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Les Dragons d'Alexandra Grimal font la Java à Paris

Publié le par Guillaume Lagrée

 

 

 

Jazz à la Java

La Java . Paris.

Lundi 30 janvier 2012. 20h30.

Une soirée organisée par Gérard Terronès et  Futura Marge.

 

Première partie

Eve Risser : piano, piano préparé, divers instruments et objets détournés

 

DRAGONS

 

Alexandra Grimal: saxophones ténor et soprano

Nelson Veras : guitare

Jozef Dumoulin : piano

Dré Pallemaerts : batterie

 

 

Alexandra Grimal qualifie Eve Risser d’ « immense musicienne pour qui j’ai la plus grande admiration ». A mon goût, c’est à fuir. Pour vous faire votre opinion vous-mêmes, lectrices curieuses, lecteurs éveillés, vous pouvez écouter Eve Risser sur son site Internet et aller la voir en concert à Paris, au studio de l’Ermitage, le jeudi 16 février 2012 à 20h30.

 

DRAGONS

 

Pour ceux qui sont complètement coupés du monde extérieur, sachez que la Chine est entrée dans l’année du Dragon le lundi 23 janvier 2012. C’est un signe particulièrement bénéfique. Une hausse de 5% du nombre de naissances en Chine est attendue pour cette année. C’est sous ce signe bénéfique que se placent Alexandra Grimal et ses hommes. Cette chronique sera abrégée car mes notes sont parfois illisibles. Les aléas du direct comme disent les commentateurs sportifs.

 

Elle attaque au soprano. Aigu, plaintif. La batterie vient poser les fondations de l’édifice. Nelson Veras ajoute des douceurs à la guitare. Ca s’entrechoque de partout mais ça s’organise. Ca démarre cahin-caha. Ils refusent la facilité mais c’est tout de même coordonné. Ca repart sur une mélodie mais par soubresauts. Je comprends le refus de la facilité mais, vu l’aisance de chacun des musiciens, ce quartet pourrait jouer plus délié. C’était « L’arrivée dans le désert ».

(…)

Ah ces musiciens européens ! Ils ne savent pas enchaîner les morceaux, tenir le public en haleine, ne pas lui laisser le temps de reprendre son souffle, ce que font si bien les Américains. Certes, Nelson Veras est Brésilien mais, comme il vit en France depuis l’âge de 14 ans, je l’assimile à ses complices.

 

Une jolie ballade commence. Bien ensemble. Le batteur est aux balais, la saxophoniste au ténor avec un son velouté mais pas mièvre, mielleux. Ca ronronne tranquillement. Ces jeunes gens se sont bien assagis. Solo de Nelson Veras au dessus du piano, du batteur, du public, du monde, de tout. Le sax ténor revient, superbe et généreux. Le groupe décolle et devient Hénaurme ! Comment une demoiselle si menue peut sortir un son d’une telle puissance de son saxophone ? Cela laisse pantois l’auditeur.

 

Intro en piano solo, zigzagante, troublante. Jozef Dumoulin mouline bien. Ca, c’est fait. Désolé. Le sax ténor reprend son vol. Dré pulse terrible. Le piano attaque. Ca décolle à nouveau. Alexandra Grimal tient les rênes de l’ensemble. Elle assure grave. Il existe d’autres Françaises saxophonistes sur le marché mais pas de ce calibre. La batterie se tait. Ca joue très finement entre guitare et piano. De la dentelle. De Bruges et d’ailleurs. Tout devient gracieux, subtil, discret. Fin surprise au piano.

 

Duo piano/soprano pour commencer. La guitare vient s’en mêler. La batterie ajoute du coffre. Elle passe au ténor. Dehors, il fait froid, tout est figé. Ici, c’est chaud bouillant, une tempête tropicale se déchaîne à la Java (logique, vu le nom de la salle). Le son du ténor est rauque, puissant, échevelé, bref libre. La guitare calme le jeu. Alexandra passe au soprano. Maintenant, ils nous prennent par la douceur. Ca marche aussi. La rythmique accompagne la chef dans une vague de grâce.

 

BIS

 

« Mélodie pour Juan ». Un hommage d’Alexandra Grimal au photographe exclusif de ce blog, Juan Carlos Hernandez, assurément. C’est une ballade. Ils vont chercher la mélodie à trois d’abord. Puis le batteur arrive doucement aux balais. C’est devenu fusionnel, passionnel. Heureux Juan ! Il m’avait caché cette composition. Dré est aux baguettes, cela devient plus musclé. C’est de l’indépendance coordonnée à quatre musiciens. Elle passe au soprano, plus aigu, plus tranchant forcément. Nom de Zeus, c’est beau !

 

Au final, cette soirée Jazz à la Java m’a déçu : en mal d’abord, en bien ensuite. Alexandra Grimal n’a pas encore 30 ans. Il la faut suivre attentivement et pour longtemps. Que ses Dragons crachent feu et flamme bien au-delà de 2012 !

