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Chick Corea (1941-2021): Retour pour Toujours

Publié le par Guillaume Lagrée

Bienvenue au 59e abonné de ce blog. Que les Dieux et les Muses le protègent!

 

Lectrices piano, lecteurs forte, le décès d'Armando Anthony dit Chick Corea n'a pu vous échapper.

L'influence de ce pianiste, claviériste, batteur, compositeur sur la musique vivante depuis plus de 50 ans est tellement immense qu'elle mérite d'être saluée par des musiciens vivants tous très favorablement connus de nos services.

J'ai donc posé à plusieurs musiciens et compositeurs français les 3 mêmes questions:

1. Quels sont vos souvenirs personnels de Chick Corea (concerts, rencontres)?

2. Quelle influence a t-il eu sur votre musique?

3. Quels morceaux, albums recommanderiez vous d'écouter à ceux qui ne connaissent pas la musique de Chick Corea?

 

Voici leurs réponses.

Pierre Durand (guitare)

1. Quels sont vos souvenirs personnels de Chick Corea?
 
Il y a un ou deux ans, Chick Corea était en concert au festival Jazz à Vienne.. 
J’y jouais également avec le quartet de Daniel Zimmermann plus tôt en journée.
Nous sommes donc allés l’écouter au théâtre antique.
C’était la première que je le voyais en concert.
J’ai adoré sa sobriété, le gars était une « star » du jazz et on sentait qu’il n’était pas dans la posture scénique, le plus important était la musique que le groupe allait jouer.
Je voyais comme il n’avait pas d’a priori, il écoutait, réagissait en fonction, suivait une idée, la lâchait ensuite.
On sentait aussi qu’il voulait mettre en valeur les musiciens du groupe, qu’ils n’étaient pas des faire-valoir.
Et puis il avait aussi envie de s’amuser, ça se sentait.
Ce soir-là, le public a demandé à Chick Corea de jouer Spain en rappel, c’était le moment le plus convenu du concert. On sentait bien que le public aurait été énormément déçu s’il ne le jouait pas. 
C’est dire que le reste de la soirée, du convenu, il n’y en a pas eu.
 
2 . Quelle influence Chick Corea a t-il eu sur votre musique?
3. Quels albums, morceaux recommanderiez vous d'écouter à ceux qui ne le connaissent pas?
 
Ce que je connais surtout de Chick Corea, c’est « Now he sings, now he sobs »(1968).
J’ai adoré cet album, l’interaction du groupe, les compositions, les improvisations.
En l’écoutant, j’ai compris que Chick Corea franchissait un nouveau pas dans le trio piano, contrebasse & batterie.
 
À l’époque, j’avais un jeu plutôt bop et j’avais envie d’aller ailleurs.
Le morceau « Matrix »  sur cet album m’a complètement retourné et j’ai relevé le solo de Corea tellement il me faisait tripper.
Cette façon de survoler le morceau, de l’ouvrir et de l’exploser d’une certaine manière, et ça sur un blues… Avec une légèreté, une aisance et un côté un peu enfantin… 
Ludique, c’est le mot que je cherche, ludique. Pour moi c’est ce que je garde de Corea avec Matrix qui a changé ma façon de jouer. Un musicien qui a su rester ludique.
 
J’ai ressenti la même chose quand j’avais joué en 1ère partie d’Herbie Hancock avec mon « ROOTS » 4tet.
Ces géants sont avant tout des musiciens dans le sens où ce qu’ils font d’abord, c'est de donner des concerts, pas des spectacles, pas des shows. 
Ils ne sont pas non plus désabusés sur scène, et ne la jouent pas tranquille.
Au contraire, ils ont cet état d’esprit où il y a un toujours quelque chose de nouveau à chercher et à trouver.
 

Leila Olivesi (piano, claviers)

Le piano magique de Chick
 
1. Quels sont tes souvenirs personnels de Chick Corea (concerts, rencontres)?
 
Plusieurs concerts de Chick Corea m’ont marquée, notamment celui qu’il a donné en duo avec le vibraphoniste Gary Burton à Marciac en 2007. 
Et son concert avec son groupe à la Cité de la Musique en mai 2004 est inoubliable.
J’ai été bouleversée par la Children song n°6 qu’il a jouée lors de ce concert :
Je me souviens en particulier d’un moment magique de ce concert, lorsque le public a commencé à chanter avec lui. Il avait d’abord séparé le public en trois groupes pour leur faire chanter les notes d’un accord mineur, celui qui conclut sa pièce Spain. Puis il a joué littéralement ce morceau avec la salle en questions/réponses. Lorsque le dernier accord a résonné dans tout l’espace de la Cité de la Musique à la fin du concert, ce fut une communion musicale et sonore comme j’en ai rarement vécues. Quel enchantement !
 
