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Thelonious Monk et le Swing sauvés par Jurgen Groiner

Publié le par Guillaume Lagrée

 

Honorables lectrices, respectables lecteurs, rassurez vous, Jurgen Groiner  gagnera son combat contre son affreux frère  Hans Groiner, le mouton noir de la famille Groiner, en démontrant clairement la différence entre la mauvaise et la bonne musique.

Il n'y a que deux sortes de musique: la bonne et la mauvaise (Duke Ellington)

Tant qu'il y aura un Jurgen Groiner sur cette planète, la bonne musique n'aura pas perdu la partie.

La preuve ci-dessous. Inutile de parler anglais pour comprendre.

 

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Découvrez Thelonious Monk et le Swing grâce à Jurgen Groiner

Publié le par Guillaume Lagrée

 

Lectrices fidèles, lecteurs sérieux, vous avez remarqué avec inquétude qu' Hans Groiner ne comprend rien à la musique de Thelonious Monk et au Swing. Rassurez vous, il est le mouton noir (black sheep) de la famille Groiner. Son frère Jurgen (un pianiste et organiste français de Jazz que je vous laisse le soin de reconnaître) essaie par tous les moyens de l'amener à résipiscence.

Le voici en action. Attention, il est prêt à tout et il le fait.

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Découvrez Thelonious Monk et le Swing grâce à Hans Groiner

Publié le par Guillaume Lagrée

Lectrices attentives, lecteurs vigilants, vous avez remarqué que ce blog vous a narré  Larry Goldings, Thelonious Monk par lui même, Thelonious Monk par Chester Himes et le Swing. Comment mélanger le tout? Avec de la musique, de l'humour et de la Kolossale finesse.

Hans Groiner alias Larry Goldings est un pianiste autrichien, natif de la même ville qu'Adolf Hitler qui, lui non plus, n'aime ni le Jazz ni le Swing. Plus pacifique et moins nuisible que son compatriote, Hans Groiner se contente de transformer la musique de Thelonious Monk en escalope viennoise en la jouant à la manière d'un Richard Clayderman du Jazz. Le résultat se trouve ci-dessous. Puristes s'abstenir.

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Sélection de concerts de Jazz en décembre 2011 à Paris

Publié le par Guillaume Lagrée

 

Divines lectrices, sublimes lecteurs, c'est avec l'aplomb d'un vendeur de voitures d'occasion que je vous recommande les concerts suivants à Paris en décembre 2011.N'oubliez pas de célébrer la mémoire de James Brown le samedi 24 décembre. Pour la soirée du Nouvel An le samedi 31 décembre, il y aura des concerts spéciaux dans les clubs de Jazz. A vous de choisir selon votre bon plaisir.

bill-carrothers-_1649.jpg

La photographie de Bill Carrothers est l'oeuvre de l'Indémodable  Juan Carlos HERNANDEZ. L'utilisation de cette photographie sans l'autorisation de son auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de poursuites judiciaires au civil et au pénal.

Duc des Lombards

Lundi 12 décembre à 20h et 22h, le pianiste américain Bill Carrothers en trio. Un musicien coloriste et humoriste. Un régal.

Tous les vendredis, de minuit à l'auben les Volunteered Slaves enflamment la scène. Musique gratuite, boissons payantes.

New Morning

Mercredi 7 décembre à 21h Médéric Collignon et son Jus de Bocse rendront hommage à King Crimson. Impossible de savoir ce que ces gaillards nous préparent comme surprises auditives. Il y aura des cordes et du spectacle, c'est sûr.

Le Triton

Jeudi 1er décembre, 20h30, le trio du saxophoniste Laurent Dehors. En bref, Tous dehors!

Vendredi 2 décembre, 20h30, le trio du pianiste Benjamin Moussay, fameux prestidigitateur musical.

Samedi 17 décembre, 20h30, le saxophoniste Guillaume Perret et son Electric Epic vous secoueront les bulbes cérébraux.

Sunset/Sunside

Jeudi 1er, vendredi 2, samedi 3 à 21h au Sunside, le trio du pianiste américain Aaron Goldberg dont je me souviendrai toujours de son merveilleux accompagnement de la chanteuse Helen Merrill en duo avec le contrebassiste Georges Mraz à Paris, au New Morning en 2003 je crois.

Samedi 3 à 22h au Sunset, Boulou et Elios Ferré (guitares) invitent Olivier Hutman (piano) et Pierre Boussaguet (contrebasse). De la jouie en perspective.