 

La Java est une salle créée en 1924 où Django Reinhardt joua. Elle a gardé son âme d'antan, accueille les musiques d'aujourd'hui et, détail agréable, le bar propose des fruits frais au lieu des habituelles cacahuètes salées. Même si Salt Peanuts (Dizzy Gillespie) est un standard du Jazz, c'est plus sain et plus savoureux.

 

Pour vous donner une idée de cette musique, voici une vidéo d'un précédent concert de ce groupeen avril 2010. Depuis, leurs recherches les ont conduit à de nouvelles découvertes. Allez les écouter pour en profiter, lectrices savantes, lecteurs experts.

 

 

 

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Ari Hoenig reçoit Rick Margitza au Sunside

Publié le par Guillaume Lagrée

 

 

Paris. Le Sunside.

Samedi 28 janvier 2012. 21h.

 

Ari Hoenig : batterie

Rick Margitza : saxophone ténor

 

Ari Hoenig

 

La photographie d'Ari Hoenig est l'oeuvre du Vital Juan Carlos HERNANDEZ. Toute utilisation de cette photographie sans autorisation de son auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales.

 

Ari Hoenig était au Sunside pour trois soirées en duo : la première avec Rick Margitza, la seconde avec Jean-Baptiste Trotignon (piano), la troisième avec Yaron Herman (piano). J’étais à celle qui m’intéressait. Bonne pioche !

 

La plainte du ténor, les maillets sur les tambours. Ca vibre. Ari passe aux baguettes. Ca commence à tricoter derrière. Le sax devient tout doux. La batterie pulse doucement. Ca commence à chanter. Je hoche la tête. Je suis pris. Tout bouge, vibre, ondule. C’est la mécanique ondulatoire comme disent les physiciens. Retour au calme. Ca glisse sur du velours. Je sens la pulsation de la basse absente.

 

Solo de sax pour commencer. Rick lance un air dansant, léger. La batterie ponctue aux baguettes avec un tic, tac pas mécanique. Ils partent sur un standard dont le titre m’échappe. Il y a de bonnes vibrations dans l’air. Ce n’est pas facile d’accès mais c’est beau. D’ailleurs, les beautés faciles ne sont pas les plus intéressantes. Je reconnais « The Peacocks » de Jimmy Rowles que le compositeur joua avec Stan Getz au sax ténor. Je passe l’information à Mlle A, captivée et à M. P, perplexe, mais qui suit tout de même.

 

Au batteur de démarrer une sorte de marche militaire. Un pied maintient un tempo lent sur la grosse caisse alors que les mains accélèrent. Au sax de jouer seul maintenant. C’est une ballade ancienne « Embraceable You » (écoutez la chantée par Sarah Vaughan avec Clifford Brown). Quel improvisateur ! Rick se promène autour du thème, s’en éloigne, y retourne tout en gardant l’émotion. Ce n’est pas un hasard si Rick Margitza fut le dernier saxophoniste recruté par Miles Davis.

 

Le batteur repart, fait chanter les tambours. C’est savant, construit. Pas de frime. La technique au service de l’histoire. Il accélère. Les baguettes sont sèches, vives comme des sarments ardents. Retour au thème. Un standard bien masqué. Il passe aux balais. Je reconnais « Naima » de John Coltrane. Une version tout en douceur, comme il faut. Le batteur repasse aux balais. Ca brûle, le feu monte en puissance. Ca s’énerve même franchement. Sous contrôle tout de même. Sans contrôle, la puissance n’est rien comme dit une réclame. Retour aux balais. Ca glisse tout doucement vers le final.

 

Ils enchaînent directement sur « Night in Tunisia » de Dizzy Gillespie. Hommage au printemps arabe ? A comparer avec les versions enregistrées en trio par Sonny Rollins « Live at the Village Vanguard » en 1957.  Ca pulse avec le feeling oriental qu’il faut. Du pur hard bop de classe mondiale.

 

PAUSE

 

Deux musiciens s’ajoutent au duo initial.

Mike Valianu : guitare électrique

Jérémie Louvière : contrebasse

Il y avait aussi une chanteuse mais je n’ai retenu ni son identité ni sa façon de chanter.  Je ne garantis pas l’identité des musiciens car ils ne figuraient pas sur le programme.

 

La formation est celle de Sonny Rollins sur son fameux album « The Bridge » (1962).  Pulsation tranquille de la basse, joli son bien cool de la guitare. Ca roule. Le guitariste se tient élégamment à la limite entre le Jazz et le Rock’n Roll. Le sax arrive souple, chaud, poussé par la rythmique. Nous sommes dans le schéma classique du Jazz : thème, variations avec un solo pour chaque musicien. Avec des improvisateurs de cette classe, c’est intéressant. Un standard dont le nom m’échappe. La chanteuse, jeune pourtant, est trop classique pour des musiciens aussi créatifs. La rythmique l’accompagne poliment et gentiment. Le sax ténor la remplace comme voix dominante. Là, c’est autre chose. Le guitariste brode élégamment bien poussé par la batterie et soutenu par la contrebasse. Joli dialogue contrebasse/batterie justement.

