan Carlos HERNANDEZ

Tom Rainey par Juan Carlos HERNANDEZ

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Festival Sons d'hiver dans le Val de Marne du 23 janvier au 15 février 2015

Publié le par Guillaume Lagrée

Festival Sons d'Hiver

Val de Marne et Paris, Ile de France, France

du vendredi 23 janvier au dimanche 15 février 2015

Lectrices aventureuses, lecteurs novateurs, retrouvez vous au festival Sons d'hiver dans le Val de Marne pour l'essentiel (quelques concerts auront lieu à Paris) du vendredi 23 janvier au dimanche 15 février 2015.

Au sein d'un programme foisonnant, voici quelques recommandations personnelles:

- vendredi 23 janvier à 20h30 à l'Espace culturel André Malraux du Kremlin-Bicêtre, le trio du pianiste américain Matthew Shipp suivi de l'Anthony Braxton Diamond Curtain Wall Quartet. Le genre de musique qui ne peut laisser indifférent. A aimer ou à détester, à prendre ou à laisser. Ces gars là ne transigent pas.

- mardi 27 janvier à 20h30 à l'espace Jean Vilar à Arcueil: Alexandre Authelain Quartet suivi du Craig Taborn (piano, claviers) quartet. Je ne connais pas le premier mais je garantis que le second vaut le déplacement.

- vendredi 30 janvier à 20h au théâtre Paul Eluard de Choisy-le-Roi: Tarbaby- Orrin Evans/Eric Revis/Nasheet Waits suivi du trio Brötzmann/Drake/Parker. Free Jazz is not dead!

- samedi 31 janvier à 20h30 au théâtre Jean Vilar de Vitry-sur-Seine: The Langston Project suivi de " Blood & Burger " avec Rodolphe Burger et James " Blood " Ulmer. Pour ceux qui aiment leur Blues servi saignant.

- dimanche 1er février à 18h30 au théâtre de la cité internationale à Paris, 14e arrondissement: Sarah Murcia et Caroline revisitent l'album " Never mind the bollocks. Here's the Sex Pistols ". Même le Punk peut être joué savamment. Etonnant, non?

- vendredi 6 février à 20h30 à la salle Jacques Brel de Fontenay sous Bois: Anthony Joseh " Kumaka " suivi de Archie Shepp " Attica Blues Big Band ". Attica Blues sorti en 1972 est un album phare d'Archie Shepp mêlant Free Jazz et Soul Music, dédié aux prisonniers révoltés et tués de la prison d'Attica à New York. Dominique Strauss Kahn fut aussi prisonnier à Attica. Sa présence n'est garantie ni sur scène ni dans le public.

- samedi 14 février à 20h à la Maison des Arts de Créteil: Otis Taylor & Band. Otis Taylor est le Bluesman du moment. Je l'ai vu et entendu secouer les cadres stressés au festival de Jazz de la Défense pendant une pause déjeuner. Impressionnant. Si vous en avez marre de l'avant garde, une bonne cure de Blues brut de décoffrage s'impose.

La photographie de Sarah Murcia est l'oeuvre de l'Exigeant Juan Carlos HERNANDEZ. Toute utilisation de cette oeuvre sans l'autorisation de son auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales.

Sarah Murcia par Juan Carlos HERNANDEZ

Sarah Murcia par Juan Carlos HERNANDEZ

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Le Lee Konitz Quartet enchante le Sud des Alpes

Publié le par Guillaume Lagrée

Dan Tepfer & Lee Konitz par Juan Carlos HERNANDEZ

Dan Tepfer & Lee Konitz par Juan Carlos HERNANDEZ

Lee Konitz Quartet

Le Sud des Alpes

Genève, Suisse

Vendredi 28 novembre 2014, 21h30

Lee Konitz: saxophone alto, chant

Dan Tepfer: piano, chant

Jeremy Stratton: contrebasse

George Schuller: batterie

Le quartet joue vraiment acoustique ce soir. Du fond de la salle, sans micro, je ne capte pas les blagues de Lee Konitz. Après tout, je ne suis pas venu pour écouter ses blagues mais sa musique. Le batteur George Schuller est le fils du corniste,compositeur, musicologue, enseignant, chef d'orchestre américain Gunther Schuller, père de la Third Stream Music (née dans les années 1950 mêlant Classique et Jazz), avec John Lewis.