Lundi 5 à 21h au Sunside, Chris Speed (sax, clarinette) et Jim Black (batterie) transporteront à Paris l'avant garde new yorkaise. Yeah, Man!

Mardi 6 , 20h, Dave Liebman (saxophones) en duo avec Marc Copland (piano) au Sunside. Taisons nous, écoutons et remercions les Dieux de nous avoir permis de vivre cet instant sacré.

Jeudi 8 , 21h30, le sextet du saxophoniste Gaël Horellou au Sunside.

Samedi 10, 21h, le quintette d'Anne Pacéo au Sunside. Avec le jeune et prodigieux Antonin Tri Hoang au sax alto et à la clarinette basse.

Vendredi 16 à 21h, samedi 17 à 21h30 au Sunset, le quintette Nord/Sud du merveilleux contrebassiste, compositeur, leader Henri Texier.

Lundi 19, mardi 20, mercredi 21 à 21h au Sunside, le trio du pianiste antillais Mario Canonge.

Auditorium Saint Germain des Prés

Lundi 12, 19h30, Leçon de Jazz d'Antoine Hervé: Dave Brubeck, pianiste asymétrique.

Caféothèque de Paris

Vendredi 16 décembre, 20h30, Word out trio .

Atelier du Plateau

Samedi 17, 20h
 
Sylvaine Hélary: flûtes traversières, voix  
Antonin Rayon: piano
Sylvain Lemêtre: vibraphone, percussions, métaux
Aalam Wassef: polygraphe, performer 

 


 

Lundi 5 Décembre 2011, 20h30

Théâtre du Gymnase Marie Bell  



      De Franz Liszt à Martial Solal     

       Eric Ferrand-N’Kaoua, piano

 

 

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Je me souviens de Paul Motian (1931-2011)

Publié le par Guillaume Lagrée

Le batteur, compositeur, chef d'orchestre Paul Motian est mort à New York le 22 novembre 2011 à l'âge de 80 ans.

Deux mois auparavant, il jouait au Village Vanguard avec un nouveau trio composé du guitariste américain Ben Monder et du saxophoniste français Jérôme Sabbagh.

Voici le témoignage de Jérôme Sabbagh sur ses concerts avec Paul Motian. Un musicien de 40 ans rend hommage à la jeunesse d'esprit d'un musicien de 80 ans.

La carrière de Paul Motian est très bien résumée dans l'article nécrologique du New York Times.

Face au foisonnement incarné par Roy Haynes, Paul Motian incarnait la discrétion.

Je me souviens de Paul Motian en concert.

Je l'ai vu en 1998 et en 1999, à la même occasion, l'Europa Jazz Festival du Mans dans le cadre somptueux de l'abbaye de l'Epau (ordre cistercien, XIII° siècle pour les amateurs).

En 1999, il jouait dans le trio de Marilyn Crispell (piano) avec Gary Peacock (contrebasse). Sciemment, Paul Motian sabota le concert, ne jouant pas une note en mesure. La pianiste et le contrebassiste avaient beau le regarder d'un air effaré, il poursuivit son oeuvre de démolition jusqu'au bout. Le croisant ensuite dans le bar des musiciens, je remarquais son sourire narquois de sale gosse content de son coup.

En 1998, il jouait dans le trio de Lee Konitz (saxophone alto) avec Steve Swallow (guitare basse électrique). Là, ils chatouillaient les étoiles portés par le décor austère, l'acoustique parfaite du dortoir des moines et un public aux anges. Un concert inoubliable de beauté et d'élégance.

Tel était Paul Motian, sans cesse surprenant pour ses auditeurs. 

Bien que né à Providence, Rhode Island, Paul Motian était devenu un vrai New Yorkais. Il joue ici la musique de Broadway avec Lee Konitz (sax alto), Joe Lovano (sax ténor), Marc Johnson (contrebasse) et Bill Frisell (guitare électrique). Concert donné aux Pays Bas lors du North Sea Jazz Festival.

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Dan Tepfer interprète les Variations Goldberg à sa propre douce manière

Publié le par Guillaume Lagrée

Dan Tepfer

Paris. Le Sunside.

Lundi 21 novembre 2011. 21h.

Dan Tepfer: piano

Le piano quart de queue habituel est sur la scène du Sunside. Dommage. Il faudrait un vrai crocodile plutôt qu'un petit caïman pour cette musique. Dan Tepfer nous livre en effet sa version personnelle des Variations Godberg de Jean Sébastien Bach, surnommées l'Ancien Testament de la musique. Il les joue et en joue puisqu'il se permet d'improviser dessus au piano. Pour les puristes baroqueux, il s'agit d'un double sacrilège puisqu'il ne joue pas cette oeuvre sur un clavecin et qu'il ne la joue pas à la note près. Heureusement, cette secte là est non violente.