 

Le batteur commence seul. Les mains roulent sur les tambours. « You don’t know what love is ». Malheureusement pour la chanteuse, elle ne fait pas oublier Chet Baker, elle le fait même regretter. Le quartet ronronne derrière elle comme un tigre au repos. Dès qu’elle cède la place à Rick Margitza, la magie revient.

 

Un morceau de  TS Monk. Le titre m’échappe. La musique aussi car c’est un duo batteur/chanteuse.

 

Elle quitte la scène. Place à la musique. Le batteur commence seul aux maillets. Avec les coudes sur les tambours aussi. Curieuse vibration. « Moanin » (Bobby Timmons) ( Ecoutez la version studio d’Art Blakey et les Jazz Messengers dans l’album « Moanin » et la version en concert « Live au club Saint Germain », toutes deux en 1958). Ca swingue toujours autant. Enfin le sax ténor entre dans la danse. Ca chauffe. Ari est revenu aux baguettes. Ca swingue viril, énergique, comme il faut. Ils descendent tout en douceur vers le final. Rick semble jouer de la flûte.

 

Un standard du bop. Du Monk ? La rythmique déménage vite et fort. Le sax ténor s’ajoute. Ca nettoie les oreilles.

 

PAUSE

 

Il y avait un 3e set mais, pour Mlle A, M.P et moi, ce double messieurs avait gagné la partie en deux sets. Nous avions notre comptant de beauté et d’émotion. Nous quittâmes ce concert heureux.

 

J’avais assisté il y a quelques mois, au même endroit, au duo Ari Hoenig/ Chris Potter et je m’étais prodigieusement ennuyé. Je me doutais qu’avec Rick Margitza, il y aurait de la musique, de l’émotion, de la vie. Il y en eut à foison.

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Sempé s'expose à l'hôtel de ville de Paris jusqu'au 31 mars 2012

Publié le par Guillaume Lagrée

 

Jean Jacques Sempé, dessinateur français né en en 1932, aussi reconnu à New York ( pour ses couvertures du New Yorker) qu'à Paris, s'expose à l'hôtel de ville de Paris (métro Hôtel de Ville, lignes 1,7).

 

Face au succès, l'exposition est prolongée jusqu'au samedi 31 mars 2012.

 

L'exposition est ouverte du lundi au samedi de 10h à 18h. L'entrée est gratuite. C'est-à-dire que les contribuables parisiens, comme moi, la paient. C'est une bonne utilisation des deniers publics. Si vous êtes contribuable à Paris, il serait dommage de vous en priver vu que vous la payez. Si vous ne l'êtes pas, pourquoi se priver du plaisir de vous la faire offrir par les contribuables parisiens? Evitez le samedi, c'est le métro aux heures de pointe. Merci aux agents de la Mairie de Paris pour leur accueil.

 

Parmi les centaines de dessins exposés, figurent quelques musiciens dont des Jazzmen notamment Count Basie et Duke Ellington pour lequel Sempé a un amour particulier. Ce sont d'ailleurs les seuls personnalités reconnaissables, les autres personnages étant le fruit de l'imagination et de l'amour de l'humanité de Jean Jacques Sempé.

 

" La légende veut que Duke Ellington ait dit: Le jazz est à la musique classique ce que le dessin d'humour est à la peinture. Pour moi, ça a toujours été proche. C'est-à-dire que le dessin d'humour, comme le jazz, se contente de suggérer. C'est le contraire de notre époque qui enfle tout. Le dessin d'humour, comme le jazz, c'est l'humilité " Sempé.

 

 

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Martial Solal, Olivier Calmel et Eric Ferrand N'Kaoua: à propos d'André Hodeir.

Publié le par Guillaume Lagrée

Martial Solal par Juan Carlos HERNANDEZ

Martial Solal par Juan Carlos HERNANDEZ

 

 

Entretien avec Martial Solal, Olivier Calmel et Eric Ferrand-N’Kaoua autour d’André Hodeir. Dimanche 22 janvier 2012.

 

 

Suite au décès d’André Hodeir (1921-2011), violoniste, compositeur, chef d’orchestre, auteur, critique, j’ai publié sur ce blog «  Le testament d’André Hodeir » qui reprend les principes de la composition en Jazz tels qu’André Hodeir les avait posés dans « Le testament de Matti Jarvinen », article contenu dans « Les mondes du jazz » paru en 1970.

 

C’est à partir de ces principes que s’est tenue le dimanche 22 janvier 2012 une discussion entre Martial Solal (MS), pianiste, compositeur, chef d’orchestre français né en 1927, Olivier Calmel (OC), pianiste, compositeur, chef d’orchestre français né en 1974 et Eric Ferrand-N’Kaoua (EFNK), pianiste concertiste français né en 1963, votre serviteur Guillaume Lagrée (GL) notant leurs propos en haute fidélité. 

 

Voici ce qui s’est dit sur l’écriture, la composition, l’improvisation au fil de la conversation.

 

GL : Qu’avez-vous appris d’André Hodeir ?