2. Quelle influence a t-il eu sur ta musique ?
 
La joie musicale de Chick est très communicative. Il suffit d’écouter les premières secondes du disque " Now he sings, now he sobs " pour être immédiatement ensorcelé. Toutes les fois où il m’a inspirée, c’était en rapport avec cette énergie rythmique et cette vivacité mélodique qui lui est propre. Ses couleurs harmoniques et son toucher de piano sont également  admirables. En tant que compositeur, Chick est le maître des climats : il réussit à les installer et à les développer sans jamais détourner le regard. Il crée une sorte de transe musicale pleine de surprises et d’émotions qui sont une véritable source d’inspiration.
 
3. Quels albums, morceaux recommanderais tu d'écouter à ceux qui ne le connaissent pas?
Résultat de recherche d'images pour "chick corea time warp"
Ma première rencontre avec l’album " Time Warp " (1995) fut fortuite et heureuse ! Jeune étudiante, je flânais dans les rayons de la boutique de disques Gibert Jeunes, Boulevard St Michel, à Paris et la pochette originale m’a attirée sans que je connaisse encore bien le maestro Chick Corea. Je m’imaginais à tort que cet univers de comics haut en couleurs annonçait un jazz funk et électrique dans le même style qu’Herbie Hancock et les HeadHunters. A la première écoute, quelle ne fut ma surprise ! Un quartet acoustique mais une musique sacrément moderne et riche qui m’a séduite.
 
Anecdote mise à part, je recommanderais aussi volontiers Matrix de l’album " Now he sings now he sobs » avec Miroslav Vitous (contrebasse) & Roy Haynes (batterie), qui est un monument du jazz :
 
J’aime aussi beaucoup 500 miles high avec Flora Purim et son groupe Return to forever  :
Il y a quelques années, nous avons eu le plaisir d’enregistrer une version de cette composition de Chick Corea avec la chanteuse Stéphanie Lemoine dans son album Sweet Talk.
 
Enfin, ne manquez pas son duo avec Herbie Hancock : une entente musicale parfaite et l’intelligence du piano sans saturation de l’espace sonore !
 
Merci Chick !
 

Olivier Calmel (piano)

Evitons les superlatifs. Soyons simples. Chick Corea était un génie.

 

Il avait une capacité hors du commun à la mise en espace, à l’écoute, à la couleur, à l’interaction et au partage.

Depuis que je me souviens m’être intéressé aux univers des musiques improvisées et du jazz, Chick Corea était présent. Dès le début. En effet, lorsqu’on est adolescent dans les années 90, on s’attaque au répertoire par l’incontournable jazz fusion des années 70. Evidemment un musicien aussi accompli n’est pas identifiable ou réductible qu’à un seul univers, aussi vaste soit-il !

 

Chick Corea est musicien, tout simplement.

 

Ses influences sur ma musique et sur mon parcours sont immenses, depuis très longtemps. Quel pianiste en herbe n’a pas tenté de jouer de bout en bout une version de ‘" Spain " et de son introduction du concerto d'Aranjuez ? Quel musicien en devenir n’a pas joué les ‘" Children’s Song " dans une version pour son instrument personnel (il en existe tant !). A ce propos, je vous propose vivement l’écoute de la version vibraphone et marimba du duo Aisha Duo sur le disque Quiet Songs, par Andrea Dulbecco (Vibraphone) et Luca Gusella (Marimba). Quel artiste n’a pas proposé sa version de " La Fiesta " avec plus ou moins de possibles digressions ?

 

Son influence sur mon travail est d’autant plus forte que j’ai toujours eu un appétit  pour les musiques rythmées et ensoleillées, les harmonies ouvertes, la modalité. Cela se trouve très clairement dans ma musique dont les contours se dessinent bien souvent entre le sud de l’Europe et l’Afrique du Nord. Chick Corea est aussi un dessinateur du temps, et de ce point de vue il m’a également grandement influencé. J’ai passé beaucoup de temps à écouter et relever ses improvisations sur certains standards, découvrir et redécouvrir la liberté qu’il insuffle sur des textes intemporels, les audaces harmoniques, les variations extrêmes d’énergies, de rythmes et de nuances qu’il propose. Au détour d’une grille, un élément en total apesanteur, comme ce fameux début de chorus dans le " Round Midnight " de " Play ". Intemporel, merveilleux et essentiel.