Dan Tepfer, pianiste de Jazz, possède un bagage de pianiste classique suffisamment solide pour s'attaquer à un tel monument par toutes ses faces. Malgré le piano, malgré la salle qui n'est pas la salle Cortot, ça sonne dès les premières notes. Cette musique impose le respect. Un silence religieux s'installe. Bach a l'avantage d'être très rythmé ce qui en fait le compositeur favori des Jazzmen. Le Modern Jazz Quartet, orchestre de chambre de Jazz, en fit un album " Blues on Bach ". Mais revenons à Dan Tepfer. Là, il improvise. Il chantonne en jouant. Il n'a pas de partition. Il possède cette musique. D'ailleurs, si j'étais un critique musical de l'an 1900, je suivrai cette musique avec la partition sous les yeux. Dan décale les sons, installe des grains de sable dans la belle mécanique allemande. " Dieu doit beaucoup à Bach " (Nietzsche). C'est tout aussi évident lorsque cette musique est recréée comme ici.

Passage Jazz de la main droite alors que la main gauche déploie une pompe baroque. 

Les retours à la partition se sentent. Il y a une pause, un changement dans l'attitude du pianiste. Sa concentration est différente. Il passe maintenant à l'improvisation. Il reste dans l'esprit de cette musique très abstraite qui n'évoque pas d'image, une musique métaphysique. 

Retour à la partition avec les chevauchements de mains typiques du piano classique. Nous sommes dans un club de Jazz. Personne ne parle. C'est à peine si l'on ose boire un verre. Comme pour un concerto, personne n'ose écrire entre les mouvements qu'ils soient écrits ou improvisés. 

Après une période de flottement, retour à la précision de la partition. Contrairement à la version de Tom Koopman au clavecin que je possède, cela sonne chaud, coloré même si cela reste de l'art abstrait, à dessein. Bach devient un Blues étrange.

Retour à la fantaisie, à la vivacité baroque. Ce sont des arias, brefs, denses. Bien plus courts que les 3mn maximum des chansons depuis le 78 tours. Dan déstructure, accentue, aggrave la mélodie. 

Retour à la légèreté baroque. Comment toucher sans y toucher, sans insister? Telle est à la difficulté. Difficile d'être à la mesure de ce monument de la musique. Dan Tepfer le gravit dans différents styles et par différents moyens. Je ne suis pas toujours convaincu mais il tente, il ose. Il joue une musique, il ne récite pas une leçon. Cela mérite le respect. Mademoiselle F, plus férue de musique classique que moi, apprécie.

Dan Tepfer introduit du doute, du questionnement dans une musique extrêmement rigoureuse. Belle audace! Après un passage calme, respectueux, il attaque les deux mains dans le grave. Puis il sonne comme du cristal en revenant à la partition, égrénant les notes comme des perles de rosée. Le silence est tel que j'entends le plancher de la scène craquer sous les pieds du pianiste. Une telle intensité de silence c'est rare dans un concert de Jazz, même de piano solo. " Qu'attendez vous du public? " . " Le silence " répondait Vladimir Horowitz admirateur d'Art Tatum et de Rhoda Scott. La musique devient une ballade Jazz nostalgique, émouvante bien qu'abstraite et éthérée comme il se doit pour du Bach.

Dan se relève, repart à l'attaque, vif, joyeux comme un enfant jouant dans la neige. Retour au calme, comme une brise d'air.

PAUSE

La musique est d'une beauté exigeante. Il n'est pas encore tard mais il y a école demain et Mademoiselle F avons eu notre comptant de sentiments et de sensations. Il me reste à écouter l'album au calme chez moi. J'en parlerai bientôt, lectrices impatientes, lecteurs pressés.

Voici comment Dan Tepfer jouait cette musique il y a plus de deux ans. A vous de l'écouter maintenant.

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" Mingus on Mingus " un documentaire en recherche de financement

Publié le par Guillaume Lagrée

 

Généreuses lectrices, splendides lecteurs, le petit fils de Charles Mingus, Kevin Ellington Mingus, est actuellement en train de tourner un documentaire sur son grand-père  Charles Mingus (1922-1979).

Ce documentaire s'intitule logiquement "  Mingus on Mingus ".