MS : J’ai plus qu’appris, j’ai pris de lui. Son sens de la rigueur m’a aidé. J’ai adopté beaucoup de ses points de vue. On lui a attribué «  l’improvisation simulée » : les soli étaient écrits. Les pièces avaient ainsi une vraie unité. Même dans les meilleurs big bands, comme celui de Duke Ellington, les solistes tiraient les morceaux vers eux. Certes, l’orchestre d’Ellington était si cohérent que le Duke savait à quoi s’attendre de la part de ses solistes. André Hodeir ne voulait pas que les solistes défigurent son œuvre. Les soli qu’il écrivait étaient très courts, de quelques mesures. Par exemple, lorsque l’orchestre de Patrice Caratini a joué en hommage à André Hodeir à Radio France, le solo de saxophone alto d’André Villeger semblait improvisé alors qu’il était écrit. 

OC : J’aime cette idée de maîtrise complète des matériaux qu’avait André Hodeir. C’est élégant et selon moi la preuve d’une réelle conscience de compositeur.

De manière très personnelle mon rapport à l’improvisation n’est pas, ou plus, celui d’un Jazzman traditionnel. Dans l’écriture, je ne fais plus de différence entre ce qui s’apparente au Jazz par l’énergie rythmique et ce qui semble ne pas déterminer une pulsation sous-jacente régulière. Pas plus que je ne fais de compromis sur cette énergie rythmique lorsque j’écris pour des orchestres de musiciens qui ne sont ni Jazzmen ni improvisateurs.

Dans les formations de Jazz dont je suis le leader, les partitions, le courrier comme on dit, est volumineux et important. Cela amuse certains Jazzmen avec qui je joue d’ailleurs. On a fait le tour du schéma thème/variations en musique improvisée. Le renouvellement du répertoire exige que l’on dépasse cette différence.

MS : cela rejoint ce que faisait Hodeir. André me laissait jouer quelques soli, improviser. J’étais le seul de l’orchestre à avoir ce privilège. Heureusement, car je n’ai jamais été un bon lecteur ! Hodeir utilisait quelquefois des points d’orgue, mais strictement mesurés, comme une sorte  d‘arrêt sur image. J’ai utilisé souvent cette idée. Juste avant sa disparition, j’ai écrit la préface d’un livre qui lui sera consacré, où je parle des différentes trouvailles d’André qui m’ont intéressé. Une chose qui me paraissait intéressante, c’était vers le milieu des  années 1950, c’est qu’il faisait intervenir un tempo au cours d’un morceau, le nouveau tempo étant déterminé par les figures rythmiques de la mesure précédente . Exemple : le triolet de noire devenait la noire et inversement.

André Hodeir attachait une grande importance à la forme des oeuvres : pour lui, une œuvre   doit avoir une unité, une cohérence. Il en parlait dès le début des années 50. A l’époque, c’était un langage que l’on n'entendait pas. 

Il utilisait souvent le contrepoint, très rare en Jazz, aidé par ses brillantes études d’harmonie, de composition et d’histoire de la musique au Conservatoire de Paris. Je ne l’ai connu que très récemment comme violoniste de Jazz. Il improvisait de la manière la plus classique (improvisation en mesure sur des harmonies préétablies)  ce qui est la définition standard du soliste de Jazz. Mais André Hodeir, c’était aussi un homme intelligent, brillant, spirituel. S’il est davantage reconnu dans le monde pour ses écrits que comme compositeur, il n’en reste pas moins un compositeur rare, au style très personnel.

Contrairement à beaucoup de Jazzmen, André Hodeir s’acharnait à ne pas montrer l’évidence.

OC : C’est bien l’élégance que j’évoquais. Encore aujourd’hui, bien que les ponts soient de plus en plus nombreux entre les musiciens de classique et de Jazz, il existe toujours des écoles sur le rapport entre écrit et improvisé. Dans les grandes formations, les ‘grands formats’, je crois qu’on ne se pose plus de questions pour renouveler la forme car cela est de toute évidence nécessaire, indispensable. Il est vrai que le contrepoint est relativement inexistant dans le répertoire Jazz. Ecrire des contrechants ou des polyrythmies, courantes dans les jazz d’aujourd’hui, ne constitue pas un travail sur le contrepoint.

MS : en Jazz, on écrit beaucoup d’unissons ( les parties bougent de manière homorythmique). Comme je suis autodidacte, j’ai longtemps marché sur la pointe des pieds pour le contrepoint. Ce n’est qu’à partir des années 80 que je l’ai utilisé, à dose homéopathique, dans les concerti que j’ai écrits.

EFNK : ce n’est pourtant pas qui m’a frappé chez vous : il me semblait plutôt entendre dans votre orchestre l’influence de la tradition d’arrangement pour big band. 

MS : j’ai toujours aimé les mélanges rythmiques mais ce n’est pas du contrepoint, c’est de l’orchestration.