" Nous allons jouer les standards comme vous ne les avez jamais entendus, je l'espère " (Lee Konitz). Lee Konitz commence seul, un peu hésitant. A son âge, 87 ans, il a besoin de s'échauffer. Serait-ce " How deep is the ocean "?. La rythmique joue sur du velours. Elle avance à pas de chat persan. Une vraie caresse pour l'âme. Travail très fin du batteur aux balais. Dan joue juste les notes qu'il faut. La contrebasse ronronne au centre de la scène. La méthode Konitz: très vite, il s'évade de la mélodie nous emportant dans l'océan de ses pensées. La salle est bondée mais il n'y a pas un bruit. Cette musique impose l'écoute. Comme dit Lee Koniz: what is the anagram of " listen"? Silent cause to listen U've got to be silent. Dan Tepfer poursuit son chemin de grand pianiste de Jazz sur les pas de son Maitre Lee Konitz. Il a appris et il transmet aussi. A part quelques toux, dont la mienne, je l'avoue, la musique emplit totalement l'espace sonore. Lee Konitz se met à l'angle droit de la scène, vu du public, face à son pianiste, tout à gauche, pour dialoguer avec lui. Lee Konitz chantonne. Il connaît par coeur les paroles des standards qu'il joue depuis 70 ans sans jamais lasser ni lui, ni le public. Pour autant, il ne les chante pas. Un batteur musicien, cela fait du bien. Aucune démonstration. Chaque note est à propos. Dan Tepfer, en solo, charme le piano.

Dan enchaîne directement sans nous laisser le temps d'applaudir. La rythmique repart. Personne n'applaudit d'ailleurs. L'écoute est digne d'un concert classique pour ces classiques du Jazz. Le pianiste s'efface. Le batteur, aux baguettes, et le contrebassiste portent Lee Konitz qui s'envole au saxophone. Un vol de papillon, léger, coloré, fragile et qui, pourtant, tient. Le sax se tait à son tour. Retour à la rythmique avec la contrebasse au premier plan. Ca tient chaud. Des retardataires entrent discrètement dans la salle sans réussir à briser la magie de l'instant. Lee chantonne à nouveau. Le quartet repart sur la mélodie de ce standard dont le titre m'échappe. Feeling légèrement latin de la rythmique. Enfin, nous pouvons applaudir. Ils le méritent.

" Body and Soul " dont la version magistrale date de 1939 par Coleman Hawkins (sax ténor). Lee attaque seul, fort loin de la mélodie, pour s'en approcher petit à petit grâce au piano. La rythmique se lance en glissant avec le batteur aux balais. Le pas du patineur. Lee a décidé de chantonner chaque morceau ce soir. C'est certainement moins fatiguant que de jouer du saxophone alto. En chantant, il est plus proche de la mélodie. Au saxophone, il est plus libre de ses mouvements. Dan se met à chantonner avec Lee. Un instant de grâce soutenu délicatement par la contrebasse et la batterie. Il faut une grande maîtrise pour jouer avec autant de liberté comme Picasso avec ses pinceaux.

Voici un petit air léger que je ne reconnais pas. Les yeux clos, je m'envole avec les volutes de l'alto. Puis Lee chantonne avec la rythmique. Avec une telle rythmique, je ne suis pas inquiet. La flamme du Jazz ne s'éteint pas et elle fait toujours briller Lee Konitz. Ici, pour la première fois du concert, nous applaudissons pendant un morceau, comme pour un concert de Jazz en fait. George Schuller assure la succession de Paul Motian. Le dialogue piano/sax alto est celui d'oiseaux de haut vol.

Le pianiste commence. Lee chantonne " Darn that dream ", morceau fétiche de Martial Solal, son plus grand complice, son coetano comme disent les Italiens (tous deux sont nés en 1927). Un frissonnement de cymbales, un pincement de contrebasse, le groupe démarre. Quelles grandes délices! Cette musique est belle comme un rêve éveillé. La contrebasse vibre dans le ventre. Le saxophone reprend son chant grave et doux.