Le petit fils a besoin d'actionner la pompe à phynances pour mener à bien le documentaire en hommage à son fameux grand-père.

Vu l'état des Bourses mondiales, mieux vaut utiliser les vôtres à financer l'Art.

Si le coeur vous en dit, employez quelques unes de vos économies à financer ce film qui servira à instruire la jeunesse du XXI° siècle sur un des plus grands compositeurs du XX°, Monsieur Charles Mingus.

Sans votre aide, ce film ne se fera pas. Avouez que ce serait dommage. 

Ci-dessous un extrait de la fameuse tournée européenne de 1964 avec Charles Mingus (contrebasse), Dannie Richmond (batterie), Jaki Byard (piano), Clifford Jordan (saxophone ténor), Johny Coles (trompette) et Eric Dolphy (flûte, clarinette basse). Suite à cette tournée, Eric Doplphy décida de rester en Europe et y mourut la même année. Et pourtant Mingus avait composé, pour l'avertir, " Don't stay over here too long, Eric ". Ils jouent une composition de Mingus brûlante d'actualité en 1964: " Meditations on Integration ". Johny Coles n'apparaît pas sur ce morceau.

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Podcast de la nuit Prince sur France Musique

Publié le par Guillaume Lagrée

 

Eblouissantes lectrices, splendides lecteurs, si, comme moi, votre emploi du temps ministériel ne vous a pas permis d'écouter en direct la nuit Prince sur France Musique présentée par le Superfunkycalifragisexy Frédéric Goaty, vous pouvez désormais l'écouter à tête reposée, la danser où et quand vous voulez, grâce au podcast de l'émission.

Au menu, 40 chansons en 4h d'émission.

Sexy dancer, move your body, move your body!

 

" Prince est le guitariste le plus sous estimé que je connaisse " (Carlos Santana). Simplement accompagné par Sonny Thompson (basse) et Michael Bland (batterie), Prince nous enterre tous avec un Blues de sa composition " The Undertaker ". Depuis, rien qu'en France, Sonny T et Michael B ont joué avec France Gall et Michel Portal. C'est dire s'ils sont demandés.

 

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Thelonious Monk en concert au Five Spot par Chester Himes

Publié le par Guillaume Lagrée

 
Respectables lectrices, honorables lecteurs, le texte qui va suivre n'est pas de la littérature pour enfants.

Il est extrait de " L'aveugle au pistolet " (Blind man with a pistol) de l'écrivain noir américain Chester Himes (1909-1984) publié chez Gallimard en 1970.

Manifestement, il s'agit d'un concert de Thelonious Sphere Monk au Five Spot Cafe à New York City, USA. L'ambiance y était quelque peu agitée ce soir là. John Fossoyeur et Ed Cercueil (Coffin Ed and Grave Digger Jones), les deux flics noirs les plus durs de Harlem, héros immortels de Chester Himes n'eurent même pas le temps d'intervenir.

 new york nuit

La photographie de New York est l'oeuvre du Nocturne Juan Carlos HERNANDEZ. L'utilisation de cette photographie sans l'autorisation de son auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de poursuites judiciaires au civil et au pénal.

 

CHAPITRE XVII

Vu de l'extérieur, le Five Spot n'avait aucune prétention.Ses baies vitrées donnaient à la fois sur St Marks Place et la Troisième Avenue , directement au niveau du trottoir, comme les vitrines d'un supermarché. Mais derrière cette façade se dressait en retrait une seconde cloison dans laquelle se découvraient plusieurs ouvertures en forme d'ellipse irrégulière, offrant de l'intérieur des aperçus à la Picasso, la courbe d'une trompette, des dents blanches entre des lèvres rouges, une chevelure fauve et un oeil maquillé, un verre ballon semblant flotter au bout d'une manche, des doigts noirs épatés courant sur les touches blanches d'un piano.

Du côté intérieur, ces ouvertures étaient garnies de miroirs sans tain dans lesquels les clients ne pouvaient voir que les reflets d'eux-mêmes.

Mais, en tout cas, l'établissement était bien insonorisé. Pas le mondre écho ne filtrait jusqu'à la rue, à moins que la porte ne fût ouverte. Et personne au-dehors ne pouvait entendre les précieux sons musicaux qui s'émiettaient à l'intérieur. Et tout était là. Ces sons étaient si précieux qu'on ne pouvait les gaspiller. 