OC : André Hodeir était certainement en avance sur son temps, ça ne fait aucun doute. Les courants du Jazz sont aujourd’hui si nombreux qu’on ne peut pas tout assumer en même temps. Quand j’ai passé le concours national de Jazz à La Défense, on m’a remis un prix de composition et on m’a dit : « Ce n’est pas vraiment du Jazz ce que tu écris ». J’ai trouvé cela amusant…

MS : Certains m’ont dit  que ce que je faisais n’est pas du Jazz… Après Armstrong et le middle jazz Parker puis Coltrane, etc.. ont eu   leurs détracteurs pour qui, tout musicien ne jouant pas dans tel ou tel style, ne faisait pas ou plus du Jazz. La musique est un tout. Elle ne se résume pas à des individualités, si puissantes fussent-elles. 

OC : Pour ce que je sais de son histoire, au début, le Jazz était écrit. L’improvisation s’est développée depuis les années 30. On devrait pouvoir aujourd’hui faire coexister de la musique très écrite, comme celle d’Andy Emler que j’affectionne particulièrement et ou la part improvisée est évidemment présente aussi, et des choses très improvisées, sans que cela ne pose de questions de ‘chapelles’.

 

GL : Venons-en aux principes posés par André Hodeir si vous le voulez bien. N°7 : si la voix est un instrument, elle n’a pas de mot à prononcer.

OC : dans le Jazz, quarante-deux ans après cet article, cette utilisation de la voix reste une rareté. Pour les chanteuses, il y a en France Claudia Solal, Elise Caron, Jeanne Added... 

 

EFNK : A propos des ponts entre classique et Jazz : les jeunes musiciens du XXIème siècle se diversifient et touchent à différentes traditions musicales ; c’est très bien, mais  le danger, c’est l’amateurisme en tout. 

OC : on ne peut pas être bon en tout mais on ne peut plus rester dans sa chapelle. Aujourd’hui, pour ce que j’en sais, beaucoup de musiciens qui sortent du Conservatoire avec des prix en classique improvisent. Des musiciens classiques d’envergure internationale s’intéressent au rapport avec l’improvisé, avec les formes mouvantes, les pulsations du groove, du swing, etc. Par exemple, Xavier Phillips, violoncelliste classique de renommée internationale, me fait l’honneur de se poser ces questions avec moi, d’aller voir ailleurs, de se mettre en danger sur un répertoire comportant des embûches, des embuscades …

EFNK : Si chapelle il y a, en sortir est un moyen de la retrouver dans une autre perspective.

 

 

 

 

GL:Un jour Didier Lockwood m’a raconté que Maxim Vengerov, le Tsar du violon, est venu le voir en lui disant : «  J’en ai marre d’être une moitié de musicien. Apprends-moi à improviser ».

EFNK : Pour moi, Martial Solal est un des plus grands pianistes de la planète. Peu importe qu’il soit classé dans le Jazz. Il a beaucoup apporté à l’écriture du piano. Heureusement, car la musique contemporaine d’il y a 30-40 ans avait un peu abandonné le piano dans son acception traditionnelle.

MS : l’instrument est primordial. Il faut le maîtriser pour pouvoir exprimer ce que l’on a  en tête.  De très rares exemples ont prouvé, dans le passé, que l’on pouvait jouer sans une technique de concertiste ! … (GL : Thelonious Monk est un de ces très rares exemples).

 

GL : un autre principe de Matti Jarvinen alias André Hodeir. n°2 : le mouvement ne peut remplacer la masse, ni la masse le mouvement ; mais ils peuvent se compenser.

OC : la masse, en orchestration, cela fait tout de suite penser à l’école allemande, à Wagner. Le mouvement fait penser à l’impressionnisme, à l’école française.

MS : «  D or no » écrit par Hodeir pour 5-6 instruments où chacun joue des choses différentes. Dans les grands ensembles, il utilise plus la masse. A 50 musiciens, si chacun joue de façon différente, ça sonne mal….

OC : il existe de nombreux contre-exemples. Voici une partition ou j’ai écrit une fugue stricte à cinq voix , chromatique et à 7 temps pour un orchestre de 80 musiciens : ça fonctionne. Peut-être Hodeir a-t-il eu des expériences malheureuses,  ce qui l’aurait conduit à cette réflexion. Il existe des contre-exemples aussi de musiques extrêmement verticales pour petits ensembles. Exemple : « Summer Music », magnifique quintette à vent de Samuel Barber.

 

GL : Voyons un autre principe, le n°3 : Qui n’écrit pour le plaisir de l’instrumentiste ne peut espérer recevoir de lui quelque joie en retour.

MS : écrire pour le plaisir d’un soliste, c’est une évidence dans l’écriture de big band. Dans le Jazz, on laisse untel se mettre en vedette. J’aime bien entendre les gens jouer ensemble.

 

GL : principe n°5 : là où dix instruments suffisent, c’est une faute professionnelle que d’en faire jouer douze.

MS : un accord à six notes pour sept musiciens, c’est un musicien de trop. 