Lee commence seul un air que je connais mais dont le titre m'échappe. Le batteur le stimule aux balais. Le contrebassiste les rejoint. Lee ne scatte pas, il chantonne. Dan se lève pour chantonner avec lui. Joli canon fort éloigné de ceux du Baroque même si, dans l'esprit, ils sont baroques. Dan se rassied au piano et Lee reprend son alto. Leur dialogue se poursuit mais d'une autre manière. George tape plus fort aux baguettes. Dan insiste sur les touches. Lee chantonne toujours joyeusement. Comme le dit Dan Tepfer: " Lee m'a appris à me comporter en adulte et en enfant en même temps ".Tout se tait pour le solo de piano grave, majestueux et pourtant entraînant.La rythmique repart avec Lee Konitz dans ses jeux vocaux de vieux monsieur malicieux.

22h50: quelques malotrus partent avant la fin du concert alors que les transports publics genevois sont loin d'être fermés. " Round about midnight " en duo piano/sax alto. Trop beau pour certains spectateurs déjà partis. Tant pis pour eux. Contrebassiste et batteur s'ajoutent. L'air est bien reconnaissable, battu et rebattu. Pourtant le charme opère alors que Lee chantonne de nouveau. La rythmique vient l'accompagner doucement jusqu'au final.

Le batteur marque le rythme comme une marche funky. Dan trifouille les cordes de son piano. La contrebasse avance à pas de loup. Lee entame au saxophone un standard dont le titre m'échappe. Quand il se met à le chantonner, je reconnais " All the things you are ". La rythmique entre en extase menée par le piano.

FIN

Cette musique n'est pas faite pour soulever les foules mais pour une écoute attentive. Nous applaudissons cependant assez pour obtenir un

RAPPEL

Des spectateurs pressés s'en vont. Ils ont peut-être peur de payer des heures supplémentaires à la baby sitter. Dan et Lee reviennent jouer en duo comme dans leur album " Duos with Lee ", comme je les ai entendus en concert à Paris en 2011. Lee se met tout au bout de la scène, face à Dan. Je ne reconnais pas le thème. Tout en jouant de l'alto, Lee se rapproche progressivement de son pianiste. Quelle jolie berceuse pour finir cette soirée.

C'était magnifique, tout simplement magnifique.

Pour illustrer cette chronique, je vous ai choisi, lectrices sélectives, lecteurs exigeants, une vidéo d'un autre concert de ce quartet en 2013 en Allemagne, à Stuttgart au festival Jazz Open et un extrait de l'album " Life's little dramas " (2008) du George Schuller Trio composé de George Schuller (dm), Jeremy Stratton (b) et Dan Tepfer (p). Lee Konitz fait toute la différence.

La photographie de Dan Tepfer et Lee Konitz est l'oeuvre de l'Intransigeant Juan Carlos HERNANDEZ. Elle fut prise durant le concert raconté ci-dessus. Toute utilisation de cette oeuvre sans l'autorisation de son auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales.

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RECLAME: Tremplin Golden Jazz en Nord 2015

Publié le par Guillaume Lagrée


RECLAME

​Appel à candidature pour le
Tremplin Golden Jazz Jazz en Nord 2015 !

Appel à candidature

Tremplin Golden Jazz en Nord 2015 !

Incrivez-vous
ou faites circuler l'information !

Chers amis, passionnés de jazz et futurs candidats du
tremplin Golden Jazz en Nord, nous vous invitons à vous
enregistrer (ou à suggérer à vos amis de le faire !) pour
notre troisième édition.

Pour participer, c'est plus facile que jamais !
Envoyez-nous vos candidatures par mail, via un lien
wetransfer (www.wetransfer.com)
à l'adresse contact@golden-jazz-en-nord.fr
Poids maximum : 30Mo !