Lorsque les deux détectives noirs à la mine rébarbative entrèrent dans l'établissement avec leur petit ami, ne s'entendait en fait de son que le rythme excentrique et moderne sur lequel jouaient quelques musiciens renfrognés. Les clients, eux, étaient aussi solennels que s'ils assistaient à un enterrement. Mais ce n'était pas l'apparition de deux Noirs avec une jeune pédale extravertie qui avait provoqué le silence. Les policiers connaissaient assez bien ce secteur de la ville pour savoir que les Blancs écoutent toujours le Jazz sans souffler mot. Toutefois, il n'y avait pas que des Blancs dans la salle. On apercevait aussi un assortiment de visages sombres comme dans une assemblée de l'O. N.U. Mais ces Noirs là avaient été contaminés par les Blancs. Entourés de gens silencieux, ils l'étaient eux-mêmes. 

Un type blond avec une veste de smoking noire et qui devait jouer un rôle quelconque dans la boîte les amena jusqu'à une banquette avancée placée sous le gong. L'emplacement de cette banquette était si visible qu'ils comprirent instantanément qu'elle était réservée aux gens suspects. Ils eurent tous deux un discret sourire, se demandant comment pouvait bien être jugé leur petit compagnon. Avaient-ils, eux, tellement l'air d'en être, c'était à se poser la question.

Mais à peine étaient ils assis que l'agitation se déclencha. Les deux femmes qu'ils avaient vu passer devant le snack de Harlem dans une voiture de sport étrangère un peu plus tôt dans la soirée, et que leur petit copain avait traité de lesbiennes, se trouvaient à une table voisine. Comme si leur entrée avait tenu de signal, une femme bondit sur la table et se mit à exécuter une danse du ventre frénétique, comme pour asperger le public des rayons invisibles crachés par une arme quelconque dissimilée sous sa mini-jupe; mini-jupe qui ne dépassait guère les dimensions d'un cache-sexe. Elle était en tissu lamé or et particulièrement indécente d'aspect contre sa peau veloutée de teinte chamois. Ses longues jambes lisses étaient nues jusqu'à ses bracelets de lamé aux chevilles et elle portait des sandales dorées sans talon. Le bas du buste nu et le nombril se trémoussant de façon suggestive, ses seins tressautaient dans leur gilet de maille d'or comme des bébés phoques s'efforçant de téter.

Plus mince qu'elle ne leur était apparue dans sa voiture, elle était grande, voluptueuse, tel un rêve sculptural surgi de la mer. Dans son visage en forme de coeur, se dessinait une bouche aux formes sensuelles et hardies. Ses courts cheveux bouclés luisaient comme de l'acier bleui. Au-dessus de ses yeux couleur d'ambre aux longs cils chargés de mascara noir, ses paupières étaient fardées de bleu ciel. Elle s'était composé un personnage si ruisselant de sexualité qu'elle frisait presque l'attentat à la pudueur;

- Va te faire voir ailleurs!

On comprenait tout de suite que cetta apostrophe venait d'un Noir. Jamais un Blanc n'aurait voulu se priver d'un spectacle de choix aussi rare.

- Vas-y, la Chatte, vas-y!

Et cette fois, c'était un ami. Sans doute un ami Blanc. En tout cas, quelqu'un qui connaissait son nom.

Elle avait tiré sur la glissière de sa mini jupe et la faisait glisser par petites saccades; Détournant le visage, le jeune Babson bondit sur ses pieds. Ed et Fossoyeur le considérèrent, étonnés. Et du coup, ils ne virent pas que l'autre lesbienne assise à la table de cette effeuilleuse amateure s'était levée en même temps.

- Excuse moi, dit-il, il faut que j'aille me soulager.

- Je comprends ça, fit Ed Cercueil.

- Ca te soulève le coeur à ce point là? ironisa Fossoyeur.

John Babson fit la grimace.

- Laisse-le aller, grogna Fossoyeur. C'est l'envie qui le travaille, tout simplement.

Stupidement, le petit blond en veste noire s'efforçait de remettre en place la mini-jupe. Tous les autres clients s'esclaffaient bruyamment. Sur quoi, la strip-teaseuse passa une longue jambe brune autour du cou du petit blond, lui coiffant la ête de sa mini-jupe et lui poussa son entrecuisse contre la figure.

Les musiciens au visage sévère n'avaient pas sourcillé. Ils continuaient à jouer, rendant une version moderne de Don't go Joe , comme si la tête d'un jeune blondin prise entre les cuisses d'une femme café au lait était un spectacle quotidien. A l'arrière-plan, le pianiste se promenait sur l'estrade, vêtu d'une chemise de soie verte à manches longues, avec un pantalon de lin orabge et une sorte de chapeau tyrolien à carreaux rouge et noir sur la tête. Et chaque fois qu'il passait devant l'homme au piano, il passait par dessus son épaule et plaquait un accord.