 

La discographie de Chick Corea est immense. Mes propositions d’écoute sont dictées par ma seule expérience personnelle avec sa musique, c’est arbitraire et subjectif.  Evidemment, les albums avec Miles Davis, Return to Forever, l' Elektric Band, le trio ou encore l'Akoustic Band sont incontournables. Pour moi, ce sont surtout ses duos et solos qui m'ont le plus grandement touché :

 

- " Play ", son duo avec Bobby McFerrin, un album dont je ne saurais dire à quel point il fait désormais partie de mon ADN tant chaque note qu'il recèle me casse en deux d’émotion profonde. C'est un disque de captations de concert, sur des standards : " Spain " évidemment, mais aussi " Autumn Leaves " ou encore un " Round Midnight " dont la version m'émeut de la première note au dernier souffle. Ces musiques font pour moi partie de celles que j’emmène sur l'île déserte

 

- " An Evening With Herbie Hancock And Chick Corea in Concert ",  son duo avec Herbie Hancock, dont la grâce et la justesse n'ont d'égale que le respect mutuel qui permet à chacun de trouver sa juste place. A un moment, il y aussi un solo, et je ne vous dirai ni où ni quand, mais il faut l'écouter, on ne peut pas vivre sans

 

- " Portraits ": un disque solo très intime ou l'artiste nous convie à sa lecture d'un répertoire à la fois large et cohérent : Powell, Monk, Wonder mais aussi Bartok et Scriabine. Il nous y livre une étendue infinie d'émotions et de champs des possibles

 

Comme je l’ai écrit, Chick Corea est musicien, tout simplement. Et il vivra éternellement.

 

 

Mes souvenirs personnels de Chick Corea sont les suivants. Sa contribution déterminante à 1969, l'année érotique de Miles Davis, avec deux albums cultes " In a silent way " (l'hiver) et " Bitches Brew " (l'été) et une série de concerts en 1969 avec un quintet de feu (Wayne Shorter, Chick Corea, Dave Holland, Jack de Johnette),puis un septet bouillonnant en 1970 (Steve Grossman, Keith Jarrett, Chick Corea, Dave Holland, Jack de Johnette, Airto Moreira) sans oublier le plus grand concert de l'histoire du Jazz, Miles Davis à l'île de Wight ( l'île où mourut Victoria Reine d'Angleterre et Impératrice des Indes en 1901) devant 600 000 spectateurs le 29 août 1970. 30 ans que j'écoute ces groupes et cette musique me fait toujours autant d'effet.

Au début des années 1990, j'eus la chance d'assister à un concert de Chick Corea en trio (Akoustic & Electrik Band) au Théâtre National de Bretagne à Rennes. Chick Corea passait du piano au clavier électrique avec une aisance stupéfiante. John Patitucci (contrebasse, guitare basse électrique) & Dave Weckl (batterie) étaient à son niveau, c'est-à-dire stratosphériques. A la pause, le personnel du théâtre distribuait aux spectateurs un carton sur lequel nous étions invités à laisser nos coordonnées pour recevoir " news and informations about Chick ". Comme je ne souhaitais pas entrer dans les bases de données de l'Eglise de Scientologie dont Chick Corea était un membre éminent, je n'ai pas répondu à cette invitation. Il n'empêche. Sur scène, c'était " La Fiesta ". Cf vidéo sous cet article. 

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" Sleeping Beauty " Blazin Quartet

Publié le par Guillaume Lagrée

Magic Malik par Juan Carlos HERNANDEZ

Magic Malik par Juan Carlos HERNANDEZ

" Sleeping Beauty "

Blazin Quartet

Album sorti le 12 février 2021

Concert de lancement d'album (SGDG)

Mardi 9 mars 2021, Paris (75), Studio de l'Ermitage

Le Blazin Quartet est composé de

Srdjan Ivanovic: batterie, claviers, compositions (sauf 3 & 8 d'Ennio Morricone), direction musicale

Andreas Polyzogopoulos: trompette

Federico Casagrande: guitare électrique

Mihail Ivanov: contrebasse

Invité

Magic Malik: flûte (4 & 6)

 

Lectrices cosmopolites, lecteurs internationalistes, l'album " Sleeping Beauty " du Blazin Quartet est fait pour vous. 