Les dates officielles sont :

Le lundi 8 décembre 2014 : limite de dépôt des
candidatures
Le vendredi 19 décembre 2014 : promulgation des résultats
Le vendredi 30 janvier 2015 : finale du tremplin, qui se
déroulera à la maison Folie Beaulieu de Lomme, Nord, Nord Pas-de-Calais, France.

Jazzement vôtre,

L'équipe du Tremplin Golden Jazz en Nord

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" Après le déluge " Joy Castro

Publié le par Guillaume Lagrée

" Après le déluge "

Joy Castro

Gallimard, Série Noire, Paris, 2014, 396p.

Traduit de l'américain par Isabelle Maillet

Titre original " Hell or high water ".

Merci au Canard Enchaîné de m'avoir fait découvrir Joy Castro et son héroïne Nola Cespedes.

Après Katrina (le déluge), plus de 1300 délinquants sexuels ont disparu des écrans radars à la Nouvelle Orléans. 3 ans après, plus de 800 n'étaient pas réapparus officiellement. Quelles conséquences pour la société, la sécurité publique? Une réintégration est-elle possible? Quels traitements doivent ils suivre pour gérer leurs pulsions jusqu'à devenir inoffensifs? Que savent leurs voisins, leurs parents, leurs amis?

C'est le dossier sensible sur lequel doit enquêter Nola Cespedes, jeune journaliste ambitieuse au Times Picayune. Nola comme New Orleans Louisiana (écoutez les Nola Improvisations du guitariste français Pierre Durand). Nola a 27 ans, a grandi seule avec une mère cubaine dans un quartier miteux et s'en est sortie grâce aux études. Sa vie sexuelle est à risques (elle ne fait pas de sentiment), ses copines sont bien plus riches qu'elle, son travail à la rubrique Loisirs du journal l'ennuie.

Avec cette enquête, elle va se révéler et dévoiler une face cachée de la ville, de celle qu'on ne montre pas aux touristes.

Elle va trouver des délinquants sexuels sortis de prison, les rencontrer, les faire parler, les dévoiler. Elle rencontrera aussi deux psychologues: un homme spécialiste de la réinsertion des délinquants sexuels, une femme spécialiste de la reconstruction de leurs victimes. Elle ne rencontrera pas de victime car elle n'en a pas besoin.

Il s'agit d'un roman au féminin et féministe mais qui n'est ni mièvre ni aigri envers le camp opposé comme disait Frank Zappa. La preuve avec des portraits d'hommes dignes d'intérêt: un amant d'un soir qui se révèle aussi intéressant d'esprit que de corps, un vieux professeur de journalisme qui lui redonne confiance en ses moyens, un rédacteur en chef qui la met au défi.

L'auteur sème des indices au fil des pages mais j'avoue ne pas les avoir saisis au passage et n'avoir compris le fin mot de l'histoire qu'à la fin. Un manque de finesse indigne de vous, lectrices subtiles, lecteurs perspicaces.

En tout cas, il n'y a pas de happy end même si notre héroïne se sort de cette aventure sans une égratignure. Au physique car, au mental, c'est autre chose.

" Un grand écrivain ne suppose pas la connaissance de l'univers qu'il décrit. Il la procure " (Umberto Eco). En ce sens, Joy Castro est un grand écrivain car, 50 ans après "La conjuration des imbéciles " de John Kennedy Toole, elle nous offre un portrait de la Nouvelle Orléans, criant, suintant de vérité.

En ouvrant le Times Picayune de ce jour, j'apprends que le maire de La Nouvelle Orléans, Mitchell J. Landrieu (descendant de Français) a décidé de réformer l'unité du NOPD (New Orleans Police Department) en charge des crimes sexuels. Aurait-il lu " Après le déluge " de Joy Castro? Dès son entrée en fonctions, M le maire avait demandé l'aide du gouvernement fédéral à Washington pour réformer une police " raciste, incompétente et corrompue " selon ses propres termes. Il a le mérite de poursuivre son action.

Les enquêtes de Nola Cespedes se poursuivent avec " Nearer Home " (pas encore traduit en français) qui se déroule durant le New Orleans Jazz and Heritage Festival.