OC : cela vaut pour la musique, pas seulement pour le Jazz. C’est l’école française dans laquelle on aime l’économie de moyens, ou les timbres sont extrêmement respectés et distingués, les soli assez nombreux, la masse mouvante et rarement homorythmique.

MS : à l’inverse, il faut le nombre de musiciens adéquat pour obtenir le bon résultat.

 

GL : que pensez-vous du principe n°8 : la lecture, sinon l’écriture, est un fardeau trop lourd pour qui veut jouer la comédie de l’improvisation écrite.

MS : il ne faut pas lire la musique pour être vraiment à l’aise en jouant. La véritable improvisation, c’est avant tout une liberté. Le cerveau dirige immédiatement ce que les doigts doivent faire. Un soliste, en jazz ou pour exécuter un concerto, ne doit pas lire.

EFNK : Il faut savoir jouer avec une partition, ça n’est pas facile et personnellement, il arrive que ça me gêne. Lire, c’est faire intervenir un autre circuit cérébral, au lieu de seulement entendre intérieurement. 

MS : on joue mieux quand on n’a pas de problème de lecture.

OC : c’est indéniable, je crois que ça vaut pour la plupart des musiciens

EFNK : L’interprétation est plus libre- à condition de ne pas avoir de problèmes de mémoire.

Vous parliez tout à l’heure de l’influence d’André Hodeir sur votre réflexion autour de la forme. Avez-vous aussi réfléchi à cet aspect de la musique pour vos improvisations au piano ?

MS : plus ça va, plus j’y pense. J’essaie de raconter une histoire cohérente même si elle est débridée. Je lutte contre l’ornementation mais il m’est arrivé d’y céder. J’essaie de ne plus brouiller l’écoute de l’auditeur. Souvent, en improvisant, j’imagine des phrases pour big bands (trompettes, saxophones, trombones) mais, joué seulement au piano, c’était difficilement compréhensible pour l’auditeur. Maintenant, j’essaie d’épurer davantage. Curieusement, les musiciens classiques ont toujours trouvé que je jouais avec une économie de moyens alors que les jazzmen trouvaient que j’en faisais trop.

 

GL : la proposition n°11 me fait beaucoup penser à l’œuvre de Martial Solal : « S’il y a une tradition à détruire, il faut savoir pourquoi, et si l’on veut en remplacer un élément, il faut savoir par quoi. »

MS : j’aime le positif, aller de l’avant sans oublier ce qu’on a derrière. Savoir pourquoi on va   ailleurs, c’est important. Cela peut être par lassitude de ce que l’on connaît, par goût de l’aventure… Je ne pense pas que les œuvres qui vont durer 200 ans sont celles qui ont fait table rase du passé.

OC : en musique, l’histoire récente a prouvé que les œuvres qui font table rase du passé ne durent pas, n’entrent pas dans la postérité, car précisément elles ne reflètent aucune continuité, aucune histoire. Dans les années 50, de nombreux courants musicaux étaient déconsidérés, la musique tonale était persona non grata. Il y a eu un stalinisme historique en musique. Fort heureusement, cette attitude est passée de mode, et la plupart des courants d’aujourd’hui sont correctement représentés et aidés.

MS : de même pour le Free Jazz. Il y a eu des dictateurs du genre. Quand j’ai annoncé ma composition « Jazz frit » (à écouter sur l’album « Martial Solal en solo », 1970) au festival de Châteauvallon vers 1970, je me suis fait huer par le public alors que je pensais le faire rire.

 

Le sectarisme de la liberté forcenée, voilà une idée forte pour conclure cette conversation autour de quelques pensées d’André Hodeir.

 

Merci à Martial Solal, Olivier Calmel et Eric Ferrand-N’Kaoua pour leur disponibilité.

 

La photographie de Martial Solal est l'oeuvre du Vif-Argent Juan Carlos HERNANDEZ. Toute utilisation de cette photographie sans l'autorisation de son auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales

 

 

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Linda Jozefowski " For my dead folks "

Publié le par Guillaume Lagrée

Linda Jozefowski

" For my dead folks "

Unit Records. 2011

 

Linda Jozefowski: flûte, compositions

Jean-Lou Treboux: vibraphone

Charly Wilmart: contrebasse

Maxence Sibille: batterie

Linda Jozefowski

La photographie de Linda Jozefowski est l'oeuvre du Charmant Juan Carlos HERNANDEZ. Toute utilisation de cette photographie sans l'autorisation de son auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales.

Une jeune flûtiste polono-suisse qui dédie un album de sa composition à trois personnes proches d'elle décédées, cela pourrait faire fuir l'auditrice pressée, l'auditeur inattentif qui craindrait le pathos et l'ennui.

Ce serait une très grave erreur. En effet, dès les premières notes du premier morceau " Dangerous temptations " qui illustre cet article, j'ai été pris par l'énergie, la finesse de cette musique. Ca groove, nom de Zeus! Tout du long de l'album, ça swingue, meut, émeut. Le vibraphone donne une légèreté que ne donnerait pas le piano. Contrebasse et batterie ancrent cette musique alors que la flûte vole libre, légère, mystérieuse, plus que féminine, humaine.