Tout l'ensemble de la boîte était devenu une vraie maison de fous. Ceux-là même à qui restait un semblant de dignité l'avaient perdu. Ceux qui n'en avaient jamais eu se tordaient de rire. Tout le monde sauf les musiciens. La direction aussi n'aurait pas dû être mécontente. Mais tout au contraire un type chauve au long visage apparut dans la salle, se précipitant au secours du blondin dont la tête était toujours prise contre le sexe de la strip-teaseuse. Souhaitait-il ou non qu'on le tirât de là, la question pouvait se poser. En tout cas, quel que fût son point de vue sur la question, tous les autres Blancs du public étaient en proie à une tempête de rires.

Le long type chauve empoigna une jambe brune et brûlante. Aussitôt, la fille la lui replia autour du cou. Cette fois, elle leur tenait leurs têtes prisonnières à tous les deux sous sa mini-jupe.

- A ta santé! cria quelqu'un

- Coupe-la en deux! suggéra un autre.

- Mais laissez-en un peu! lança une troisième voix.

La strip-teaseuse semblait la proie d'une espèce d'excitation hystérique. Elle se mit à agiter les hanches avec frénésie, comme si elle s'efforçait de fracasser l'une contre l'autre les têtes prisonnières de ses cuisses. Avec un effort concerté, les deux hommes parvinrent à se dégager, rouges comme des homards bouillis. La mini-jupe tomba sur la table. Les deux jambes marron en sortirent et les visages cramoisis reculèrent. D'un agile mouvement la femme café au lait en transpiration ôta sa petite culotte de dentelle noire et se mit à l'agiter triomphalement en l'air. La toison bouclée de son sexe dessinait contre la peau plus claire de son bas-ventre une tache sombre de la taille d'un gant de base-ball.

Des acclamations, des cris, des rugissements montèrent du public.

- Hourrah! Olé! Bravo!

La porte de la rue était ouverte. Soudain les longues plaintes sonores des sirènes de police pénétrèrent dans la salle. Fossoyeur et Cercueil sautèrent sur leurs pieds cherchant de leurs yeux leur petit copain. Ils ne virent qu'une foule au seuil de la panique. L'allègre musique jouée par les musiciens en colère cessa soudain. La strip-teaseuse nue hurla:

- Pat! Pat!

De gorges innombrables monta un long cri d'anxiété... qui se répercuta avec une résonnance nouvelle dans la pièce. Avant même d'avoir atteint la rue, Fossoyeur dit:

- Trop tard.

Pour savoir le fin mot de l'histoire, lisez " L'aveugle au pistolet " de Chester Himes.

A Paris, en 1971, lors d'un concert de James Brown à l'Olympia, une spectatrice française, Blanche, monta sur scène et fit un strip-tease complet. Personne ne l'en empêcha. Cela aurait cassé l'ambiance.

Calmons le jeu. Au Newport Jazz Festival, édition 1958, regardons et écoutons tranquillement Thelonious Monk en trio avec Henry Grimes (contrebasse) et Roy Haynes (batterie) jouer " Blue Monk ".

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Partez à la découverte des classiques avec le numéro de novembre du BSC News

Publié le par Guillaume Lagrée

Sonny Rollins

 

Heureuses lectrices, joyeux lecteurs, si vous ne faites pas encore partie des 70 000 abonnés du Best Seller Consulting News, le plus grand webzine culturel francophone, sachez que le numéro de novembre vient de sortir.

Au menu, la découverte des classiques. Vous y trouverez notamment une interview post mortem de Mirabeau par l'audacieux auteur Harold Cobert, la rubrique Jazz Club de votre serviteur illustrée par l'Illustre Juan Carlos HERNANDEZ auteur de la photographie de Sonny Rollins qui orne cet article, des dizaines de livres, albums, bandes dessinées à découvrir. L'utilisation de cette photographie sans l'autorisation de son auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de poursuites judiciaires au civil et au pénal.

Si le numéro de novembre vous plaît, sachez que l'abonnement est gratuit, tout comme pour ce blog d'ailleurs.

Bonnes découvertes culturelles.

 

A propos de classiques, voici " Love Letters " par Sonny Rollins, Henry Grimes et Joe Harris au Nalen Theater de Stokholm en 1959. Bonne dégustation sonore. 

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