Si le Jazz ne figure pas expressément dans ce livre, il en transpire à chaque page tant la naissance du Jazz est liée au sexe et à la Nouvelle Orléans. Histoire qui se poursuit avec le trompettiste Christian Scott, alias Christian Atunde Adjuah, qui surnomme le NOPD, le KKPD (Klux Klux Police Department).

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" Tribute to Kenny Wheeler " concert de soutien à Doreen Wheeler au New Morning, à Paris, le 8 décembre 2014

Publié le par Guillaume Lagrée

Concert exceptionnel
TRIBUTE à Kenny WHEELER
et concert de soutien à Doreen Wheeler

au NEW MORNING le lundi 8 Décembre 2014 à 20h30,

7 & 9, Rue
des Petites Ecuries

75010 Paris

France

33 (0)1 45 23 51 41

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Acheter un billet : (
tickets à retirer uniquement sur place, le soir du concert
à partir de 19h, il est conseillé d' arriver
tôt pour avoir une place assise)


´Rares sont les musiciens que l'on peut reconnaître
à peine la première note jouée, Kenny était de ceux
là... ´
Kenny Wheeler , le trompettiste-bugliste et compositeur
anglo-canadien est parti rejoindre les étoiles les plus
intenses le 18
septembre dernier... Aussi humble qu'il était
grand, il fait partie des artistes qui sont capables au
travers de leur œuvre, de changer la perception que nous
avons du monde, et de nous laisser des traces intérieures
indélébiles... Sa musique m'a totalement bouleversé
à la seconde ou je l' ai entendue et j'ai su que
plus rien ne serait comme avant dans ma recherche musicale.
Avoir pu côtoyer l' incroyable musicien qu'il
était, ainsi que l'homme si généreux et profond, fut
un réel privilège... Un hommage partagé me semblait
indispensable.
Il y a absolument tout dans la musique de Kenny, le lyrisme,
la liberté. Ces magnifiques mélodies et harmonies si
personnelles ont influencés des kyrielles de musiciens et
compositeurs de par le monde... Il nous laisse toute son
humanité au travers de ses enregistrements et ses
compositions.

Au-delà du Tribute , j'ai souhaité que cette soirée
soit également un concert de soutien pour sa
femme, Doreen Wheeler, qui a besoin de notre
aide, faisant face à de graves problèmes de santé.
L' intégralité de la recette de cette soirée lui
sera reversée via le compte international dédié
"Friends of Kenny Wheeler".

Nous vous invitons à venir nous rejoindre pour cette
soirée exceptionnelle, marquée par la présence de
merveilleux musiciens hexagonaux et internationaux ,
certains longtemps compagnons de route de Kenny, ou
d'autres qu'il a directement inspiré, et qui ont
tous acceptés de venir lui rendre Hommage à leur façon...
l'occasion de redécouvrir la poésie de la musique de
Kenny Wheeler, alliant comme il aimait le faire les petites
formes en Duo, jusqu'au Big Band ...


Thierry Peala

Musiciens :

Norma Winstone /voix
Thierry Peala /voix
Henri Texier /Cb
Riccardo del Fra /Cb
Michel Benita /Cb
Matyas Szandaï /Cb
Frédéric Chiffoleau /Cb
Aldo Romano /Bat
Louis Moutin /Bat
Steve Argüelles / Bat
Christophe Marguet /Bat
Olivier Legoas /Bat
Franck Tortillier /Vibra
Bruno Angelini /Pia
Edouard Ferlet /Pia
Francesco Bearzatti /Sax Ténor-Clar
Sebastien Texier /Sax Alto
Amy Gamlen / Sax Alto-Soprano
Thomas Savy / Sax Ténor
Jean-Philippe Scali / Sax Baryton
Geoffroy Tamisier. /Trp
Yoann Loustalot. /Trp
Thomas Mayade /Trp
Airelle Besson /Trp
Alexis Bourguignon /Trp
Georgui Kornasov /Trmb 1
Damien Verherve /Trmb 2
Adélaide Songeons /Trmb 3
Olivier Llugany /Trmb basse
Federico Casagrande /Guit
Carine Bonnefoy / Dir Big
Band

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