Ce n'est pas de la musique que j'entends, c'est la vie même avec ses hauts et ses bas de soi. C'est seulement quand la musique réussit ce prodige de nous parler à l'âme dans son métalangage  qu'elle est vraiment digne d'intérêt. C'est tout le bonheur que procure la musique de Linda Jozefowski entre Jazz, Soul, Funk,Europe de l'Est et de l'Ouest. Elle est courte, dense, riche et digne de multiples écoutes.

" Laisse les morts enterrer les morts. Toi, va annoncer le règne de Dieu " (Evangile selon Saint Luc: 9, 51-62). Nul besoin d'être chrétien pour pratiquer cette leçon de sagesse. Maintenant que Linda Jozefowski a sublimé sa peine dans sa musique, souhaitons lui de poursuivre son chemin longtemps encore pour notre plus grand plaisir, lectrices exigeantes, lecteurs sélectifs.

 

Voici ce que donnait ce quartet en concert à Lausanne, en Suisse, le 6 juin 2011. Vivement des concerts en France!

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Festival Jazz à l'Etage à Rennes Métropole du 2 au 9 mars 2012: Women Only

Publié le par Guillaume Lagrée

Festival Jazz à l'Etage à Rennes et Rennes Métropole du vendredi 2 au vendredi 9 mars 2012.

Women Only

Lectrices attentives, lecteurs scrupuleux, l'édition 2012 du festival Jazz à l'Etage à Rennes sera essentiellement consacrée aux femmes comme vous l'avez deviné. Il n'y aura pas que des femmes dans la programmation, les hommes auront le droit de venir sans femmes à leurs côtés aux concerts mais ce ne sera pas un festival paritaire. Ce sera surtout l'occasion d'affirmer que, dans le Jazz, le rôle des femmes ne se résume pas à: Sois belle et chante!

Honneur aux Messieurs, d'abord.

Le samedi 3 mars, Eric Le Lann (trompette) jouera en duo avec Cesarius Alvim (piano). Concerts gratuits à 12h à la médiathèque Théodore Monod de Betton, à 18h à la médiathèque Lucien Herr de Saint Jacques de La Lande. A 15h, master class et discussion avec les musiciens à la médiathèque de St Jacques. Cesarius Alvim est aussi un merveilleux contrebassiste. Souhaitons qu'il utilise aussi cet instrument là. J'ai écouté ce duo à Dinan il y au moins 5 ans. Il ne s'oublie pas.

Parmi les talentueuses citoyennes qui joueront sur scène lors de ce festival, je vous propose la sélection suivante, en toute subjectivité, évidemment.

Vendredi 2 mars à 20h à l'Etage, à Rennes, 3 concerts pour le prix d'un dont le trio de la batteuse Anne Pacéo avec Stéphane Kerecki (contrebasse) et Antonin Tri Hoang (clarinette, saxophone). Attention, Beauté!

Dimanche 4 mars à 17h à l'Aire libre, Saint Jacques de la Lande, le quartet de la saxophoniste Géraldine Laurent dont un morceau illustre cet article.

Mardi 6 mars à 20h à la Maison des associations, Rennes, Joelle Léandre seule face à sa contrebasse. Ames insensibles, s'abstenir.

Mercredi 7 mars à 20h à l'Etage, Rennes, la chanteuse Elisabeth Kontomanou en liberté et majesté.

Vendredi 9 mars à 20h30 au Liberté, à Rennes, Robin Mac Kellie (chant)&The Fly Tones, groupe où figurent Fred Wesley (trombone) et Pee Wee Ellis (saxophone), anciens souffleurs de James Brown, s'il vous plaît.

Ci-dessous, le quintet d'Anne Pacéo. Enlevez le pianiste et le guitariste et vous obtenez le trio qui jouera à Rennes lors du Festival Jazz à l'Etage. Bon festival à toutes et à tous!

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Festival Couleurs Jazz à Saint Malo du 9 au 11 mars 2012

Publié le par Guillaume Lagrée

 

Le Festival Couleurs Jazz aura lieu à Saint Malo, Ille et Vilaine, Bretagne, France du vendredi 9 au samedi 11 mars 2012, essentiellement au Théâtre Chateaubriand.

Pour venir à Saint Malo, beau port de mer comme dit la chanson, vous pouvez prendre le train (TGV depuis Paris Montparnasse, TER Bretagne depuis Rennes), l'automobile, l'avion (aéroport de Pleurtuit), le bateau en longeant les côtes de la Manche ou depuis l'Angleterre, un vélo par la piste cyclable le long du canal d'Ile et Rance qui vous amène à Dinard (bifurquer vers l'Est pour arriver à Saint Malo), un cheval le long du même canal ou à pied par le même chemin.

Le programme est ouvert sur les musiques du monde (Algérie,Tunisie, Italie, Inde). Je vous recommande particulièrement le percussionniste indien Trilok Gurtu. Amenez y vos enfants, légitimes ou non, ils adoreront. Le risque est qu'en rentrant à la maison, ils ne se servent de tous les objets solides et liquides qui passeront à portée de leurs mains pour jouer de la musique. C'est un risque à assumer pour développer leur créativité et la vôtre, vives lectrices, vivants lecteurs.