D'abord, par la personnalité des musiciens qui le composent. Le directeur musical Sdrjan Ivanovic est né en 1983 à Sarajevo (alors en Yougoslavie. JO d'hiver de 1984 à Sarajevo. Aujourd'hui capitale de la Bosnie-Herzégovine). En 1992, pour fuir la guerre, son père, guitariste et compositeur classique, l'emmène à Athènes. En 2003, il s'installe aux Pays-Bas où il étudie aux conservatoires d'Amsterdam et d'Utrecht. Depuis 2014, il vit en France, à Paris. Le guitariste italien Federico Casagrande est né à Trévise, en Vénétie, ville célèbre pour une marque de vêtements multicolore. Il a étudié au  Berklee College of Music aux Etats Unis d'Amérique. Andreas Polyzogopoulos, trompettiste grec, est né à Samiko, a étudié à Athènes puis aux Pays-Bas à Amsterdam. Aujourd'hui, il vit à Bruxelles en Belgique. Mihail Ivanov, contrebassiste bulgare, a étudié à Sofia puis à Amsterdam. Amsterdam est la ville clef du Blazin Quartet comme elle l'est de la pensée de Spinoza

L'invité, Magic Malik Mezzadri, flutiste français, est né en 1969 à Abidjan (Côte d'Ivoire), a grandi à Pointe-à- Pitre (Guadeloupe) puis étudié au conservatoire de Marseille. 

Ensuite par les influences qui se mêlent dans cette musique. Balkans (Bosnie-Herzégovine & Grèce), Pays-Bas, Italie, Bulgarie, France, Belgique, toutes ces graines poussent dans le terreau du Jazz, musique née aux Etats-Unis d'Amérique de la rencontre brutale entre l'Afrique et l'Europe. Ce sont toutes ces influences qui ressortent dans la musique du Blazin Quartet (Quartet Incendiaire en version française). Avec ces musiciens, la flamme du Jazz ne s'éteint pas. 

Pour les Balkans, écoutez " Rue des Balkans " (n°6). Cf vidéo sous cet article. Des Balkans loin des guerres fratricides qui les déchirèrent il y a 30 ans, ouverts aux vents du monde. Notamment par la flûte de Magic Malik.

Pour l'Italie, deux reprises d'Ennio Morricone (1928 - 2020), le compositeur fétiche de Sergio Leone, avec " The man with the harmonica " (3), le fameux thème du duel le long d'une voie de chemin de fer déserte entre Charles Bronson et 3 tueurs dans " Il était une fois dans l'Ouest " (1968). Tout en gardant la tension, le Blazin Quartet en livre une version adoucie, plus méditerranéenne qu'américaine. " A l'aube du cinquième jour  (Gott mit uns)" (8), thème du film de guerre italo yougoslave (1970) est d'une douceur trompeuse mais, sans le film, impossible de s'en apercevoir.

" Sleeping Beauty " est dédié à Catherine, l'épouse de Srjan Ivanovic. Deux versions de cette ballade figurent dans l'album. En groupe (2), en solo de guitare donc sans le mari et compositeur (7). Etant donné la beauté de cette musique, Madame Catherine Ivanovic est certainement une Dame de qualité. 

J'aime aussi " Guchi " (4), allégé par la flûte de Magic Malik.

Comme il faut un début et une fin à cette histoire, l'album " Sleeping Beauty " du Blazin Quartet commence par une " Intro " (1) et finit par une " Outro " (9). 

9 morceaux en 37mn. Ces musiciens ont l'audace de faire court et cela fait du bien. Les thèmes sont beaux, marquants. Les interprètes font fondre leurs origines, leurs formations, leurs influences dans le creuset d'une musique riche et chatoyante. 

Je soulignerai aussi la beauté de la pochette de l'album (cf extraits audio au dessus de cet article) avec les collages de Séverine Scaglia, plus doux que ceux de Max Ernst. 

Bref, vous l'aurez compris, lectrices cosmopolites, lecteurs internationalistes, le Blazin Quartet m'enchante et m'enflamme avec cet album " Sleeping Beauty ".