La première fois que j'ai entendu Trilok Gurtu sur scène, c'était à Rennes en 1989 dans le trio de John Mac Laughlin (guitare) avec Kaï Eckhardt (guitare basse électrique). Je m'en souviens encore. Ca donnait à peu près ce que vous voyez ci-dessous. Bon voyage.

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Ecoutez le concert de Nelson Veras au Triton

Publié le par Guillaume Lagrée

 
 

 

Honorables lectrices, respectables lecteurs, si, comme moi, vous n'avez pu assister au concert du trio de Nelson Veras (guitare) avec Gildas Boclé (contrebasse) et Stéphane Galland (batterie) le vendredi 20 janvier 2012 à 20h30 au Triton, sachez que vous pouvez l'écouter n'importe où dans le monde, du moment que vous disposez d'une connection Internet, grâce à l'émission  Jazz Club d'Yvan Amar sur France Musique.

      Pour changer, Nelson Veras et Gildas Boclé en duo en 2007. C'est pas mal aussi. 

 

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Guillaume Saint James Sextet " Jazzarium " " Polis "

Publié le par Guillaume Lagrée

Guillaume Saint James Sextet

Jazzarium Polis

Plus Loin Music

Distribution Harmonia Mundi

Avec le soutien de la Région Bretagne.

Sortie le mercredi 8 février 2012.

Guillaume Saint James: saxophones, compositions

Geoffroy Tamisier: trompette

Jean Louis Pommier: trombone

Didier Ithursarry: accordéon

Christophe Lavergne: batterie

Jérôme Séguin: basse électro acoustique

Emmanuel Bex: orgue Hammond B3

Ezra: Human beat box (5)

Enregistrer une musique inspirée par la ville à Hédé (Ille et Vilaine, Bretagne, France), quelle drôle d'idée! Et pourquoi pas de la musique inspirée par la campagne à New York tant qu'on y est?    

Il faut d'abord saluer le graphisme de cet album. Un CD beau comme un vinyl, cela devient rare. Voilà une belle façon de lutter contre la dématérialisation de la musique. D'abord par le graphisme de la pochette lui même, ensuite par la carte de ville imaginaire (New York? San Francisco?) dessinée dans le livret. Un chef d'oeuvre graphique.

La musique, elle, est foisonnante, déroutante, agaçante, envoûtante selon les moments. J'ai du mal à entrer dans cet album et j'ai du mal à en sortir. Bref, je préfère la fin au début. A mon goût, sur dix morceaux, j'entre vraiment dedans au sixième inspiré du folklore basque (Didier Irthusarry à l'accordéon). Ensuite tout s'enchaîne superbement avec ceux qui restent (n°7), la ballade en taxi (n°8), l'hommage à Spike Jones (n°9) et l'ascenseur social, que l'on découvre en panne lors des campagnes électorales, en n°10.

Avec des musiciens de ce calibre et de cette créativité, l'auditeur ne s'ennuie pas une seconde. Il est vrai qu'il n'est pas flatté, caressé dans le sens du poil. A vous, lectrices curieuses, lecteurs ouverts d'esprit, d'aller vers cette musique électrique, éclectique, acoustique, urbanistique. Bon séjour dans la Polis du Jazzarium du Citoyen Guillaume Saint James.

 

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Gildas Boclé " Or else "

Publié le par Guillaume Lagrée

Gildas Boclé

" Or else "

 

Gildas Boclé: contrebasse, compositions

Jean Baptiste Boclé: orgue, vibraphone (3,9)

Billy Drummond: batterie

Gary Burton: vibraphone (1,5,10)

Walt Weisskopf: saxophone (4,6,9)

Quand les frères Boclé allèrent étudier le Jazz à la Berklee School of Music aux Etats Unis d'Amérique, ils furent les élèves du vibraphoniste Gary Burton. Ils devinrent ensuite des membres de son groupe. Manifestement, ils sont restés en bons termes puisque Gary Burton fait trois apparitions dans le nouvel album des Frères Boclé, la plus marquante étant à mon avis la première (Timber).

Gildas Boclé a un coup d'archet impérieux voire impérial qui lui est tout à fait personnel. Ses compositions sont bien ficelées, parfois un peu trop à mon goût. Billy Drummond assure en super professionnel. Jean Baptiste Boclé groove tranquille à l'orgue et vibre paisible au vibraphone. Walt Weisskopf me laisse froid. Techniquement, c'est irréprochable mais j'entends du saxophone, pas de la musique, c'est bien le problème.

Quand ils ne jouent pas leurs Keltic Tales, les frères Boclé, même en  enregistrant à Brooklyn, ne quittent jamais vraiment la Bretagne. La preuve avec cet Hôtel de la plage ci dessous, filmé par Gildas Boclé qui est aussi un photographe et vidéaste renommé.

 

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