Le Cool Jazz né en 1948 à New York dans un album de Miles Davis & Gil Evans, " Birth of the Cool " se renouvelle en 2021 avec ce Jazz transeuropéen qui va d'Est en Ouest (de la Grèce à la France) et du Nord au Sud (des Pays-Bas à l'Italie) avec comme point de rencontre, les Balkans. C'est l'esprit du Coolectif, collectif de musiciens de Jazz actuels basé à Paris en France dont le Blazin Quartet de Srjan Ivanovic fait partie. Que leur message d'amour et de beauté se diffuse avec gloire dans le monde entier!

 

La photographie de Magic Malik est l'oeuvre de l'Ebouriffant Juan Carlos HERNANDEZ. Toute utilisation de cette oeuvre sans l'autorisation de son auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales

 

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" Le temps des violons " Florin NIculescu

Publié le par Guillaume Lagrée

" Le temps des violons "

Florin Niculescu

Album sorti sur Label Ouest le 5 février 2021

Concert de sortie prévu mardi 23 mars 2021 à 21h à Paris au Studio de l'Ermitage (SGDG)

 

Florin Niculescu: violon 

Hugo Lippi : guitare électrique

Philippe Aerts : contrebasse

Bruno Ziarelli : batterie

Invité

Stochelo Rosenberg: guitare

 

George Enescu (1881-1955): "  La perfection, qui passionne tant de gens, ne m'intéresse pas. Ce qui importe en art, c'est de vibrer soi-même et de faire vibrer les autres ".

C'est à cette école roumaine que Florin Niculescu a été formé au violon. Roumaine et Tzigane. Son père jouait du violon près du ventre de son épouse enceinte. Dès que l'enfant Florin a tendu les bras, ce fut pour agripper le violon, après ses parents bien sûr. Né en 1967, cela fait désormais 30 ans que Florin Niculescu a pris un aller simple de Bucarest pour Paris, la capitale mondiale du violon Jazz, celle de Michel Warlop, Stéphane Grappelli, Jean-Luc Ponty et Didier Lockwood. Il a beaucoup écouté le premier et rencontré les 3 autres. 

Michel Warlop (1911-1947), l'artiste maudit, génial mais alcoolique, banni à la Libération pour avoir joué sous l'Occupation comme tant d'autres musiciens. Django Reinhardt (1910-1953) a enregistré " Nuages " à Paris en 1943 pour la première fois.

Stéphane Grappelli, (1908-1997), le partenaire indispensable de Django Reinhardt à qui les thèmes et les interprétations de cet album rendent évidemment hommage. Ecoutez " Stardust " (1) par exemple. Cf vidéo sous cet article. Ou " Fascinating rythm " (11) qui conclue cet album.

Jean-Luc Ponty (1942), le violoniste partenaire de Frank Zappa, de Stanley Clarke et Tony Williams, le seul à remplir un stade aux Etats Unis d'Amérique sur son seul nom.

Didier Lockwood (1956-2018), le créateur de la seule école de violon Jazz au monde, le Centre des musiques Didier Lockwood à Dammarie les Lys (77)

C'est aux 4 violonistes réunis que rend hommage la superbe Suite for Michel, Stéphane, Jean-Luc & Didier (5) créée par Florin Niculescu qui réunit les 4 styles français dans l'archet de leur disciple roumain. Cf extrait audio au dessus de cet article. C'est là que la musique se lâche, décolle, sort de l'hommage élégant pour passer réellement à la création. Nous nous hissons sur les épaules des géants qui nous ont précédé pour voir plus loin que les nains que nous sommes.

Contrebassiste et batteur sont de fidèles accompagnateurs. Ils poussent et stimulent mais toujours à l'arrière plan. La parole est aux cordes. Le violon virevoltant et sentimental de Florin Niculescu (cf " Carioca " n°9 et " The nearness of You " n°9), les guitares Jazz d'Hugo Lippi (cf " Stardust " n°1, précité) et Jazz manouche de Stochelo Rosenberg (cf " I surrender dear ", n°8).

Lectrices violonistes, lecteurs guitaristes, vous l'aurez compris, rien de révolutionnaire dans cet album " Le temps des violons " de Florin Niculescu mais ce n'est pas une copie sage de bon élève non plus. A écouter au chaud, au sec, au calme dans votre zone de déconfinement mental pour laisser votre esprit voguer librement au gré des mélodies du violoniste roumain, fils adoptif de la France, Florin Niculescu.

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